Enfilez votre plus bel hoodie, le skate, le vrai, est de retour sur la scène vidéoludique. Le titre annoncé à l'E3 2018 Session grinde en toute discrétion dans les rues New Yorkaises, près de 10 ans après la sortie de Skate 3. Alors deux semaines après la sortie de son early-access sur PC, que vaut le sucesseur spirituel du jeu d'Electronic Arts ?
On en avait presque oublié la discipline, qui sera pourtant olympique dans un an à Tokyo. Beaucoup ont découvert le skateboard et son esprit rebelle par un Tony Hawk's Pro Skater au début des années 2000, avant d'en apprécier l'exigence avec la saga des Skate. Une époque bien lointaine, remise au goût du jour par le studio canadien crea-ture, qui après avoir annoncé le développement de Session en 2015 pouvait se targuer d'avoir réussi son kickstarter deux ans plus tard. La preuve que le skate n'est pas mort, d'autant plus que Skater XL entrait dans la danse, signé Easy Day et dévoilé à la dernière gamescom. Des riders prêt à se tirer la bourre dans un regain d'engouement, l'occasion de mettre le premier au banc d'essai.
Simulation ou Tony Faucon ?
Adossé à un muret, en pleine contemplation du ciel et de la pollution urbaine, le skater se lève d'un coup et attrape sa planche. Certains reconnaissent l'ancien style d'Epyon, d'autres se préparent à reprendre la piste après une trop longue attente. Et le premier contact avec Session est saisissant dans la prise en main. C'est bien de la simu, de la pure simu, et on est loin des Tony Hawk's Pro Skater très arcades. À l'instar des jeux Skate, un bouton contrôle la poussée de la jambe gauche et l'autre de la jambe droite, mais pour le reste il faut s'y faire. Alors que les sticks permettent de réaliser ollies et figures en tout genre, ce sont les gâchettes qui orientent la direction du joueur. Et on confirme que c'est bien plus facile à dire qu'à faire, d'autant que la caméra reste fixe et peut surprendre le joueur lors des virages. Le court tuto, boosté par les insultes du stand-upper et skater Donovan Strain n'est pas une fin en soi, et il faut compter une petite demi-heure pour bien dompter la bête.
Mais une fois maîtrisées, les mécaniques permettent comme tout bon jeu du genre d'effectuer un panel impressionnant de figures, que ce soit en Regular, en Goofy ou lors des Grind. Une liste assez longue de tricks répertoriée dans le menu, des combinaisons parfois complexes que les joueurs old-school griffonneront sur un bout de papier. Cependant, en plus d'assimiler les contrôles et figure, le timing est le placement sont aussi deux données importantes pour effectuer ces enchaînements, puisque Session se montre extrêmement punitif. Les trottoirs et poteaux sont les pires ennemis du skater, et la moindre petite erreur enverra le joueur dans le décor, avec des chutes parfois très exagérées, disons-le. À noter qu'il faut finir le tutoriel pour se lancer dans le monde ouvert et rider tranquillement, un obstacle et un défaut que n'ont pas réussi à surmonter nos deux skaters aguerris Panthaa et Deriv dans un récent épisode de Refund or Not.
Panthaa et Deriv s'essayent <s>à Session</s> au tuto de Session
Bac à sable Park
On se dit donc qu'avec un esprit simu fidèle et une large palette de tricks, Session a tout pour plaire. Malheureusement, de par son statut de jeu encore en développement, le titre se heurte à l'absence de mode de jeu concret. On est donc plongé dans un coin de Manhattan avec certaines routes encore bloquées, dénuées de vie et parois désespérément vides de relief. Problématique pour le genre ! Heureusement, un éditeur sommaire permet de placer dans les avenues des rampes, barrières ou murets en direct.
Le peu de challenge réside en fait dans les défis hebdomadaires/journaliers, qui consistent à réaliser certaines figures à un endroit précis, un nombre de kickflips, etc. Le reste n'est que bac à sable pour aborder sans contrainte les contrôles et visionner les ralentis des exploits réalisés. La plupart des paramètres sont personnalisables, comme la caméra pour être au plus près de l'action et prendre du recul, ou l'horaire de la journée. Pour cette early-access, crea-ture planche sur une durée maximum d'un an (entre 6 et 12 mois), et un mode multijoueur serait dans les petits papiers selon la page kickstarter, soit peut-être la possibilité de voir les autres riders comme dans les Skate d'EA.
Underground Sound
Une expérience par encore aboutie, mais qui réussit à établir une ambiance fidèle à la culture underground. Au niveau sonore déjà, les bruitages de la planche, des grinds et des contacts collent à la réalité, accompagnés par une musique parfaitement dans le ton. Le groupe hip-hop/rap Rum Committee signe la plupart de la très bonne bande originale, une playlist qui aurait sa place dans tout bon skatepark qui se respecte.
En outre, si les graphismes et textures peuvent encore être polis et les bugs corrigés pour la version finale, Manhattan est bien retranscrit et on a hâte de voir la map achevée, cette dernière étant encore incomplète. En effet, les arrêts de bus permettent de naviguer dans les différents points de New York, et nous avons constaté que plusieurs d'entre eux n'étaient pas encore disponibles. Visuellement, les effets de lumières sont un vrai succès, encore plus une fois la nuit tombée. Enfin, la touche finale pour entrer définitivement dans la vie d'un skater indépendant, il est possible de rentrer dans son appartement (en désordre évidemment) pour changer son style, personnaliser sa planche et même monter les ralentis enregistrés lors de la dernière session. Même s'il y a encore du boulot, on ne peut pas reprocher au studio canadien d'appliquer à la lettre le slogan du jeu : "Place à la liberté d'expression".
Points forts
- Une prise en main très simu...
- Le nombre de tricks
- L'ambiance visuelle et sonore, fidèle
- Des effets de lumière bien fichus
- Une belle marge de progression au final
Points faibles
- ...qui en frustrera certains
- Une caméra à revoir
- Un tuto qu'il faut finir pour se lancer
- Quelques bugs et clipping fréquents
- Les chutes souvent exagérées
- Encore vide et trop bac à sable
Inachevé. C'est le mot qui vient à l'esprit lorsque l'on met les mains sur Session à l'heure actuelle, qui a encore du pain sur la planche pour sortir de son statut d'early-access. Même s'il faut s'armer de patience et d'entraînement pour dompter les contrôles atypiques, les tricks sont grisants une fois maitrisés et valident le côté simu du titre, qui respecte dans la forme l'ambiance underground des jeux de skate-board. Il ne reste plus qu'à crea-ture de remplir son oeuvre de modes de jeux convaincants, revoir les chutes et animations et corriger les nombreux bugs pour devenir le digne héritier de la saga Skate.