En période de Noël, combien de parents ont commis l’irréparable en se fiant naïvement à la jaquette d'un jeu ? Chaque année, le 25 décembre, des drames ont lieu dans les quatre coins du globe : "Mais, il est complètement pourri ce jeu !" s'exclament des ados désemparés de s’être vu offrir une "daube" de premier choix à la place du dernier Call of Duty tant demandé (qui avait pour seul défaut de présenter un +18 sur sa couverture). Internet aidant, ce genre de situation est devenu plus rare, mais n'a pas pour autant disparu. City Patrol Police, OVNI sorti sur PC fin 2018 via Steam, et habilement renommé Police Chase par Toplitz Productions (l'éditeur) sur PlayStation 4, est prêt lui aussi à se refermer sur ses proies, telle une plante carnivore, pour finir l'année en beauté (enfin, façon de parler).
Un nouveau nom... afin de brouiller les pistes ? Il n'y a qu'un pas, que nous ne franchirons pas sans avocat, mais surtout une nouvelle jaquette qui habille également le menu du jeu. Il faut reconnaître que ces deux policiers, de nuit sous la pluie, ont plus la classe que la "vieille" jaquette PC avec ces deux voitures qui semblaient être tirées d'une mauvaise BD... et tant pis si on incarne un policer en civil toujours de journée et sans aucun nuage. Après tout, pourquoi chercher de la cohérence ? On est là pour vendre, bon sang de bonsoir !
Alarme fatale
Arrêtons deux minutes de parler marketing et concentrons-nous sur le contenu de City Patrol Police / Police Chase. À quoi avons nous "droit" ? Eh bien, c'est un jeu de course en monde ouvert composé d'un mode Campagne, d'un mode Course et d'un mode Libre ; on y incarne une jeune recrue de la police, Tom, qui va vivre une aventure palpitante avec son coéquipier, Patrick. Palpitante, vraiment ? Autant être honnête, l'histoire semble avoir été écrite par un enfant de 12 ans... et bien que la jaquette ait été changée, on retrouve toujours les dessins horribles de la version PC, digne d'un collégien qui aurait sorti ses plus beaux feutres. Non, on n'exagère pas, il suffit de voir les captures présentes sur ce test, ce qui nous amène à nous poser des questions : Caipirinha Games ferait-il travailler des mineurs ?
Blague à part, ces "illustrations" sont en plus doublés par des comédiens qu'on jurerait avoir déjà entendu lors de nos cours d'anglais d'antan (vous vous rappelez de ce bon vieux "Where is Brian ? Brian is in the kitchen !" ?). Je ne plaisante pas : le cocktail dessins + voix est d'un ridicule rarement atteint depuis ces 25 dernières années... et je pèse mes mots !
Assassin de la police, woop woop
Mais au diable les cinématiques me direz-vous ! Effectivement, ce n'est pas le plus important dans un jeu... Mais, pas de bol, le reste n'est vraiment pas bien folichon non plus. Techniquement d'abord, attendez-vous ni plus ni moins à un jeu PS2 en HD : les textures sont basiques et grossières, les décors à couper au couteau. Les voitures s'en sortent à peine mieux. Niveau ambiance, c'est le vide total : aucun piéton, voitures vides de conducteur (mise à part la nôtre et quelques rares voitures ennemies), musique inexistante, une quinzaine de bruitages différents à tout casser... le bilan technique est clairement à la ramasse.
Si le jeu reste plutôt fluide et la maniabilité correcte, l'intérêt des missions, elle, frôle le niveau zéro : on se déplace d'un point A à un point B en temps un limité ou non, on participe à des courses soporifiques où on se tire la bourre avec des collègues à l'I.A proche du néant, on a droit à des missions de filatures où il faut rester à une poignée de mètres d'un véhicule (alors qu'on circule avec une voiture de police, bonjour la cohérence), il y a (à la louche) 3 passages où l'on va piloter une petite voiture téléguidée, façon drone et puis... c'est tout.
Police Chase a eu, à un moment, le bon goût de nous montrer que son équipe avait les moyens de le rendre presque sympathique avec une course-poursuite où l'on doit rentrer dans une voiture qui s'échappe pour l'arrêter, façon Chase HQ (d'où le nouveau titre du jeu ?). Dommage ça représente un passage d'une mission sur les quinze que comporte le jeu... et en plus, c'est trop facile. Ce n'est pas la gestion de l'essence ou des dégâts de notre véhicule qui va plus nous réveiller : quelques secondes dans une des stations services et le tour est joué, sachant que nos engins sont suffisamment costauds pour que l'on y ait recours qu'en de très rares occasions.
Y a-t-il un flic pour sauver le joueur ?
Après avoir lutté contre le sommeil pendant moins de 4h, afin de terminer le mode Campagne, le joueur maso qui sommeille en vous pourra s'atteler au 2ème "gros" morceau du jeu : le mode Libre. Cette fois-ci, on est justement libéré des affreuses images du mode Campagne (ouf), pour se concentrer sur des missions disposées (presque) aléatoirement sur la carte. Quatre types de missions s'offriront à vous : arrêter des chauffards (façon Chase HQ là encore, mais en très facile et très court), dresser des contraventions (rien à faire si ce n'est sortir de son véhicule, en vue subjective, pour interagir avec le repère), "enregistrer" des accidents (même chose que précédemment mais sans chronomètre), ou retrouver des véhicules volés dans une zone prédéfinie (qu'on retrouve toujours aux mêmes endroits).
Bref, rien de palpitant, même si la possibilité de débloquer toutes les 10 missions un nouveau grade de police et un véhicule pourra tenir les plus courageux (fous) d'entre vous. C'en est presque à se demander quelle mouche à piqué Caipirinha Games pour proposer dans ce mode libre… une 2ème ville, carrément, à laquelle on peut accéder via un pont disposé à gauche de la map. On y trouve les mêmes missions répétitives et ce "zèle" n'apporte rien au jeu. Les développeurs auraient mieux fait de passer un bon coup de polish sur la carte principale, celle-ci étant déjà suffisamment grande comme ça.
Points forts
- Maniabilité correcte
- On peut faire joujou avec les sirènes
- Une dizaine de véhicules à débloquer
- Tellement ridicule que le jeu pourrait devenir culte
Points faibles
- La jaquette qui n'a rien à voir avec le jeu, à la limite de l'arnaque
- Le scénario ridicule de la Campagne
- Les dessins ridicules de la Campagne
- Le doublage ridicule de la Campagne
- Les graphismes ridicules
- Les missions ridicules de la Campagne et du mode Libre
- On vous a dit que le jeu était ridicule ?
Avec son mode histoire ridicule, ses incohérences (flics en civil dans des voitures de patrouille, centre de police qui ressemble à une agence immobilière), ses missions limitées, ses crashs (la PS4 Pro n'est apparemment pas assez puissante... quel gag !), Police Chase est surtout une curiosité qui fera le bonheur des collectionneurs de nanars. Difficile de savoir dans quelles conditions sont réalisés les jeux du développeur allemand (responsable déjà du terrible Island Flight Simulator), mais le résultat est si consternant qu'on se demande à quel point les développeurs d'un tel titre peuvent être si peu concernés par ce qu'ils conçoivent !