Après une phase de beta ouverte le rendant accessible au plus grand nombre, Hyper Scape se lance officiellement dans le grand bain du Battle Royale. Le dernier né d’Ubisoft dispose de solides arguments à faire valoir, mais le marché du BR se veut compétitif et sans pitié. Nombreux sont ceux à s’être cassé les dents face aux ténors que sont Fortnite et PlayerUnknown's Battlegrounds , rejoints par la suite par des titres comme Call of Duty : Warzone et Apex Legends . Hyper Scape parvient-il à se démarquer de ses concurrents ?
Verticalité en maitre mot
En 2051, tout est différent. Au cours de son expansion et de sa course à la technologie, l’humanité s'est recluse dans des mégalopoles saturées, obscurcies par la pollution. Pour échapper à son quotidien morose, le citoyen moyen passe le plus clair de son temps dans le Super Internet en réalité virtuelle qui donne son nom au jeu : L’Hyper Scape. Il peut y faire ses emplettes, rencontrer ses pairs, mais aussi et surtout, prendre part au Crown Rush, le fameux Battle Royale où chacun peut trouver la gloire. Pour ce faire, le joueur peut au choix, être le dernier survivant parmi les 100 participants ou récupérer la couronne apparaissant en fin de partie et la conserver durant 45 secondes. Cette condition de victoire alternative a un impact direct sur le gameplay et est en accord avec la philosophie de Hyper Scape. Cette couronne pousse le joueur à sortir de sa cachette et à rester en mouvement comme bien d’autres systèmes de jeu.
Autre particularité faisant directement écho au film Battle Royale de 2000, la zone de jeu se voit réduite non pas par un cercle concentrique se resserrant progressivement, mais par la condamnation des quartiers de la ville où se déroule l’action. Cette ville, Neo Arcadia, ne va pas puiser ses inspirations bien loin de nous puisqu’en un coup d’œil on reconnaitra aisément les toits parisiens et une réinterprétation de Notre-Dame. On le sait, la carte d’un BR est un des aspects les plus importants du genre et se doit de proposer des lieux d’intérêts facilement identifiables et des points chauds favorisant les escarmouches dès les premières minutes de jeu. De ce côté Hyper Scape ne déçoit pas.
En plus de respecter à la lettre les poncifs du genre, l’aire de jeu, plutôt réduite, dispose d’une véritable identité visuelle et s’avère particulièrement bien construite. En mettant l’accent sur les immeubles, leur hauteur et leurs multiples points d’entrées, le level design fait la part belle à la verticalité. Grâce à un double saut et un système d'escalade automatique, le joueur peut aisément atteindre ventilations, panneaux et devantures et ainsi gravir en quelques secondes n’importe quelle maison ou building. Poursuivre un adversaire sur les toits est d'une facilité déconcertante. Notez que portes et fenêtres sont comblées par des barrières virtuelles émettant un son clair facilement identifiable. Il est donc particulièrement aisé de repérer un ennemi et d’engager un combat. Autre fait intéressant, les zones rouges, en plus d'infliger des dégats aux joueurs, voient les bâtiments qui les composent se désagréger. Ainsi, les retardataires n’ont nulle part où se cacher, aucune verticalité à exploiter et se font donc tirer comme des lapins. Si elle s’avère bien construite, cette carte souffre cependant de certains écueils visuels. Les intérieurs respectent systématiquement les mêmes schémas et se ressemblent énormément. De plus, une teinte bleue omniprésente aplatit les reliefs et confère aux différents quartiers traversés une uniformité visuelle dommageable. Les grands bâtiments peuvent servir de repères et aider à la navigation, mais ce n’est malheureusement pas le cas des quartiers de taille plus modeste qui se répètent et que l’on peine à différencier.
Trop de combats, tue le combat ?
Si dans ses déplacements et ses mécaniques de base, Hyper Scape rappelle Titanfall et donc, dans une moindre mesure, Apex Legends, il se différencie largement par ses Hacks. Ici pas question de champion ou de héros, chaque personnage est logé à la même enseigne. Cependant, il est possible de ramasser des Hacks, des compétences variées soumises à des délais de récupération. Invisibilité, téléportation, boule rebondissante couvrant d’énormes distances, soin, etc. Ces derniers s’avèrent extrêmement efficaces et leur utilisation est souvent décisive. Libre à vous d’adapter votre build à la situation, en conservant les deux Hacks convenant le mieux à votre style de jeu. Ils peuvent également être améliorés en lootant une copie dudit Hack. Le titre se passe donc complètement d'inventaire et concentre son attention sur les affrontements. On regrettera l'absence du plaisir ressenti à la découverte d'un équipement épique ou légendaire, véritable bénédiction pouvant retourner une partie dans un Apex ou un Warzone. Ce système d’amélioration s’applique également aux armes. En les combinant, le joueur améliore les dégâts et la capacité du chargeur de sa pétoire de choix. Plutôt jolis et disposant d’animations originales, les flingues procurent malheureusement trop peu de sensations lors des premières minutes de jeu. Le recul est minime et les dégâts infligés sont très faibles à moins d’avoir une arme boostée au maximum. Il en résulte un manque de punch général en début de partie. Dommage car le sound design, sans atteindre l’excellence d’un Warzone, est plutôt réussi. Certaines armes disposent d’effets sonores jouissifs tandis que la spatialisation du son, permettant la localisation des bruits de pas, est bonne. Notez que la mobilité conférée par le système d’escalades et les hacks combinée à la faiblesse générale des armes permet au joueur de facilement échapper à ses poursuivants. Perdre de vue sa cible, à qui il ne reste qu'un ultime point de vie est monnaie courante dans Hyper Scape. Les participants sont constamment au milieu d'un combat mais peuvent le désengager en une fraction de seconde.
Si les joutes s’articulent autour d’un level design et d’un gameplay qui fonctionnent, le rythme global du jeu, lui, nous laisse plus circonspects. En effet, les réductions successives de la zone de jeu se produisent à intervalles très courts, ce qui force les joueurs à constamment se déplacer et limite la durée des parties à une grosse quinzaine de minutes. Ce choix est cohérent avec la philosophie du titre, mettant l’accent sur la mobilité, l’accessibilité, et l’action ininterrompue. Cependant nous sommes en droit de nous poser la question suivante : Cette philosophie est-elle adaptée au Battle Royale ? Ce qui rend le BR si intense et si jouissif, c’est aussi tous ces instants où le joueur ne combat pas. En effet, ce dernier accumule du stress au fur et à mesure que son équipement s’améliore et que le nombre de participants se réduit, augmentant l’appréhension qu'il ressent pour son prochain duel. Ici, l’omniprésence de l’action rend cette dernière moins viscérale. Hyper Scape est un BR qui manque de tension, à tel point que l’on a parfois plutôt l’impression de participer à une variante de deathmatch plutôt qu’à une lutte pour sa survie. C’est encore plus flagrant lors des parties en escouades qui, dans un souci d'accessibilité et afin de réduire la frustration, rendent la résurrection d’un allié particulièrement facile à mettre en place. Il n’est pas rare de relever un allié 2 ou 3 fois dans une même partie. Ainsi, le dernier né d’Ubisoft peine parfois à investir le joueur dans ses sessions. Ce dernier préfère souvent chercher le kill plutôt que de penser à la survie de son équipe, car le jeu l’y encourage.
N'oublions pas que Hyper Scape est un free-to-play proposant un Battle Pass. Ce dernier s'avère plutôt chiche, surtout dans sa version gratuite car il demande d'être un abonné Twitch Prime pour profiter de près de la moitié de ses récompenses. Notons également que le BR d’Ubi embarque une extension Twitch permettant aux joueurs de voter pour un évènement particulier. Par exemple, les coups au corps à corps peuvent devenir létaux pendant 1 minutes, ce qui changent la manière dont les combats s’articulent. Une très bonne idée !
Points forts
- Neo Arcadia, bien conçue et agréable à arpenter
- Un système de déplacement qui fait la part belle à la verticalité
- Des Hacks qui font la différence dans le feu de l'action
- Un BR accessible et peu frustrant (Simplification du loot, résurrection facilitée)
- La couronne, une nouvelle manière bienvenue de décrocher la victoire
- La désagrégation du terrain, une très bonne idée
- Des parties de courtes durées, pratiques pour les pressés...
Points faibles
- ...Au rythme déséquilibré
- Un Battle Royale qui manque de tension
- Une uniformité visuelle qui gène parfois la navigation
- Un loot qui manque de folie, pas toujours évident à identifier
- Des armes qui manquent de punch en début de partie
- Un Battle Pass un peu chiche
En mettant (trop) l’accent sur le dynamisme et l’accessibilité, tout en voulant atténuer la frustration potentielle du BR, Hyper Scape perd parfois de vue ce qui fait le sel du genre. Agréable à jouer et facile à prendre en main, il propose des affrontements plaisants, mais qui peinent à procurer le frisson de la survie. Ses parties trop courtes, ses combats incessants et ses pétoires manquant de punch lors des premières minutes de jeu freinent l’investissement du joueur. Espérons qu’Ubisoft puisse ajuster sa formule et ajouter des modes jeu s’accordant mieux à son excellent système de déplacements, car Hyper Scape a quelques très bonnes idées à exploiter et reste recommandable pour le quidam en manque d'action.