Près de 17 ans après sa sortie, le troisième épisode de la saga Jedi Knight s'offre un nouveau portage sur PS4 et Switch. Une riche idée qui permettra à de nombreux joueurs de découvrir ou redécouvrir les aventures de l'apprenti Kyle Katarn, mais qui interroge aussi au regard de l'ancienneté du titre : qu'il s'agisse de sa construction, sa prise en main ou son contenu, que vaut Jedi Academy aujourd'hui ?
Vendu à 19,99 € sur l'eShop, Star Wars : Jedi Knight : Jedi Academy (d'un poids de 3.5 Go) propose le même contenu que le titre original, qu'il s'agisse du solo ou du multijoueur. La présence de ce dernier est déjà une bonne nouvelle en soi puisque d'autres portages se sont déjà passés d'un tel mode à l'heure de revenir sur les consoles actuelles. Au rayon des nouveautés, on notera seulement quelques légers ajustements dans les options permettant notamment d'activer ou désactiver à loisir la gyroscopie pour la visée en mode portable. Le titre propose d'ailleurs suffisamment d'options pour jouer selon vos préférences, avec notamment un système de visée calqué sur le mouvement des Joycons. Plus amusant que réellement pratique, l'idée a fait long feu dans notre session de jeu et nous nous sommes rapidement tournés vers les contrôles plus conventionnels.
Ceux-ci tiennent étonnement la route, bien couplés à des mécaniques de combat qui offrent encore des sensations plaisantes. C'est clairement le point sur lequel le titre s'avère encore intéressant, surtout avec la possibilité de customiser assez librement vos parties en multijoueur : nous n'avons d'ailleurs pas rencontré de souci de matchmaking au cours de nos parties, et le problème rencontré par certains avec la présence de joueurs PC sur les serveurs devrait bientôt être corrigé par l'équipe d'Aspyr Media, en charge du portage. L'absence de multi local reste toutefois regrettable, tant il aurait été adapté sur le support : il faudra donc se contenter des parties contre des bots et d'autres joueurs en ligne.
Côté technique, le titre fait évidemment son âge, en témoigne la réalisation pré-mocap (clin d'oeil à l'effet du pouvoir de "sensation", qui évoque le motion design d'une pub de téléphone rose des années 2000) et le doublage qui manque de conviction. Deux témoignages d'une époque lointaine qui n'aident pas forcément à apprécier une campagne par ailleurs très honnête, malgré un game design qui accuse lui aussi le poids des ans. En revanche, ce portage a le mérite d'être fluide et stable et terme de framerate, un atout essentiel au regard de son gameplay très dynamique, tandis que l'aliasing s'avère assez discret pour profiter un minimum des environnements. C'est plutôt du côté de l'interface que l'on trouvera à redire, celle-ci étant désuète et même pas toujours très bien pensée, notamment lorsque vous devrez paramétrer une partie en multijoueur. Une petite refonte de celles-ci n'aurait pas été de trop.
Le test original de Star Wars : Jedi Knight : Jedi Academy par Dinowan (14/09/2003)
Série culte chez les fans de Star Wars depuis un sacré bail, Jedi Knight arrive pour son troisième opus, voire quatrième si l'on compte Dark Forces. Cette fois, Kyle Katarn ne sera pas le héros de l'histoire même s'il ne se fait pas oublier. C'est Jaden que vous incarnez, jeune recrue très prometteuse de l'Académie Jedi de Yavin 4, et justement élève de Katarn. C'est en sa compagnie et en celle de Skywalker que vous allez mener l'enquête sur un nouveau groupe de Siths qui semblent se livrer à de biens étranges exactions.
Allez hop, on se lance dans le vif du sujet avec la création du personnage. Cela reste assez sommaire, on choisit le sexe, la race (humain, Twi'lek, Rodien, Zobrak ou Kel'dor), une couleur et un manche de sabre. Premier changement notable vis-à-vis du dernier volet en date, ici, vous détiendrez la Force et votre sabre dès le début du jeu, inutile de se cogner une moitié de jeu sans ses aptitudes qui en font tout l'intérêt comme ce fut le cas dans Jedi Outcast. Ce qui n'empêche pas les premiers niveaux de se montrer relativement fades ceci dit (la suite étant de bien meilleure qualité, notamment une fois que les sabres chauffent). La progression dans le jeu se fait par sets de missions. 4 missions vous sont proposées, sans rapport nécessaire avec le scénario. Il s'agira du travail habituel des Jedis, sauvetages, captures, elles se montrent assez variées et vous devrez aussi bien récupérer des morceaux de vaisseau dans un désert plein de vers des sables après un crash que vous échapper d'une prison. Dans un autre registre, vous aurez aussi à empêcher les Vestiges de l'Empire de s'emparer du gaz Tibana de Bespin. De temps en temps, on se latte un Jedi Noir et zou. Une fois ces quatre missions accomplies dans l'ordre souhaité, une cinquième, principale et liée au scénario, reste à faire afin de passer au prochain set, une bonne idée qui rend le jeu moins linéaire. A moins que vous ne préfériez faire un tour du côté de l'académie afin d'augmenter vos points de Force.
Surprise en effet, contrairement à Jedi Outcast, vous pouvez attribuer librement vos points de Force à la manière du premier Jedi Knight. En fait, les 8 pouvoirs principaux évoluent d'eux-mêmes (sauts, avant, arrière, vitesse,) mais les 8 pouvoirs secondaires sont à choisir. Chacun disposant de 3 niveaux, à vous de voir si vous préférez vous spécialiser dans certains domaines ou jouer les touches-à-tout. Parmi ces pouvoirs on retrouve ses habitudes avec la si efficace poigne de Vador, on s'éclate à pousser les stormtroopers dans le vide, on grille tout le monde avec les éclairs, on se soigne selon la méthode Jedi etc. Parmi les nouveautés, on citera la Sensation, qui permet de voir les ennemis ou les objets importants, et la Rage qui multiplie votre force et votre vitesse mais vous épuise en contrepartie. Le fonctionnement est exactement le même que dans l'épisode précédent, on dispose d'une jauge de Force qui diminue en cours d'usage et se remplit au repos. A noter que les 8 pouvoirs se répartissent entre ceux relevant du côté Jedi et ceux empruntés au Côté Obscur, ce qui n'a guère d'incidence remarquable sur l'évolution du personnage, c'est assez dommage soit dit en passant.
Mais la grosse nouveauté dans Jedi Academy concerne les duels au sabre. De nouveaux combos font leur apparition et surtout de nouvelles armes. Il vous faudra un peu d'expérience avant de pouvoir utiliser deux sabres à la fois ou un sabre à double lame mais la chose en vaut la peine. De nombreux coups font leur apparitions et enrichissent un peu le jeu. Entre autres vous pourrez faire danser vos deux sabres autour de vous histoire de vous débarrasser de vos ennemis ou utiliser un nouveau coup de pied avec la double lame (en direct de l'Episode 1). Les attaques sont bien de surcroît plus variées grâce aux nouveaux combos qu'on acquiert progressivement. Déjà bien fun dans Outcast, les duels au sabre prennent ici une nouvelle envergure, et une grande classe vu l'aspect spectaculaire des mouvements. Aucun doute, pour les fans c'est un régal. Autre nouveauté mais cette fois pas franchement réussie, la possibilité de contrôler des véhicules ou des animaux du genre Taun Taun. Hem, alors là, c'est rigolo 5 minutes mais vu la maniabilité de la chose, on s'en passe très volontiers. Tant qu'on avance droit tout va bien mais alors dès qu'il faut tourner ça devient de suite plus laborieux.
Résumons-nous pour y voir plus clair : début un peu lent, missions suivantes plus excitantes, plus de pouvoirs, sabres lasers transcendés. Bon OK, on y est. Seulement voilà, il reste des choses un peu regrettables. A commencer par les missions un peu inégales parfois et surtout un gameplay qui n'a pas tellement changé depuis un bout de temps. Avant de passer au nouveaux sabres, on a vraiment l'impression de rejouer à Jedi Knight 2 durant les premiers niveaux. Le gameplay basé sur l'exploration n'a pas vraiment évolué, encore qu'un effort ait été fourni pour éviter de nous faire passer une heure à chercher une clé. Mais dans le fond, c'est toujours plus ou moins la même formule qui se révèle parfois assez pénible (parfois j'ai dit). On déambule dans d'immenses maps, toujours aussi vertigineuses d'ailleurs, parfois la sauce prend comme autrefois, d'autres on s'ennuie et on a hâte de finir le niveau. Du coup, si on ne peut que se montrer absolument ravis des améliorations en terme de « simulation de Jedi », on ne peut que regretter cette sensation de déjà vu dans la progression.
Un sentiment renforcé par les graphismes du jeu qui utilisent toujours le même moteur (Quake 3). Le titre ressemble énormément à son aîné de l'année dernière. Ceci dit quelques effets ont toutefois été ajoutés essentiellement au niveau des sabres. Les chocs des lames donnent lieu à de plus belles gerbes d'étincelles et les affrontements massifs engendrent de superbes reflets sur les parois. Les textures se montrent un peu riches en détails mais tout comme les modèles 3D, elles font pâle figure à côté des standards actuels. Pourquoi Raven n'a-t-il pas carrément eu recours à un moteur remis au goût du jour ? Par soucis d'économie sans doute.
Je me retrouve à la fois ravi et un brin frustré par Jedi Academy. D'un côté nous avons les nouveautés au niveau des sabres, les nombreux nouveaux mouvements en combats (rétablissements, attaques plus variées) et quelques nouvelles acrobaties, mais de l'autre des missions tantôt prenantes tantôt fatiguantes et un moteur plus très à jour. Mais dans le fond, l'évolution est bien là, les duels au sabre laser ont vraiment gagné en complexité et en fun, l'enthousiasme suit.
Points forts
- Le dynamisme des combats, toujours aussi plaisant
- Les nombreuses possibilités de configuration du multijoueur...
Points faibles
- ... malgré l'absence du multi local
- Interface vieillissante et mal pensée
- Visuellement très daté
S'il accuse forcément son âge, Jedi Knight : Jedi Academy garde quelques beaux restes, en particulier sur ses mécaniques de combat toujours très plaisantes à prendre en main, et la présence d'un mode multijoueur riche en possibilités. Il reste par ailleurs difficilement recommandable à tous les joueurs, en témoigne ses graphismes et sa réalisation datée, ou même son interface qui aurait mérité un bon dépoussiérage en cours de route. Reste le caractère portable de l'expérience, principal apport d'une version correcte, mais qui reste en l'état moins intéressante que son homologue sur PC. Vous voilà prévenus.