En 1962, la Topps Company lance une série de 55 trading cards illustrant une invasion extraterrestre par de sadiques martiens ne désirant qu'une chose : annihiler la race humaine. 34 ans plus tard, Tim Burton utilise ce matériau pour nous offrir son chef-d'oeuvre Mars Attacks!. Mélangeant humour mordant, ironie et critique de la société américaine, le film fait un véritable four aux Etats-Unis, face à un certain Independance Day, malgré un casting 5 étoiles. En 2005, Pandemic Studios sort un pendant vidéoludique au film de Burton du nom de Destroy All Humans!. Il profitera de plusieurs suites, en 2006, 2008 puis 2009, avant que la saga ne périclite. Il aura fallu attendre 11 ans pour retrouver ce bon vieux Crypto grâce au remake du premier volet chapeauté par THQ Nordic. Une bonne nouvelle ? Pour l'humanité, pas vraiment, mais pour les joueurs que nous sommes, on serait plutôt enclins à opiner du chef.
Gameplay : Santa Modesta en prend pour son grade
Vous est-il parfois arrivé de regarder les étoiles en vous demandant si la vie existait par-delà le système solaire ? Avez-vous déjà imaginé nouer une solide amitié avec E.T tout en discutant avec lui sur fond des cinq notes de Rencontres du Troisième Type ? Oui ? Dans ce cas, vous allez vite déchanter en découvrant Cryptosporidium, soldat de l'Empire Furon n'en ayant rien à fiche de vos envies de rencontres intergalactiques et de vos messages plein d'espoir autour de l’harmonie entre les peuples. Si l'objectif de Crypto consiste également à venir à notre rencontre, c'est davantage dans un but scientifique afin d'analyser de près notre cerveau, de très très près. Et si pour cela, il faut nous l'extirper de notre caboche, aucun problème. Vous l'aurez compris, Destroy All Humans! légitimera son titre dès les premières secondes en nous demandant de contrôler, griller, désintégrer tout ce qui bouge, bref, exterminer la race humaine dans la joie et la bonne humeur.
All your base are belong to us !
Tout barré soit-il, aussi bien dans ses mécaniques que son design versant dans la caricature, Destroy All Humans! proposait déjà en 2005 un gameplay bien plus profond que ce qu'on pouvait imaginer de prime abord. Alors que Crypto a de fortes velléités vis à vis de la race humaine lui intimant régulièrement de faire crépiter son blaster, ses nombreuses capacités lui permettront de varier les plaisirs tout en permettant de profiter de missions plutôt variées. Ainsi, outre un arsenal s'étoffant au fur et à mesure de notre progression et de dons de psychokinésie, on pourra user de techniques de sioux intergalactiques pour nous infiltrer dans les rangs ennemis et passer au nez et à la barbe des soldats, policiers et autres agents du Majestic se révélant très nombreux et surtout terriblement collants à la moindre alarme déclenchée.
Heureusement, Crypto pourra, par exemple, prendre l'apparence de n'importe quel individu pour parader comme si de rien n'était parmi les humains. Attention toutefois, puisque votre transformation devra se faire sans que personne ne vous voie sous peine d'ameuter les forces militaires alentours. De même, afin de maintenir votre forme humaine, vous devrez scanner régulièrement des individus, ceci proposant au passage d'entendre les pensées profondes (et parfois très drôles) de vos potentielles victimes. Cette mécanique deviendra vite centrale d'autant qu'il faudra ensuite faire attention à prendre la bonne apparence pour infiltrer diverses zones sécurisées. En cumulant cette capacité au contrôle mental des humains afin leur demander de nous suivre, nous protéger ou faire diversion, le gameplay de Destroy All Humans! devient synonyme de plusieurs types de missions à la difficulté croissante, les systèmes de sécurité ne tardant pas à devenir plus invasifs à l'image des tourelles IEM bloquant nos pouvoirs. Il vous faudra alors bien analyser les lieux et ne pas hésiter à user de votre jet-pack afin de prendre la voie des airs en usant à bon escient du level design pour parvenir rapidement à votre objectif sans être détecté.
Bien que le gameplay de Crypto s'avère rapidement intuitif grâce à la croix de direction pour user de nos pouvoirs et une roue des armes, classique, mais pratique, la maniabilité de la soucoupe volante s'avère un brin capricieuse. La faute à une utilisation du stick droit permettant de tourner la caméra mais aussi de gérer l'altitude de l'engin, ceci nous valant souvent de descendre sans qu'on le veuille et donc de buter sur des bâtiments. Pas bien grave en soi, mais il aurait été intéressant de délaisser cette notion de hauteur peu utile au profit d'une altitude unique pour nous permettre de nous focaliser sur nos objectifs d'autant que la difficulté mal calibrée nous mettra souvent aux prises avec quantité de systèmes anti-aériens tirant moult missiles et autres tirs d'artillerie. Quoi qu'il en soit, à mesure que vous remplirez vos missions (disposant d’objectifs principaux et secondaires), vous aurez le possibilité d'engranger de plus en plus de brins d'ADN afin d'améliorer les capacités de Crypto, ses armes ou sa soucoupe. Une progression ici aussi classique, mais qui nous incitera à reprendre les niveaux terminés en mode Exploration pour récupérer une poignée de collectibles ou réussir les quelques défis à disposition.
Un Crypto pour les gouverner tous
Tout agréable soit-il à prendre en mains, Destroy All Humans! n'en reste pas moins ancré dans un certain passé synonyme de construction chapitrée un tantinet vieillotte. Minimisant l'immersion, l'ensemble profite toutefois de plusieurs lieux aux tonalités différentes profitant d'un belle refonte graphique à travers un design coloré, une DA marquée (qu'on aimera ou non) et divers effets spéciaux réussis. On appréciera également les petits ajouts de ce remake à l'image des artworks et autres skins à débloquer.
En somme, il n'est pas si surprenant que ce titre fasse encore son petit effet à l'heure actuelle, l'invasion d’extraterrestres protéiformes sous couvert de critique sans filtre d'une Amérique apeurée par le spectre du communisme servant encore aujourd'hui de point d'ancrage à divers films ou séries à l'image de Project Blue Book. Passée à travers le prisme du pastiche, cette vision surannée de la SF n'en devient que plus délectable car mettant face à face des croyances ancrées dans les Fifties et une représentation de l'alien elle aussi typique de cette période. D'autant plus savoureux que cette parodie ne prend jamais de gants autant dans ses situations que ses dialogues ou même son gameplay proposant aussi bien d'expulser le cerveau d'un humain que de lui balancer une sonde anale au nom de la recherche Furon, ça va de soi. A vous de voir si vous adhérez à cet humour, même si au delà de son univers caustique et parfois potache, se cache un jeu un peu désuet mais loin d'être sans intérêt.
Points forts
- Un savoureux pastiche de la SF des années 50
- Le côté politiquement incorrect de Crypto fait encore recette aujourd'hui
- Un très joli lifting graphique
- Un gameplay varié amenant différents types de missions
- Quelques bonus (artworks, skins)
- Une durée de vie des plus convenables
Points faibles
- La jouabilité manque parfois de précision (notamment en soucoupe)
- La construction (en chapitres) un peu datée
- Toujours certains pics frustrants de difficulté
- L'absence de véritable scénario
Alors que nous n'attendions pas vraiment un remake de Destroy All Humans!, il faut avouer que le travail effectué par Black Forest Games force le respect et permet encore aujourd’hui d'apprécier l'atmosphère irrévérencieuse de ce titre parodiant avec délice la science-fiction des années 50. Ayant peaufiné la forme, le fond, déjà efficace en 2005, a plutôt bien vieilli. Cependant, on y trouve logiquement les mêmes défauts qu'à l'époque, de la construction chapitrée un peu obsolète à la difficulté parfois agaçante en passant par un scénario prétexte à une succession de missions plus promptes à mettre en avant des dialogues incisifs entre Crypto et Orthopox qu'à nous raconter une histoire digne de ce nom. Malgré tout, le fun est toujours présent et exploser des bâtiments, désintégrer des agents du Majestic ou extirper le cerveau des humains fait encore son petit effet, 15 ans après l'original.