À l'occasion de l'arrivée des fêtes d'Halloween, on est en droit de se demander quel titre serait à même de nous effrayer pendant la nuit du 31 octobre au 1er novembre. Après Blair Witch, Daymare : 1998 ou encore Call of Cthulhu, c'est au tour des gars de chez Funcom et de Rock Pocket Games de rentrer en scène pour présenter leur production horrifique basée sur la mythologie du MMO The Secret World. Alors Moons of Madness est-il aussi effrayant qu'annoncé ? Réponse dans quelques lignes.
Moons of Madness dévoile sa bande-annonce cauchemardesque
Tout comme Call of Cthulhu, Moons of Madness s'inspire beaucoup des écrits de H. P. Lovecraft. Le joueur se retrouve alors projeté sur la planète Mars, avec quatre de ses camarades, dans une base spatiale réalisant diverses recherches sur une plante extraterrestre. Bien évidemment, à la manière des personnages de la nouvelle L'Appel du Cthulhu, nos nouveaux amis sont régulièrement atteints de cauchemars étranges et plutôt effrayants. Shane Newehart, un spationaute courageux, suite à ses mauvais rêves et à des problèmes techniques qui ont lieu à quelques kilomètres de là, devra alors sortir de son cocon et s'aventurer sur la planète rouge pour réparer des installations.
Dans l'espace, personne ne vous entendra crier
Dans cette toute première partie, le jeu à la première personne de Rock Pocket Games prend le temps de nous mettre dans la combinaison de spationaute de Shane Newehart en nous partageant avec bravoure son quotidien. Shane Newehart prendra alors un moment pour s'installer devant son ordinateur afin de lire ses mails et déjeuner avant de partir au travail. Même si ce quotidien s'avère sans danger, il règne dans cette atmosphère une ambiance pesante et claustrophobe. Les salles sont confinées et à l'extérieur l'oxygène se fait rare. Mais pour apaiser le joueur, Shane Newehart, à la manière du personnage principal de Firewatch, est régulièrement interrompu dans ses activités par les différents appels de ses collègues se situant à quelques lieues de sa position.
Malheureusement, cette tension se dissipe rapidement puisque contrairement à Alien : Isolation ou au film qui inspire ce dernier, la bête ne se déplace pas dans l'ombre pour mieux nous surprendre. Dans Moons of Madness, le Cthulhu, une bête énorme composée d'un corps humain et d'un nombre incalculable de tentacules, se montre à nous dès le début du jeu dans une longue séquence scriptée invitant notre héros à prendre ses jambes à son cou. La poursuite qui suit se révèle alors sans danger, puisque tout est bien trop dirigiste. Le joueur, habitué du genre horrifique et plus généralement aux codes du jeu vidéo, comprendra rapidement que le danger n'en est pas un véritablement. Il n'interviendra qu'à de rares moments lors de séquences pré-écrites, mais jamais au détour d'un couloir, ni même quand notre spationaute cherche des indices pour réussir des énigmes. Le titre ne sera donc jamais effrayant pour la majorité d'entre-vous. Le joueur avancera donc sans s'attarder sur le petit nombre de jumpscares inefficaces qui s'amuse à sauter sur la caméra.
Le second souci, bien plus important encore, réside dans les mouvements ralentis des actions de notre héros ou des rares ennemis lorsqu'ils nous attrapent. En effet, pendant la fuite citée ci-dessus ou pendant les deux QTE du jeu, le titre manque cruellement de rythme, retirant ainsi toute forme d'angoisse puisque le joueur a réellement le temps d'appréhender la situation.
Une ambiance réussie qui plonge le joueur dans un quotidien original
Heureusement, Moons of Madness se rattrape très largement par son ambiance et ses décors variés allant de la chambre de Shane en passant par des grottes ou des longs couloirs sans éclairage. Le tout évolue en plus avec le temps, permettant ainsi d'être sans cesse dans la découverte même lorsque nous retournons dans un lieu déjà visité. Le plus réussi réside sans doute dans les parties se déroulant en extérieur. Tout comme l'introduction, ces séquences mêlent le joueur au quotidien de Shane. Elles permettent également d'interagir avec de nombreux éléments du décor comme des boutons servant à dépressuriser l'atmosphère.
Les passages où le joueur doit utiliser les objets qui l'entourent sont nombreux dans Moons of Madness puisque régulièrement il devra récupérer des documents posés à droite comme à gauche pour en apprendre un peu plus sur les aboutissants du scénario. Des énigmes se mettront également en travers de son chemin. D'ailleurs, c'est là la plus grande force du jeu. Par cet aspect, le titre se rapproche bien plus de Gone Home que d'une véritable production horrifique et ce n'est pas pour nous déplaire. Il faut tout de même noter que certains casse-têtes demandent de redoubler d'efforts et de courage puisqu'ils manquent de logique. On en soupçonne même un de bugger quelque peu. Mais dans l'ensemble, les parcourir est un véritable plaisir qui renouvelle sans cesse l'expérience de jeu.
Une production aux multiples références
En plus des références retenues des œuvres écrites de H. P. Lovecraft, allant d'une grande partie de l'histoire de L'Appel du Cthulhu, en passant par des personnages, des événements et même des citations, Moons of Madness se réfère également à de nombreuses productions qu'elles soient vidéoludiques ou cinématographiques. Le déroulement des situations peut par exemple nous renvoyer à SOMA, un titre horrifique réussi sorti pour la première fois en 2015 et l'aspect solitaire de Shane Newehart nous emmène directement aux côtés de Matt Damon dans Seul sur Mars de Ridley Scott. Il reste également quelques petites surprises qui raviront les amateurs du septième art.
Avant de finir, il faut tout de même souligner que le titre n'est pas toujours à la hauteur techniquement parlant. Même si l'aspect graphique reste fort acceptable et même parfois appréciable, certains passages sont réellement en deçà du reste et peinent à convaincre. On pense notamment à la zone inondée du début du jeu. Le tout souffre en plus régulièrement de nombreux ralentissements lorsque le joueur passe par l'un des points de passage.
Points forts
- Des énigmes réussies...
- Être mêlé dans le quotidien du héros
- Des environnements variés
- De nombreuses interactions renforçant le réalisme de la situation
- Une histoire qui saura convaincre les aficionados de H. P. Lovecraft
Points faibles
- … Mais manquant parfois de logique
- Des graphismes qui ne sont pas toujours à la hauteur
- Une action au ralenti
- Le sentiment d'angoisse qui se dissipe dès les premières minutes
- Quelques ralentissements
Si avec Moons of Madness vous comptez vivre une expérience horrifique au-delà du surmontable vous faisant bondir de votre fauteuil tous les quarts d'heure, vous êtes à la mauvaise enseigne. En effet, malgré ses nombreuses intentions le titre de Rock Pocket Games peine à nous effrayer. Cependant, si vous souhaitez retrouver l'essence des œuvres de H. P. Lovecraft vous êtes au bon endroit. Le titre arrivera en plus à vous faire voyager grâce à des paysages qui ne cessent de varier et ce, malgré l'aspect très huis clos de la production.