Annoncé il y a seulement quelques semaines, XCOM Chimera Squad est d’ores et déjà disponible sur PC. Ce nouvel épisode d’une des licences les plus populaires en matière de jeu tactique tente plusieurs changements et resserre son intrigue à l’échelle d’une ville. Avons-nous affaire à un simple gros pack de missions inédites ou à une véritable suite ? Tentons d’y répondre.
Situé 5 ans après la fin de XCOM 2 , Chimera Squad vous place aux commandes de l’escouade Chimère, sorte de SWAT chargé de maintenir l’ordre et la paix au sein de City 31. Après la guerre et la victoire contre Advent, la cité est devenue le symbole du “vivre ensemble”, où humains et aliens cohabitent dans une harmonie toute relative. Plusieurs groupuscules tentent en effet de faire basculer la ville dans le chaos, refusant ce nouveau paradigme.
Quand XCOM rencontre The Shield
En matière de narration, Chimera Squad est donc bien plus resserré qu’un épisode de XCOM “classique”, avec toutefois une véritable volonté de parler d’histoires du quotidien. Un quotidien où des groupes religieux extrémistes utilisent leurs pouvoirs psioniques pour contrôler les foules et où la maire de la ville est victime d’un attentat dès les premières minutes. C’est là qu’entre en scène votre groupe de 11 agents, humains et aliens, dont il faudra prendre grand soin. C’est là l’un des changements majeurs de ce spin-off : un nombre d’unités fixe qui possèdent chacune son nom, sa biographie, sa personnalité et ses capacités propres. Ils ou elles s’appellent Claymore, Cherub, Patchwork, Terminal ou Godmother et doivent travailler ensemble, apprendre à se connaître et à se faire confiance. Firaxis a ainsi ajouté une couche de dialogues entre chaque mission, où les membres de l’escouade discutent de la pluie et du beau temps, se vannent, parlent de leur passé. Des dialogues qui se déroulent heureusement en fond sonore pendant que vous gérez votre base et qui ne coupent pas le rythme du jeu. II y a dans cette volonté d’humaniser ces héros trop souvent anonymes dans les précédents jeux une sorte de “Mass Effectisation” bienvenue et très agréable, même si l’on regrette une écriture globalement assez convenue, qui plus est desservie par un doublage français qui manque d’incarnation. Mais ne boudons pas notre plaisir : si l’on aurait aimé davantage de folie dans les répliques, un peu plus de profondeur et moins de personnages archétypaux, Chimera Squad parvient à son but : faire que l’on s’attache à son équipe et que l’on a envie de la chouchouter.
Pour le côté “macro”, le titre est divisé en trois grandes enquêtes, qui s’intéressent à chaque fois à un groupuscule différent. Chaque enquête est elle-même divisée en un ensemble de missions et sous mission et peut être résolue dans l’ordre que l'on souhaite. Les briefings se font très simplement via de courtes cinématiques dans l’esprit comic-book et le reste passe encore une fois par des dialogues à écouter pendant la phase de gestion. Un choix qui trahit évidemment un petit budget accordé aux développeurs, mais qui fonctionne bien et permet de se plonger rapidement dans l’action.
Ma 6T va cracker
Il est d’ailleurs temps d’évoquer l’un des piliers d’XCOM, encore ici présent : l’alternance entre combats tactiques et choix stratégiques pour développer correctement sa campagne. Nous l’avons dit en début de texte : Chimera Squad concentre son action sur une seule ville et la phase de gestion est, globalement, beaucoup moins riche que dans les précédents jeux. Il faudra ici garder un seul objectif en tête : éviter à tout prix que la cité tombe dans le chaos - c’est à dire atteigne un niveau d’agitation globale de 14 - sous peine de game-over. City 31 est ainsi divisé en quartiers, qui ont chacun leur niveau d’agitation. Délaissez l’un d’entre eux et la pagaille s’installe, le niveau monte et le risque de perdre définitivement devient de plus en plus réel. Pour maintenir l’harmonie, il faut donc effectuer des missions secondaires, mais également installer des équipes de manière fixe, qui pourront rapporter des ressources (crédits, elerium ou renseignements) et tenter de freiner le chaos. Chaque jour qui passe, correspondant à un tour de jeu, apporte son lot de ressources, mais également d’insurrection et vous devrez rapidement jongler entre les problèmes, faire des choix entre différents quartiers, pour tenter d’arriver au bout de chaque enquête sans trop d’encombres. Sur ce point, l’ADN d’XCOM est respecté, puisque vos ressources restent limitées et que vous ne pourrez pas être bon partout. On reste en revanche loin de la gestion poussée d’une base et il faut essentiellement se contenter “d’éteindre des incendies” et serrer les fesses en attendant d’atteindre la journée qui va vous permettre d’avancer dans l’intrigue principale.
Les phases entre les missions sont également l’occasion de faire évoluer son escouade, soit en les équipant d’un meilleur matériel, soit en débloquant des capacités spéciales via un classique arbre de compétence, soit en les envoyant à l'entraînement. Cette dernière phase est intéressante, car elle permet par exemple d’augmenter le nombre de points de vie ou de soigner une vilaine blessure intervenue dans une précédente mission, mais monopolise l’agent pendant plusieurs jours, qui sont autant de combats qu’il ne pourra pas effectuer. À vous de bien décider qui envoyer en formation en fonction de la prochaine mission, donc. De même, un agent peut être envoyé en mission spéciale pour récolter des ressources ou baisser le chaos de la ville. Cette phase de jeu est automatique, mais empêche l’unité de prendre part à un affrontement pendant plusieurs jours.
inflitration à coups de rangers
Une fois que tout est prêt de votre côté, que les 4 membres de l’escouade sont calés dans le transport et qu'éventuellement deux androïdes sont placés en secours en cas d’agent à terre, vous voilà prêt à partir à l’assaut. Commence alors la phase que tout amateur et amatrice d’XCOM attend : ce bon vieil affrontement au tour par tour. Dès les premières secondes, un gros changement sautera aux yeux des habitué(e)s : exit la phase d’embuscade, qui permet de placer très finement ses agents avant de sortir les flingues, place à une “infiltration”, soit un écran qui vous place devant différents points d’entrée : passer par une fenêtre pour vous placer en hauteur vous donnera un bonus de visée, tandis que la pose d’un explosif sur un mur surprendra vos ennemis et les empêcheront de contre-attaquer pendant l’assaut. À l’inverse, certains points d’accès peuvent appliquer différents malus : arme désactivée au premier tour, marquage ennemi qui occasionne plus de dégâts, etc. En fonction des missions, les points d’accès varient et c’est à vous de bien décider qui envoyer, et où.
Les missions de Chimera Squad, sont par ailleurs divisées en affrontements (entre 1 et 3 par missions, à quelques exceptions près), avec entre chacun d’entre eux une phase d’infiltration. C’est ici le moment d'utiliser les capacités spéciales des agents : Terminal peut par exemple soigner ses coéquipiers avant le prochain assaut, tandis que Patchwork peut envoyer son drone pour désactiver les armes des ennemis lors du premier tour. Cette idée d’infiltration est bonne et permet de dynamiser un peu plus les combats, tout en donnant un peu plus de place à l'inconnu, puisque l’on ne sait pas à l’avance quels vont être les points d’entrée. On constate cependant que cette idée est surtout exploitée dans les missions principales, la plupart des missions secondaires étant doté de peu de points d’entrée, diminuant de fait les possibilités tactiques.
Le tour par tour fait sa révolution
Une fois l’infiltration lancée et le premier assaut terminé, on passe à la vue isométrique bien connue d’XCOM et les tours de jeu commencent. Mais attention, là encore, gros changement par rapport aux précédents titres : agents et ennemis se déplacent alternativement et l’on peut savoir à l’avance qui va bouger et à quel moment, via une frise sur le côté droit de l’écran. C’est une énorme nouveauté, puisque XCOM 1 et 2 faisait d’abord se mouvoir tous les alliés, puis les ennemis, dans deux phases distinctes. Ici, on se rapproche plus de ce que peut proposer un RPG au tour par tour (pensez à Divinity Original Sin par exemple), l’ordre de tour étant en partie déterminé par notre placement des agents durant la phase d’infiltration. Mine de rien, cette réorganisation des tours de jeux modifie largement la façon de jouer et permet surtout de mieux anticiper le combat et de s’adapter en fonction de la frise à l’écran. Vous ne jouerez pas de la même façon si vous savez que Terminal, la soigneuse de l’escouade, joue juste après Claymore, le spécialiste des explosifs. Ce dernier peut ainsi prendre un peu plus de risque et aller davantage au contact, puisqu’il sait qu’il pourra être soigné juste après, par exemple. Mine de rien, ce changement impose un rythme très différent aux parties, plus dynamique, avec la possibilité de davantage anticiper ce qu’il va se passer sur le terrain. Sachez également que, contrairement aux autres XCOM, il est impossible de perdre un agent sans perdre le combat en cours : chacun d’entre eux est crucial pour la suite de la campagne. Si un soldat est à terre, vous avez quelques tours pour le stabiliser. Il sera alors évacué au prochain affrontement et éventuellement remplacé par un androïde (qui est, lui, sacrifiable).
Infiltration et tours alternés sont donc les deux grosses nouveautés des combats de Chimera Squad, qui reste en dehors de cela proche de ce que l’on a connu sur XCOM. La mise à couvert est toujours primordiale, le taux de réussite d’un tir est un bon indicateur, mais en rien une garantie de toucher (les ratés à 90% sont encore présents), mais les combats sont ici un peu plus resserrés, avec beaucoup de missions en intérieur, dans des décors relativement variés. Le moteur 3D commence cependant à accuser son âge et l’on n’échappe toujours pas à d’étranges angles de caméras durant les transitions. Plus gênants, vers la fin de la campagne, nous avons constaté de nombreux bugs d’animations, avec par exemple des ennemis qui attendent de longues secondes avant de frapper ou un drone qui se déplace complètement en dehors de la carte, mais qui soigne tout de même un agent. Rien de bloquant, mais de quoi gâcher un peu l’immersion et le rythme des parties.
Chimera Squad est donc un bon spin-off de XCOM : s’il n’a pas l’ampleur d’un épisode canonique, il introduit plusieurs nouveautés intéressantes, dont la plus réussie est très certainement le système de tours alternés. Côté durée de vie, vous pourrez compter sur 20 heures de jeux au minimum, sachant qu’une fois de plus, la difficulté est largement paramétrable. Les vétérans pourront ainsi jouer en mode hardcore ou Iron Man, où la moindre mort d’agent signifie la fin de la campagne, avec une seule sauvegarde possible. À l’inverse, vous pouvez basculer à tout moment - et en revenir - dans un mode de difficulté plus doux, en choisissant par exemple un soin complet des agents entre chaque affrontement. Une souplesse bienvenue, qui permet à tout le monde de profiter du titre à son rythme.
Points forts
- 11 agents agents attachants, qui ont une vrai personnalité
- Le nouveau système de tours alternés, qui dynamise les combats
- Les phases d'infltration, qui ajoutent du suspense
- Très bonne durée de vie
Points faibles
- La phase de gestion de ville, qui manque de profondeur
- Une écriture qui manque un peu de folie
- Moteur 3D vieillissant
- Encore et toujours des bugs de caméras
- Objectifs de missions souvent redondants
XCOM Chimera Squad vous embarque pour 20 à 30 heures, dans une intrigue qui met en avant des agents attachants, à la personnalité bien définie. On a envie de prendre soin de ce groupe chargé de maintenir l’harmonie dans une ville qui tente tant bien que mal de faire cohabiter humains et aliens. Plus qu’une simple extension stand-alone pour XCOM 2, Chimera Squad introduit une poignée de nouveautés bien trouvées, dont la plus intéressante est assurément l’ordre des tours alternées entre alliés et ennemis. Avant tout dédié aux combats tactiques, le titre de Firaxis délaisse quelque peu l’aspect gestion au profit d’un système de maintien de l’ordre de la cité qui manque de profondeur, mais dont on s'accommode très bien. Plaisant à jouer, mais toujours doté des mêmes tares techniques (bugs de caméras, moteur 3D vieillissant), Chimera Squad reste cependant un bon épisode, à la fois pour les amateurs et amatrices de la saga, mais également pour les nouveaux venus, qui découvriront un jeu tactique profond, mais très abordable.