Des platines, du gros son, des néons de toutes les couleurs… Difficile de ne pas penser à DJ Hero quand on voit Fuser. Mais deux gros points distinguent ce dernier de son lointain cousin : à l'inverse de toute la série des Hero, le but ici n’est pas de suivre attentivement la partition d’un morceau, mais d’en créer de nouveaux. Et comme dit précédemment, pas de DJ set en plastique à acheter en plus cette fois.

Quid de la version Switch ?

Comme nous allons le voir tout au long de ce test, la lisibilité est très importante dans Fuser, le titre rassemblant tout un tas de mécaniques (et d'informations) au même endroit. Donc petit détour par la version Switch. Hormis des impairs techniques propres au support (quelques ralentissements dans les menus, des textures qui s’affichent tardivement et pas mal d'aliasing), le titre est correctement lisible en mode portable, même s'il faut pas mal se concentrer pour lire les éléments les plus petits (comme le tempo et les levées, sur la barre horizontale en haut de la platine). Fuser sur Switch est donc tout à fait recommandable, mais pas aussi limpide que sur un moniteur.

Captures issues de la version Switch de Fuser

Une chose importante à préciser donc : Fuser est beaucoup plus porté sur la créativité et l’improvisation que les Rock Band ou Guitar Hero (l'exécution pure y a aussi sa place, notamment dans la Campagne et les Battles à deux joueurs en ligne, mais nous y reviendrons plus tard). C’est d’ailleurs pour cette raison qu’il est possible de désactiver l’échec synonyme de fin de partie dans les missions du mode principal, et que tout un pan du titre ainsi qu’une dimension sociale (regarder voire suivre des artistes qui vous ont tapé dans l'oeil) s’articulent autour du Freestyle, où il est possible de jouer ce que l'on veut, sans contrainte de points ou de score.

"Ça, c'est la base"

Mais d’abord, parlons gameplay. Le système de jeu de Fuser se base sur une platine qui peut accueillir jusqu’à quatre CD en même temps. Des disques qui viennent de votre propre sélection, à remplir avant chaque mission du mode Campagne et chaque Freestyle (par vos soins ou aléatoirement). Si vous voulez tout savoir, il est possible d’en porter jusqu’à 24 sur scène. La tracklist complète du jeu contient quant à elle une centaine de morceaux à débloquer (25 de plus si vous vous offrez l’édition VIP de Fuser), avec des styles aussi variés que la pop, le rock, la dance, le hip/hop, la musique latine, et surtout - mon péché mignon - la country.

Mais bien sûr, une fois sur scène, vous n’allez pas lancer quatre chansons différentes dans leur intégralité, sinon bonjour le bordel. Chaque CD associé à la table de mix représente ainsi une partie précise du morceau (la rythmique, les basses, la mélodie et le chant respectivement représentés par du bleu, du vert, du jaune et du rouge). Vous pourrez ainsi d’abord ajouter la guitare de All Star, mixer le tout avec la batterie de Thunder pour ensuite faire retentir le flow de 50 Cent dans In Da Club et la basse de Jolene de Dolly Parton.

Dans tous les cas, qu’importe vos choix - même les plus osés -, le résultat restera toujours harmonieux, chaque nouvel élément suivant le tempo et la note du mix. Une bonne partie du plaisir dans Fuser réside ainsi dans le mélange de morceaux qui n’ont en apparence rien en commun, pour se rendre compte que certaines combinaisons farfelues fonctionnent bien. C’est d’ailleurs dans ces moments-là que vous serez le plus amenés à prendre un “instantané”, sorte de photo musicale qui enregistre les morceaux du mix à un instant t (peut aussi se faire lorsque vous regardez en replay / assistez au mix live d’un autre joueur). Le tout pourra ensuite se retrouver en plein concert, dans la même interface que les disques, pour sortir de votre besace un mélange qui vous a particulièrement plu, à condition d’avoir les morceaux en question sur vous.

Le haut de l'IceBerg

Ça, c’est la base. Le fait est que Fuser fait preuve d’un jusqu’au-boutisme assez vertigineux dans la manière dont il est possible de varier le mix, avec plein de petites mécaniques que nous allons détailler. Maîtriser ces dernières, c’est tout l’enjeu de la Campagne, qui amènera progressivement chacune d’entre elle jusqu’à faire de vous le meilleur DJ du coin. On notera d’ailleurs que le côté “tuto géant” colle pas mal à la peau de ce mode principal, qui vous fera enchaîner les sets avec comme seul argument les nouvelles subtilités de gameplay et les différentes scènes (six au total avec entre six et sept concerts à chaque fois).

On n’aurait pas dit non à des duels pour renouveler l’ensemble, comme dans le Guitar Hero III de Neversoft, surtout qu’un mode Battles (qui semble assez confus mais nous n'avons pas eu l'occasion d'y jouer longuement, le serveurs étant encore déserts - voir notre gameplay plus bas) est proposé en ligne. Et au global, on sent que l’écriture n’est pas le point fort d’Harmonix, avec des personnages assez clichés et peu intéressants. Mais ces moments passés dans la Campagne - comptez huit heures pour en faire le tour - sont salvateurs, tant ils permettent de maîtriser lentement mais sûrement toute la richesse de gameplay de Fuser.

Pour vous donner une idée, voilà en gros tout ce qu’il est possible de faire pour varier son mix dans Fuser : rendre muet, éjecter et jouer en solo chaque CD ; ajuster leur volume individuellement pour des fondus d’entrée ou de sortie ; jouer un instrument en plein live (batterie, clavier, basse sur une interface type MAO pour varier la suite de notes) ; enregistrer une boucle plus ou moins longue avec cet instrument puis le rajouter au mix ; utiliser les “instantanés” qu’on évoquait plus tôt ; changer le tempo, la tonalité et passer de mineur à majeur ; appliquer des effets sur chaque titre (répétition, écho, distorsion, etc) voire sur tous les titres en même temps ; *prend sa respiration*. Et encore, on a fait qu'environ la moitié de la liste (on vous laisse le plaisir de la découverte pour le reste). Tout ça avec quatre pistes pour chacun des morceaux.

Faire danser les foules

Vous l’aurez compris, il y a largement de quoi faire avec “l’outil de base” de Fuser. Mais dans les modes Campagne et Battles, le tempo ainsi que la vitesse d'exécution ont aussi leur importance - on peut dire que c’est également le cas en Freestyle si vous voulez varier proprement votre mix. Dans l’un comme l’autre, des demandes du public arriveront au fur et à mesure (jouer un instrument, un morceau en particulier). En Campagne, il faudra y répondre pour ne pas réduire la barre de satisfaction de la foule à zéro ; en Battles, chaque requête satisfaite fera monter la puissance des pouvoirs envoyés à l’adversaire, qui perdra la partie une fois son énergie à sec. Le tempo a son importance dans le deux cas. Il est symbolisé par une barre horizontale en haut de la platine. Pour marquer des points (ou de l’énergie donc), il faudra soit varier le mix sur un temps fort - celui qui ouvre chaque mesure - ou sur une levée, moment de transition parfait entre deux pistes d’un même type. De quoi faire, par exemple, un “question réponse” entre deux voix de deux morceaux différents.

Si gérer le tempo et les levées deviendra rapidement une habitude, les demandes du public ajouterons un peu plus de difficulté, ces dernières étant limités dans le temps. Dans l’idéal, il faudra bien organiser sa sélection de disques pour retrouver facilement ce qui correspond aux attentes de la foule. Quelque chose qui demande pas mal d’adaptation, surtout au début, lorsque vous découvrez les mécaniques du titre. On aurait donc pas dit à non une petite option pour aider les débutants de ce côté-là (même si, pour rappel, il est possible de désactiver l’échec pour la Campagne), le tout donnant un flow différent aux concerts.

Expérience perso

Quoi qu’il en soit, le mode principal et les Battles offrent un versant plus compétitif et challengeant à l’expérience Fuser, ce qui vient agréablement compléter le côté créatif. Surtout que dans les deux cas, sortir victorieux donnera accès à des récompenses, basées sur un score à cinq étoiles dans l’un - coucou Rock Band - et un système d’expérience dans l’autre. Il peut s’agir d’éléments cosmétiques pour afficher son style en solo et en multijoueur (que ce soit pour votre personnage ou même sa scène, dont les différentes parties - fumigènes, éclairage, feux d’artifices - sont entièrement personnalisables) mais aussi de points pour acheter de nouveaux morceaux voire des effets inédits à appliquer sur ces titres ou des instruments à intégrer en plein live.

De quoi personnaliser encore davantage votre expérience, en plus de votre mix. Enfin, citons quelques problèmes d’ergonomie pas bien méchants mais qui méritent d’être signalés. Il n’est par exemple pas possible d’annuler un CD que l’on tient en main à moins de mettre le disque tout à droite ou gauche de l’écran (la mécanique peut s'avérer utile pour mettre deux fois un même instrument sur la platine, à condition de prendre le bon). Et le moindre accès rapide à une piste - en appuyant sur l’un des quatre boutons à droite du pad en survolant une pochette - remplacera un CD selon son emplacement par défaut (de gauche à droite : batterie, basse, mélodie, chant), ce qui vous amènera parfois à mettre deux fois le même instrument alors que vous souhaitiez simplement le remplacer. Mais rien de grave, surtout à côté de la richesse qu'offre Fuser.