L'année 1995 marque la naissance d'une saga phare, celle de WipEout. Une série qui aura régné en maître sur les jeux de courses futuristes jusqu'à août 2012, date de fermeture de SCE Studio Liverpool, anciennement Psygnosis, les créateurs de la licence. Depuis cette date, la saga emblématique apparue pour la première fois sur PlayStation première du nom, n'a proposé que deux épisodes supplémentaires, WipEout 2048, un épisode destiné à la PlayStation Vita, la console portable de huitième génération de Sony, et WipEout Omega Collection, le remake de WipEout 2048 et WipEout HD, l'un des meilleurs opus de la saga... Depuis, plus rien. L'IP édité par le géant japonais n'a plus donné signe de vie, laissant ainsi le champ libre à tous les développeurs qui souhaitaient adopter cette recette qui a déjà fait ses preuves. Bien évidemment, c'est le cas de notre sujet du jour, à savoir Formula Fusion, ou plutôt Pacer, la création de R8 Games.
Avant d'entrer pleinement dans les détails, nous tenons à faire un petit état des lieux. En plus d'être un WipEout-like complètement assumé, Pacer , est avant tout une création de R8 Games, un studio forgé par des vétérans du milieu vidéoludique ayant travaillé sur la célèbre franchise susnommée du temps de Psygnosis. C'est donc pour cette raison que le nom WipEout ressortira à plusieurs reprises lors de ce test et que la patte de Psygnosis est plus que présente dans Pacer. D'ailleurs, cela se ressent dès les premières minutes de jeu, puisque le titre de R8 Games reprend tous les codes de la série iconique, allant de la bande-son, aux armes, en passant par la conduite des véhicules volants.
Vitesse folle et aérofreins au programme
Commençons d'ailleurs par cette dernière, puisque ce qui nous intéresse avant tout lorsque l'on parle d'un jeu de course, c'est le gameplay, et le feeling qu'il nous procure. De ce côté-ci, vous n'avez pas trop à vous en faire, puisque dès les premiers instants, manette en main, les sensations sont là. Les différents vaisseaux filent à toute vitesse dans des décors inspirés, sur lesquels nous reviendrons plus tard, et flottent efficacement au-dessus de la piste. On retrouve les aérofreins (une mécanique de jeu qui a forgé la saveur de la saga de Psygnosis) qu'il faudra utiliser décemment pour arriver à bon port. Pour cela, les joueurs doivent presser la gâchette gauche ou la gâchette droite de la manette pour utiliser le frein gauche ou le frein droit du véhicule afin de le faire basculer dans la direction souhaitée et ainsi passer correctement les nombreux virages (parfois en épingle) des différents circuits. Évidemment, appuyer sur les deux gâchettes simultanément permet au bolide de ralentir. Mais contrairement à WipEout HD, ici la conduite est plus souple et donc plus accessible, même si elle demande un temps d'adaptation, surtout si vous comptez terminer une course sans toucher les barrières de sécurité. Cependant, puisqu'il reprend tous les codes de son aîné spirituel, on pourrait pester contre le manque d'identification du titre. On se surprend donc à vouloir exécuter des Barrel Rolls lorsque nos vaisseaux décollent un peu trop dans les airs pour grappiller du boost ou de vouloir exécuter des virages d'urgence, deux mécaniques qui sont bien évidemment absentes de Pacer.
Malheureusement, comme nous l'avions déjà précisé lors de l'écriture de notre première preview, dans les modes de difficulté les plus élevés, FF-1000 et Elite en tête, il sera "trop" difficile de passer la ligne d'arrivée sans fracasser notre cockpit dans un mur. Dans Pacer, la conduite, aussi bonne soit-elle, manque de précision. Les sensations sont là, mais ce n'est pas évident d'aborder les virages avec justesse. Dans les plus hautes difficultés donc, il faudra abuser des deux aérofreins, voire couper les moteurs dans les circuits les plus exigus, pour espérer s'en sortir vivant. Parce que oui, ce qui vous mènera à la perte, au final, c'est bien les murs ou les multiples missiles de vos adversaires qui viennent vous assaillir et non les adversaires eux-mêmes, puisque ces derniers sont souvent à la traîne. Tout cela pour vous avertir qu'il est plus amusant de voler à toute vitesse en FF-3000 ou FF-2000 plutôt qu'en FF-1000 ou en Elite, surtout si vous n'êtes pas un habitué du genre.
Côté armement, on retrouve tout l'arsenal et les gadgets de la saga WipEout dont la mine, le missile, la mitrailleuse, la sangsue qui permet de pomper la vie de l'ennemi, le bouclier ou encore l'onde de choc... Cependant, contrairement au titre sur lequel le jeu se repose, ici, les affrontements manquent de pêche. Toucher un ennemi avec un missile par exemple, ne procure aucune sensation, le temps de rechargement des armes est beaucoup trop long, ce qui nuit au dynamisme de l'action, et lors de nos premières parties, nous avons eu des difficultés à discerner l'utilité de certains gadgets. Dans ce genre de situation, le seul moment ou l'on éprouve un sentiment de plaisir donc, c'est lorsque le vaisseau d'un pilote concurrent part en fumée. Autant vous dire que le mode Destruction, une épreuve qui vous demande de détruire un maximum de vaisseaux dans le temps imparti, manque d'intérêt.
Du contenu, beaucoup de contenu
D'ailleurs, parlons des modes de jeu, puisque dans Pacer, il y en a une bonne dizaine à se mettre sous la dent, à commencer par le mode Carrière qui ne laisse pas de place à l'ennui. Le mode Carrière change constamment les règles du jeu, et ce n'est pas pour nous déplaire. Parfois, il faudra donc détruire un certain nombre de vaisseaux dans le temps imparti en utilisant telle ou telle arme, parfois, on nous demandera de réaliser un temps record tout en évitant les bombes qui parsèment le terrain, parfois, le titre nous proposera de rester le plus longtemps possible dans une zone mobile pour ne pas voir sa vie chuter d'une traite, et bien évidemment, plus régulièrement, notre objectif sera de remporter des courses ou des Grands Prix. Attention, cependant, avant le top départ, vérifiez les règles de l'épreuve ainsi que les réglages de votre véhicule puisque ces derniers peuvent être décisifs. À cause d'un manque d'indication, nous nous sommes surpris à partir dans un mode Destruction avec seulement des outils défensifs, bouclier et flashbang. Dans ce cas de figure, difficile de marquer des points.
Eh oui ! Cela ne vous a pas échappé. Dans Pacer, il est possible de préparer son véhicule avant même de partir sur le champ de bataille. Cela va de la personnalisation cosmétique (aspect, skins, néons, spoilers) en passant par l'optimisation des performances de votre moteur, et par votre armement. En effet, contrairement à WipEout qui vous propose de trouver directement votre arsenal sur le terrain, ici il vous faudra, avant de concourir, sélectionner deux armes qu'il sera possible de recharger en course en ramassant des power-ups. Ce côté Pimp My Ride de Pacer nous a particulièrement enchantés puisqu'il pousse le joueur à réaliser les meilleurs scores possible pour obtenir un maximum de crédits, la monnaie du jeu. À noter que la progression est fluide et n'est en aucun cas frustrante.
Gameplay (PS4 Pro) : Petit tour d'horizon des options de personnalisation
Comme nous le disions quelques lignes plus haut, Pacer, le WipEout-like de R8 Games, est particulièrement généreux en contenu. Bien évidemment, cela ne concerne pas seulement le nombre de circuits ou les différents modes disponibles, mais aussi la bande-son du jeu. Le titre propose plus de 80 musiques à mettre à fond dans nos oreilles pour rythmer nos escapades futuristes à bord de bolides volants. Au platine de cette B.O. essentiellement électronique, nous retrouvons un certain Tim "CoLD SToRAGE" Wright, auteur de l'identité sonore des deux premiers WipEout. Malheureusement, avoir un grand compositeur dans l'entourage des développeurs n'a pas suffi. La production nous livre un mixage audio discutable. En effet, bien que les différentes musiques sont plus qu'entraînantes, ces dernières ne sont pas bien mises en avant lorsque nous détalons à toute vitesse sur les avenues des quatorze circuits du jeu. Il faudra donc jouer le DJ dans les options pour régler un tant soit peu ce léger souci.
Des textures baveuses mais une direction artistique qui fait mouche
Qui dit courses futuristes, dit environnements futuristes ! Dans Pacer, le joueur sera amené à explorer de nombreuses destinations différentes toutes plus réussies les unes que les autres. Malgré des textures baveuses, tout du moins sur consoles, Pacer est magnifique de par sa direction artistique léchée qui s'inspire bien évidemment de WipEout et plus notamment de WipEout HD. Les environnements sont vivants, éclairés par des néons en tout genre, survolés par des vaisseaux imposants, animés par des publicités futuristes et sublimés par une construction tout bonnement incroyable. Les quatorze circuits, jouables de jour comme de nuit, sont variés, et nous proposent d'explorer des villes souterraines, de passer au-dessus d'un barrage géant puis sous ce dernier, de survoler une ville indienne qui rappelle à bien des égards la mégalopole de Beyond Good & Evil 2 , ou encore de traverser un port abandonné. À noter que le tout, même lorsque nous volons à plus de 1000 km/h, reste parfaitement fluide. Malheureusement, ce bel habillage est entaché par un ATH (affichage tête haute) particulièrement envahissant. Cependant, il est possible de désactiver ce dernier dans les options, même si l'on aurait apprécié avoir plus de choix dans les paramètres. Par exemple, pouvoir masquer le nom des concurrents dans l'encadré situé à gauche de l'écran tout en conservant les informations essentielles, temps au tour, santé et munitions.
Ce manque d'ergonomie que nous avons déjà pointé du doigt à plusieurs reprises lors de ce test (indications sur les conditions des épreuves et ATH) se ressent également dans les menus du jeu, qui contrairement au reste de la production, manque de clarté et de fluidité. Il y a trop de sous-menus (surtout dans le mode carrière), ces derniers sont peu évidents à prendre en main et donnent même l'impression de ramer. Quelques idées sont également mal venues, comme le fait de nous obliger à patienter devant le tableau des scores lorsque l'on finit premier à une course chronométrée. En effet, il faudra attendre que tous vos adversaires passent la ligne d'arrivée, même lorsque vous jouez contre l'I.A., pour pouvoir récupérer votre médaille d'or. De ce côté là donc, on aurait apprécié bien plus de finition.
Gameplay (PS4 Pro) : On tente de détruire le plus de vaisseaux dans le mode Destruction
Points forts
- Une conduite réussie qui procure de bonnes sensations de vitesse
- De nombreux modes de jeu et un mode carrière complet
- Quatorze circuits à la direction artistique léchée
- La possibilité de personnaliser ses bolides
- Une bande-son colossale
Points faibles
- FF-1000 et Elite, des difficultés mal adaptées
- Des affrontements qui manquent de pêche
- L'absence d'un mode multijoueur local
- Un ATH beaucoup trop envahissant
- Des menus peu ergonomiques
- Un mixage audio perfectible
Si vous en avez marre de tourner en rond sur les douze circuits de WipEout HD et de son extension Fury ou si vous êtes tout simplement un amateur de sensations fortes, Pacer est fait pour vous. Même s'il n'arrive pas à dépasser le maître, il saura vous charmer par sa direction artistique inspirée, son contenu conséquent ou encore ses sensations de vitesses. Mais vous êtes prévenus, bien que la production de R8 Games détient bon nombre de qualités, le titre délivre également de nombreux défauts. La conduite du jeu manque en précision, notamment dans les plus hautes difficultés où il faudra nécessairement jouer des doubles aérofreins pour espérer s'en sortir indemne, le HUD est particulièrement envahissant et les menus sont peu ergonomiques.