La même rengaine ? Pour les jeux de Milestone et par extension les jeux de motos qui reviennent chaque année, le constat est trop souvent identique : peu ou pas de progression technique, et très rarement un bond dans le contenu. Depuis 2018 et son premier opus, la licence Monster Energy Supercross 3 ne déroge malheureusement pas à cette règle. Oui mais voilà cette saison, une nouvelle donnée peut bousculer la règle, à savoir l'apparition de la nouvelle génération de console. De quoi permettre sur le papier à Monster Energy Supercross 4 de monter son niveau d'un cran.
Le trailer de Monster Energy Supercross 4
La tache boueuse d'un studio plutôt propre. Monster Energy Supercross 3 ne nous avait pas enchanté, loin de là sur son contenu et son rendu avec une certaine regression dans le mode carrière. Une anomalie pour Milestone, plutôt habitué à toujours progresser à tâton avec ses licences. 2021, année charnière pour la saga officielle du championnat américain de Supercross donc via la transition next-gen, réussie sur le dernier MXGP.
L'arbre qui cache la cylindrée
Premier chantier, et l'analogie est forte tellement on retrouve avec plaisir les terrains accidentés et les foules en délire, le mode carrière. Monster Energy Supercross 2 avait proposé une feature intéressante même si elle est légion pour la plupart des jeux de courses, la possibilité de gérer son calendrier entre les entraînements et opérations marketing. Dramatiquement, le troisième volet avait tout fait voler en éclat en remettant le simple principe de l'enchaînement de compet pour la carrière, une regression incompréhensible. Affront lavé pour le nouvel épisode, qui reprend les licences officielles avec une trentaine de circuits et les pilotes officiels (avec leurs photos cette fois-ci) et offre enfin le mode avec quelques features sympas. Un arbre de compétences fait désormais son apparition, et les points pour progresser s'obtiennent assez facilement via des prouesses en compétition, entraînements entre les courses ou évènements additionnels.
On se retrouve maintenant face à un vrai mode carrière sur la forme, même s'il peut encore aller plus loin à l'avenir. Les scrubs, sauts et whips sont plus intuitifs et apportent autant de vitesse que la saison dernière, et ont maintenant un autre intêret : celui de booster la jauge du Rewind. Le rembobinage, utile si l'on est un joueur casual ou pour mieux aborder/apprendre les virages, n'est plus infini et se divise en trois jauge, pour trois utilisations. Intéressant, même s'il posera problème pour les plus novices (qui sont généralement ceux qui utilisent cette jauge). La difficulté est en effet accrue dans cet opus, avec une IA redoutable même en très facile. Un calibrage compliqué, et donc encore plus exigeant avec un Rewind pas illimité. Paradoxal, et dommageable.
Repimp My Ride
Du neuf dans le contenu, c'est bien, mais quand il est accompagné d'améliorations dans le gameplay, c'est mieux. Un aspect d'autant plus important dans cette fameuse année de transition sur PS5 et Xbox Series X. MES 4 accélère dans le bon sens d'un point de vue graphique, la mouture proposant le 60 FPS ainsi que des images nettes collant parfaitement avec la sensation de vitesse. L'aliasing est moins prononcé qu'à l'accoutumée et les animations d'avant-course bien plus nombreuses pour rendre le rendu moins fade, enfin ! N'oublions pas que pour la plupart de ses jeu, Milestone propose une large palette d'ajustement de la bécane (carénage, suspensions etc.), une feature toujours présente ici pour gagner en précision. Enfin, dans la veine du dernier MXGP ou de Ride 4 next-gen, un travail très fin a été exercé sur les manettes DualSense. Roulement pour le moteur, retours haptiques sur les impacts et saut, tout est là pour ajouter un peu d'immersion et réussir la transition d'un point de vue technique.
Une crainte subsistait malgré ce petit cap franchi sur next-gen, le traitement des versions old-gen et PC. Pas de surprise ou de déception au niveau du travail sur les manettes bien sûr (pas les mêmes vibrations que sur Series X et PS5), mais un manque d'effort criant pour les joueurs PS4 et ONE. Quand l'on passe de la version upradée à l'autre, le contraste est saisissant. Les couleurs sont baveuses tandis que le cliping et l'aliasing se fait clairement ressentir. On aurait apprécié du boulot dans ce domaine vu les difficultés de MES 3. Cependant, le titre n'est pas un copier-coller du précèdent opus sur old-gen puisque l'on retrouve les nouveautés du mode carrière citées plus haut, la nouvelle gestion du Rewind (donc la difficulté accrue) ainsi qu'une certaine stabilité du mode online.
Encore trop juste ?
Le quatrième volet progresse donc par rapport au contexte de la nouvelle génération via l'aspect technique, mais seulement sur PS5 et Series X. Il avance dans le contenu avec le mode carrière et son arbre de compétence, mais celui-ci est frustrant de part sa difficulté. Le créateur de circuits est toujours présent tout comme le complexe et pour le online, on apprécie la stabilité des serveurs et le nombres d'options offertes au directeur de course ou créateur de salons publics-privés (courses en showdown, courtes ou Triple Crown). On regrette par contre la disparition du Complexe en ligne. En bref, hormis les scrubs améliorés, tous les points poussés suggèrent un défaut, et c'est finalement ce qui fait mauvaise presse pour MES 4. De quoi réflechir pour la saison prochaine de l'autre côté des Alpes.
Points forts
- Les licences officielles (circuits et pilotes)
- Toujours aussi vif et prenant en course
- Editeur de circuit et complexe libre
- Des scrubs et whips enfin intéressants...
- ...liés au nouveau système de rewind malin...
Points faibles
- ...mais pas paramètrable
- Difficulté très mal calibrée sur certains circuits
- Des collisions toujours peu inspirées
- Multi en écran partagé absent
- Milestone manque encore de supplément d'âme
Monster Energy Supercross 4 est à l'image de n'importe quel épisode d'une licence Milestone. On aimerait qu'il aille plus vite dans sa progression, mais il avance. Grâce à sa transition next-gen d'une part, avec une sympathique fluidité graphique et un impact technique certain, et son nouveau mode carrière de l'autre. Ce dernier dépasse enfin le simple enchaînement de courses, moins fade avec ses nouvelles animations et scrubs améliorés. On aurait cependant aimé plus dans l'inspiration, et une difficulté mieux calibrée par rapport à l'IA sur certains circuits. C'est un petit pas de plus pour le jeu officiel du Supercross, mais un pas quand même.