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Test Blizzard Arcade Collection : Une compil' qui rocks ?
Blizzard Arcade Collection : Une compil' qui rocks ?
Profil de Ayden_,  Jeuxvideo.com
Ayden_ - Journaliste jeuxvideo.com

Le temps est à la commémoration et aux compilations ! Après Turrican Flashback et Capcom Arcade Stadium, c’est au tour du mythique studio Blizzard de nous réexpédier dans les années 1990. Pour son trentième anniversaire, les Américains d’Irvine nous offrent – moyennant une vingtaine d’euros – un road trip à l’ancienne avec le convivial The Lost Vikings, le déjanté Rock N Roll Racing et l'explosif BlackThorne. Issus du catalogue 16-bits de Blizzard, ces trois titres ont marqué leur époque mais est-bien raisonnable, surtout à l’heure où la concurrence se veut de plus en plus généreuse, de se limiter à une sélection aussi drastique ? Rien n’est moins sûr.

Blizzard Arcade Collection : Une compil' qui rocks ?

Trois titres et pas un de plus ! En attendant de se pencher sur les légers ajouts de la compilation, faisons le tour – même s’il sera assez rapide – de ces œuvres aux genres bien différents. La première d’entre elle n’est autre que The Lost Vikings, un jeu mêlant plate-formes et réflexion et misant sur la coopération entre plusieurs avatars aux capacités distinctes. En 1992, alors que Blizzard se nomme encore Silicon & Synapse, l’artiste Ron(ald) Millar et le programmeur Patrick Wyatt se voient offrir, par leur éditeur Interplay, la possibilité de présenter leur propre jeu. À l’époque, tous les membres du studio reçoivent la même proposition et tout le monde se met alors à cogiter pour remporter le droit de créer sa propre licence.

Quand Lemmings rencontre Ragnar

Blizzard Arcade Collection : Une compil' qui rocks ?

C’est finalement Ron Millar qui séduit Interplay avec une idée ingénieuse consistant à créer une sorte de Lemmings avec des Vikings. Ron est un grand amateur de Dungeons & Dragons, Conan ou encore Gauntlet et c’est donc tout naturellement que l’univers d’heroic-fantasy lui est venu à l’esprit. Au début de l’année 1992, les jeux vidéo sont encore conçus par de toutes petites équipes et l’émulation entre les membres est importante. Au départ, le programme est un ersatz de Lemmings et c'est une armée de Vikings qui s'affiche à l'écran. Mais cette option est rapidement abandonnée. Mario et Sonic s'affichent en grand sur les écrans et les développeurs veulent en faire de même avec leurs protégés numériques. Par ailleurs, ils estiment que l’affichage de petits personnages n’est pas optimal sur les consoles du moment. Ils décident alors de se limiter à 5 Vikings. C’est ainsi que se dessine le Lemmings-like au fil des semaines mais l’équipe n’est pas satisfaite. Elle veut directement interagir avec les personnages et pas seulement leur donner des ordres via un menu. Le jeu va finalement s’émanciper de Lemmings pour devenir un platformer teinté de réflexion. Pour apporter de la diversité, le groupe apporte à chaque Viking un rôle bien distinct : épéiste, archer, porteur de bouclier, messager ou encore berseker, un guerrier capable de rentrer dans une rage incontrôlable. Le nombre de 5 Vikings finit fatalement par poser problème car il faut sans arrêt switcher entre les personnages (le rythme du jeu en pâtit) et cela implique des routines de programmation complexes pour gérer les sprites non utilisés – comprenez par-là les avatars qui poirotent. Le staff décide alors de supprimer deux Vikings à l’écran. Avec 3 protagonistes affichés, le programme commence à prendre forme et les documents papiers (les niveaux, personnages, objets sont d’abord dessinés à la main) se multiplient. Pour se démarquer, la fine équipe mise sur un aspect cartoon humoristique (qui sera d’ailleurs repris ensuite dans Warcraft, futur titre de Blizzard) afin que chaque Viking soit unique et donc reconnaissable. Côté scénario, le pitch s’inspire de Monty Python et relate la capture du trio de Vikings par l’empereur des Croutoniens, Tomator, qui aspire à la création d’un zoo. Ouais, des Vikings en cage en quelque sorte ! Onze mois seront nécessaires à Silicon & Synapse pour créer le jeu The Lost Vikings sur Super Nintendo et il leur faudra six mois supplémentaires pour l’adapter – avec quelques compromis techniques – sur Mega Drive. Il est le fruit d’une petite équipe (très jeune à l’époque) et il peut se montrer particulièrement ardu et même parfois mal réglé. Aussi, en 2021, qu’en est-il ?

Les menus sont soignés et agréables à parcourir.

Blizzard Arcade Collection : Une compil' qui rocks ?Blizzard Arcade Collection : Une compil' qui rocks ?

Un sauvetage au poil

Blizzard Arcade Collection : Une compil' qui rocks ?

Fidèle à lui-même, The Lost Vikings (qui devait s’appeler « Vikings » à sa sortie) est un jeu qui fait intervenir trois Vikings : Olaf le Coriace, Baleog le Féroce et enfin Erik le rapide. Après un court tutorial permettant de prendre connaissance des capacités de chacun, tout ce petit monde rejoint son village et s’endort. Soudain, pendant la nuit, le vaisseau de l’affreux Tomator surgit et kidnappe les trois compères qui se retrouvent embarqués dans une folle aventure temporelle. Pour se jouer des obstacles, l’utilisateur doit ainsi exploiter chacune des compétences du groupe de moustachus. Olaf est le porteur de bouclier, celui qui peut aider ses camarades à atteindre des zones surélevées tout en étant capable de parer les projectiles ennemis. Baleog, quant à lui, est celui qui aime rentrer dans le lard, que ce soit avec son épée ou son arc. Enfin, Erik, le plus vif du petit comité, peut littéralement détruire les murs en fonçant dedans tête baissée. C’est ce cumul d’aptitudes lié à l’atmosphère générale du jeu qui lui confèrent un tel charme. Les environnements sont jolis, plutôt variés, le gameplay est souvent ingénieux (les flèches de l’arc activent des interrupteurs, la vitesse d’Erik lui permet de sauter des gouffres, etc.). Tout n’est pas parfait, notamment en termes de rythme, et on note parfois quelques ratés dans les collisions. Mais c’est du chipotage tant on passe du bon temps à arpenter les différents lieux (vaisseau, contrées égyptiennes, préhistoire, etc.). C’est drôle, attractif et inventif et ça n’a pas pris une ride. Le premier examen de passage est donc positif !

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Les guitares en feu

Blizzard Arcade Collection : Une compil' qui rocks ?
Blizzard Arcade Collection : Une compil' qui rocks ?
L'édition "définitive" de Rock N Roll Racing propose les titres musicaux originaux ainsi que l'apport d'effets visuels. Un confort vraiment appréciable !

Le second titre de la compil’ n’est autre que le bien connu Rock ‘N Roll Racing. Calqué sur le concept de RPM Racing (lui-même hérité de Racing Destruction Set), il s’agit d’un jeu de course totalement allumé en 3D isométrique et porté par les grands classiques du hard rock et du heavy metal. Bad to the Bone de George Thorogood and the Destroyers, Highway Star de Deep Purple, Paranoid de Black Sabbath, Peter Gunn d’Henry Mancini (reprise rock par Gary Hoey), Born to be Wild de Steppenwolf et même Radar Love de Golden Earring (exclusif à la version Mega Drive), la bande-son tabasse ! Sur Super Nintendo, ces titres mythiques étaient plutôt bien reproduits (un peu moins sur la machine de SEGA) et ça donnait une atmosphère unique à cette production. Mais là, l’immersion est carrément décuplée ! Les développeurs ont intégré les musiques originales et ajouté de petits effets spéciaux supplémentaires (flammes améliorées, brume…) et l’ambiance en devient survoltée. En l’état, cela ne révolutionne pas le jeu car il s’agit toujours de remporter la victoire au volant d’un bolide en utilisant les virages, obstacles et armes à bon escient mais le gain de confort est considérable ! Quand on sait qu’il s’agissait d’un souhait absolu des créateurs du jeu à l’époque, on se dit que la boucle est bouclée !

Du rock et des bagnoles

Blizzard Arcade Collection : Une compil' qui rocks ?

Alan Pavlish, designer, programmeur et producteur de Rock N Roll Racing, voulait amener de l’émotion. Adorateur de RPM Racing, il décide de réaliser une suite, intitulée RPMII, techniquement plus ambitieuse, bien plus rapide, avec une certaine précision dans les commandes. Mais surtout, ce que le concepteur souhaite, c’est apporter une ambiance totalement innovante. À l’époque, la concurrence est un peu trop « mielleuse » en matière de musiques de jeux vidéo, si bien que l’intéressé frappe très fort en contactant une agence new-yorkaise spécialisée dans les licences musicales. Le défi est considérable car l’équipe d’Alan Pavlish doit, à partir de « simples » partitions, reproduire chacun des morceaux sélectionnés. Au total, une liste de plus de 100 morceaux est envoyée à la compagnie new-yorkaise, mais certains tarifs – comme certains titres des ZZ Top – sont inaccessibles. Finalement, le staff, après discussion, se limite à une sélection drastique de 5/6 morceaux. Beaucoup de titres choisis étaient en effet trop chers ou non disponibles (on peut aussi imaginer que certains ayants-droits avaient peur que la musique, sous forme de jeu vidéo, soit dénaturée – crainte qu’avait Michael Jackson en ce temps-là). Le jeu va ainsi se bâtir et ce genre musical va finalement conduire l’équipe à renommer RPMII : Rock N Roll Racing est né. Le petit groupe d’Alan Pavlish ira même jusqu’à inclure un commentateur pendant les courses ! Larry Huffman, un très célèbre commentateur américain (ABC, CBS, ESPN…), a ainsi été contacté et il a accepté la proposition, donnant à Rock N Roll Racing une atmosphère encore plus folle ! Et en 2021, tout cet ensemble (avec les musiques originales !) fait que le jeu est absolument génial. Les caisses dérapent, ça va vite, il faut éviter les obstacles et récupérer les armes et items sur la piste pour terrasser les chauffards adverses, le tout après avoir choisi le pilote parmi une sélection de huit individus avides de rock et de vitesse. Chaque denier remporté est une victoire qui permet de booster son véhicule, d’acheter un nouveau bolide et surtout de passer à la planète suivante. Rock N Roll Racing, malgré sa 3D isométrique (il faut un léger temps d’apprentissage mais on s’y fait vite), a très bien vieilli et on en redemande !

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Conan et son fusil à pompes

Blizzard Arcade Collection : Une compil' qui rocks ?

Le petit dernier prépare sa pétoire et fait parler la poudre. Il s’agit de Blackthorne, un jeu d’action/aventure qui rappelle des titres comme Prince of Persia et Flashback. Et ce lien est tout sauf étranger à la réalisation de ce titre. C’est en effet en s’intéressant à la technique dite de la rotoscopie (en gros, on filme une personne en temps réel, on diffuse la vidéo puis on met sur pause pour reproduire, avec un calque posé sur l’écran, chaque mouvement) que les protégés de The Lost Vikings commence à envisager leur nouveau jeu. Cette approche permet d’obtenir des animations fluides et décomposées à la perfection et ils veulent absolument l’utiliser. Cela ne sera pas de tout repos, la faute à des contraintes liées à la mémoire des consoles et au boulot considérable que demande l’élaboration de telles animations. Autant dire que les couloirs de Blizzard à l’époque étaient particulièrement vivants ! Pour se démarquer du côté « Mario-esque » de The Lost Vikings et mécanique de Rock N Roll Racing, les développeurs se lancent alors dans une série de croquis et c’est finalement le designer Sam Didier qui interpelle tout le monde avec un univers sombre, presque morbide, avec un mec portant un gros fusil. En partant de ce constat, ils se disent que ça peut donner un jeu très fun et partent sur cette idée. À l’époque, ils jouent beaucoup à des titres comme Wolfenstein 3D et choisissent d’amener le genre plate-forme vers des environnements plus « dark » avec un anti-héros : Kyle Blackthorne. On évolue donc dans un monde organique assez sinistre (mais néanmoins avec des couleurs) en dégommant les créatures à coups de fusil à pompe mais l’aspect stratégie est matérialisé par la capacité de l’avatar à se « fondre » dans le décor en se plaquant aux murs. Il devient ainsi vulnérable – au même titre que les ennemis – et c’est ce jeu « du chat et de la souris » qui fait qu’on s’attache à ce programme. On a envie de continuer ! En 2021, Blackthorne (qui est proposé dans ses versions Super Nintendo et 32X) prouve qu’il est encore très solide. Les mécaniques fonctionnent bien, l’univers est cohérent et les animations sont vraiment réussies. Là aussi, on passe un excellent moment !

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Vous l’aurez compris à la lecture de toutes ces lignes, Blizzard Arcade Collection, pour la vingtaine d’euros qu’il demande, est plutôt correct mais il est toutefois incompréhensible que d’autres jeux du studio n’aient pas été ajoutés à cette compilation. Il aurait été judicieux d’intégrer un bon vieux Diablo, Starcraft ou bien Warcraft, surtout quand on sait que des inspirations comme les orcs proviennent de Rock N Roll Racing et Blackthorne (le boss de fin dans le jeu de caisses et les orcs omniprésents dans la quête de Kyle Blackthorne). On aurait pu aussi avoir la suite de The Lost Vikings par exemple. En dehors de ces envies – qui peuvent varier d’un joueur à l’autre, chacun ayant ses propres séries fétiches - il faut saluer le travail effectué sur cette compilation. Les bonus, en nombre, sont vraiment cools (même si l’absence de sous-titres sur les making-of vidéo est incompréhensible) et les amateurs de modernité seront ravis de pouvoir rembobiner l’action, sauvegarder à tout moment ou profiter d’une option pour écouter les musiques des jeux (sauf celles de Rock N Roll Racing car elles sont sous licence). À noter la présence d’une fonction assez géniale : il est possible de regarder, pour les éditions Super Nintendo et Mega Drive de The Lost Vikings et Blackthorne un « walkthrough », autrement dit une vidéo du jeu fait de A à Z, pour en reprendre le contrôle à tout moment. Cela permet de réellement profiter à fond de ces titres et c’est une excellente initiative. Et puis, on ne se lasse pas de regarder les photos de la naissance du studio, à une époque de total relâchement où une production d’envergure pouvait être réalisée par une dizaine ou quinzaine de personnes.

Blizzard Arcade Collection : Une compil' qui rocks ?Blizzard Arcade Collection : Une compil' qui rocks ?

Sources :

  • Making-of de Blizzard Arcade Collection
  • Retro Gamer #117
  • Retro Gamer #182

Points forts

  • Une sélection au top !
  • Les musiques de Rock N Roll Racing
  • Des options très ingénieuses
  • La présence de vrais bonus
  • Chaque titre propose son édition "définitive" améliorée

Points faibles

  • Mais pourquoi seulement trois jeux !?
  • Pas de Warcraft, Diablo et Starcraft dans une compil' Blizzard ?

Certaines personnes trouveront le tarif un peu élevé et elles n’auront sans doute pas tort. Pourtant, si l’on excepte la sélection drastique de cette compilation, Blizzard Arcade Collection a fait l’objet d’un véritable soin. Les développeurs ont ainsi fait le pari d’un nombre limité de jeux pour permettre aux joueurs de l’ancienne et de la nouvelle génération d’apprécier pleinement chaque œuvre. Aux côtés des nombreux bonus (photos, vidéos, musiques…), on note ainsi des initiatives excellentes comme la possibilité de prendre le contrôle d’une soluce vidéo ou même de s’éclater sur Rock N Roll Racing en profitant des morceaux originaux de groupes comme Deep Purple ou Black Sabbath. Avec des jeux supplémentaires (et le même soin apporté à chacune de ces œuvres), la note aurait été bien supérieure. Un vrai kiff à l'ancienne !

Note de la rédaction

14
16.5

L'avis des lecteurs (2)

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