Après avoir réveillé la fibre nostalgique des fans de skate vidéoludique en septembre dernier, Tony Hawk’s Pro Skater 1+2 est de retour sur PS5 et Xbox Series avec une version dédiée. Au programme : de la 4K native / 60 images par seconde, des éclairages plus fins, et même du 120hz. De quoi retourner sur sa planche ?
Développé par Vicarious Visions (derrière le très chouette Crash Bandicoot N. Sane Trilogy), Tony Hawk’s Pro Skater 1+2 brillait déjà par ses qualités techniques à sa sortie, il y a quelques mois. Le titre tourne en effet en 4K - vraisemblablement upscalée - et en 60 images par seconde sur PS4 Pro et Xbox One X, et affiche en l’état de très jolies textures et effets de lumière, avec toutefois un peu d’aliasing. Pour le coup, sur PS5 et Series, cet aliasing s’efface complètement grâce à un 2160p natif. Et même les éclairages sont plus fins et convaincants.
Pour ce qui est de la fluidité, on reste - en mode fidélité en tout cas - sur un 60fps très stable, toujours aussi confortable quand il s’agit d’apprécier les figures de Tony Hawk et sa bande. Petit plus qui a son importance : en multi local, le jeu tourne à présent à 60 images par seconde, contre moitié moins sur PS4 et Xbox One. Mais impossible de monter jusqu’à 120hz avec deux joueurs sur une seule console. Le mode dédié à cette fréquence d’image, baptisé “performance”, se désactive automatiquement en écran scindé. Concernant ce mode, il fait son petit effet sur un écran compatible sans pour autant être indispensable, mais s’affiche seulement en 1080p.
Pour passer de 4K/60 à 1080p/120, il suffit de se rendre dans le menu principal (pas possible de faire le changement en plein jeu), paramètres, option d’affichage, et choisir le mode souhaité. Dans les mêmes paramètres, vous trouverez aussi la fonctionnalité pour transférer votre sauvegarde de PS4 à PS5 ou de One à Series. De notre côté, sur PlayStation, le tout s’est fait très simplement : il suffit de se rendre sur old-gen pour télécharger la save dans le cloud (pas besoin d'abonnement payant) puis de la récupérer sur next-gen. Et vous voilà avec votre progression.
Tant qu’on parle de passage entre deux générations de console, abordons le doux sujet des upgrade gratuits. En gros, ceux qui possèdent la version digitale deluxe de Tony Hawk’s Pro Skater 1+2 sur PS4 et Xbox One n’ont pas de souci à se faire, et pourront profiter gratuitement de la mouture PS5 et Series. Si vous avez la version standard sur PS4, digitale ou physique, il faudra payer 10 euros sur le PS Store pour passer à la next-gen. Idem pour les joueurs Xbox avec la version numérique de base du jeu. En revanche, si vous avez opté pour le jeu en physique sur One, vous devrez payer plein pot pour l’avoir sur Series. On ne sait pas du tout si cette situation sera amenée à changer.
Tony Hawk's Pro Skater 1+2 - Petite balade en 4K sur PS5 à Venice Beach
Cela étant dit, les deux nouvelles versions bénéficient, en marge de ce qui a déjà été évoqué, bien évidemment de temps de chargement plus courts. Enfin, sur PS5, les fonctionnalités de la DualSense sont aussi prises en charge. Et pour le coup, les retours haptiques et les gâchettes adaptatives n'ajoutent absolument rien à l’expérience. Les vibrations nouvelle génération se manifestent seulement au moment de sauter et d'atterrir, et ne prennent même pas la peine de retranscrire les différents types de sol foulés par votre planche. Pour ce qui est des retours de force derrière la manette, on les sent au moment de faire un revert. Bref, pas de quoi s’extasier.
Test original de THPS 1+2 (par Indee, le 03/10/2020)
Autant dire qu’Activision n’a pas fait appel à n’importe qui pour donner vie à cette refonte. C’est Vicarious Visions qui est aux commandes, studio qui a honoré Crash Bandicoot d’un très bon ravalement de façade en 2017, avec la N. Sane Trilogy. L’équipe est de plus loin d’être étrangère à la licence Tony Hawk. On la retrouve derrière quelques épisodes, notamment sur Game Boy Advance et Nintendo DS. Le candidat semble idéal, à la fois familier de la série et à l’origine de l’un des meilleurs remaster “slash” remake de ces dernières années, qui plus est sur une licence culte. Reste à voir ce que ça donne manette en main.
Ravalement de façade
Dans les premiers instants, c’est évidemment le relooking graphique qui saute aux yeux. Et il faut avouer que Vicarious Visions a fait du très bon travail. La vingtaine de niveaux des deux Pro Skater sont colorés, riches en détails et certains éclairages font vraiment leur effet, notamment dans les levels éclairés par le crépuscule. Il faut de plus noter la fluidité du jeu, qui tourne constamment à ce qui semble être du 60 images par seconde (sauf en écran splitté). Malgré tout, certains niveaux, comme Burnside ou Marseille, ne semblent pas avoir fait l’objet du même soin graphique. Sans doute car ils sont moins vastes et moins cultes.
Les personnages bénéficient aussi de ce ravalement de façade. Les visages floutés par les textures d’antan laissent ainsi place à des traits réalistes et convaincants. Pas besoin de s’attarder sur le sujet, sachant que c’est surtout le dos des skaters qui est au premier plan lors des sessions de jeu. Mais le soin apporté fait quand même plaisir à voir, surtout dans l’éditeur de personnage, plutôt complet sans être renversant (ce sont surtout les options de personnalisation liées à la planche et aux accessoires qui donnent le tournis).
Gameplay hybride
Mais avant d’aborder la personnalisation, penchons-nous sur le gameplay, si important dans un Pro Skater. Si les sensations flottantes de Pro Skater HD, précédente refonte des origines de la série, ne vous avaient pas convaincu, rassurez-vous, le résultat est cette fois beaucoup plus positif. Par défaut, les contrôles du titre de Vicarious Visions sont à la croisée de Pro Skater 3 et des Underground, avec tout ce que cela comprend de revert, de wallride et de wallplant. Bref, toute la panoplie est là pour allonger les combos et se faire plaisir. Et ça marche toujours aussi bien, même après tout ce temps.
La vitesse d'exécution des figures est ainsi rapide et les sensations, instantanées. Mais si vous voulez retrouver le gameplay d’un Tony Hawk’s dans son jus, une option permet d’activer les contrôles de Pro Skater 1 ou 2. Une bonne idée histoire de contenter un peu tout le monde. On aurait ailleurs pu craindre que cette gymnastique entre différents feeling brise le level design des niveaux. Mais ce n’est pas le cas, à part peut-être pour les plus petits endroits, dont Marseille, où l’on passe facilement d'un bout à l'autre de la carte.
Tony Hawk's Pro Skater 1+2 - On fait le tour des premiers niveaux refaits à neuf (Gameplay)
A l'ancienne
Ces niveaux flambants neufs, vous aurez en tout cas largement l’occasion de les parcourir dans le mode principal, qui propose de retrouver de bons vieux objectifs dans des sessions de deux minutes à chaque fois. Charge à vous de retrouver les fameuses lettres SKATE, de faire les plus gros combos et de réaliser les tricks demandés au bon endroit. Et comme à l’époque, il faudra en terminer suffisamment pour débloquer la suite. Un régal pour les fans mais pas forcément pour les (éventuels) nouveaux venus, la formule étant assez vieillotte.
Sauf erreur de notre part, Vicarious Visions a fait le choix de placer les objectifs au même endroit que ceux des épisodes originaux. Un jusqu'au-boutisme qui a du bon pour les convaincus de la première heure, mais qui enferme le titre dans un cadre où rien n’est surprenant, si ce n’est l’apparence des niveaux. On retrouve donc les mêmes levels, les mêmes modes multijoueur, que ce soit en ligne ou en local. C’est un peu dommage, mais c’est là la ligne complexe entre respect de l’oeuvre originale et innovation.
Comme dans les épisodes de base, il faut ramasser des points de stats dans les niveaux pour améliorer les caractéristiques des personnages (ollie, spin, flip, etc). Et pour ne pas rendre le tout trop confus, les améliorations entre les cartes de Pro Skater 1 et 2 ne sont pas séparées. Il est ainsi tout à fait possible de récupérer des points dans un niveau de l’un pour continuer avec les mêmes stats dans un level de l’autre.
Gavé de défis
En revanche, Vicarious Visions s’est lâché sur quelque chose qui n’était pas là à l’époque : un système d’expérience. Ainsi, lors de vos sessions, vous accomplirez - intentionnellement ou non d’ailleurs - des petits challenges prévus par le jeu (faire tant de fois telle figure ou tant de fois un certain nombre de points, etc). Outre un petit jingle en pleine partie, ces défis vous permettront d'engranger de l’argent afin de débloquer un nombre assez impressionnant d’éléments cosmétiques, que ce soit des planches, des logos ou des vêtements. Certains défis ont néanmoins un impact sur le jeu, donnant la possibilité de débloquer jusqu’à dix emplacements pour les tricks spéciaux (qui peuvent être assignés qu'importe le personnage et qui avoisinent la cinquantaine).
Si la feature permet de personnaliser son personnage à l’envie, elle encombre toutefois inutilement les menus du jeu. Au point que nous avons passé plusieurs minutes avant de trouver l’éditeur de personnage. Et c’est aussi tout un aspect que l’on rangera volontiers dans la case “tentative plutôt ratée pour gonfler la durée de vie” (à part pour les plus complétistes). Difficile d’y voir un véritable intérêt outre le fait de montrer la couleur dans les parties en ligne, avec un badge qui met en avant vos exploits. D’ailleurs, le online, parlons-en.
Tony Hawk's Pro Skater 1+2 - On enchaîne les combos dans l'Entrepôt (Gameplay)
"Tient ta ligne !"
Car c'est sans doute l’un des aspects les plus attendus de Tony Hawk’s Pro Skater 1+2. Alors voilà ce qu’il en est : en ligne, vous pouvez tout d’abord affronter des joueurs du monde entier dans les modes de jeu disponibles (trick attack, défi score, combo mambo, défi combo, graffiti, horse et tag). Avant de lancer une partie, il faudra choisir entre “Jams” et “Compétitif”, l’un permettant de jouer avec des joueurs de tous niveaux à tous les modes et l’autre classant les skaters selon leur expérience dans des affrontements autour du score.
Il n’est en revanche - et c’est un peu dommage - pas possible de lancer une recherche en ligne avec un mode ou un niveau comme critère. Et dans les faits, les affrontements sont un peu austères. Les parties s’enchaînent avec un bref encart pour indiquer le vainqueur, mais il n’y a par exemple aucune “killcam des skaters” qui permettrait de visualiser le meilleur combo de la partie. On se fie donc aux chiffres mais sans s’étonner des prouesses des autres. Ici, Vicarious Visions aurait pu se permettre un peu de modernité.
Avant de passer à la suite, rappelons tout de même que Pro Skater 1+2 bénéficie d’un mode deux joueurs en écran splitté. Il est ainsi possible de s’amuser entre potes sur toutes les cartes du jeu (sans les avoir débloquées au préalable via le mode principal) et avec tous les modes cités plus haut. Toutefois, les sessions à deux sur le canapé se feront au prix d’une baisse de performance, le jeu passant des supposées 60 à 30 images par seconde. Et même si le tout reste parfaitement jouable, difficile de ne pas voir la différence.
Pro Creator
Cerise sur le gâteau : la création de skatepark. Un élément qui s’imbrique évidemment dans la dimension en ligne du jeu, les créations pouvant être partagées et explorées par les joueurs du monde entier. Et pour ce qui est de l’outil en lui-même, il n’est pas ce qu’il y a de plus ergonomique ou de très flexible (impossible par exemple de sélectionner une zone entière pour la copier), mais pas de quoi crier au scandale. Ca marche bien, et le tout est suffisamment varié pour ne pas donner vie aux mêmes archétypes de park.
L’éditeur de skatepark et les modes en ligne, c’est certainement ce qui garantira une longévité plutôt bonne à Tony Hawk’s Pro Skater 1+2. Et pour les plus acharnés, le graal du score parfait sur chaque niveau (d’ailleurs mis en avant via une interface dédiée) et de tous les personnages améliorés au maximum suffira pour passer des dizaines d’heures. Mais les joueurs plus occasionnels resteront certainement sur leur faim, même si la magie Pro Skater fait son effet. On retrouve malgré tout dans le titre tout ce qui a fait le charme des épisodes originaux (à l’exception près de la BO qui n’est pas tout à fait la même mais qui reste parfaitement dans le ton). Et rien que pour ça, ça vaut le coup de s’y plonger.
Tony Hawk's Pro Skater 1+2 - Trailer de lancement
Points forts
- Encore plus beau sur PS5 et Xbox Series
- Le gameplay, entre tradition et modernité
- Les bons vieux objectifs (et secrets) de l’époque
- Mode multi en écran splitté et en ligne
- L’éditeur de skatepark
- Progression cross-gen
Points faibles
- Les menus, très fouillis
- Une avalanche de nouveaux défis pas très intéressants
- Pas de 120hz pour le multijoueur local
Les versions PS5 et Xbox Series de Tony Hawk's Pro Skater 1+2 font exactement ce qu'on attend d'elles : la 4K native est un plus bienvenu (il efface l'aliasing parfois présent dans la mouture de base en 2160p) tout comme le 60fps pour le multijoueur et le mode 120hz, qui se ressent bien sans être bouleversant. Nous sommes donc bel et bien en présence de la version ultime du titre, qui conserve bien évidemment toutes ses forces d'origine. Le jeu est beau, fluide, les niveaux détaillés et certains effets de lumière fonctionnent vraiment bien. En plus de la vingtaine de levels, un mode deux joueurs en écran splitté est même de la partie ainsi que toute une dimension en ligne et de quoi créer / partager ses skateparks. On regrettera malgré tout de ne pas être surpris plus que ça. Mais qu'est-ce que ça fait du bien de retrouver un titre de ce genre, et de cette trempe. Si vous êtes fan des opus de base, foncez sans hésiter.