Presque 17 ans après sa sortie initiale, le vénérable Doom 3 tente un come-back sur un support inédit : le PlayStation VR. Cette "VR Edition" du FPS d'id Software mise sur le surplus d'immersion offert par la réalité virtuelle. Au-delà de l'idée, sur le papier plutôt intéressante, jouer à Doom 3 a-t-il encore un intérêt en 2021 ?
Ce test se concentre avant tout sur les apports de la réalité virtuelle et revient sur l'intérêt ludique de Doom 3 en 2021. Pour une critique complète - et d'époque - de Doom 3 et son extension Resurrection of Evil, nous vous invitons à consulter les tests associés.
Développé par un studio spécialisé dans la VR (Archiact), en partenariat avec id Software, Doom 3 : VR Edition est donc un portage total de Doom 3 et ses deux extensions (Resurrection of Evil et The Lost Mission), à destination du PlayStation VR. Ne cherchez pas le jeu sur d'autres casques, vous ne le trouverez pas. Un choix d'exclusivité quelque peu frustrant, car on doit du coup composer avec les limitations hardware du casque de Sony. Le jeu est ainsi jouable à la manette, mais également via le Aim Controller, cet accessoire qui reproduit la forme d'une arme et qui se dote d'un stick analogique pour les déplacements. Visuellement, le combo "jeu de 2004 + définition limitée du casque" rend l'expérience quelque peu pixelisée, avec notamment une modélisation des PNJ et des ennemis très anguleuse, ou des décors de fond perdus dans une bouillie de textures approximatives. En 2004, Doom 3 était une claque technique et reste très regardable aujourd'hui, à condition de monter au minimum en 1440p. Dans le cadre de ce portage sur PS VR, le rendu a clairement du mal à impressionner et l'on a cette sensation tenace de se lancer dans du rétrogaming en réalité virtuelle.
Un portage en VR "propre", mais basique
Si l'on arrive à passer outre la qualité du rendu, ce portage en VR de Doom 3 fonctionne plutôt bien, mais se contente du minimum. A la manette, la visée se fait en déplaçant le pad dans l'espace, tandis que le stick droit permet de tourner, soit par à-coups (avec réglage du delta dans les options), soit de manière fluide. Dans les deux cas, un liséré noir sur les côtés apparait, afin de limiter les effets de cinétose. Rien à signaler sur ce point : si vous avez déjà joué à un FPS en réalité virtuelle, vous devriez être à l'aise. En revanche, les interactions avec l'environnement se limitent au strict minimum, à savoir appeler un ascenseur ou ouvrir porte, en s'approchant et en appuyant sur "Triangle". Les mains ne sont pas à proprement parlé modélisées dans le jeu et toutes les interactions passent par les gâchettes ou les boutons (changer d'arme avec R1/L1, recharger avec "Carré"...). On gagne certes un peu plus en immersion en utilisant le Aim Controller, mais on sent que le jeu n'a pas été pensé, à l'origine, pour la VR.
On apprécie cependant les efforts fournis en matière de HUD, à savoir les infos sur le niveau de santé et d'armure indiquées sur le poignet gauche ou la quantité de munitions apparaissant directement sur l'arme. La progression dans le jeu est, d'une manière générale, fluide et sans accro : la reconnaissance de mouvements marche bien et aucun ralentissement n'est à déplorer.
Un FPS qui n'est pas épargné par le temps
En matière de contenu, Doom 3 : VR Edition est tout ce qu'il y a de plus complet, puisqu'il inclut la campagne principale, la campagne additonnelle Resurrection of Evil et le bonus "The Lost Mission" sorti en 2012 lors de la réédition "BFG Edition" et qui consiste en 8 niveaux inédits conçus à l'époque pour le jeu d'origine, mais "coupés au montage". On peut donc en profiter pendant une grosse quinzaine d'heures. En revanche, il faut se rendre à l'évidence : quel que soit le solo choisi, Doom 3 a vieilli et a vraiment du mal à tenir la comparaison avec la majorité des FPS récents. Sa progression très linéaire, son gameplay ultra classique et ses armes un peu molles n'arrangent rien, tandis que l'ambiance horrifique pourrait fonctionner, mais se base sur des gimmicks éculés, tant et si bien que l'on a désormais bien du mal à éprouver quelques frissons. En matière d'action et d'adrénaline, Resurrection of Evil relève un peu le niveau, avec notamment la possibilité de ralentir le temps ou d'utiliser un pistolet à gravité pour attraper ennemis et objets, mais letout reste bien trop sage, à mille lieux de la folie destructrice des plus récents épisodes de Doom.
Doom 3 : VR Edition se contente donc du minimum syndical en étant toutefois un portage "propre et fonctionnel", mais qui peine à se rendre véritablement intéressant à moins d'être un fan absolu des jeux d'origine.
Points forts
- Contenu conséquent (campagne principale + 2 extensions)
- Fluide et plutôt agréable à manier
- Compatible avec le Aim Controller
- Le HUD, bien intégré
Points faibles
- Visuellement daté
- Aucune interaction avec l'environnement
- La formule, qui a mal vieilli
Doom 3 : VR Edition, ce sont Doom 3 et ses extensions, jouables en réalité virtuelle. Et c'est à peu près tout. Difficile de s'enthousiasmer pour un portage relativement efficace mais qui se contente du minimum syndical, d'autant plus que le PlayStation VR et ses limitations techniques rendent l'expérience visuellement datée. Il faut également reconnaitre que l'interêt ludique a largement diminué au fil des années : coincé entre la volonté de ficher la trouille et l'envie d'être un "vraie" FPS bourrin, Doom 3 n'arrive à être ni l'un, ni l'autre. Et ce n'est pas ce portage en réalité virtuelle qui va changer quoi que ce soit.