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Test Sea of Solitude : The Director's Cut, une version Switch véritablement supérieure ?

Sea of Solitude débarque sur Nintendo Switch dans une version éditée par Quantic Dream - Game Awards 2020

Sea of Solitude : The Director's Cut, une version Switch véritablement supérieure ?
33 238 vues
Profil de Carnbee,  Jeuxvideo.com
Carnbee - Journaliste
Carnbee écrivait déjà sur papier numérique quand James Sunderland cherchait sa femme à Silent Hill en 2001. Aidé par la génération “AOL illimité”, il explora virtuellement un monde devenu terrain de jeu en ligne. Gardez peut-être vos distances : il adore incarner le méchant gardien de Dungeon Keeper !

Sorti en juillet 2019, Sea of Solitude fut tout d’abord édité en tant qu’EA Originals, le label “indé” du géant de l’édition Electronic Arts. Une vingtaine de mois plus tard, l'œuvre du studio Jo-Mei arrive sur Switch dans une version Director’s Cut “pensée pour mettre en lumière la vision des développeurs”, éditée cette fois-ci par Quantic Dream. Il reste à voir si la barque chargée d’améliorations menée par Kay lui permet de se délester de ses vilains défauts d’origine.

The Director’s Cut ?

Sea of Solitude : The Director’s Cut étant très proche du jeu d’origine, notre test l’est tout autant. Si vous souhaitez découvrir les nouveautés de cette version par rapport à celle sortie en 2019, nous vous invitons à lire le paragraphe “Une édition Switch qui surfe sur la vague”.

De tempêtes en naufrage

Sea of Solitude : The Director's Cut, une version Switch véritablement supérieure ?

Alors que les vagues agitent les plumes de son étrange pelage, Kay se réveille en pleine tempête sur une barque à la dérive. Ses yeux rouges tel du rubis incandescent percent l’obscurité et aperçoivent une lumière, au loin. Contre vents et marées, l’aventurière s’y dirige, non sans l’aide du joueur qui par quelques pressions de son joystick déroule le début de cette histoire. Sea of Solitude est un jeu d’aventure narratif composé de nombreuses phases de plates-formes. À bien des égards, il pourrait être comparé à un simulateur de marche (mais avec des sauts) dirigiste, malgré le sentiment de liberté qui se dégage des pérégrinations et la possibilité de perdre en cas de mauvaise manipulation face à un boss.

Kay se déplace avec sa barque ou à pied dans des niveaux urbains plus ou moins ensevelis sous les eaux. L’héroïne est perpétuellement guidée par ses fusées de détresse qu’elle peut tirer à tout moment et dont la lueur indique le chemin à suivre jusqu’au prochain objectif. Ces feux révèlent également des éléments normalement invisibles qu'il faut nettoyer de toute forme de corruption afin de rétablir la lumière et progresser. Vous l’aurez peut-être compris en lisant ces quelques lignes, Sea of Solitude ne brille pas par son originalité. Le but du soft conçu par Jo-Mei est de se balader dans des niveaux épurés reposant sur les ruines d’une civilisation, où chaque mur est une plate-forme potentiellement utile à l’atteinte d’un objectif révélé par une fusée.

Sea of Solitude : The Director's Cut, une version Switch véritablement supérieure ?Sea of Solitude : The Director's Cut, une version Switch véritablement supérieure ?

Dans les eaux troubles de ce soft d’aventure/plates-formes très “arty”, le joueur doit donc mener sa barque dans une cité ensevelie sous les eaux pour purger le monde d’une insidieuse menace. Malheureusement, les multiples séquences de plates-formes déçoivent par leur absence de profondeur. À part les souffleries frustrantes de la dernière partie du jeu, il n’y a aucun autre élément capable d’apporter un soupçon de diversité à ces phases. Les approximations du gameplay demeurent nombreuses, et les objectifs peinent à se renouveler. Fuir des ombres démoniaques et dénicher des orbes finit par lasser un peu trop rapidement.

Sea of Solitude : The Director's Cut, une version Switch véritablement supérieure ?

Larmes de crocodile ?

Sea of Solitude : The Director's Cut, une version Switch véritablement supérieure ?

Le monde tantôt coloré, tantôt grisâtre de Sea of Solitude abrite des êtres monstrueux, à l’image du piranha géant qui pourchasse Kay dès que cette dernière met une épaule à l’eau, ou encore de la tortue maléfique à repousser grâce à des faisceaux lumineux. Ces ennemis qui rôdent à des endroits précis de la carte sont animés avec soin et disposent d’une modélisation réussie. Les différents lieux visités par la jeune aventurière cachent un bestiaire qu’il faut apprendre à éviter jusqu’à trouver une manière contextuelle de les détruire, en allumant une lumière par exemple. Les moments où il faut fuir la grosse bête aquatique sont stressants, et les scènes où il est nécessaire de voler des objets à des démons volants qui nous poursuivent tels des Phanto (Super Mario Bros. 2) fonctionnent assez bien. Ceci étant dit, les bonnes idées de gameplay sont malheureusement rares. Il est peut-être là, le problème majeur du titre de Jo-Mei : à la différence d’un What Remains of Edith Finch, les sujets sensibles abordés ne sont que trop rarement servis par des idées ou des situations intéressantes de jeu. Là où certaines expériences se servent de leur côté dirigiste pour surprendre le joueur avec une mise en scène forte, Sea of Solitude se laisse porter sans provoquer de palpitation durant ses 3/4 heures de jeu.

Sea of Solitude : The Director's Cut, une version Switch véritablement supérieure ?Sea of Solitude : The Director's Cut, une version Switch véritablement supérieure ?

Une édition Switch qui surfe sur la vague

Sea of Solitude : The Director's Cut, une version Switch véritablement supérieure ?

Vendu comme étant “le projet le plus personnel” jamais créé par sa conceptrice, Cornelia Geppert, Sea of Solitude revient dans une version revue et corrigée sur Nintendo Switch. Soyons clairs, l’absence de gestion de l’écran tactile et les fonctionnalités gyroscopiques anecdotiques ne jouent pas en la faveur de cette édition. Oui, il y a bien la présence d’un mode photo qui ravira sûrement les esthètes, mais ce n’est pas grâce à ses fonctionnalités supplémentaires que Sea of Solitude : The Director’s Cut mérite votre intérêt, mais plutôt grâce à sa réécriture. Par rapport à l’expérience de base sortie en 2019, cette version change de très nombreux dialogues afin de livrer une aventure moins évidente dans ce qu’elle a à transmettre, mais dont le propos gagne drastiquement en finesse. Adieu la note d’intention de la scène d’introduction, au revoir les divers monologues où Kay formule systématiquement ce qu’elle a sur le cœur : The Director’s Cut ose les non-dits et ça lui fait du bien. Même les messages à trouver dans les bouteilles à ramasser ont changé.

Sea of Solitude : The Director's Cut, une version Switch véritablement supérieure ?Sea of Solitude : The Director's Cut, une version Switch véritablement supérieure ?

Cette nouvelle édition jouit également de doublages intégralement en français de bonne facture, ce qui n’était pas le cas avec le titre d’origine qui ne disposait que de voix anglaises et de sous-titres dans notre jolie langue. Il est à noter que les langues peuvent être changées dans les paramètres, et qu’elles comprennent l’Anglais, le Français, l’Allemand, l’Espagnol et le Japonais. Outre le fait que certains collectibles ont changé de place et que la musique est plus présente, il est important de signaler que les passages les plus ratés, que nous avions décrits dans le test d’origine, ont été corrigés. C’est le cas par exemple de la scène à l’école, dans la pénombre, infestée d’ennemis. Désormais, des bâtons lumineux posés au sol indiquent le chemin à suivre pour s’en sortir. Dans le même ordre d’idées, divers éléments lumineux ont été ajoutés aux décors afin d’améliorer leur lisibilité (et mettre en valeur les éléments importants).

Techniquement, le soft s’en sort assez bien sur l'hybride de Nintendo. Il faut reconnaître que la direction artistique épurée correspond parfaitement au support. Néanmoins, la distance d’affichage est moins bonne que celle des versions PlayStation 4 et Xbox One (particulièrement visible à la fin du chapitre 5), et les séquences chargées accusent quelques petits ralentissements. Avec ses cinématiques reefaites, Sea of Solitude : The Director’s Cut est la meilleure façon de découvrir l’univers imaginé par Jo-Mei. Faute avouée à moitié pardonnée : l’épopée de Kay mérite enfin que vous vous y intéressiez.

Sea of Solitude : The Director's Cut, une version Switch véritablement supérieure ?Sea of Solitude : The Director's Cut, une version Switch véritablement supérieure ?

Points forts

  • Une direction artistique réussie
  • Une écriture plus fine, et une VF de bonne facture
  • Des protagonistes animés avec soin
  • Quelques boss plaisants
  • Les passages les plus ratés ont été rafistolés

Points faibles

  • Les bonnes idées sont trop rares
  • Des mécaniques de jeu qui restent en surface
  • Trop d'approximations dans les phases de plates-formes
  • Une aventure très courte (moins de 4 heures de jeu)
  • Pas de gestion du tactile, gyroscope anecdotique

Le rapprochement entre Jo-Mei et les équipes de David Cage n’est pas si improbable que cela puisse paraître, tant les deux studios mettent un point d’honneur à nous arracher des larmes. Sea of Solitude : The Director’s Cut apporte une version réécrite du titre d’origine bien plus maîtrisée. Les monologues intempestifs disparaissent au profit de dialogues mieux amenés défendus par un doublage français de qualité. Pour le reste, le soft du studio Jo-Mei garde ses défauts même si les séquences les plus ratées ont été judicieusement rafistolées. Malgré ses bonnes intentions et ses multiples inspirations, il n’arrive que très rarement à rendre sa progression palpitante pad en main. Oui, l’aspect platformer 3D continue de nous laisser de marbre, mais le propos et la présentation générale prennent du galon.

Note de la rédaction

13
16

L'avis des lecteurs (2)

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