L’histoire d’une modeste divinité nordique

Nous voici plongés dans un monde fantastique inspiré par les légendes et divinités nordiques. Vous incarnez l’un d’entre eux, le dieu des animaux, considéré comme insignifiant par Thor, Odin et tout le gratin du folklore scandinave. Il va donc falloir faire ses preuves. Après un premier combat impressionnant face à un kraken, nous sommes présentés à Loki qui fera office de mentor durant la première partie de cette aventure très scénarisée. Il est accoudé au bar d’une taverne faisant office de hub central. À partir de là, il est possible d’utiliser la carte pour se rendre dans diverses régions comprenant de nombreux objectifs à remplir. Pour commencer, Loki nous envoie en Midgar afin d’aider une jeune guerrière dont le clan a été décimé par un dieu quelque peu irrité.

Grâce à nos capacités divines, nous pouvons investir son corps afin de la guider vers le chemin de la vengeance. Nous nous retrouvons alors en vue à la première personne avec la possibilité de manier les armes, comme dans un Skyrim. Mais il est également possible de reprendre sa forme de dieu et de profiter ainsi d’une vue plus globale, pratique pour résoudre des énigmes ou utiliser certains pouvoirs. Une dualité très intéressante qui offre une vraie originalité à cette expérience. Si l’humain que nous possédons se retrouve face à un énorme rocher bloquant la route, il faut par exemple revenir à la forme divine afin de retirer l’obstacle. Un concept qu’Asgard’s Wrath n’invente pas, mais que la réalité virtuelle parvient à transcender.

Ce n’est pas tout. Afin de progresser, il est nécessaire de faire appel à différents compagnons anthropomorphiques auxquels nos mains créatrices peuvent donner vie. Requin, ours, loup, taureau… Autant de créatures possédant chacune des qualités et capacités propres qui s’avéreront essentielles pour résoudre certains puzzles. Nous avons par exemple Hulda, une tortue capable de repousser les flammes à l’aide de son épais bouclier, ou encore Siggi, une grenouille qui se fera un plaisir d’attraper des objets hors de portée avec sa langue. C’est en changeant intelligemment de compagnon que vous pourrez ainsi avancer à travers les six grands actes du scénario. Si nous ne vous gâcherons pas le plaisir de la découverte, sachez que l’histoire, plutôt bien écrite et mise en scène avec brio, vous réserve quelques surprises. Certains passages sont particulièrement marquants, comme lorsque, revenant de mission, vous découvrez votre taverne plongée dans le noir et vidée de tous ses occupants habituels. Frisson garanti !

Une véritable expérience AAA

Nous avons abordé le fonctionnement général de ce Asgard’s Wrath, plongeons-nous maintenant dans ses mécaniques plus en détails. Il s’agit d’un action-RPG et nous y retrouvons donc tous les éléments de gameplay classiques du genre, à commencer par la customisation. En vous rendant chez le forgeron vous pourrez, sans surprise, obtenir de nouvelles armes et équipements. Pour cela, il faut bien veiller à collecter un maximum de ressources lorsque vous êtes sur le terrain, comme les minerais, le cuir et autres composants. Il est également possible d’améliorer la puissance des compagnons. En échange de quelques éléments récoltés ici et là, le forgeron peut faire monter le niveau de vos amis animaux, ce qui les rendra plus résistants et efficaces en combat. Bref, tous les éléments classiques du jeu de rôle sont là, avec une petite originalité supplémentaire : nous incarnons différents personnages au fil des actes. Leurs techniques varient ainsi en fonction de leur profil (guerrier, mage, orc...).

Certaines des armes disponibles possèdent des capacités spéciales, comme une hache boomerang ou encore Angurvadal, une épée légendaire capable de briser deux barres d’armure d’un coup. Cette richesse dans l’arsenal, accompagnée de quelques trouvailles intéressantes des développeurs, font d’Asgard’s Wrath un jeu éminemment fun. Du côté des combats, nous retrouvons des mécaniques classiques de parade réclamant une certaine réactivité. Si le tout est aujourd’hui devenu un peu convenu, la présence des compagnons vient ajouter une saveur supplémentaire à ces batailles. Notons toutefois que les ennemis réapparaissant régulièrement à certains endroits, il n’est pas rare de devoir affronter plusieurs fois le même groupe de monstres lorsque vous tournez en rond à la recherche d’une solution à un puzzle. Un défaut qui ne manquera pas de fatiguer certains joueurs, les combats rapidement répétitifs n’arrangeant rien au problème. Attaque, parade, contre-attaque, parade, contre-attaque…

En dehors des affrontements, les énigmes sont bien conçues et l’aventure globalement bien rythmée. Surtout que, RPG oblige, vous pouvez prendre part à des quêtes secondaires selon votre bon vouloir. Certaines sont rapides, comme lorsqu’un gnome vous demande un objet, et d’autres réclameront bien plus d’investissement. Si nous n’avons pas affaire à un open-world, les différentes régions visitées offrent tout de même une certaine liberté. Attention cependant, l’emphase est mise sur la recherche et la résolution de puzzles, plutôt que sur la baston. Si vous cherchez de l’action non-stop à la Blade & Sorcery, ce n’est pas ici que vous trouverez votre bonheur.

Le wow effect

Par contre, si vous êtes en quête d’une expérience prenante, immersive et à même de vous occuper durant des dizaines d’heures, ne cherchez plus. Il est même possible (et conseillé) de revenir dans des régions précédemment parcourues afin d’en dénicher tous les secrets. Inutile d’en dire plus, investir la trentaine d’heures demandée pour finir l’aventure est donc un véritable plaisir, notamment grâce à un univers maîtrisé. Les décors nordiques sont superbes, la bande-sonore aussi, tandis que les nombreuses phases de gameplay différentes fonctionnent parfaitement bien. Vous vous surprendrez certainement à murmurer un petit ‘wow’ lorsque vous tomberez face à certains boss colossaux. On ne passe pas à côté des classiques problèmes de collision faisant danser le disco aux cadavres, mais nous restons tout de même face à une production travaillée, peaufinée et très peu buggée.

D’un point de vue purement technique, Asgard’s Wrath est tout à fait solide. Si c’est visuellement aussi agréable, c’est grâce à une direction artistique réussie, certes, mais également grâce à un moteur graphique robuste. Les modèles sont de qualité, les jeux de textures harmonieux et les effets sont là pour ajouter une petite couche de beauté supplémentaire. Malheureusement, cette splendeur à un prix : les temps de chargement. Il faut parfois être patient lorsque vous changez de zone, sachez-le. Enfin, pour ce qui est du confort de jeu, Sanzaru nous livre une expérience bien optimisée et peu vomitive. Il n’est pas possible de se déplacer à l’aide de téléportations, mais les menus proposent de nombreuses options permettant de personnaliser les mouvements de votre avatar.