Parmi nous

Cette phrase d’introduction suffirait presque à décrire complètement le concept de Gnosia. Votre avatar se réveille dans un vaisseau spatial sans aucune idée de ce qu’il y fait. Rapidement, les autres passagers lui informent que des intrus se cachent parmi eux. Les Gnosia ont été infectés et ont pour mission de décimer le reste de l’équipage. Les Humains de leur côté doivent démasquer les Gnosia afin de les plonger dans un sommeil cryogénique. Évidemment d’autres rôles viennent se mêler à l’équation pour équilibrer la partie. Ainsi l’Ingénieur peut analyser une personne chaque nuit afin de déterminer s’il est atteint par Gnosia ou non. Le Docteur de son côté peut vérifier si la personne cryogénisée l’a été à tort ou non. Il peut ainsi remettre en question la version de certains participants. D’autres rôles plus ou moins déterminants viennent progressivement se greffer aux parties à mesure que le joueur se fait la main sur les mécaniques de jeu. Nous nous garderons bien de vous dévoiler les rôles supplémentaires, car certains rebattent les cartes et leur découverte est plaisante. Plus les parties s’enchainent, plus elles gagnent en complexité, car de nouveaux paramètres s’ajoutent. De nouveaux personnages, de nouvelles mécaniques, des rôles supplémentaires. Le tout progresse naturellement et l’on est jamais submergé d’informations. Si un doute le submerge, le joueur peut à tout instant allez vérifier sa base de données intégrant les informations clés de chaque personnage et les déclarations de chacun au cours des derniers débats.

L’aspect Visual Novel confère réellement une identité marquée à Gnosia. Au fil des parties, les protagonistes se confient et l’univers du jeu se dessine plus précisément. On prend plaisir à découvrir les origines des uns et des autres ou les liens qui les unissent. On en apprend évidemment plus sur le monde dans lequel les héros évoluent, mais également l’impact qu’a Gnosia sur le monde et leur vie. Des sauts temporels interviennent à chaque partie, baptisée « Loop ». Ces boucles diffèrent dans leur déroulement et dans les rôles attribués. Elles justifient pourquoi tel protagoniste est infecté par Gnosia et pourquoi il ne l’était pas à l’occurrence précédente. Ainsi le joueur devra faire fi de ses aprioris et ne devra pas condamner d’emblée un personnage par rancune. Chacun d’entre eux dispose d’une personnalité bien définie qu’il faudra prendre en compte dans son jugement. Par exemple, Setsu ne tient pas Sha-Ming dans son cœur et aura tôt fait de le condamner à tort. Comet n’est pas celle qui use le plus de la logique, mais identifie les menteurs comme personne. Shigemichi est amoureux de Stella, ce qui pourra éventuellement impacter son jugement. Tous ces traits de personnalité sont à prendre en compte que l’on soit Humain ou Gnosia. Car oui, le joueur peut incarner n’importe lequel de ses rôles et les conditions de victoires seront donc bien entendu adaptées. Pour l’aider dans sa tâche, il peut attribuer des points d’expérience dans diverses statistiques comme le Charme, la Logique, la Discrétion, etc. Ainsi il pourra déceler plus facilement les mensonges, convaincre aisément ses détracteurs et même débloquer des capacités décisives permettant de faciliter la victoire.

Un casting attachant

Finalement, là où Gnosia réussit réellement c’est dans l’utilisation qu’il fait des boucles pour raconter son histoire. Une partie, se déroulant normalement en apparence, pourra vite dégénérer à cause d’un évènement inattendu. Des twists et des surprises, Gnosia en a à revendre. Malheureusement pour installer la routine qu’il entend briser, ce visual novel/RPG s'accompagne d'une certaine répétitivité. Il n’est pas rare d’enchainer plus de cinq boucles sans voir le scénario se développer, ce qui est peut-être redondant. Ce ne serait pas problématique si les dialogues de gameplay ne se répétaient pas sans cesse. Les personnages ne disposent que de très peu de répliques pour les phases de jeu. Ainsi, un personnage formulera son désaccord de manière identique à chaque fois. Ce grief est particulièrement marqué en début de jeu, car toutes les cartes ne sont pas encore dans les mains du joueur. À terme, ce dernier aura accès à tous les modificateurs de partie et même à un générateur de Seed qui sélectionne les conditions les plus propices à faire avancer l’histoire. Ce revirement bienvenu offre un second souffle à l’aventure qui atteint son plein potentiel narratif. Le joueur n’a alors plus l’impression de faire de runs inutiles et peut apprécier l’écriture et le développement des personnages.

C’est un point fort indéniable de Gnosia, la caractérisation des protagonistes sert autant le gameplay que la narration. On se prend rapidement d’affection pour ce casting hétéroclite qui regroupe de nombreux profils différents réagissant de manière spécifique à des situations variées. Ce casting permet également d’apprécier l’excellente direction artistique du titre qui arbore des portraits aux traits rappelant l’aquarelle. Le character design est original et réellement engageant. Si l’on esquisse un sourire rieur à la vue de Chipie et de son chat lui traversant la nuque, on donne aisément sa confiance à Setsu grâce à sa stature charismatique et son sens aigu de la justice. Le plus plaisant est sans doute que le design de ces héros est un autre moyen d’explorer un univers plus riche qu'il n'y parait. Ainsi, ce chat traversant la nuque de Chipie a une raison d’être là, tandis que les tatouages de Comet sont d’une nature tout à fait étonnante. On s’attache à ces personnages, malgré leurs coups en traitre occasionnels et leurs motivations diverses.