Annonce surprise du dernier Nintendo Indie World : l’arrivée sur Switch de Fez, puzzle platformer culte initialement sorti en avril 2012 sur 360. À l’époque, c’est l’âge d’or du Xbox Live Arcade, et d’autres titres - comme Super Meat Boy ou Braid - participent à l’émergence de la scène indépendante via le service par abonnement de Microsoft. Le jeu d’exploration / réflexion devient ainsi un incontournable, et est propulsé sur le devant de la scène au même titre que son principal créateur, Phil Fish, notamment grâce au succès du documentaire Indie Game : The Movie. Dix ans plus tard, la magie est-elle toujours au rendez-vous ?
Histoire de dissiper le doute tout de suite : Fez sur Switch ne constitue en aucun cas un remaster ou une version 2.0, même si environ dix ans séparent la sortie d’origine de cette mouture. Il s’agit donc d’un simple portage, sans ajout de contenu ou nouveautés particulières. Ce qui n’enlève rien aux qualités du titre, comme expliqué ci-dessous. Nous n'avons pas non plus remarqué de problème technique, que ce soit en mode nomade ou docké.
Si tant de joueurs se sont épris de Fez à l’époque, ce n’est pas pour rien. Le titre met en effet à profit un game design unique, où il faut changer la perspective des niveaux pour avancer et résoudre des énigmes, qu’il s’agisse de parcours de plateformes à réunir ou bien d'objets à déplacer pour élucider un mystère. Pour être plus concret, tous les environnements disposent de quatre faces, entre lesquelles il est possible de naviguer en appuyant sur une gâchette. Votre personnage, Gomez, qui doit son pouvoir à un petit chapeau rouge - un fez, d’où le nom du jeu - qu’il reçoit en tout début d’aventure, reste ainsi sur un plan 2D alors que les levels sont en réalité en 3D. Son but est de réparer l’espace-temps, en rassemblant les fragments d’un artefact géant.
Petit Gomez, grande aventure
C'est surprenant, mais même après dix ans, Fez est le seul titre à exploiter cette mécanique si particulière, du moins à notre connaissance. Ce qui participe déjà à lui conférer une certaine aura. Mais résumer le bébé de Phil Fish uniquement par ce prisme serait au final assez réducteur, tant le puzzle platformer fait des pieds et des mains pour se renouveler, introduisant sans cesse de nouveaux défis et manière de sublimer son game design, le tout dans des niveaux aux ambiances variées, remplis de secrets.
Il faut donc bien l’avouer, on ne s’ennuie jamais dans Fez. Une qualité que l’on doit aussi à la structure du titre, sorte de grand monde ouvert en 2D, décomposé en dizaines de petites zones interconnectées, qui sont autant d’énigmes à résoudre. Le puzzle platformer mélange ainsi réflexion et exploration. Un dernier point qui prend une saveur toute particulière avec ce fameux changement de perspective, poussant à inspecter chaque face d’un level. La magie de Fez se paye toutefois au prix d’une navigation parfois assez pénible (pas mal d'allers-retours désagrables) alourdie par une carte du monde toujours un peu fouillis.
Fez (Switch) - On change de perspective dans des ruines abandonnées (Gameplay)
Par tous les bouts
La structure du jeu a donc du bon comme du mauvais, mais propose une progression fluide, où les joueurs bloqués pourront rebrousser chemin pour trouver un nouveau défi. Car dans Fez, qu’importe la direction où vous allez, vous irez toujours dans la bonne direction. Concrètement, pour avancer dans l’aventure, il faut réunir plusieurs cubes dorés, dont les fragments sont répartis un peu partout dans le jeu. Huit fragments sont nécessaires pour former l’un de ces précieux artefacts. Le tout permettra d’ouvrir des portes dans une sorte de hub central, qui donne accès aux principales zones, jusqu’à déverrouiller le grand portail final demandant 32 cubes (comptez entre quatre et six heures en ligne droite pour y parvenir).
Fez invite ainsi naturellement à papillonner et à se laisser porter par sa curiosité, récompensant quasi-systématiquement cet état d’esprit. Plus haut, nous vous disions que le jeu de Phil Fish n’était pas avare en secrets. Pour vous donner une idée, chacun des 32 cubes à retrouver possède son équivalent "maléfique", fait d'antimatière. Mais ces derniers sont bien plus complexes à dénicher, et il faudra vraiment se creuser les méninges pour tous les rassembler, et non pas terminer le jeu à 100%, mais à 200%. Le mieux dans tout cela, c’est que cette chasse au trésor se déroule dans une ambiance à la fois sublime et mystérieuse, grâce au somptueux pixel art et sound design de Fez, qui oscille entre contemplation et psychédélisme selon les situations. Bref, vous l'aurez compris. Le titre n'a pas pris une ride depuis sa sortie en 2012.
Points forts
- Concept toujours aussi ingénieux et maîtrisé
- Superbe ambiance et direction artistique
- Un titre qui sait récompenser la curiosité
- Du challenge pour les fans de réflexion
- Des secrets à n'en plus finir
Points faibles
- Quelques allers-retours pas très agréables
Au final, Fez est-il toujours aussi flamboyant, après dix ans ? La réponse est oui ! Avec son concept unique qui joue sur les perspectives, le puzzle platformer impressionne encore aujourd'hui grâce à son ingéniosité sans faille, ainsi qu'une formule qui s'enrichit tout au long de l'aventure. Une aventure où, de plus, les secrets sont partout, et où la curiosité du joueur est quasi-systématiquement récompensée. Ajoutez à cela une ambiance somptueuse soutenue par un très joli travail sur le pixel art et le sound design, et vous obtenez un incontournable de la réflexion / plateforme, qui vaut toujours le coup d'être découvert, même en 2021. Avec cette sortie Switch, c'est l'occasion ou jamais de s'y essayer.