Annoncé en 2014 pour une sortie initiallement sur Vita, EarthNight est finalement arrivé dans les mains des joueurs à travers le service à abonnement Apple Arcade. Quelques mois plus tard, le runner rogue-lite s'échappe et débarque sur consoles pour mener la guerre contre des dragons de l'espace. Mais que vaut réellement ce portage du titre développé par Cleversoft ? Réponse dans ce test, réalisé sur la version Nintendo Switch.
On a plané vers la Terre
C'est un pari risqué que fait le studio en proposant sur console un format a priori bien plus à l'aise sur les boutiques d'applications mobile. Earthnight propose aux joueurs d'incarner Sydney et Stanley, deux personnages vivant dans un vaisseau orbitant autour de la planète Terre en compagnie d'un ingénieur. La raison ? Les dragons ont ravagé l'endroit et gravitent désormais autour du globe, contraignant les humains à s'en éloigner. Bien décidés à reconquérir leurs terres, les personnages décident de se jeter dans le vide et d'éliminer les créatures, afin d'atteindre le plancher des vaches et de sauver le monde.
D'emblée, et par ce pitch, le runner se détache des interprétations habituelles du post-apo, plus enclin à nous proposer des guerres nucléaires, des zombies, ou un drame écologique. Cela est d'autant plus renforcé par les couches atmosphériques que l'on traverse, faisant office de "mondes", dont les noms deviennent de plus en plus étranges, de même que l'aspect de la planète, qui devient de moins en moins accueillante au fur et à mesure que l'on s'en rapproche.
Courir, collecter, tuer...ou être tué
Construit de manière procédurale, le jeu propose aux joueurs d'atterrir sur le dos des dragons composant l'univers, et de courir sur leurs dos. Le défilement étant automatique, les joueurs n'ont qu'à sauter et atterrir puisque le saut est contrôlable, éliminer les ennemis ou rebondir dessus, et récolter le butin ainsi que les divers powers ups temporaires, qui se débloquent et s'améliorent au fur et à mesure de la progression, en se rendant dans l'atelier. Cependant, chacun des deux personnages dispose de ses propres méthodes de saut. Ainsi, Sydney peut dasher et effectuer un double saut, tandis que Stanley dispose d'un saut en hauteur et d'un saut en longueur. Si chaque personnage demande un petit temps d'adaptation, les contrôler avec précision se fait bien plus rapidement avec un pad que via des contrôles tactiles, rappelant qu'avant le mobile, le titre était prévu sur une console portable.
Si les premiers essais se concluent par une mort rapide, on débloque rapidement améliorations et objets, que l'on collecte directement sur le dos des bestioles. En bout de course, on arrive sur la tête des dragons, et on tente de les abattre en trouvant le bon rythme de frappe. Ceci fait, on replonge dans le vide en direction du sol, et on recommence l'opération en allant le plus loin possible. Dès lors qu'on a évoqué cela, et en sachant que le titre ne contient aucune micro-transaction, on sent qu'on a affaire à un runner un peu différent des autres, atténuant d'autant plus la frustration liée à la mort. Pensé pour les courtes sessions, une run se termine en une trentaine de minutes, en sachant que pour une run complète, il ne faudra guère plus de 35 minutes.
Une progression agréable manquant toutefois de lisibilité
Cependant, il y a toujours un power-up à débloquer afin de progresser plus facilement, et d'obtenir la tête de chaque créature. Mieux encore, le parcourir régulièrement est plaisant, la sensation de progression dure assez longtemps pour que l'expérience justifie qu'on y revienne. Les joueurs disposeront ainsi divers types de bottes, améliorant et donnant des effets aux sauts, des épées, des boucliers, ou encore des modificateurs changeant l'aspect visuel du jeu. Ainsi, en plus de la belle verticalité des niveaux, la rejouabilité est assez importante pour que vous soyez capables de passer outre la répétitivité du level design et quelques problèmes de lisibilité.
En effet, si le jeu jouit d'une direction artistique solide bien que manquant parfois de cohérence, et que chaque dragon apparaît de manière aléatoire dans son "biome", on retrouve systématiquement les mêmes ennemis et leurs patterns parfois frustrants, les mêmes événements. Si la progression et les objets permettent d'oublier un peu ce manque de variété, les ennemis occasionnent de sérieux problèmes de lisibilité. Earthnight incite à toujours enchaîner, rebondir, collecter, afin d'effectuer des combos apportant plus de trésors et permettant de regagner un peu de vie. Le problème est que, par la taille de certains ennemis et la verticalité omniprésente, on a parfois bien du mal à savoir où on se dirige et à anticiper la présence des monstres. De plus, dès lors que les niveaux se chargent et que la vitesse augmente, la version Switch souffre de problèmes de framerate, ce qui est assez problématique dans un jeu basé sur une forme de flow.
Points forts
- Un runner plus profond que la moyenne
- Idéal au pad
- Le soin apporté aux animations et à la direction artistique
- Un bon sentiment de progression au fil des runs
Points faibles
- La structure des niveaux qui peine à réellement se renouveler
- Le manque de lisibilité dès qu'il y a de la vitesse et de la verticalité
- Des ralentissements dans les zones chargées, au moins sur Switch
Earthnight est un runner qui se détache de la masse par une proposition plus profonde que le reste des jeux du genre, une absence totale de mécaniques pay-to-win, et une prise en main efficace. Dessiné et animé avec soin, le titre est agréable à parcourir, plutôt malin dans sa manière d'inciter à relancer une nouvelle partie, et assez bien calibré pour toujours donner un sentiment de progression. Malheureusement pour lui, des problèmes de lisibilité laissent un peu trop souvent le joueur entre les mains de la déesse Fortune, tandis que les niveaux peinent à proposer autre chose qu'un niveau de difficulté plus relevé. Un titre à recommander aux joueurs qui souhaitent occuper leurs trajets et quelques minutes de temps libre, sans avoir à attendre ou ressortir la carte bleue.