À la fin des années '90 avec Vigilante 8 et Destruction Derby en tête et au début des années 2000, on pense notamment à Twisted Metal : Black, Cel Damage ou même au méconnu 187 Ride or Die, les productions mettant le joueur dans une arène au volant d'un engin motorisé prêt à en découdre étaient légion dans le paysage vidéoludique. Il faut dire que ce type de jeu, souvent accompagné d'un mode jouable jusqu'à quatre joueurs, promettait des parties endiablées entre amis sur un même canapé. Cette recette autrefois populaire est malheureusement tombée dans l'oubli avec l'avènement des consoles dites "HD" avec la Xbox 360 en 2006 et la PlayStation 3 en 2007. Malgré une perte de vitesse considérable, quelques titres se sont essayés à l'exercice durant cette période, mais en vain, laissant ainsi un trou béant à combler. C'est là qu'entre en scène Destruction AllStars, le dernier né de la maison Sony Interactive Entertainment.
Destruction AllStars, le vilain petit canard du PS5 Showcase du mois de juin 2020 sans cesse pointé du doigt par bon nombre de ses détracteurs montre enfin le bout de son pare-chocs. D'abord attendu pour le lancement de la PlayStation 5 qui a eu lieu le 19 novembre dernier sur notre territoire, le titre, à quelques jours seulement du jour J, décide de reporter sa date de sortie. En contrepartie, la création normalement vendue à 79,99 €, rien que cela, devient, à l'image de Bugsnax, un jeu inclus dans le PlayStation Plus. Une bonne nouvelle pour les joueurs qui étaient curieux de voir ce qu'allait donner la proposition surfant sur une recette vieille de plus de 20 ans, mais qui refusait catégoriquement de craquer leur PEL pour pouvoir en profiter. Aujourd'hui donc, ce jour est arrivé ! La production de Lucid Games a enfin rejoint le service par abonnement de PlayStation, et pour fêter cet événement, nous nous sommes vêtus de nos gants de pilotes et nous sommes partis à la chasse aux pièces détachées munis de notre magnifique DualSense !
Destruction AllStars - Premiers pas sur le mode Mayhem en 4K
Une formule étonnante qui trouve vite ses limites
Pour les néophytes qui débarquent seulement, nous allons répondre à la question suivante : "Destruction AllStars, c'est quoi ?" C'est simple, le joueur, après avoir choisi son héros, se retrouve balancé dans une arène lumineuse et colorée avec pour objectif de défoncer son prochain. Ici, tous les coups sont permis ! Le joueur peut bien entendu activer le boost de sa machine pour propulser son voisin dans le décor, ou même descendre de son véhicule pour voler ou piéger celui de l'ennemi. Eh oui, contrairement à ses ancêtres spirituels, le jeu de Lucid Games ne se contente pas de ses phases motorisées, mais propose également des séquences à pied où le joueur peut se mouvoir comme bon lui semble en traversant les différents niveaux : il peut sauter, frapper, esquiver et même courir sur les murs. Cette petite nouveauté dans le monde du jeu de combat motorisé n'est pas à prendre à la légère, puisqu'elle occupe autant de place que la partie vous plaçant derrière le volant d'un bolide. Constamment, le jeu de course vous poussera à vous éjecter de votre auto pour éviter de finir en bouillie, pour dérober d'autres véhicules placés ici et là, ou encore pour récolter des cristaux. D'ailleurs, ces derniers sont essentiels si vous comptez obtenir les Briseurs de votre héros, des capacités uniques qui permettent de mettre à mal le camp adverse. Avoir octroyé autant d'importance aux phases à pieds relève de l'inattendu, et à notre grande surprise, cela fonctionne très bien, notamment dans le mode Stockpile, le mode le plus pertinent du jeu, où il est même nécessaire de sortir de son véhicule pour marquer des points.
Le titre sait y faire pour plonger ses pilotes en herbe dans ce chaos motorisé où les bolides n'hésitent pas à tanguer après avoir reçu un choc brutal sur leur flanc - un aspect bienvenu que l'on n'imaginait pas atterrir dans un jeu à la direction aussi arcade -, mais malheureusement, il n'arrive pas à les garder éveillés, la faute à des actions souvent brouillonnes et à des modes de jeu qui interpellent peu ses joueurs. Seul Stockpile arrive donc à apporter une certaine synergie entre les participants (un mode de jeu qui rappelle le mode Capture de Zones que l'on peut retrouver dans de nombreux FPS comme Call of Duty : Black Ops Cold War ou Battlefield 1). Les trois autres modes quant à eux, donneront la vilaine impression de laisser les conducteurs vaquer à leurs occupations. En effet, rien ne sollicite ces derniers pour leur rappeler qu'ils se situent bel et bien dans un jeu compétitif. Les actions des coéquipiers ou des ennemis ne sont jamais mises en avant, de ce fait, le joueur se contentera alors de foncer sur ses adversaires pour marquer des points jusqu'à ce que l'expérience devienne lassante, et vu le manque de contenu du soft (sujet sur lequel nous reviendrons plus tard), cette sensation arrive rapidement. Pour rattraper ce sentiment désagréable, le titre aurait pu proposer des ralentis et de la musique en fond pour rythmer les affrontements ou encore des "killcam" pour unir un tant soit peu cette communauté fractionnée, mais rien de tout cela. À l'image du mode En Ligne de Tony Hawk's Pro Skater 1+2, celui de Destruction AllStars se contente du minimum syndical et propose seulement comme récompense des points d'expérience ainsi que des pièces AllStar à dépenser dans la boutique du jeu (des pièces utilisées pour débloquer des skins et autres emotes). Ce qui est étrange, c'est que les différents éléments que nous avons pointés du doigt sont au final balayés par le mode Solo de la production.
Destruction AllStars - On teste le mode Carnado (capture en HD/60fps)
Un Solo pas si inintéressant que ça
Dans Destruction AllStars, il est donc possible d'affronter des bots dans les quatre modes de jeu disponibles, et bizarrement, ici, le tout fonctionne plus ou moins bien. Les duels gagnent en impact grâce à l'ajout de divers artifices qui rappellent la saga Burnout par exemple, mais aussi en intérêt grâce aux Séries de Défis. Au final, c'est dans ce mode de jeu que nous avons préféré nous aventurer puisqu'il propose des objectifs variés : des courses contre-la-montre qu'il faudra compléter le plus rapidement possible tout en réalisant certains objectifs annexes, des affrontements plus classiques, mais mieux mis en scène et des cinématiques qui dévoilent légèrement le background des différents héros. Mais bien évidemment, il y a un petit hic ! Un petit hic qui pourrait en faire hurler plus d'un.
En effet, même si le premier chapitre dédié à Ultimo Barricado est gratuit, le second, lui, est payant. Et, oh ! Surprise ! La monnaie demandée est celle que l'on obtient uniquement en sortant sa carte bleue. Les petites histoires sont certes proposées à un prix dérisoire (environ 1,99 € par personnage), mais pour un jeu normalement vendu au prix d'or, c'est inacceptable. Nous avons essayé d'obtenir cette monnaie en passant des levels En Ligne ou en réalisant l'intégralité des objectifs annexes d'Ultimo Barricado, mais en vain, la case PS Store reste pour le moment obligatoire. Pourquoi pour le moment ? Parce que des défis quotidiens feront leur entrée plus tard dans l'année, et ces derniers, lorsqu'ils seront accomplis, récompenseront les joueurs de cette denrée rare. Mais en attendant cette fameuse fonctionnalité, c'est toute une partie du contenu qui est amputée. Un contenu qui mériterait pourtant davantage d'attentions.
Destruction AllStars - On réalise une course contre-la-montre sur l'exclusivité PS5
Il est passé où le contenu ?
16 personnages, 16 véhicules uniques, 28 véhicules "classiques" répartis dans trois catégories, 4 modes de jeu multijoueurs et même un mode Solo, dit comme ça, ça fait rêver. Mais derrière ces jolis chiffres, se cache une terrible vérité : Destruction AllStars manque clairement de contenu. Les différents modes de jeu proposent peu de fantaisie et demandent sans cesse aux joueurs de se foncer dessus pour marquer des points. Mais là n'est pas le plus grave... Le plus grave réside dans l'agencement et le visuel des différentes arènes. Contrairement à Rocket League, l'une des grandes inspirations de la production de Lucid Games, ici, que l'on voyage du côté de Londres, de Tokyo ou encore de Las Vegas, on a sans cesse l'impression d'évoluer dans le même environnement.
C'est d'autant plus dommageable puisque la production a soigné ses atours. Malgré une direction artistique s'inspirant grandement du Battle Royale d'Epic Games, une DA qui peut diviser, le jeu de Lucid Games reste un titre particulièrement agréable à contempler. Tournant en 4K dynamique et en 60 fps, le jeu constamment fluide propose des niveaux chiadés, des véhicules modélisés dans les moindres détails, des déformations de carrosseries cohérentes et des personnages animés avec soin. Cerise sur le moteur, le jeu utilise même avec efficacité les différentes fonctionnalités de la DualSense. On ressent alors les déplacements de nos héros, mais aussi la pédale de l'accélérateur ou encore celle du frein.
Points forts
- Deux phases de jeu différentes et complémentaires réussies
- Une finition à la hauteur des attentes
- 16 AllStars au design et aux capacités uniques
- Le mode Stockpile, la plus grande réussite du jeu
- Un mode Solo varié et spectaculaire...
Points faibles
- Des modes multijoueurs qui interpellent peu les joueurs
- Un contenu limite, surtout si vous l'achetez à 79,99 €
- Des récompenses manquant de générosité
- Un manque de challenge en Solo
- ... mais qui oblige à sortir sa carte bleue
On n'avait pas envie d'en arriver là, mais finalement, on va le faire ! Destruction AllStars est le Bleeding Edge de la PlayStation 5. Le titre pourtant généreux dans sa proposition, dévoilant notamment deux phases de jeu réussies (celle au volant d'un véhicule et celle à pied), échoue à cause d'un trop grand classicisme. Les différents modes de jeu sont pour le moins paresseux et insistent à proposer constamment la même formule. Une formule où il suffit de foncer sur ses adversaires pour marquer des points. Le tout aurait pu gagner davantage en dynamisme et interpeller un peu plus les joueurs en proposant divers artifices comme des ralentis ou des "killcam", mais malheureusement, Lucid Games a préféré conserver ce type de fonctionnalité pour le mode Solo du jeu. Un mode Solo qui lui aussi aurait pu être réussi, enfin s'il n'était pas bridé par un système qui oblige le joueur à sortir sa carte bleue. Dans l'état, nous ne donnons pas cher de la peau de Destruction AllStars, mais Games As A Service oblige, le titre devrait pouvoir rebondir en proposant à l'avenir de nombreuses mises à jour de contenus. Nous souhaitons alors le meilleur à la production, tout en espérant que Lucid Games n'abandonnera pas son bébé trop tôt et qu'il proposera rapidement une feuille de route convaincante.