Sept ans après la sortie de son dernier épisode chiffré, la saga Borderlands fait de nouveau pleuvoir le butin dans un troisième opus placé sous le signe de l’amélioration plutôt que de l’innovation. Telle une lettre d’amour envers sa propre formule, le jeu de Gearbox Software semble avoir survolé les années, hermétique à certaines évolutions, pour le meilleur sur de nombreux aspects, mais parfois aussi pour le pire. Plus d’armes, plus de planètes, plus de personnalisation, plus de contenus de haut niveau, plus d’humour pipi caca, Borderlands 3 s’enrichit sur de nombreux points plus qu’il n’évolue en profondeur. 42 heures après avoir débuté notre périple galactique à la recherche de la grande Arche et une averse de loot plus tard, l’heure est au verdict.
On prend les mêmes…
Looter shooter jusqu’au bout de l’antenne de Claptrap, Borderlands 3 érige son édifice sur les solides bases de son aîné. Si Borderlands 2 marquait un bond en avant pour la saga, ce troisième volet fait dans la continuité et ne s’aventure qu’en de rares occasions sur le terrain plus périlleux de l’originalité. Parfois qualifié d’épisode 2.5 en référence à cette inclinaison à ne proposer que « plus de la même chose », le titre met toutefois un point d’honneur à peaufiner la plupart de ses mécaniques établies. Sur cet aspect, Borderlands 3 est un meilleur looter shooter que Borderlands 2, mais pas nécessairement un meilleur jeu dans son ensemble. Ses combats gagnent en rythme par l’ajout d’une glissade, ses déplacements se font plus verticaux avec l’arrivée de l’escalade et un gros travail a été réalisé sur la quantité ainsi que l’originalité du butin.
Un sentiment constant de progression récompense le joueur arrosé sous une pluie d’armes aux propriétés variées, puissantes et diablement fun à découvrir. C’est à n’en pas douter en grande partie pour ça que l’on joue à un Borderlands, avec cette envie de faire pleuvoir le loot dans un feu d’artifice de couleurs, l’œil irrésistiblement attiré par la présence d’un sacro-saint objet orange au milieu d’un tapis de babioles plus communes. Une grande partie des efforts de Gearbox est d’ailleurs orienté vers le loot, dans sa variété, ses différents comportements ou encore son ressenti une fois équipé.
Discovery Planets
Si tout débute une fois de plus sur la planète Pandore, nos premières foulées dans ces plaines asséchées envahies par les Skags servent en réalité de préambule à l’ouverture de Borderlands 3. Gearbox lève la tête vers les étoiles et embarque le joueur pour un trip galactique à destination de différentes planètes. L’occasion pour le studio de varier les plaisirs artistiques avec plusieurs environnements distincts bien éloignés de la monotonie crasseuse de notre habituel désert. Les néons urbains éclairent les rues de la mégalopole de Meridian sur la planète futuriste de Prométhée, la zénitude plane sur les sommets de la très Asiatique (et très petite) carte d’Athena, tandis que des dinosaures cybernétiques et autres Jakassos agaçants se jettent sous vos roues sur la planète de jungle Eden 6. Ne vous attendez toutefois pas à un monde ouvert, Borderlands 3 reprend le principe de ses aînés, celui d’un jeu découpé en plusieurs zones via des temps de chargement.
La taille de ces environnements et le nombre d’activités disponibles varient fortement d’une planète à l’autre avec un déverrouillage progressif des lieux à visiter et autres quêtes annexes. Des véhicules, désormais plus nombreux et personnalisables dans les stations Auto-loc, accélèrent toujours nos déplacements tandis qu’un système de téléportation rapide depuis la carte permet de rejoindre toutes les localisations clés en une poignée de secondes. La découverte de ces planètes inédites apporte un vent de fraîcheur à l’exploration d’autant que chacune met en avant sa propre identité visuelle, son bestiaire, ses conflits et autres secrets. Nous pointerons du doigt une longue phase de ventre-mou survenue après une quinzaine d’heures de jeu durant laquelle Borderlands 3 se confine dans une série d’environnements assez couloirs sans presque aucune activité secondaire pour les besoins de la progression de son scénario. Cette séquence passée, le titre renoue avec une construction plus classique et enchaîne son introduction de zones plus vastes avec un bon rythme.
Le premier accès à ces différentes planètes passe toujours par un retour à bord du nouveau vaisseau HUB du jeu, Sanctuary. Assez labyrinthique à parcourir avec ses différents ponts, l’astronef non pilotable dispose de toutes les commodités nécessaires à la progression du joueur. Markus, le marchand amoureux du pognon vend des améliorations d’espace de stockage, le vieux grincheux Erl échange votre éridium contre des éléments cosmétiques et Ellie, Tannis, Moxxie ou encore Lilith ne manquent pas une occasion de tailler le bout de gras dans votre intercom. Entre deux missions, le Chasseur de l’Arche peut aller s’occuper de la décoration de son espace personnel en y exposant ses plus belles armes et autres babioles à récupérer en jeu. Au-delà de son côté spatial, Sanctuary sert surtout de pivot à la trame narrative principale du jeu puisqu’il faudra y retourner à la conclusion de chacun des chapitres importants du scénario de Borderlands 3.
Notre Gaming Live de Borderlands 3
Les Calypso prennent l’eau
Tout se passe quelques années après la fin du second épisode, dans un monde aux personnages iconiques déjà établis par le passé de la licence. Borderlands 3 n’accorde que très peu de place à l’introduction de son casting aux nouveaux venus ; on le sent davantage réservé aux habitués du lore de la franchise. Lilith, Cl4p Tr4p, Tiny Tina, Mordecai, Brick, tout le gratin est de retour secondé cette fois-ci par une vague de personnages issus des épisodes annexes de la franchise tels que le Tales from the Borderlands de Telltale ou le boudé The Pre-Sequel. S’il n’est pas impératif d’avoir joué à ces opus pour se plonger dans l’histoire de Borderlands 3, une méconnaissance de leurs protagonistes vous fera passer à côté de nombreuses références.
La galaxie est sous le joug d’une nouvelle menace tout droit venue des réseaux sociaux. Les différents clans de bandits, jusqu’alors dirigés par le chaos le plus total, se sont ralliés sous la bannière des jumeaux Calypso et de leur secte des Descendants de l’Arche. Gearbox exploite le thème du fanatisme et du culte de l’image à travers ce duo construit sur le modèle d’influenceurs modernes arrogants, obnubilés par les likes, le buzz, la violence et le partage de vidéos virales. Si cette thématique semble prometteuse sur le papier, force est de constater que l’écriture à l’œuvre derrière Tyreen et Troy ne parvient jamais à faire décoller leurs personnalités. Passer derrière un méchant iconique comme le Beau Jack de l’épisode 2 n’était certes pas chose aisée pour les Calypso, mais à l’inverse de l’ex-PDG d’Hyperion, le binôme manque de relief et de nuances émotionnelles. Souvent absents de l’écran durant des heures entières, ils n’apparaissent que pour se vanter de leur puissance et réclamer une pluie de pouces bleus à leurs fans. Leur traitement est finalement à l’image de l’écriture en demi-teinte de ce Borderlands 3, amusante lorsqu’elle dépeint avec cynisme certains travers de nos sociétés ou de l’industrie du jeu vidéo, mais parfois aussi lourdingue dans son obstination à glorifier un humour orienté vers le pipi, le caca et les moustaches.
On attend certes d’un Borderlands de jouer sur le registre du potache et du graveleux, mais une fois encore, un peu plus de nuances n’aurait pas fait de mal à l’expérience globale. D’autant plus qu’un titre tel que Tales From the Borderlands, duquel Gearbox puise pas mal d'inspirations, avait déjà démontré le potentiel narratif tout en contraste de cet univers. Il y a de cependant de quoi faire en matière de missions principales et secondaires au cours de la quarantaine d’heures nécessaires pour boucler le jeu (une première fois) et certains seront plus ou moins réceptifs aux différentes formes d’humour exploitées par le studio. Certains personnages se distinguent néanmoins du lot par leur traitement humoristique, c’est le cas de Claptrap, toujours aussi insuppor… attachant, de Vaughn et de son culte abdominal ou encore de quelques nouvelles têtes à découvrir par vous-même sur les planètes inédites de cet épisode.
Deux écoles, tout aussi valables, existent lorsque l’on évoque la campagne d’un Borderlands. Certains la préfèrent en mode solo, à la recherche d’un challenge personnel ou d’une manière plus calme de se concentrer sur l’histoire et les dialogues du jeu. D’autres ne jurent que par la coopération et n’envisagent pas leur quête de l’Arche sans être entouré d’un, de deux ou trois amis. Les deux approches présentent leurs avantages. Gearbox a déployé plusieurs efforts concernant le volet coop de ce troisième épisode. Terminé le vol de butin ou les disputes au sujet de cette superbe SMG légendaire lâchée par ce satané boss, le titre offre la possibilité de sélectionner deux modes de loot pour le coop.
Le « butin coopétitif » dispose des mêmes règles que par le passé, les loots sont à partager entre tous les membres d’une équipe, leur niveau est fixe tout comme celui des joueurs qui n’est pas équilibré. Le mode « coopératif » se montre en revanche plus flexible avec un butin instancié par joueur, adapté à leurs niveaux respectifs. Il est même possible de rejoindre un ou des chasseurs d’un tout autre niveau que le sien dans ce mode à la difficulté équilibrée en fonction de votre niveau personnel. Le studio est aussi allé pêcher du côté d’un certain Apex Legends pour introduire un système de ping d’objets, de localisations ou de PNJ bien pratique dans l’optique du jeu en groupe. Rejoindre des amis est donc encore plus simple dans cet épisode, puisqu’il est possible de suivre leur progression en temps réel via l’interface sociale du jeu.
Archeurs de l’Arche !
Le joueur incarne toujours l’un des quatre Chasseurs de l’Arche proposés en début de jeu. Amara la sirène, Zane l’opérateur, Fl4k le maître des bêtes et Moze l’artilleuse. Chacun reprend une partie des gimmicks des classes habituelles de la saga avec une emphase sur la magie pour Amara, des options tactiques avancées pour Zane, le contrôle de différents familiers pour Fl4k et la possibilité d’invoquer un mécha pour Moze. Le casting gagne en personnalisation avec des arbres de talents enrichis de différentes pouvoirs à sélectionner selon vos envies de jeu. Les trois branches de talents des personnages disposent désormais d’un pouvoir actif spécifique à équiper à l’envie dans votre emplacement de compétence d’action. Fl4k, avec lequel nous avons joué pour ce test, est par exemple capable de devenir invisible durant quelques secondes afin d’aligner trois tirs critiques durant ce laps de temps. Mais il peut aussi troquer cette capacité contre un vol de Rakks ou la faculté de faire enrager son familier durant quelques instants.
En investissant des points dans un arbre spécifique, le joueur débloque différents passifs à équiper là aussi dans des emplacements dédiés. Ces derniers modifient le comportement d’une capacité, ses effets élémentaires, sa durée, l’apparence d’une invocation, etc. Ce degré supplémentaire d’options, combiné à la tripoté de bonus conférés par les butins les plus rares, participe à sans cesse rafraîchir le sentiment de progression du joueur dans un looter shooter où il fait pourtant toujours plus ou moins la même chose, c’est-à-dire tirer sur des trucs.
Plus riche dans ses arbres de talents, Borderlands 3 aurait peut-être gagné à accorder encore plus d’espace à ses capacités actives en combat. Parmi les membres du casting des Chasseurs de l’Arche, seul Zane peut choisir de sacrifier son emplacement réservé aux mods de grenades pour équiper à la place une seconde compétence active. Si ce choix de game design correspond tout à fait au côté tacticien du personnage, on regrette un peu que les autres héros jouables ne bénéficient pas d’un niveau similaire d’ouverture et ne puissent utiliser qu’une seule technique à la fois. Gearbox sait à quel point il est amusant de déclencher une capacité et d’en observer les effets à l’écran, mais il est aussi conscient que les joueurs sont friands de customisation de compétences. Moze dispose donc d’une sélection d’armements à équiper sur les deux bras de son mécha, Fl4k peut invoquer trois familiers différents, etc.
Mon fusil a des jambes !
De la diversité, Borderlands 3 en a à revendre du côté de son arsenal composé d’un nombre astronomique d’armes générées par un algorithme qui a déjà fait ses preuves par le passé. Aux côtés de cette profusion d’outils de mort aléatoires de qualité blanche (beurk), verte (mouais) et bleue (ok), on retrouve plusieurs centaines d’armes épiques et légendaires aux propriétés fixes issues de l’imagination débordante du studio. De nombreuses armes disposent désormais d’un mode de tir alternatif modifiant leur propriété ou leur efficacité selon les situations. Un sniper se change en fusil à pompe, un pistolet incendiaire devient électrique en cas de besoin, les possibilités sont vastes. Les effets bonus se multiplient à mesure que le loot se fait plus puissant avec la progression. Le titre ne perd jamais une occasion de surprendre le joueur avec des comportements d’arsenal entièrement inédits et/ou farfelus. Lors du rechargement, des jambes vont pousser sur certaines armes leur permettant d’aller se jeter sur le premier adversaire du coin, d’autres se mettent à tirer de partout, certaines ne disposent pas de munitions mais se refroidissent à l’aide d’un petit pistolet à eau. Avec humour, originalité et une grande maîtrise de son sujet, Gearbox érige l’arsenal de Borderlands 3 au statut de véritable vedette de son jeu. Le sound-design des armes participe lui aussi à cette réussite avec des effets convaincants sacrément agréables à écouter durant les combats.
Sans grand chamboulement, cette suite en profite aussi pour peaufiner la prise en main et les sensations de son système de combat. Porté par l’arrivée d’une glissade dont on use et abuse désormais lors des gunfights, l’expérience gagne aussi en verticalité avec l’introduction de l’escalade des surfaces à hauteur de saut. Une attaque lourde sautée, reliquat du gameplay au jetpack de l’épisode Pre-Sequel, complète la nouvelle panoplie des actions offertes au joueur. Le rythme des affrontements gagne en intensité avec en face des ennemis à l’IA légèrement améliorée par rapport à Borderlands 2. Les adversaires n’hésitent plus à rester à couvert, utilisent mieux leurs grenades et sont plus convaincants dans leurs déplacements. Enfin, si certains boss souffrent du syndrome de « l’éponge à dégâts » ou du « bon gros sac à points de vie », appelez ça comme vous le voulez, la plupart des rencontres au sommet bénéficient de bonne sensations de shoot portées par les différents schémas d’attaques de ces adversaires.
Illustration des gunfights avec un combat HL en mode Chaos 1
Prévoyez une bonne quarantaine d’heures si vous souhaitez parcourir le contenu principal et secondaire de Borderlands 3 dans sa grande majorité. Si le scénario principal peut se boucler en un peu plus de 25 heures, les cartes offrent différentes opportunités annexes bien pratiques pour prendre de l’expérience et suivre la montée en difficulté de la mission principale. Vous y trouverez des quêtes annexes, à l’humour version pile ou face, parfois drôles et parfois plus poussives, différents défis à réaliser, des véhicules rares à ramener à une station auto-loc pour débloquer leur options de personnalisation, des écrits Éridiens à décrypter, etc. Si les activités gagnent en richesse par rapport au passé, les environnements du jeu restent toujours figés dans leur état initial, ceci peu importe nos actions. On ressent finalement peu d’évolutions majeures en matière de construction du monde par rapport à un Borderlands 2 sorti il y a tout de même sept ans.
Du mieux, et du moins bon
Gearbox saupoudre aussi son jeu d’une pincée d’améliorations de qualité de vie pour le joueur. Les distributeurs de munitions proposent une option pour faire le plein de cartouches en une seule pression, le voyage rapide permet de retourner directement à son véhicule et la carte du monde, si elle demeure encore peu agréable à lire, s’affiche désormais en 3D. Le studio déploie un joli panel d'options destinées à l'accessibilité avec de la personnalisation à revendre du côté de l'affichage de l'interface ou encore des sous-titres du jeu. Le journal de quêtes reste en revanche toujours aussi limité dans ses options avec cette fichue impossibilité de suivre plusieurs missions en même temps. L’agacement se fait aussi ressentir face à ces bugs d’affichage de la taille de l’aperçu des objets, trop gros pour tenir dans l’écran, obligeant le joueur à faire quelques pas en arrière pour une bonne lecture.
Cet exemple précis est malheureusement à l’image du manque général de polish de ce Borderlands 3. Loin de la catastrophe technique, le titre de Gearbox aligne tout de même les petits bugs et autres soucis d’optimisation à sa sortie sur PC et consoles de salon. Le début d’aventure est par exemple ponctué de plusieurs soucis de localisation avec la présence alternée de doublages en français et en anglais. Gênant lorsque l’on connaît l’inclinaison du jeu à être très bavard. Plus pénible, certains donneurs de quêtes restent parfois bloqués dans leur état jusqu’à une recharge de la partie. Nous sommes aussi tombés à travers le décor de l’une des dernières arènes de boss du jeu, avec perte de tout son butin et obligation de revisionner une longue cinématique sans possibilité de la zapper. Quelques semaines supplémentaires de peaufinage n’auraient pas fait pas de mal à Borderlands 3.
Prévoyez une configuration bien au-delà des recommandations minimales fournies par le studio si vous souhaitez jouer dans des conditions correctes sur PC. Le framerate peut se montrer capricieux faute d’une optimisation aux petits oignons lors de la sortie. Les versions consoles s’en tirent avec les honneurs malgré des soucis d’apparition tardive de certaines textures. Réfléchissez-y néanmoins à deux fois si vous aviez prévu de jouer en coopération en écran splitté sur PS4 ou Xbox One classiques. Le nombre d’images par seconde s’y casse allégrement la figure dès lors qu’un peu d’action apparaît à l’écran, c’est-à-dire presque tout le temps. Borderlands 3 dispose de deux modes d’affichage sur les versions Pro et One X de ces consoles. Le premier, orienté vers la qualité graphique, améliore les différents effets du titre au prix d’un framrate limité à 30 fps au maximum. Le second, que nous vous recommandons sans sourciller, privilégie la fluidité de l’ensemble et permet au jeu de tourner sans trop broncher entre 40 et 60 images par seconde, ce qui, dans un shooter tels que Borderlands, ne fait jamais de mal.
L’écart technique entre Borderlands 3 et le second épisode semble assez minime au premier abord. Avec son style graphique cartoon aux contours noircis et aux modèles 3D stylisés, la production de Gearbox explore la même approche que ses prédécesseurs. Pourtant, son passage sous l’Unreal Engine 4 permet à ses textures de gagner en finesse, à ses modèles de personnages de s’afficher avec plus de détails et à ses effets de lumière d'éclairer avec plus de réalisme. Si la version PC abandonne son support de la technologie PhysX exploitée dans le rendu du comportement des particules ou des liquides du second volet, elle se dote en contrepartie d’un meilleur rendu général des effets d’impact, d’explosions et dégâts élémentaires provoqués par nos armes et capacités. Borderlands se dote au passage d’un mode photo assez complet du côté de ses options avec différents angles, filtres et modification dynamique de la météo sur les clichés.
La localisation française délivre une fois de plus des doublages convaincants, déjantés à souhait et surtout adaptés à nos références culturelles francophones. Notons aussi la présence de quelques séquences rythmées par de savoureuses pistes sonores au milieu d'une OST parfois quelque peu en retrait.
Aussi étonnant que cela puisse paraître lorsque l’on connaît les pratiques commerciales de son éditeur 2K (coucou NBA 2K20), Borderlands 3 ne souffre pas de la maladie contagieuse de la microtransaction. Son terrain était pourtant propice à la pratique avec une vraie emphase de la personnalisation de votre personnage et de son équipement. Comme enfermé dans sa propre capsule temporelle (pour le meilleur ce coup-ci) Gearbox ne propose ni lootbox, ni monnaie spéciale à acheter contre de l’argent réel.
C’est ce bon vieux éridium, à récolter en jeu, qui sert de devise d’échange contre un bon lot d’éléments de customisation. Des pendentifs à accrocher à vos armes, des tenues ou des têtes alternatives pour les héros, des emotes supplémentaires, de la déco pour votre piaule, tout s’obtient assez facilement par le loot ou via un petit tour dans la boutique à éridium de Erl le Dingue sur Sanctuary. On apprécie.
Et après ?
Que faire une fois l’aventure principale bouclée ? Vous terminez probablement le jeu autour du niveau 40 avec la possibilité, comme dans l’épisode précédent, de relancer la campagne du jeu en mode Chasseur Ultime pour accéder à un New Game+ où votre niveau actuel et vos équipements sont sauvegardés. Des nouveautés destinées au jeu sur le long terme viennent pimenter la proposition endgame de ce Borderlands. Accessibles depuis Sanctuary, des modificateurs appelés mode Chaos ajoutent une couche de plus au challenge de vos sessions de haut niveau. Les ennemis gagnent en résistance tandis que les récompenses en butin et en expérience sont largement améliorées. Ce mode active également différents affixes aux planètes à explorer dans un esprit très Diablo-like. Meilleure résistance aux dégâts élémentaires ou aux balles, encore plus de santé, il existe trois versions de Chaos à la difficulté croissante à débloquer au fil de vos parties en New Game+.
Si le niveau maximum de Borderlands 3 est pour le moment limité à 50, le joueur débloque l’accès aux niveaux de gardien une fois la campagne du jeu terminée. Ces points remplacent le niveau de Brutasse du précédent volet et accordent des jetons à dépenser dans trois arbres supplémentaires de talents orientés vers des bonus passifs de dégâts, critiques, précision, recul, temps de rechargement, etc. Investir des points dans un arbre en particulier débloque des récompenses inédites sous forme d’apparences de personnage ou d’armes ou de nouveaux talents passifs. Enfin, le mode arène, déjà au tableau du endgame de Borderlands 2 fait son retour dans cette suite avec une série de sept épreuves aléatoires durant lesquelles il faudra éliminer plusieurs vagues d’ennemis en moins de trente minutes pour accéder à de très coquets coffres à butins. Gearbox donne pas mal de matière aux joueurs motivés par la prolongation de leur expérience Borderlands 3, la rejouabilité est donc au rendez-vous et devrait encore gagner en possibilités avec un calendrier déjà annoncé de mises à jour gratuites de contenus ainsi qu’un premier DLC à venir avant la fin de l'hiver.
Points forts
- Le loot, plus varié et plus fun que jamais
- Gunfights plus nerveux
- Un sentiment constant de progression
- La direction artistique des nouveaux environnements fait mouche
- Généreux en contenu avec une bonne durée de vie et un endgame enrichi
- Plus de personnalisation pour les personnages
- Doublages de qualité, en VO et en VF
Points faibles
- Écriture en demi-teinte, parfois lourdingue
- Les méchants manquent cruellement de charisme et de profondeur
- Optimisation à améliorer, nombreux bugs à la sortie
- Un manque global d'originalité
Sans grande prise de risque, ni évolutions majeures de son propre concept, Borderlands 3 se forge une expérience dans la droite lignée de ses prédécesseurs. Plus généreux en contenus et en butins, plus personnalisable et nerveux dans ses combats, il coche une à une les cases de la suite dont l’adage assumé pourrait être “améliorer sans ne rien révolutionner”. S’il tombe dans certaines faiblesses d’écriture et n’échappe pas à de vilains bugs lors de sa sortie, cette approche, efficace, quoiqu'un peu trop sage à notre goût, lui confère un statut quelque peu hors du temps, celui d’un très bon jeu destiné avant tout aux joueurs avides d'une nouvelle pluie de loot, quitte à faire et refaire plus ou moins la même chose qu’il y a sept ans déjà.
Note de la rédaction
L'avis des lecteurs (175)
Lire les avis des lecteursDonnez votre avis sur le jeu !.