Ah, les Pikmin ! Avec leurs yeux globuleux et leur expression figée, on pourrait croire que la lumière arrive dans leur petite tête mais qu’elle n’éclaire pas le fond de la cour. Grossière erreur : ces petites créatures sont infiniment plus intelligentes que les Lemmings , autre concept court sur pattes qui a fait sensation dans les années 1980. Lorsqu’il faut aller au charbon, les entités mignonettes de Nintendo n’hésitent pas à se réunir pour porter un gros fruit ou se lancer à l’assaut d’un mur, d’une barrière électrique ou d’un terrible « monstre » végétal. Et ça tombe bien car les Pikmin vont, une nouvelle fois, avoir fort à faire pour aider Brittany, Alph et le Capitaine Charlie. À l’instar d’Olimar (l'anagramme de Mario), le trio s’est crashé sur une planète hostile et n’a pas d’autre choix que de se mettre en quête d’une clé supraluminique, un artefact permettant de propulser le Drake, le vaisseau qui ramènera tout ce beau monde chez lui. Et pour pouvoir tenir dans le temps, l’équipage aura besoin du jus des fruits qu’il récoltera en chemin. Un sacré programme !

Travail d’équipe

Dans le principe, Pikmin 3 reprend les bases de la série puisqu’il s’agit toujours de guider son escouade « kawaii » vers différents objectifs. Récupération de fruits, attaques d’ennemis, destruction d’obstacles… tous les moyens sont bons pour progresser ! Mais à l’inverse des précédents épisodes, le titre met en scène pas moins de trois protagonistes jouables et s’appuie sur ce trio pour enrichir les énigmes. Il vous arrivera donc régulièrement de passer de l’un à l’autre des personnages (Brittany, Alph ou Charlie) pour atteindre une zone auparavant inaccessible, sans oublier d’expédier quelques Pikmin à votre compagnon pour qu’il ne se retrouve pas comme un Robinson face à des créatures hostiles. Les Pikmin, quant à eux, possède différentes capacités en fonction de leur couleur. Les rouges sont de redoutables combattants et résistent aux flammes, les jaunes sont plus légers (et peuvent être envoyés plus haut), ne craignent pas l’électricité et peuvent agir comme de véritables générateurs, les bleus ont le don d’être de parfaits nageurs, les noirs sont solides comme le roc et peuvent briser du cristal et, enfin, les roses planent au-dessus du sol et peuvent donc utiliser des raccourcis fort pratiques (comme survoler un plan d’eau). Par rapport à ces prédécesseurs, Pikmin 3 est plus riche, plus diversifié et on prend un malin plaisir à coordonner les aptitudes des Pikmin tout en séparant notre petit groupe d’astronautes. Bien évidemment, en cas de pertes trop importantes, il est possible de revenir à l’Oignon – sorte de hub réunissant les Pikmin – pour recréer quelques petits êtres prêts à vous aider.

Une fourmilière d’idées

Ce qui est passionnant, c’est que Shigeru Miyamoto et son équipe ont réussi, en partant du concept de Super Mario 128, à créer tout un écosystème. À l’aide des Pikmin, il sera ainsi nécessaire de briser des murs, utiliser les nénuphars d’un ruisseau, se frotter le popotin pour une glissade sur un toboggan naturel ou encore utiliser un geyser pour être propulsé dans les airs. Pikmin 3 regorge de trouvailles géniales et on retrouve cette ingéniosité dans les affrontements face aux boss. Ces derniers n’hésitent pas à utiliser leur environnement et leurs arme (naturelles) à disposition pour vous surprendre. D’ailleurs, en parlant d’environnement, il vous sera parfois recommandé de vous planquer sous un parterre de fleurs pour éviter le regard un peu vif d’un ennemi. Là encore, malgré un bestiaire qui n’est pas énorme, on sourit devant les moyens déployés par les créatures pour croquer les Pikmin. Malgré le côté naturel de l’environnement et la présence de longues missions dans des décors qui finissent par se ressembler, le charme agit toujours. Mais quid de l’arrivée du jeu sur Switch ?

Mieux maîtrisé et plus adapté

Forcément, en quittant sa console de prédilection, on pouvait craindre que Pikmin 3 perde un peu de son âme en devant se contenter d’un seul écran. Au final, il n’en est rien mais il est vrai que l’absence de gameplay tactile est une bizarrerie. Cela aurait pu être très pratique d’utiliser la Switch comme une tablette mais le KopPad se limite malheureusement à un simple menu et des commandes classiques. Dommage, ça a tendance à casser le rythme de l’aventure. Heureusement, Pikmin 3 Deluxe propose un gameplay affiné qui rend l’ensemble beaucoup plus souple. La visée est plus agréable, on peut verrouiller sa cible tout en passant d’un type de Pikmin à un autre d’une simple pression sur les touches L ou R. De même, si vous tournez en rond au bout d’un moment, le jeu – dans sa difficulté standard – va indiquer un chemin à suivre et donner des indices. À mesure que l’on progresse dans cette aventure, on apprécie ces changements, d’autant que le pathfinding (l’action de suivi des Pikmin) semble désormais plus stable. Ils ne se bloquent pas bêtement dans le décor et cette évolution est très appréciable dans le dernier niveau (celles et ceux qui ont fait l’original comprendront à quoi nous faisons référence).

Le plein de Pikmin

Tout comme sur Wii U, Pikmin 3 Deluxe n’est pas un champion de la longévité. L’aventure se termine assez rapidement, si bien que les développeurs ont intégré un mode difficile (disponible au lancement du jeu) auquel vient s’ajouter un mode « Super piquant » qui se débloque une fois la quête principale terminée en mode difficile. Plutôt sympa pour les amateurs de jeux retors. Niveau contenu, il est désormais possible de prolonger le plaisir grâce à deux histoires annexes mettant en scène Olimar, le héros de Pikmin premier du nom, et Louis, qui est apparu dans Pikmin 2 . Bon, autant le dire de suite, ce sont plus de petites missions qu’une véritable aventure secondaire – avec un système de classement – mais ça a le mérite d’exister. En réalité, la meilleure feature de cette version Switch, c’est assurément la possibilité de vivre, enfin, l’histoire principale en coopérant avec un autre joueur. L’écran est désormais splitté et un ami peut vous rejoindre pour vous aider dans votre périple. Et si votre truc, c’est plutôt la compétition, le Duel Bingo est toujours là. Le concept est simple, il s’agit de remplir une grille en ramenant à destination des ennemis, des objets ou encore des fruits. Comme il est possible d’envoyer ses Pikmin pour attaquer l’adversaire, ça promet de belles parties de rigolade. Les missions, quant à elles, permettent de partir à la recherche de fruits, d’ennemis ou même de défier les ennemis aperçus dans la quête principale. Pour terminer, sachez qu’il existe un système de badges (des trophées quoi) qui récompensent vos exploits ainsi qu’une piklopédie pour étudier les créatures rencontrées.

Mère Nature

Comme pour les précédents épisodes, Pikmin 3, ici dans sa version Deluxe, offre de magnifiques panoramas naturels. De la verdure, de petits ruisseaux (qui deviennent des rivières pour nos personnages minuscules), des grottes, des pentes enneigées… le jeu flatte la rétine avec de jolis effets. Les détails sur chacun des éléments (souche, feuilles, nénuphars…) sont appréciables et l’aspect général apparaît plus fin que sur Wii U, que ce soit en mode docké ou portable. Le gap visuel n’est pas énorme mais on ne peut nier que l’original avait une touche photo-réaliste déjà réussie. Les créatures ont un look unique et il est difficile de ne pas craquer devant la démarche ultra attachante des protagonistes. Pikmin reste Pikmin et on ne va pas s’en plaindre.