Du haut de ses 38 albums et de ses 60 bougies soufflées cette année, les irréductibles Astérix et Obélix ont largement et depuis longtemps trouvé leur place au cinéma et dans le jeu vidéo, avec notamment, et pour la plus populaire, la saga des XXL. Après un remake du deuxième épisode sorti cette année, les Gaulois nous reviennent pour un XXL 3 qui tente de moderniser la formule, au risque de perdre un peu de son identité au passage.
Une histoire convenue, mais plaisante
Alors que tout ou presque est tranquille dans le petit village gaulois que l'on connaît bien, le vénérable Panoramix reçoit une lettre de sa consoeur Hella Finidrir, prêtresse de la contrée de Thulé (comprenez l'Islande) qui lui indique que son île est en passe de tomber sous le joug du redoutable Jules César. Pour lutter contre cette invasion, la prêtresse indique au druide qu'un menhir aux propriétés incroyables et baptisées le Snaefellhelgajökull se trouve caché dans une grotte de Thulé et qu'il pourrait aider à repousser les forces ennemies. Malheureusement, pour retrouver toutes ses propriétés magiques, le menhir doit être serti de 3 éclats qui, naturellement, sont manquants au moment ou Astérix et Obélix le dénichent. Le prétexte est donc tout trouvé pour faire voyager nos compères dans différents environnements, un par éclat manquant
L'histoire, qui n'est ni inspirée d'un long métrage, ni d'un album, n'est assurément pas la plus palpitante que l'on ait connue dans l'univers d'Astérix, mais dans l'ensemble, l'esprit d'Uderzo et de Goscinny est respecté, avec son lot d'anachronismes, de jeux de mots, de petites touches d'humour léger... En somme, l'aventure se suit sans déplaisir, à plus forte raison que les environnements traversés sont assez variés et la direction artistique suffisamment jolie pour capter l'attention.
Des placements de caméras parfois maladroits
Cependant, quelques bouleversements sont à prévoir pour les fans de la série. Désormais précalculée, la caméra n'autorise plus de rotation autour de nos compères. Un choix qui s'inscrit sans doute dans une logique d'accessibilité, mais qui dans les faits ne s'avère pas toujours très heureux. Outre le fait que les changements d'angles donnent parfois le tournis, le positionnement de la caméra empêche souvent une bonne lisibilité de l'action et interdit toute précision sur les quelques phases de plates-formes en raison de perspectives faussées. Lorsqu'un ennemi se trouve en haut de l'écran ou dissimulé derrière une tente, vous n'aurez pour visuel que la silhouette de votre personnage et non celle de l'ennemi à abattre, ce qui vous contraint à frapper aléatoirement. Et côté perspectives, Astérix ne peut pas sauter, mais simplement effectuer un dash. Lorsque la caméra est légèrement en biais, il est parfois compliqué d'aligner convenablement notre personnage pour le propulser dans la bonne direction. Ajoutez à cela des hitbox pas franchement précises, qui vous causeront souvent des problèmes lorsqu'il s'agira d'esquiver une plate-forme dangereuse, par exemple, ainsi que de nombreuses chutes de framerate, et vous comprendrez que l'ensemble du gameplay d'Astérix & Obélix XXL 3 peut s'avérer franchement laborieux.
On nettoie un camp de légionnaires
Un mélange de combat et d'énigmes un rien déséquilibré
Les combats peuvent cependant avoir quelques fulgurances. Vos deux compères disposent de 4 pouvoirs spéciaux. Faire tournoyer les Romains, donner un uppercut pour briser les boucliers, charge en ligne droite sont autant d'opportunités offertes à vous pour baffer du légionnaire, sous réserve que vous ayez suffisamment d'énergie pour déclencher ces attaques spéciales. En outre, en cas de difficulté, Astérix peut boire une gorgée de potion magique pour décupler ses forces tandis qu'Obélix peut demander à Idéfix de lancer l'assaut sur les forces de César. Pour compléter le tout, les éclats que vous pourrez sertir dans le menhir à mesure que vous progresserez dans l'aventure vous permettront de manipuler les éléments autant pour booster vos dégâts sur les Romains que pour résoudre les énigmes.
C'est d'ailleurs de ce côté que le titre s'en sort clairement le mieux. Sans être d'une difficulté folle, les puzzles du jeu sont assez bien construits et, si certains sont pensés pour la coopération, qui fait enfin son introduction dans le jeu et qui est accessible à tout moment de la partie – un excellent point – l'ensemble est tout à fait réalisable seul. Ces séquences, assez rares, apportent un peu de fraîcheur au jeu qui se calque trop souvent sur la même structure. Sur les 8h demandées par le titre pour être traversé, vous serez le plus souvent amené à nettoyer des camps de romains, entre deux traversées de niveaux parsemés d'ennemis. Pensés comme des donjons, les camps romains sont peuplés de différents grades d'adversaires. Il faudra prioriser l'attaque des gardes qui sonnent l'alerte et font sortir des tentes les ennemis environnants, tandis qu'il sera nécessaire de sauvegarder un peu d'énergie pour vos uppercuts, afin de briser les boucliers des ennemis les plus résistants. Tout ceci demande un minimum de doigté, mais ne s'avère pas très palpitant à la longue. Le seul vrai sentiment de puissance de nos deux gaulois se dégage lorsque les Romains sont très nombreux, ce qui n'arrive finalement qu'assez rarement, tant et si bien qu'il est facile de se retrouver à court d'énergie faute d'ennemis à baffer pour en accumuler. Une mauvaise gestion de l'architecture du combat et c'est la mort assurée, mort qui vous contraindra à recommencer l'intégralité du camp depuis le début. Sachant que certains d'entre eux sont particulièrement longs, nul besoin de préciser que la frustration en cas de mort est réelle. Il est certes bien possible d'acheter dans des boutiques quelques améliorations pour doper un peu les capacités de nos héros, mais cela s'avère insuffisant pour insuffler du punch à l'ensemble des affrontements et c'est tout de même regrettable, lorsque l'on connaît les méthodes des irréductibles Gaulois.
Points forts
- Plutôt charmant
- Le respect de la patte Astérix dans le ton
- Quelques énigmes sympathiques
- La coopération, accessible à tout moment
Points faibles
- Caméra souvent mal placée
- Des hitbox imprécises
- Les combats manquent de punch
- Framerate inconstant
- Les checkpoints souvent mal répartis
Sans vouloir tomber dans les travers du Gaulois réfractaire, les changements opérés sur ce XXL 3, bien que compréhensibles, ne s'avèrent pas toujours très heureux. Si l'on appréciera l'arrivée bien intégrée de la coopération et que l'esthétique charmante du jeu sert plutôt bien une histoire convenue, mais pas désagréable, les joueurs pesteront sans doute contre une caméra pas toujours bien placée, qui fausse parfois les perspectives, des combats qui manquent de pêche, des checkpoints assez mal répartis ou encore un framerate parfois souffreteux. Si le titre est assez correct dans son ensemble, il aurait gagné à déployer des phases plus variées et un gameplay plus profond.