Après avoir abandonné l’idée d’un free-to-play, le studio Ecthra Games tente de faire de Torchlight III le digne successeur de deux très bons hack'n'slash des années 2000 et 2010. Disponible en accès anticipé depuis peu, le titre parvient-il à rallumer la flamme ? Rien n’est moins sûr...
Torchlight III est pour le moment disponible en accès anticipé et devrait donc évoluer dans les prochains mois. Nous suivrons les mises à jour du titre et modiferons la note en conséquence.
Gameplay Torchlight III : Découpez, frappez, oui mais avec des amis !
Torchlight III est un projet complexe : après le succès des deux premiers épisodes, son studio Runic a malheureusement été contraint de fermer, mais une nouvelle structure est ensuite née, baptisée Echtra Games. Ce jeune studio, composé d’anciens de Runic, s’est alors attelé à une transformation de la licence sous forme de free-to-play. Le projet Torchlight Frontiers n’a cependant pas fait long feu, suite à de très mauvais retours de la presse et des joueurs. Devenu Torchlight III, ce nouveau hack 'n’ slash est depuis quelques jours disponibles en accès anticipé sur Steam. Côté contenu, nous avons droit à quatre classes jouables ainsi que deux actes sur trois. À première vue, un titre généreux alors qu’il n’est pour le moment que partiellement jouable. Mais, comme vous allez le voir, Torchlight III traîne pour le moment énormément de casseroles, à la fois techniques et conceptuelles. Spoiler, donc : si vous hésitez à dépenser 30 euros pour y avoir accès, attendez encore quelques mois.
Quatre classes plutôt réussies
Rappelons tout de même quelques bases pour ceux qui ne sont pas familiers avec la licence : Torchlight III est un hack'n slash pur jus, dans la lignée d’un Diablo ou d’un Path of Exile. Le premier épisode, sorti en 2009, s’inspirait clairement de Diablo 1, Torchlight II (2012) rendait hommage à Diablo II. Ce troisième épisode, quant à lui, navigue donc en eaux connues, tout en essayant de proposer quelques originalités qui l'éloignent de ces prédécesseurs. Commençons par les bonnes idées : les classes. Sans être toute parfaites, elles offrent une bonne variété de style de combat tout en misant sur des concepts intéressants. Le Forgé, par exemple, est un robot au design très steampunk, qui troque sa jauge de mana par un système de pression, façon vieille chaudière. Si la jauge monte trop, vous ne pouvez plus attaquer, mais il est alors possible de libérer la pression avec une attaque dévastatrice. Le Forgé est également doté d’une mitrailleuse sur son torse, qui permet d’arroser généreusement ses ennemis. On optera rapidement pour un style de jeu “à distance”, avec quelques effets d’explosion propre au système de pression. Disons-le clairement : le Forgé est sûrement la classe la plus amusante à jouer dans Torchlight III. Mais l’on apprécie également le Tireur orienté combat à l’arc, plus classique, mais qui demande une gestion des flèches un tant soit peu subtile. Plus original, mais moins palpitant à notre goût, le ferrailleur a le pouvoir d’invoquer… un train et les rails qui vont avec. Ce dernier va alors se battre à nos côtés, en plus du classique familier qui accompagne toutes les classes. Enfin, le mage du Crépuscule use de ses sorts à distance, dans un gameplay plus standard.
Si les classes de Torchlight III sont, dans l’ensemble, réussies, on regrette cependant qu’elles soient à peu près toutes faites pour le combat à distance. Le Forgé pourrait éventuellement faire office de tank, mais le manque de sensations d’impact au corps à corps rend l’ensemble bien trop mou. Il manque donc une vraie classe de corps à corps, à la manière d’un Barbare ou d’un Paladin.
Une ambiance qui fonctionne bien
Autre point réussi : l’ambiance colorée et le ton léger fonctionne toujours bien et tranche agréablement avec la plupart des autres hack 'n’ slash, qui se prennent souvent un peu trop au sérieux. Côté scénario, il ne faudra cependant rien en attendre, mais nous ne sommes pas là pour ça : un ancien mal rejaillit sur les terres, des Gobelins ont envahi la région… Et c’est à peu près tout. Visuellement, le titre est certes assez épuré, mais la direction artistique rattrape un moteur graphique peu impressionnant. Le premier acte, notamment, mise sur une ambiance “piraterie” presque parodique qui fonctionne bien. Les animations des ennemis et notamment de la tribu de Gobelins sont également très réussies. Les ennemis déferlent souvent sur nous en sortant de maison ou d’un trou quelconque, donnant ainsi un petit côté “horde grouillante”.
Côté level-design, on ne peut malheureusement pas être aussi positif. Si vous espériez de grandes zones à visiter, rempli de mystères et de donjons à vider, vous serez quelque peu déçu. Ici, c’est une succession de zones de taille moyenne et surtout extrêmement labyrinthiques qui vous attend, où la marge de manoeuvre est souvent faible et où l’on passe son temps à se perdre. La faute, également, à une mini carte qui manque de lisibilité et qui, pour une raison que l’on ignore, ne peut être affichée en surimpression à l’écran que lorsque notre personnage est immobile. On passe donc beaucoup trop de temps à s’arrêter et appuyer sur “Tab” pour se repérer avant de reprendre la route direction le prochain point de passage.
Ce souci de navigation n’est qu’un défaut parmi tant d’autres et Torchlight III cumule des tares plus ou moins pardonnables. Nous avons certes conscience que le jeu est toujours en accès anticipé, mais certains choix de game design laissent dubitatifs et semblent être le témoin du passé “free-to-play” du projet. Le système de Fort (un lieu "à soi" personnalisable), par exemple, a, en l’état, très peu d’intérêt, et oblige le joueur à farmer des ressources à la chaîne dans les niveaux (bois, or, pierres) dans l’espoir de pouvoir se construire un banc en bois (qui ne sert à rien). Certaines structures permettent cependant de gagner en puissance, en dépensant des ressources spécifiques, mais on a du mal à voir l’intérêt, à long terme, de cet aspect du jeu.
Pas encore un bon hack 'n' slash
En faisant l’impasse sur le Fort et en se concentrant sur ce que le titre est censé faire le mieux - c’est à dire nous permettre d’occire des ennemis et looter de l'équippement de plus en plus puissant - là encore, Torchlight III ne parvient pas à totalement remplir son contrat. Les ennemis sont visuellement réussis, mais peu variés (vous ferez une overdose de gobelins dans l’acte 1 et une indigestion d’insectes dans l’acte 2), tandis que le loot s’avère généreux en apparence, mais trop rarement intéressant. Mais le pire vient de la progression dans les quêtes, qui occasionnent des allers-retours aberrants dans des zones vides ou peuplées d’ennemis ayant 3 ou 4 niveaux de moins. La faute à un manque de points de téléportation, qui force le joueur à revenir en arrière pour finir d’explorer une zone bas niveau. Et c’est bien sûr sans compter sur les nombreux bugs, liés à son état d’accès anticipé, qui nous téléporte dans la mauvaise zone. Il nous est arrivé par exemple, après avoir battu un boss, de changer de zone et, après un temps de chargement, de nous retrouver dans une zone de début de jeu. Nous avons alors dû nous téléporter assez loin de notre objectif de quête, obligé de traverser au moins 2 niveaux vides pour pouvoir avancer.
Connexion obligatoire, mais pour quoi faire ?
Les bugs sont donc nombreux dans Torchlight III : entre les déconnexions aléatoires (en partie réglées au moment d’écrire le test, mais encore présentes), les ennemis immobiles, les traductions à moitié terminées, les erreurs de téléportations… Autant de soucis techniques qu’il convient de temporiser étant donné que nous sommes, on le rappelle encore une fois, face à un jeu en accès anticipé. Ce qui est moins excusable, en revanche, c’est la philosophie même du titre, qui nous oblige pour le moment à nous connecter pour jouer, mais qui n’encourage absolument pas le jeu à plusieurs. Presque aucun outil social n’est ainsi présent. Tout juste peut on voir les joueurs à proximité pour les proposer de créer un groupe, mais sans avoir la moindre information à son sujet : on ne connaît ni leur niveau, ni la difficulté dans laquelle ils jouent. En l’état, jouer à plusieurs exige donc de s’organiser au préalable et, par exemple, de se contacter via Discord (le channel Torchlight III est ainsi un bon point de rendez-vous). On se croirait revenu en 2005, lors des débuts de World of Warcraft.
En solo, le titre reste donc jouable, mais il faudra composer avec une difficulté encore en rodage. Si vous êtes un tant soit peu habitué au hack 'n’ slash, on vous conseille ainsi de commencer au moins en “difficile”, le niveau “normal” étant vraiment peu palpitant. Mais même dans ce mode-là, il faudra faire avec très, très nombreux boss qui s’avèrent surtout être des sacs à PV et donc fastidieux à abattre. Allez, soyons optimistes et espérons qu’Echtra Games réglera tous ces problèmes d'équilibrage dans les prochaines mises à jour.
Points forts
- Quatre classes plutôt réussies
- Contenu conséquent pour un accès anticipé
- L’ambiance colorée et légère de Torchlight
- Artistiquement sympathique
Points faibles
- Impossible de jouer hors ligne
- Le jeu à plusieurs peu encouragé
- Des zones étriquées et labyrinthiques
- Une carte qui manque de lisibilité
- Un loot qui manque d’attrait
- Le Fort, pour le moment sans grand intérêt
- Bestiaire peu varié
- Encore beaucoup, beaucoup de bugs
Cet accès anticipé de Torchlight III est malheureusement bien inquiétant. On peut passer outre les bugs, les soucis de connexion, les erreurs de traduction ou même l'équilibrage de la difficulté. Mais certaines règles structurelles du titre d’Echtra Games nous font dire qu’il sera difficile de totalement relever la barre. Le jeu reste cependant à suivre, ne serait-ce que d’un oeil, car il propose quelques classes agréables à jouer et une bonne ambiance, tout en restant très accessibles pour les débutants dans le genre. Mais, en l’état, on vous conseille de vous en tenir éloigné.