Dans les jeux vidéo, on se plaint souvent des IA prévisibles, qui courent à la vue de tous pour parfois se retrouver au milieu du champ de bataille. Mais dans Unspottable, cette simplicité d’esprit, c’est votre plus grande force. Le titre est un party game uniquement multijoueur où il faut se fondre dans une foule pour ne pas être débusqué par les autres joueurs, à l’instar de Hidden in Plain Sight. À la différence près que les français de GrosChevaux délivrent un jeu moins brut, avec une réalisation convaincante, et surtout, des tonnes d’idées pour rendre les parties mémorables.
Avant d’aller plus loin, précision importante : Unspottable est un titre exclusivement multijoueur (pas de mode solo) qui propose des parties rien qu’en local sur consoles, c’est-à-dire sur Switch et Xbox One (sortie prévue le 21 janvier 2021) et sur PS4 (pas encore de date de sortie). Sur PC, il est possible de contourner ce “problème” en utilisant le Steam Remote Play ou Parsec. Dans tous les cas, le jeu peut accueillir jusqu’à 4 joueurs. Selon les développeurs, un mode en ligne natif pourrait arriver à l'avenir.
Même si Unspottable brille bien plus par ses mécaniques que ses qualités techniques, le titre du studio GrosChevaux propose tout de même une jolie DA colorée. Sur Switch, le tout perd un peu de charme, avec beaucoup d'aliasing et des effets de lumière moins réussis. De plus, en mode portable, pour les niveaux les plus grands comme le Supermarché, c'est un peu compliqué de repérer les faux pas de vos adversaires. Mais rien de bien pénalisant.
Et pour cause, les français du studio GrosChevaux expliquent adorer “les party-games sur canapé”. De notre côté, nous avons privilégié des sessions via le Steam Remote Play avec un bon vieux chat vocal en fond. Mais tant que les joueurs peuvent communiquer entre eux, le titre est un régal. Car dans Unspottable, tout est affaire d’observation pour trouver vos adversaires parmi des dizaines de petits personnages identiques. Le jeu devient alors un sujet de discussion inépuisable, où les erreurs et les exploits de chacun sont vivement commentés. Le tout dans différents niveaux, qui rebattent les cartes à chaque fois.
Mécaniques bien huilées
En l’état, Unspottable comporte 12 niveaux variés, autant dans leur cadre que dans leurs mécaniques. Dans l’Arène par exemple, une vingtaine de robots jouent des poings dans un temple tout droit venu d’Asie. Ces clones balancent des mandales de manière imprévisible, peu importe qu’une IA ou un joueur incognito se tienne à proximité. Dans ce niveau-ci, les participants sont donc quasi-obligés de faire pareil pour se fondre dans la masse, ce qui leur laisse aussi une chance de sanctionner un comportement suspect. Car dans le poulain de GrosChevaux, l’erreur se paye cher : le moindre coup (d’un joueur, d’un robot voire d’une partie du décor) est synonyme d’élimination de la manche. Une partie d’Unspottable se termine lorsqu’un joueur atteint un nombre de points choisi au préalable. Démasquer un concurrent vous en fera gagner un, perdre face à un robot ou un mécanisme retirera ce même nombre. De quoi créer pas mal de suspense.
Mais il est aussi possible de remporter deux points d’un coup, voire même de réaliser un triplé si le joueur parvient à démasquer un adversaire entre temps. Dans certains niveaux, il est en effet possible de rassembler plusieurs objets avant de quitter les lieux, et ainsi gagner deux points. Dans le Supermarché et le Bar à Sushi par exemple, si le joueur ramasse les bons aliments, il pourra sortir de la pièce et mettre fin à la partie. Mais la manœuvre est risquée. Car en mode Normal (nous parlerons de la difficulté Expert un peu plus tard), le moindre objet ramassé s’affiche sur le HUD à la vue de tous, pouvant parfois donner de sérieux indices sur l’endroit où vous vous trouvez. Et pour brouiller les pistes, les IA se livrent au même bruit et animation que lorsqu’un joueur obtient l’un de ces items. Une bonne idée qui invite les joueurs à prendre des risques.
Unspottable - Quelques niveaux en mode Normal (Gameplay)
Sans détailler tous les niveaux d’Unspottable, chaque level ramène un petit quelque chose qui lui est propre et demande au joueur de changer de stratégie. Dans la Boîte de Nuit par exemple, il faut respecter une chorégraphie suivie à la lettre par les robots, ce qui veut dire que le moindre écart vous mettra en danger. Mais avoir les yeux braqués sur les mouvements à reproduire, ça veut aussi dire occulter toute une partie du terrain de jeu, et donc rater des indices sur l’emplacement de vos concurrents. Bref, Unspottable est un délicieux enchevêtrement de micro-décisions, où chaque détail peut avoir son importance.
Exigeant et accessible
Et le mieux dans tout ça, c’est que le titre arrive à trouver un bon équilibre entre fun et compétition. Car oui, ce sera la mort au moindre coup (la fenêtre pour placer ce dernier est d'ailleurs assez petite et le temps de recovery s'avère assez long, ce qui permet de sanctionner facilement un assaut raté) mais les joueurs ont parfois à disposition des Diversions, des actions présentes dans certains niveaux et uniques à ces derniers qui permettent de détourner l’attention et en profiter pour redevenir invisible. Un outil très pratique pour par exemple rattraper un coup de poing mal placé ou noyer le poisson lors d’une ultime course vers la victoire. Voire embêter ses amis qui auront ensuite du mal à retrouver leur personnage, une tâche parfois complexe dans les niveaux avec beaucoup de figurants (et qui constitue la première étape au début de chaque manche). Quelque chose qui pourrait passer pour un défaut, mais qui rajoute du fun.
Et pour encore plus de joutes verbales, il est possible de débloquer un mode Expert après quelques parties. Dans ce mode, le HUD ne donne aucune information sur l’état des joueurs, même après un coup fatal - laissant planer un doute particulièrement délicieux - et ne révèle pas les objets ramassés au fur et à mesure par chacun pour sortir du niveau (ce qui empêchera les plus malins de camper à des endroits stratégiques). Il faudra donc attendre la fin d’une manche pour que le voile se lève sur tout ce qui s’est passé, ce qui donne parfois de sacrées surprises. Et qui permet de redécouvrir le jeu après pas mal d’heures.
En déclinant un gameplay très simple (déplacement, course, poing et diversion) sur 12 niveaux très différents, Unspottable parvient à créer des moments de jeu très forts, que ce soit par la surprise ou le suspens qu’ils dégagent. Mais le tout est encore plus efficace à trois joueurs ou plus. Dans ce cas de figure, un joueur éliminé pourra commenter tranquillement les faux pas des autres. De quoi largement rajouter à l’euphorie ambiante.
Ainsi, comme Among Us, la rejouabilité d’Unspottable est solide malgré un titre qui ne déborde pas de contenu, dans la mesure où son game design est suffisamment bon pour offrir des situations très différentes sur une même carte. Il faut dire que les niveaux proposent des variantes pour les costumes de la foule, tous très réussis et drôles avec les animations et les musiques de GrosChevaux. Outre apprécier la DA, enchaîner les parties permettra de débloquer de nouveaux avatars. Et surtout de passer un bon moment.
Unspottable - On vous montre le mode Expert (Gameplay)
Points forts
- Un concept recyclé mais sublimé
- 12 niveaux très différents
- Une réalisation toute mignonne
- Une bonne rejouabilité
- Le mode expert
Points faibles
- Pas de mode en ligne sur consoles
- On aurait aimé plus de contenu
Avec Unspottable, le studio GrosChevaux sublime un concept pourtant déjà vu ailleurs. Comme dans un Hidden in Plain Sight, les joueurs doivent se fondre dans une foule tout en débusquant leurs adversaires. Une formule que le titre réussit particulièrement bien à décliner au fil de ses 12 niveaux, tous très différents. On pense par exemple à l’Arène, où une vingtaine d’IA jouent des poings, laissant aux participants l’occasion de sanctionner les comportements suspects sans se faire prendre. Ou encore à la Boîte de Nuit, où il faut suivre une chorégraphie tout en guettant les faux pas des autres pour remporter la victoire. Bref, une bonne base sublimée par quelques autres idées qui font mouche comme les Diversions, ou les objectifs secondaires à base d’objets à ramasser pour remporter la victoire d’une autre manière. On regrettera tout de même un léger manque de contenu, surtout pour un titre en l’état jouable uniquement en multijoueur local à part sur PC (via Parsec ou Steam Remote Play). Passé ce pré-requis, le titre est un régal et fera l’objet de discussions animées entre amis, où la surprise et le suspens règnent. Une très bonne pioche pour une soirée canapé ou à distance sur ordinateur.