De Guns of Mercy, Finding Teddy à Aggelos, il va sans dire que Storybird Games est un studio nostalgique. Chacune de ses créations nous embarque dans la DeLorean pour un saut dans les années 80 et 90 et disons-le, il fait souvent mouche, avec des productions de qualité proposant des aventures trépidantes et ardues sur fond de Madeleine de Proust. Aujourd'hui, il revient avec sa dernière création sur Switch, Golden Force, un jeu de plates-formes et d'action en pixel-art. Reste à savoir s'il est aussi convaincant que ses aînés.
La Golden Force manque d'or et les ressources se font rares. Pour pallier ce problème, son équipage féru d'action et d'aventure décide de partir en quête de richesse et tenter de défaire le tyran d'un archipel pour le moins atypique. Partez à l'assaut de Tacos Island, Burrito Island et autres îles aux noms de nourriture mexicaines et espagnoles, mais ne vous méprenez pas, car elles regorgent en vérité de danger et défis à surmonter. Une situation de départ simple et efficace, nous n'en attendons pas moins de ce type de jeu.
Un périple amusant et bien ficelé
Si Golden Force ne surprend pas par sa structure ou ses mécaniques, il n’en demeure pas moins divertissant. Constitué d’un total de 4 îles, contenant elles-mêmes 4 stages et un niveau bonus à débloquer à chaque fois, le jeu n’est pas avare en contenu et chaque nouvelle île se montre différente des autres. Elles possèdent toutes leur propre identité et proposent des étapes de plus en plus compliquées qui vont nécessiter plus de doigté, notamment dans les phases de plates-formes. Pour venir à bout de ce périple, vous aurez à votre disposition les quatre membres de l’équipage et devrez choisir avant chaque stage celui que vous souhaitez utiliser. Malheureusement, hormis les animations, il n’y a pas vraiment de différence notable entre les personnages ou de capacités qui va en démarquer un plus qu’un autre. Ils disposent tous d’un combo de départ de trois coups, d’une attaque chargée pour envoyer valser les ennemis dans le décor, d’un dash qui peut être utilisé offensivement, d’une glissade et d’un double saut. Rien de bien exaltant, mais cela n’empêche pas au jeu d’offrir un gameplay vif et bien pensé, où il faudra rester aux aguets de bout en bout. Finalement, votre choix se portera donc en fonction, par exemple, de la nostalgie puisque vous avez la possibilité d'incarner Spina, qui vous rappellera sans nul doute Shantae, célèbre héroïne des jeux du même nom.
Si ce platformer peut se montrer retors, avec parfois des obstacles vous tuant en un coup, les développeurs ont tout de même mis un point d'honneur à rendre l'aventure la plus accessible possible et offrent donc régulièrement un nombre conséquent de soins, de checkpoints et ce même avant les boss, vous facilitant un peu plus la tâche. Vous pouvez même inviter en local un ami à jouer pour venir vous aider à braver tous les dangers, rendant le tout encore plus dynamique. Notez qu'avoir un coéquipier ne rend pas les combats plus brouillons, loin de là, l'action est totalement lisible et vous aurez bien assez d'espace pour deux. Le seul problème peut se situer du côté de la caméra qui isole le point de vue de votre partenaire dans une bulle s’il s’éloigne trop, ce qui peut avoir tendance à vous désorienter et rendre plus fastidieux certains parcours. Ce n’est rien de bien grave et d’une manière générale, vous aurez bien assez d’espace pour deux. Cela va même vous faciliter la tâche pour l'exploration.
Car oui, l’un des autres points forts de Golden Force, c’est son level design, qui au premier abord peut sembler convenu et l’est dans une certaine mesure si vous décidez de courir à travers le jeu. Néanmoins, pour ceux ayant l’âme d’un complétionniste ou explorateur, Storybird a pensé à vous avec une ribambelle d’objets cachés à trouver. Le studio vous forcera même un peu la main puisque sur la carte du monde, vous aurez l’occasion de visiter le magasin de votre cher capitaine qui vous proposera des améliorations, permanentes ou activables lors de vos péripéties, mais à prix coûtant. Par conséquent, outre les nombreuses petites pièces d’or que vous allez ramasser sans difficulté, si vous n’avez pas pris soin d’être un minimum curieux lors de la traversée des niveaux, il vous faudra soit continuer en ignorant le problème, soit revenir récupérer les trois pièces géantes et le fossile disséminées à travers chacun d’entre eux. La conséquence de choisir de passer outre étant l’impossibilité d’acheter de véritables bonus pour rendre votre voyage plus aisé, comme des cœurs supplémentaires. Vous l’aurez compris, la curiosité est bien payée et elle diversifie et intensifie l’expérience, vous obligeant souvent à prendre plus de risques.
Dans le même registre, si vous êtes vraiment déterminé, sachez qu’un score vous est donné à chaque fin de stage en fonction de plusieurs éléments dont le temps que vous avez mis pour finir le niveau. Pourquoi s’embêter ? C’est à vous de juger si cela vaut le coup ou non, mais une barre verte, différente pour chaque île, se remplie progressivement et plus rapidement selon votre résultat. Il y a plusieurs paliers avec à chaque fois des récompenses de plus en plus intéressantes, mais il faut avoir la motivation de refaire de nombreuses fois certains niveaux, ce qui n’est pas au goût de tout le monde.
Une belle épopée rétro mais pas sans défauts
Au cours de votre conquête de l’archipel, vous allez parcourir des terres bien étranges, passant de l’ascension périlleuse d’une montagne à la traversée redoutable d’une zone hantée par des crânes volants. C’est assez explicite, Golden Force se gâte de décors certes, peu dépaysant pour le genre, mais variés avec chacun apportant son lot de nouveautés, particulièrement dans l’aspect plates-formes. Tout ceci est agrémenté d’un style pixel-art travaillé rappelant l’ère rétro, saupoudré d’une belle palette de couleurs. Toutefois, les monstres n’ont pas eu le droit à ce traitement de faveur. Ils sont soit très classiques dans leur aspect, soit très bizarroïdes. Bien qu’on puisse se douter que c’était l’intention des développeurs, on se retrouvera plus d’une fois à regarder d’un œil confus ce qu’on est en train de frapper. Ce n’est heureusement pas le cas des boss, beaucoup plus prenants dans la manière dont ils furent pensés que ce soit sur le plan esthétique ou ludique.
Et si nous mentionnons également l’aspect ludique, c’est tout simplement car le challenge risque de manquer au rendez-vous lors de vos affrontements contre la plupart des créatures rencontrées. Les ennemis sont très faciles à mettre en déroute tant leurs mouvements sont faciles à anticiper et vous laissent de ce fait tout le temps de réagir. Vous finirez même rapidement par ne plus vous arrêter pour les abattre, quitte à sacrifier un peu d’or, tant la menace qu’ils représentent est moindre. Ceci a pour effet de ne laisser la place au vrai défi que lors des boss, qui eux n’ont pas ce problème malgré des combats qui se traînent en longueur. Cela a au moins le mérite de rendre ces duels plus stressants, car si vous ne faites pas attention, vos points de vie qui de base ne sont pas nombreux si vous ne prenez pas d’améliorations fonderont comme neige au soleil. En plus, cela laisse le temps d’apprécier la musique qui, sans être trop présente, sait se faire remarquer quand il le faut et met en place dès le début le ton de Golden Force. Rapide et égayant, juste ce qu’il faut pour nous donner envie de partir prendre la mer avec notre équipage.
Points forts
- Une aventure dynamique et légère
- Une esthétique haute en couleurs
- Un level design bien ficelé
- Un multijoueur bienvenu et amusant
- Un bel hommage à des classiques rétro
- Une bande-son énergique
- Des combats de boss au design sympathique...
Points faibles
- ...mais qui pour la plupart traînent en longueur
- Aucune différence concrète entre les personnages à choisir
- Un manque de challenge dû à des ennemis globalement peu dangereux
Il va sans dire que Golden Force ne révolutionne en rien le jeu d’action plates-formes, il offre néanmoins un beau retour aux sources, qui ne manquera pas de satisfaire les plus nostalgiques et amoureux des platformer. Le travail sur le gameplay et le level design est non négligeable et on sent tout l’amour des développeurs pour ce genre qui ont tenu à rendre l’expérience la plus agréable et attrayante possible. Allant même jusqu’à proposer un mode multijoueur pour rendre le tout plus divertissant et nerveux, on ne peut que conseiller de se prêter au jeu et de se laisser tenter par cette aventure pour le moins particulière.