Après avoir tâté du nouvel hero shooter chaperonné par EA pendant quelques heures pour notre preview de juin, nous avons pu nous essayer à la version définitive du titre. Si son concept a de quoi séduire et est accompagné de la promesse d’un contenu conséquent, nous avions quelques réserves quant à la lisibilité des joutes, la faute à un level design étriqué et une caméra qui posait régulièrement problème. Ces tares de Rocket Arena sont elles aussi marquées que le laissait présager la version d'essai ?
Super Quake Bros.
Rappelons le concept de Rocket Arena : 2 équipes de 3 joueurs s’affrontent dans des arènes fermées à travers 5 modes de jeu. Pour ce faire, chacun sélectionne un héros parmi une dizaine. Chacun dispose de 2 capacités qui lui sont propres et d’une esquive universelle. Une fois sur le terrain, les compétiteurs tentent de s’expulser mutuellement hors du stage à coup de roquettes et de projectiles lent. Chaque projectile atteignant sa cible fera grimper la jauge flottant au-dessus de sa tête. Plus cette dernière est remplie, plus le prochain choc projettera l’ennemi loin, et oui, comme dans Smash Bros. Une fois sorti de la zone de jeu, c’est le K.O. Pour l’éviter, vous pourrez utiliser les deux techniques de mobilité mises à votre disposition : Le Rocket Jump et l’Escalade Roquette. Nous ne vous ferons pas l’affront de vous expliquer le fonctionnement de la première, mais sachez que la deuxième en est une variante. En tirant à proximité d’un mur au niveau de vos pieds, l’explosion du projectile vous fait gagner de la hauteur. Répéter cette manipulation vous permet de gravir n’importe quelle surface rapidement et donc de revenir sur le terrain. Facile à exécuter, cette technique s’accorde bien avec les affrontements inspirés du brawler de Nintendo. Les compétences de héros sont quant à elles bien utiles pour offrir de la mobilité horizontale.
Les héros justement parlons-en. Au nombre de 11 au lancement, chacun dispose de ses statistiques et de son arme dédiée. Flux envoie des petits chats robotisés, Kayi des boules de neige, BarbaBlast des boulets de canon.... Ces projectiles se comportent différemment et procurent des sensations plutôt marquées. Les félins mécaniques de Flux peuvent être contrôlés une fois lancés tandis que le tir principal de Boone convient à des affrontements de courte portée, contrairement à son tir secondaire. Il y a donc de quoi varier les plaisirs et trouver chaussure à son pied, car beaucoup d’archétypes sont couverts. Notez que vous débloquez constamment des artéfacts, des modificateurs de gameplay permettant de personnaliser un brin le maniement de votre champion. Si la direction artistique peut diviser et ne nous a personnellement pas séduite, en termes de gameplay, les héros sont bien pensés. Chacun propose une philosophie de jeu différente et agréable. Une fois son chouchou trouvé, c’est indéniable, Rocket Arena offre des sensations convaincantes. Les contrôles répondent bien, la vitesse de déplacement est bien calibrée et les hitbox semblent fiables. Le système de jeu permet des mouvements sympathiques et des combos jouissifs. En effet, il est possible d’enchainer plusieurs tirs sur un ennemi en profitant du temps de paralysie provoqué par le projectile précédent. Le coeur de gameplay du jeu de Final Strike Games fonctionne bien et promet des combats réellement amusants… Mais principalement en deathmatch.
Un contenu qui se fourvoie
En effet Rocket Arena propose 5 modes de jeux différents. Knockout est le deathmatch. Rocketball demande aux participants de récupérer et projeter un ballon dans le but adverse. Si dans l’absolu ce second mode est distrayant, la plupart des cartes permettent des stratégies surpuissantes qui cassent complètement l'équilibre des parties. En effet, en prenant certaines trajectoires, il est possible de récupérer la balle et de marquer dans les 5 secondes suivant le début de la manche, la faute à l’échelle un peu trop réduite des environnements. Le mode Chasse au Trésor se déroule en 2 phases. L’une où le joueur doit ramasser un maximum de pièces, l’autre où il doit conserver un coffre le plus longtemps possible pour amasser un pactole suffisant pour remporter la victoire. Sans être désagréable, ce type de partie détourne régulièrement l’attention du joueur de ses adversaires au profit de piécettes, ce qui n’est pas forcément ce qu’on attend d’un shooter. Mega Rocket est un Roi de la Colline. Malheureusement le chaos ambiant provoqué par cet objectif, rassemblant tous les joueurs, rend l’expérience plutôt désagréable. Tout l’intérêt du titre réside dans l’anticipation des trajectoires et les mécaniques de déplacement. Ce mode Mega Rocket favorise l’immobilité et le combat de proximité ce qui rend l’action particulièrement confuse et le skill bien moins important. Toutefois, Rocket Arena propose une playlist dédiée au Knockout, tandis que les autres modes sont en rotation dans une autre liste prévue à cet effet. Reste le Rocketbot Attack un mode PVE qui se contente de faire apparaitre des vagues de robots fonçant droit vers nous dans le but de se faire envoyer vers d’autres cieux. Très peu d’intérêt donc.
De leur côté, les cartes dans lesquelles prennent place les affrontements ne nous avaient pas toutes convaincues lors de notre preview. Nous avons donc pu nous essayer à l’intégralité d’entre elles et force est de constater que le bilan n’est pas aussi mitigé que ce que notre premier contact laissait présager. De nombreux monticules interrompent les projectiles, certes, mais ils sont aisément surmontables grâce aux mécaniques de déplacements. Poursuivre son adversaire à différents niveaux de hauteur peut s’avérer plutôt grisant. Certaines zones sont un peu trop exigües, mais ce constat n’est finalement flagrant que lorsque les modes de jeu demandent au joueur de se rapprocher. En effet Rocket Arena ne brille jamais autant que lors d’affrontements aériens à longue ou mi-distance, où la visée et les capacités font toute la différence. Dommage que la plupart des objectifs de parties ne favorisent aucunement ce genre d'échauffourées, mais plutôt le chaos général à 2 mètres de ses adversaires. Ce grief est d'autant plus flagrant à cause de la caméra à la troisième personne qui se voit régulièrement perturbée par les très nombreux projectiles frôlant notre avatar, ou les couloirs exigus faisant régulièrement disparaitre le héros. Pire encore, la proximité générale des affrontements cause parfois des soucis de parallaxe. Une fois votre ennemi trop proche, votre viseur n’est plus aligné avec votre arme, ce qui peut facilement vous faire rater votre cible à bout portant.
Si Rocket Arena est une expérience somme toute recommandable, si tant est que vous vous cantonniez au mode Knock Out, c’est finalement son modèle économique qui rebute. Vendu à 29.99 sur PC pour l’Edition Standard et 39.99 pour l’Edition Mythique (seule édition disponible sur console), il rend difficilement justifiable de passer à la caisse. L’offre du jeu de tir compétitif est pléthorique et comprend énormément de free-to-play de qualité. De plus, un battle pass est présent et incite le joueur à sortir une nouvelle fois sa carte bleue alors qu'il vient d'acheter le titre plein pot.
Points forts
- Un contenu conséquent (10 cartes, 11 personnages, 5 modes de jeu)
- Un coeur de gameplay qui fonctionne bien en Knock Out
- Le Rocket Jump et l'Escalade Roquette
- Le cross-play disponible d'emblée
- Des personnages bien pensés...
Points faibles
- ...Mais une DA peu inspirée
- La plupart des modes de jeu ne sont pas adaptés au concept
- Des soucis de caméra (Illisbilité, parallaxe)
- Régulièrement chaotique
- Un mode PVE sans intérêt
- Un modèle économique de free-to-play dans un titre payant à l'acquisition
S'il se montre bien fini et est régulièrement grisant, Rocket Arena manque le coche par excès de zèle. En bourrant le titre de contenu pour justifier son modèle économique peu attrayant, Final Strike Games perd de vue ce qui fait le sel de son jeu. Il est agréable d'enchainer les affrontements en Deathmatch, mais le reste du contenu se fourvoie et transforme l'expérience en un chaos souvent illisible et parfois frustrant. Dommage, car son concept et son mélange d'influence font mouche lorsque les étoiles s'alignent. Malheureusement, en l'état il est difficile de recommander Rocket Arena à un tarif aussi prohibitif.