On peut facilement citer des licences qui mériteraient un retour digne de ce nom : Jak and Daxter, Alan Wake ou encore Splinter Cell par exemple. Eh bien aujourd’hui, c’est au tour de Battletoads. La série de Rare n’avait pas accueilli de nouvel opus depuis 26 ans et fait son comeback avec un jeu déjanté, jouable à plusieurs et multi-genre. Alors, est-ce que l’attente valait le coup ?
Battletoads s’amuse de son absence dès les premières minutes : on apprend rapidement que Rash, Zitz, et Pimple - le trio de super grenouilles têtes d’affiche - sont restés dans une simulation pendant 26 longues années. L’occasion pour le joueur de profiter des premières cinématiques animées du titre, très réussies, qui bénéficient d’un soin tout particulier sur l’écriture et le rythme. Une fois revenus dans le “monde de la vérité véritable”, les batraciens cherchent à s’occuper : ils se dégottent d’abord un travail (de quoi apprécier l’humour du jeu, parfois très efficace), se tournent vers la Reine Noire, leur ancienne rivale, puis comprennent que quelque chose cloche avec les créateurs de l’univers. De quoi reprendre du service !
Quantité contre qualité
Toute la première moitié du jeu va ainsi s’articuler autour de phases de beat ’em up - nous évoquerons plus tard les séquences de shoot ’em up, de glisse et les autres “trucs”. Un genre pour lequel Battletoads fait plutôt bien le boulot sans pour autant exceller. D’un côté, les combats livrent de bonnes sensations (possibilité de déclencher des coups spéciaux, combos différents en fonction d’une position au sol ou en l’air) avec en plus le choix de changer de personnage et donc d’enchaînements (plutôt rapide ou puissant). Mais de l’autre, le titre renouvelle peu ses affrontements, laissant tout un pan de sa progression avec les mêmes situations de gameplay. Le tout n’est de plus pas aidé par quelques soucis de finition, notamment des imprécisions sur la trajectoire des projectiles. Au final, après quelques heures, un soupir s’installe quand revient le beat ’em up.
La solution de Battletoads pour ne pas vous faire lâcher la manette ? Une surenchère assez maladroite de genre et gameplay différents. Les premières phases de poings laissent ainsi place à une course d’obstacle en moto stellaire, un poil longue mais plutôt rafraîchissante. Puis rebelote le beat ’em up avant d’enchaîner - tenez-vous bien - sur une phase de glisse à dos de personnage secondaire, de longues séquences de shoot ’em up et même de véritables niveaux de plateforme. Et encore, vous n'avez rien vu.
Un genre pour les gouverner tous
Si on accueille au départ cette diversité avec le sourire, le plaiFsir de jeu s’étiole rapidement. Car si Battletoads fait très souvent varier les séquences de jeu, aucune d’entre elle n’est suffisamment réussie pour offrir une vraie profondeur de jeu. Problème : à certains moments, le titre aura envie de faire revenir l'une de ces phases de gameplay “bof mais sans plus” (shoot ’em up, beat ’em up et plateforme principalement), sans réinventer la roue au passage. On se retrouve donc avec des niveaux qui, dans leur genre respectif, se résolvent de la même manière : un cadre et des ennemis certes différents mais toujours la même rengaine pour les battre (alors que cette dernière évolue pourtant en début de jeu).
Battletoads - 10 minutes de gameplay
Le truc, c’est que Battletoads va parfois dégainer des toutes petites séquences de jeu, déconnectées des autres gameplay, pour corriger le problème évoqué plus haut. Alors parfois, ça marche bien (on pense aux deux trois QTE qu’il faut réaliser quand les grenouilles trouvent un nouveau travail) mais dans certains cas, c’est assez lunaire. Vous aussi, vous serez marqués par cette séquence digne d’un jeu flash inintéressant et mal animé sur fond de Jeux olympiques, qui dure en plus assez longtemps. On s’en serait bien passé.
A deux (ou trois), c'est mieux ?
Dommage, car au début, le titre met en avant les arguments dignes d'une aventure solide et variée, avec en plus ces cinématiques très réussies qui font office de récompense à chaque niveau terminé. Mais le tout s'évapore au fur et à mesure. Si bien qu'on garde juste la manette en main pour voir dans quel pétrin excentrique les trois grenouilles vont se fourrer. Et aussi apprécier la direction artistique du jeu qui, malgré quelques animations et design hasardeux, vaut quand même le coup d’être vue du début à la fin.
Jouer à Battletoads aura ainsi parfois des airs de bonne série animée où l’on joue sur son téléphone pendant les coupures pub. Mais il reste un jeu qui se fait bien, surtout entre potes sur le canapé. L’aventure du titre peut en effet être parcourue jusqu'à trois joueurs du début à la fin, ce qui impactera le gameplay. Dans les phases de beat ’em up par exemple, chacun incarnera une grenouille et il faudra parfois ranimer votre partenaire. Les phases de hack - qui ponctuent certains niveaux - doivent être faits sur plusieurs tableaux et en coopération, etc. Pas de mode en ligne au programme mais même en solo, la progression se fait sans heurts.
Points forts
- Une écriture et des cinématiques très réussies
- Jusqu'à trois joueurs en local
- Généreux côté situations de jeu
Points faibles
- Des phases qui reviennent malgré un intérêt limité
- Certains "mini-jeux" bâclés qui font tâche
- Trop long pour ce qu'il a à proposer
- Plus d'intérêt pour les cinématiques que le gameplay
"C'est dommage", voilà sans doute la phrase qui vous restera en tête après avoir terminé Battletoads. Car le titre avance au départ tous les arguments digne d'un jeu varié, déjanté et solide (sans parler des cinématiques animées à l'écriture et au rythme très réussis). Mais on déchante quand les phases les plus engageantes (beat 'em up et shoot 'em up) cessent de se renouveler, et que Battletoads tente de sauver le navire avec de toutes petites séquences de jeu, parfois bonnes mais parfois totalement ratées. Il en résulte un jeu très contrasté, qui vaut tout de même la peine d'être fait, plutôt en multi qu'en solo (jusqu'à trois joueurs en local et pas de mode en ligne). On aurait juste préféré que ce soit le gameplay et la progression par le jeu qui nous pousse à avancer. Pas forcément les cinématiques et l'histoire totalement loufoque des trois grenouilles.