Après Age of Empires premier du nom en 2018 puis son successeur the Age of Kings en 2019, c’est maintenant au tour d’Age of Empires III de revenir avec une Definitive Edition flambant neuve. Que peut-on donc attendre de cette version remasterisée ? Ce troisième épisode qui n’a clairement pas eu l’aura et le succès de ses prédécesseurs sera-t-il magnifié par les quelques nouveautés et ajustements ? C’est ce que nous allons voir.
Ce Age of Empires III : Definitive Edition comprend tout le contenu du jeu de base sorti en 2005 puis de ses extensions The WarChiefs et The Asian Dynasties . Cela signifie donc que vous aurez droit à 3 campagnes distinctes, elles mêmes divisées en plusieurs chapitres, durant lesquelles vous suivrez les aventures d’une famille fictive au fil de la colonisation de l’Amérique. Il vous sera même possible de conquérir l’empire Aztèque à la tête de troupes chinoises ou de suivre la prise de pouvoir de Tokugawa à la fin de l’époque Sengoku. Tout ceci est strictement identique aux originaux et présente donc les mêmes qualités et défauts. En effet, le scénario principal n’est pas particulièrement prenant et ce choix inédit dans la série de ne pas suivre des personnages historiques est toujours discutable aujourd’hui. On s’identifie moins aux héros et on n’a pas cette impression grisante d’être en train de façonner le monde d’aujourd’hui.
Un contenu étoffé
Pour corriger ce problème, les développeurs ont choisi d’ajouter du contenu et notamment des batailles historiques. Elles sont au nombre de 6 et permettent de revivre des évènements allant de la bataille d’Alger avec Barberousse en 1516 à la bataille de la Nouvelle Orléans en 1815 en passant par l’attaque des Caraïbes par Sir Francis Drake ou l’expédition de Christophe de Gama en Ethiopie. Ces scénarios s’avèrent tous plaisants à suivre et ont le mérite de proposer des mécaniques de gameplay originales et plutôt intéressantes. Durant l’attaque des Caraïbes par exemple, on n’a pas de colonie et on doit recruter ses soldats et navires avec l’argent des pillages et les cargaisons que nous envoie la capitale quand on réussit des actions importantes. En Ethiopie, ce sont les villages locaux libérés qui envoient des troupes directement vers l’ennemi tandis qu’on se doit de les protéger des raids réguliers qu’ils subissent. Bref, c’est une réussite mais on aurait presque aimé qu’il y en ait un peu plus.
Toujours au rayon des nouveautés, on a également droit à un mode de jeu inédit appelé l’Art de la Guerre. Moins convaincant que les batailles historiques, il s’agit en réalité d’une sorte de tutoriel familiarisant avec les différents éléments propres à cet épisode, de la collecte de trésors à la livraison de chargements depuis la métropole. Chacun des 10 épisodes se boucle en quelques minutes seulement et l’intérêt principal se situe au niveau d’un système de médailles venant récompenser les plus rapides. Et pour finir avec le contenu, sachez que le multijoueur a été amélioré aussi afin de mieux correspondre aux standards actuels. On peut ainsi se regrouper par clans afin de discuter ou faire quelques parties ensemble et échanger sur les positions des leaderboards. On note l’apparition d’un mode spectateur permettant de visionner les stratégies des meilleurs joueurs ou de ses amis pour un résultat un peu plus au goût du jour.
En se lançant dans la bataille, on remarque que deux nouvelles civilisations ont été ajoutées. Il s’agit des Incas et des Suédois. Les premiers disposent de maisons capables de produire de la nourriture ainsi que des comptoirs améliorés tandis que les seconds peuvent faire livrer des mercenaires plus rapidement que les autres civilisations. Cela ne bouleverse donc pas la façon de jouer mais a le mérite d’apporter un peu de diversité. Dommage toutefois que les métropoles de ces factions, tout comme celles des extensions The War Chiefs et The Asian Dynasties ne puissent pas être modifiées esthétiquement. En effet, en montant de niveau au fil des parties, les capitales peuvent normalement être décorées de divers objets purement cosmétiques mais qui confèrent au moins un semblant d’intérêt à la progression (certes limité...). Ce n’est pas le cas ici et comme toutes les cartes sont directement débloquées dès le début du jeu, on n’a finalement aucun intérêt à monter le niveau de ces métropoles. Les développeurs ont choisi cela afin d’éviter une phase de grinding lassante pour permettre aux joueurs de se lancer directement dans la confection de leur propre deck, ce qui n’est pas une mauvaise chose, mais on perd un peu sur l’intérêt à long terme en solo. On ne va toutefois pas bouder notre joie, il y a quand même là de quoi s’occuper des dizaines d’heures.
Un gameplay vieillissant mais des graphismes sympathiques
Sur le champs de bataille, on va retrouver un feeling très proche de ce qui se faisait dans le jeu original. On apprécie certes l’apparition de la possibilité de mettre les unités en position défensive, feature ayant mystérieusement été oubliée lors de la sortie initiale, mais l’IA et le pathfinding restent de gros soucis. On perd un temps précieux à essayer de replacer ses troupes, quand certaines ne partent pas carrément se faire massacrer en faisant un détour inutile alors que leurs camarades ayant reçu les mêmes ordres filent droit. Pour ce qui est de l’IA ennemi, elle ne brille pas par ses stratégies, mais c’est surtout celle des alliés qui pose problème. Il est en effet fréquent qu’une troupe cesse toute attaque une fois sa cible abattue, alors qu’elle est parfois en train de se faire réduire en charpie. Pire, lors des attaques de camps ennemi, il faut sans arrêt reprendre le contrôle de ses troupes qui attaquent les maisons au lieu des arbalétriers en train de les canarder. A la longue, c’est un peu pénible, surtout quand on attaque avec un groupe important. Il est également dommage que le nombre maximal de tours défensive n’ait pas été augmenté. Et pour ce qui est du travail des villageois, on pourrait regretter qu’il n’y ait toujours pas de bâtiments afin de stocker les ressources puisque celles-ci sont acquises directement après leur extraction, mais c’est ici une affaire de goût que les développeurs ont choisi de conserver comme dans le jeu de base.
On a toutefois droit à quelques amélioration et c’est notamment le cas au niveau des équipes formées en début de partie et dont le nombre a enfin été augmenté. On peut ainsi former 4 groupes, ce qui devrait faire plaisir à de nombreux joueurs. La caméra a également été améliorée et peut être un peu plus lointaine qu’auparavant, permettant de voir un peu mieux ce qui se passe aux alentours. Enfin les graphismes ont été retouchés pour un résultat globalement plaisant à l’oeil. On n’est pas au niveau des productions actuelles, mais c’est tout de même un bon en avant intéressant, notamment grâce au support de résolutions allant jusqu’à la 4K. Une multitude de détails a également été ajoutée, de l’herbe en 3D à des textures plus fines, ce qui est toujours bon à prendre. Finalement, ce AoE 3 : Definitive Edition s’avère être une bonne pioche et montre un vrai travail des développeurs qui ne se sont pas contentés de ressortir le même jeu simplement remasterisé.
Points forts
- Les batailles historiques
- Enfin 4 équipes en escarmouche
- Un multijoueur plus au goût du jour
- Des graphismes améliorés
- Deux nouvelles civilisations
- Contenu conséquent
Points faibles
- Campagnes pas passionnantes
- IA et pathfinding problématiques
- Toujours un nombre limité de tours défensives
Ce Age of Empires 3 : Definitive Edition est un peu à l’image de son modèle. Il s’agit en effet d’un très bon jeu de stratégie, riche, complet et immersif mais il ne possède clairement pas l’aura de ses aïeux en raison d’une campagne principale qui ne tient pas en haleine, d’un gameplay qui souffre de soucis de pathfinding et d’une IA quelque peu vieillissante. Malgré tout il saura vous occuper de nombreuses heures, notamment grâce à l’ajout des batailles historiques et se montrera plaisant pour les fans comme pour les curieux qui n’auraient pas encore eu l’occasion de découvrir cet épisode sympathique.