Sorti en 2015 sur PC, PS4 et Xbox One, The Witcher 3 : Wild Hunt a incontestablement redéfini les contours du RPG occidental. Le titre de CD Projekt, devenu incontournable depuis sa commercialisation, est parvenu à se frayer un chemin sur la Nintendo Switch, qui cherche à accomplir la prouesse de faire tenir tout le jeu et ses deux extensions sur une seule cartouche et de proposer une expérience jouable et regardable. Pari réussi ?
Avant d'aller plus loin, il convient de préciser que notre propos ici n'est en aucun cas de refaire le test de The Witcher 3. Nous ne traiterons que du portage dans ces colonnes. Tout ou presque a été dit sur les nombreuses qualités de cet épisode qui baisse le rideau sur les aventures de Geralt de Riv. Cette version Swicth propose l'intégralité du jeu de base, ses deux DLC Hearts of Stone et Blood & Wine, ainsi que les dernières mises à jour. Lorsque l'on sait que le contenu de l'ensemble est assez pharaonique, nous saluerons l'exploit d'être parvenu à faire tenir l'ensemble sur une seule et unique cartouche. La version qui nous a été envoyée était en revanche un code de téléchargement. Si vous optez pour une version digitale, la carte SD sera plus que recommandée. Enfin, si vous voulez savoir ce que The Witcher 3 vaut en tant que jeu, nous vous invitons à consulter notre test.
Docké à éviter
Mais alors, ce « Switcher 3 », comme on se plaît à l'appeler vaut-il l'investissement pour celles et ceux n'y ayant jamais joué comme pour les fans désireux d'embarquer une grande aventure partout avec eux ? En premier lieu, il convient de faire un point sur la résolution. The Witcher 3 est vaste, sa version d'origine est superbe et fourmille de détails. Autant dire que rendre le titre jouable sur Nintendo Switch, aussi performante soit-elle, n'a assurément pas pu se faire sans sacrifices apparents. Ainsi, le titre ne profite pas des résolutions maximales autorisées par la machine et abaisse la finesse d'affichage à du 720p en mode docké et à du 540p adaptatif (comprenez qu'elle peut diminuer si la situation l'exige) en mode portable. Dans les faits, il faut partir d'un constat simple et sans appel : tant que vous pouvez éviter de jouer en mode docké, faites-le. C'est bien simple, une fois passé en grand écran, The Witcher 3 s'apparente à un immense bond en arrière où les jeux vidéos d'envergure proposaient des textures floues, du clipping à outrance, de l'alialising omniprésent bref... une apparence qui ne rend en aucun cas justice au travail artistique et technique réalisé sur le jeu de base. Là où The Witcher 3 puise aussi sa force dans son aspect contemplatif, le manque cruel de finesse technique globale empêche d'apprécier les décors à leur juste valeur.
Une version nomade plus agréable
En est-il de même une fois le jeu passé en portable ? Nettement moins. Si, là encore, on sent tout le poids des sacrifices consentis dans une optique de performances, que la finesse des ombres a été amoindrie, que le clipping et l'aliasing restent toujours présents, le rendu est nettement plus acceptable et il suffira d'un petit effort et d'un peu de compromis pour parvenir à s'immerger sans trop de difficulté dans l'atmosphère caractéristique du jeu. Mais dans un cas comme dans l'autre, ces grosses concessions sur le resplendissement graphique permettent-elles d'obtenir une expérience fluide ? La plupart du temps et sur notre session de jeu qui nous a conduits autant dans la Novigrad de Vellen que dans la splendide région de Toussaint en passant par les monts de Skellige, l'expérience avoisinait les 25/30 images secondes quasi constantes. Dans la nature, et lors de combats, même en présence de plusieurs adversaires ou lors de combats de boss, The Witcher 3 sur Switch s'avère fluide et agréable à prendre en mains même si la taille réduite de l'écran pose parfois des problèmes de lisibilité de l'action. Cependant, dans les endroits les plus détaillés et les plus vivants, l'affichage tousse un peu plus, et les ralentissements interviennent assez fréquemment. Il faudra donc accepter que chaque passage dans les grandes villes (et ils seront nombreux), se feront au prix d'un framerate inconstant, avec des chutes parfois assez prononcées.
Enfin, au registre technique, nous pourrons déplorer des temps de chargement particulièrement longs, entre les zones, plus ponctuels, mais aussi après chaque mort du personnage. Dans ce cas, les quelques 30 secondes à 1min30 demandées avant de pouvoir repartir sur le champ de bataille seront rapidement rédhibitoires, surtout pour les plus téméraires qui s'essaieront au mode marche de la mort. La maniabilité quant à elle est identique aux consoles de salon et côté interface, l'ensemble reste tout à fait lisible en dépit d'un écran aux dimensions restreintes, même si nous n'aurions pas refusé la possibilité de grossir la taille des textes. Mais globalement, la prouesse d'avoir porté un jeu tel que The Witcher 3 sur Switch, avec tout son contenu, ses voix (françaises, anglaises et allemandes en l'occurrence) sur un seul support tout en préservant une expérience fluide et convenable en mode portable reste une excellente chose, d'autant que, compte tenu de l'envergure du projet, il semble difficile de faire beaucoup mieux.
Points forts
- The Witcher 3, ses extensions et ses mises à jour dans une seule cartouche
- Plutôt agréable à prendre en mains en mode portable
- Globalement assez fluide
Points faibles
- Mode docké à éviter à tout prix
- Chutes de framerate fréquentes dans les villes
- Temps de chargement particulièrement longs
- Quelques bugs subsistent
- La petitesse de l'écran altère la lisibilité de l'action
Non, The Witcher 3 n'est pas fait pour être joué en mode docké. Non, il n'est pas resplendissant non plus, quoique nettement plus correct, en version nomade et oui le framerate tousse un peu dans les villes vivantes et les chargements peuvent s'avérer longs. Cependant, la portabilité a un coût, et ce downgrade manifeste a été consenti en faveur d'un titre colossal qui livre son aventure de base et ses deux extensions dans une seule cartouche que vous pourrez emmener partout avec vous. Cette petite prouesse, plutôt impressionnante techniquement il faut l'avouer, a cependant un public cible assez spécial. Si vous avez d'autres moyens de découvrir le jeu, sur consoles de salon ou sur PC, la version Switch n'est pas optimale et donc dispensable. En revanche, pour une première fois ou l'envie de vous replonger dans l'aventure en version nomade, The Witcher 3 version Switch est une option à considérer avec sérieux, si vous acceptez les sacrifices logiques consentis à cette mouture nomade.