Après un passage sur Switch, cette mouture de Crysis débarque sur PS4, One et PC. Sur le fond ces nouvelles versions sont identiques à la version Switch, et donc au matériau d’origine. C’est donc la forme de ce remaster qui nous intéresse aujourd’hui.
Crysis Remastered : 10 minutes de gameplay sur PS4 Pro
Le lifting opéré ne nous a pas convaincu sur PS4 et One. Si des différences entre les assets d'origines et cette nouvelle version sont visibiles et que les textures s'avèrent plus fines que celles du jeu de base, les modèles restent rudimentaires et ne tiennent pas la comparaisons face aux derniers Far Cry par exemple. On note cependant du progrès sur les effets de lumières qui gagnent en chaleur et en finesse.
Les versions PS4 Pro et One X disposent de 3 options. Qualité, qui favorise la résolution, Performance, qui verrouille la résolution à 1080p et fait sauter le cap du framerate et Ray Tracing qui porte bien son nom.
Notez que pour les deux options favorisant la qualité visuelle aux performances, le framerate ne dépassera jamais les 30 FPS et on note des baisses occasionnelles du taux de rafraichissement. La distance d’affichage en pâtit également, notamment lors de l’utilisation du sprint de notre super armure. L’effet Waow du Ray Tracing logiciel est ici moins marqué que sur PC. Il reste notable lors des séquences de nuits et dans certains intérieurs, mais de jour, sous un soleil de plomb, la différence est à peine perceptible. On recommandera donc son utilisation pour apprécier certaines zones de nuit pluvieuses, mais on aura vite tendance à lui préférer le mode performance pour la majeure partie de l'aventure.
Un bilan technique qui laisse perplexe
Malheureusement ce mode performance n’a rien de bluffant visuellement. Il en est de même pour les versions “fat”. Le rendu est similaire mais le taux de rafraichissement est verrouillé à 30fps, ce qui ne l'empêche pas de chuter régulièrement. Les modèles standards de PS4 et de One ne peuvent évidemment pas profiter des modes d'optimisation visuelles de leurs homologues plus puissantes. Pire encore, dans ce mode les versions Pro ne tiennent pas les 60 images par seconde malgré le rendu peu impressionnant du titre. Le framerate fluctue plutôt entre 40 et 45 images par seconde. Quel que soit le mode, Crysis Remastered n’est pas un étalon graphique sur consoles, loin de là. Globalement floues et datées, ces versions ne permettent pas d'attester d'un gap technique marqué entre Crysis Vanilla et ce Remaster.
À cela s’ajoutent des bugs réguliers sur tous les supports. Certains modèles de végétations se retrouvent parfois limités à deux dimensions. A d’autre occasion ce sot les effets sonores qui posent problème. Nous avons noté à deux reprises des transitions musicales particulièrement abruptes et des thèmes de combats qui se lancent sans raison.
Lire le test original de dinowan (16/11/2007)
A sa sortie Far Cry avait scotché le petit monde du FPS en réunissant d'innombrables qualités regroupées là où personne ne portait le regard, trop occupé à lorgner sur Doom 3 ou Half-Life 2. Aujourd'hui, on ne s'est pas laissé prendre, tout le monde sachant que les anciens créateurs de démos techniques de Crytek en ont dans le ventre. On ne passera pas des heures à vous parler de la qualité technique de Crysis. Si vous avez le PC qui va bien, vous aurez sous les yeux la crème de la crème, la Formule 1 de la 3D. Voilà, c'est dit, mais ça, qui l'ignorait après les vidéos et les screenshots du jeu ? Evidemment, tout ceci a un prix, le jeu mettant à plat les configurations les plus musclées quand on le pousse en Very High.
En 2020, vous et vos petits camarades issus de l'élite de l'armée américaine vous retrouvez plongés au coeur des Philippines, sur une île de fort bonne taille à la jungle bien dense. C'est ainsi que démarre la première phase du jeu dans laquelle vous serez parfois seul, parfois accompagné d'une armée entière. Tout ça pour tenter de comprendre pour quelle raison l'armée nord-coréenne se passionne tant pour un site de fouilles archéologiques qui se révélera être le site du crash d'un vaisseau alien évoquant un congélateur géant. C'est donc dans la jungle que vous ferez vos armes avec la Nanocombinaison. D'une simple pression, son porteur peut ouvrir un menu radial donnant accès aux aptitudes spéciales. Vitesse, force, armure ou camouflage à la Predator. Chacune de ces capacités consommera votre énergie de façon différente. L'armure videra vos piles uniquement lorsque vous prendrez un coup, la vitesse donnera lieu à de brefs coups de boost, la force diminue à chaque coup porté, enfin le mode invisible ponctionne vos réserves à chaque mouvement. L'une des très grandes forces de Crysis réside dans cette Nanocombi, en particulier si on la couple avec l'environnement ouvert de la jungle et le système d'intelligence artificielle qui l'anime. Même si certaines limites naturelles existent, la jungle de Crysis est largement assez ouverte pour qu'on y trouve une multitude de voies à suivre pour rallier nos divers objectifs qui, par une habile narration, changeront parfois en cours de route ou se verront adjoindre des objectifs secondaires facultatifs. Prêt à en découdre avec les forces ennemies ? Foncez par la route principale. Plutôt envie qu'on vous laisse en paix ? Percez votre chemin à travers les fougères. En plus, ça vous donnera l'occasion de contempler les environnements simplement grandioses du jeu et noter comme la végétation s'anime quand on la traverse.
L'accomplissement des objectifs lui-même vous laissera le choix des armes. La Nanocombi est l'outil idéal pour celui qui souhaite choisir son approche. Furtif ou bourrin, la maîtrise des capacités spéciales autorise un peu toutes les folies. Si au démarrage on a tendance à se limiter, on réalise vite que s'approcher en mode furtif, basculer en Force pour saisir un ennemi et le balancer sur le reste de la troupe avant de repartir en Armure ou en Vitesse pour finir le travail au shotgun, ça a du bon. De même, en pensant vite et bien, on finira par avoir recours à des combinaisons de pouvoirs inattendues, précisément pour faire face à ce qu'on n'avait pas prévu. Sans parler de l'approche plus vicelarde puisque la physique avantageuse du titre prendra tout son sens lors des combats. Les arbres qui cèdent sous les impacts ou les cahutes qui s'effondrent ne sont pas seulement esthétiques, ils sont aussi pratiques. Pourquoi ne pas attirer vos ennemis sous un toit qu'on aura gentiment piégé au C4 pour ensuite se tirer en mode furtif et tout faire sauter ? Ou faire tomber quelques palmiers de-ci de-là ? L'ouverture du terrain de jeu, la diversité d'approches possibles et les réactions de l'I.A., qui vous contourne, appelle des renforts et communique, font de Crysis, au moins dans cette première section un titre qui regorge de surprises que l'on pourra pratiquer à de nombreuses reprises sans rejouer la même séquence. La jungle de Crysis devient rapidement ce qu'on appelle dans le jargon super hype du video game : une sandbox pour gameplay émergeant. Et en plus, c'est beau à en mourir.
Mais le jeu évolue au gré de la progression. Au cours de votre exploration, seul ou accompagné, de la jungle, vous serez amené à faire usage de véhicules, notamment un blindé, dans une phase qui sur le coup ferait presque penser à du Call Of Duty. Presque seulement, puisque vous pourrez quitter la machine afin de trouver un moyen de libérer la voie en allant neutraliser les défenses ennemies. Nettoyez les soldats porteurs de lance-missiles et allez faire le ménage dans les blindés ennemis avant de passer en mode Camouflage pour approcher des chars et leur coller une charge sur le blindage. Tout ça avant d'en venir à l'une des phases de jeu FPS qui reste la plus déroutante que j'ai connue : l'entrée dans le vaisseau alien et sa progression en apesanteur. Pour être honnête, mon avis divergera sans doute de l'opinion générale, mais personnellement, j'aurais bien raccourci le tout d'une bonne moitié néanmoins la scène reste assez mémorable et ouvre surtout sur la suite du jeu, qui n'a simplement plus rien à voir avec sa première partie.
Voilà donc que les vilains E.T. s'éveillent et projettent leur souffle glacé sur une partie de l'île. On nous fait alors comprendre que la sandbox, c'est fini, le jeu devient soudainement plus linéaire et scripté. Enfin, avant de comprendre ça on contemple le nouvel aspect de l'environnement, votre arme couverte de givre, la visière de la combinaison qui gèle quand on reste immobile, je sais, j'ai dit qu'on ne s'étalerait pas sur l'aspect technique mais une fois encore, ça vous arrache une rétine en quelques images. Mais l'environnement ou la progression ne sont pas les seuls éléments à changer. Fini les nord-coréens vindicatifs, place aux créatures de l'espace qui ressemblent à s'y méprendre aux pieuvres mécaniques de Matrix. Elles sont loin d'être futées, mais ont du répondant pour compenser la noix qui leur sert de cerveau. Et on arrêtera là le listing des niveaux qui visait surtout à montrer la structure du jeu et sa façon de renverser ses propres codes de façon à constamment surprendre le joueur. D'abord libre comme l'air, vous serez ensuite soumis à une mise en scène tonitruante qui jouit d'une réalisation de rêve. Alors, Crysis est-il le FPS de l'année ? Si ce n'est pas le cas, je vois mal qui pourrait prétendre prendre sa place.
Pour autant, il n'est pas parfait. On trouvera çà et là des passages plus regrettables que d'autres. J'ai déjà mentionné la traversée du vaisseau alien qui risque de devenir une beau sujet de discorde, on pourra ajouter cette fuite à travers la forêt, poursuivi par un hélico. Visiblement conçue comme une scène où les développeurs espèrent voir le joueur à bord d'une jeep ou équipé d'un lance-missiles, elle devient une plaie pour celui qui n'a ni l'un ni l'autre, contraint de courir en se mettant régulièrement à couvert pour recouvrer sa santé, ce jusqu'à trouver un abri à l'objectif suivant. L'IA peut également être surprenante, souvent très performante, elle a ses passages à vide et laisse des soldats en plein désarroi face à la mort, hébétés sans doute par votre superpuissance, quand ils ne sont pas simplement figés sur place. Plus embêtants, les bugs sont une tare dont Crysis n'est pas exempt, du retour inopportun au bureau de Windows (et sous Vista, c'est beaucoup de souffrance) à l'objectif qui ne se déclenche pas, il va rapidement falloir qu'EA publie un patch pour apporter un peu de stabilité à l'ensemble. La physique elle-même a ses coups de mou, tirer sur un mirador au lance-missiles pour voir le sniper qui l'occupait ne même pas avoir bougé d'un poil, ça fait tout drôle. Enfin, et c'est finalement le plus gros regret, Crysis manque de corps. Il a la technique, le gameplay ouvert, l'ambiance, mais il lui manque l'atmosphère, la personnalité, le truc qui fait tilt, comme on l'a vu dans d'autres shooters, de Deus Ex à Half-Life 2. Ce n'est pas franchement grave en soi, mais c'est sans doute ce qui lui manque pour devenir une référence ultime. Du coup, c'est simplement une énorme référence du FPS solo.
Points forts
- Le Raytracing sur consoles, qui fait son petit effet à certaines occasions
- 3 options visuelles disponibles sur versions pro
- Un coeur de gameplay qui fonctionne toujours...
Points faibles
- ...mais qui accuse tout de même le poids des années
- Loin de la réussite visuelle de la version PC
- Un framerate, régulièrement instable, qui passe sous la barre des 30 fps dans les modes Qualité et Raytracing
- Quelques bugs visuels et sonores
Si Crysis Remastered reste un titre agréable à jouer en 2020, il a bien du mal à tenir la comparaison face aux nouvelles références du FPS en monde ouvert. La version Switch pouvait présenter un intérêt de par la nature nomade du support. Difficile cependant, de voir en ces moutures PS4 et One une raison suffisante pour relancer le titre 13 ans plus tard. Le framerate chute régulièrement sur les consoles classiques alors que les versions Pro n'atteignent jamais les 60 fps, et ce même dans le mode Performance. On retiendra de ce Crysis Remastered son Raytracing logiciel qui fait occasionnellement son petit effet, mais que l'on désactivera rapidement pour retrouver une fréquence d'image confortable.