Au terme d'une attente insoutenable qui nous a laissé craindre que le titre ne verrait peut-être jamais le jour en Europe, voilà que Ni no Kuni échoue finalement entre nos mains fébriles à l'idée de découvrir le fruit de la collaboration entre les pros de Level-5 (Dragon Quest 8 & 9, Professeur Layton) et le studio d'animation Ghibli (Totoro, Nausicaä, Mononoké). Un RPG enchanteur qui éveille l'imagination et invite à la rêverie.
Ni no Kuni fait son grand retour sur consoles et PC
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Plus de six années se sont écoulées depuis l’arrivée de Ni No Kuni : La Vengeance de la Sorcière Céleste sur les PS3 européennes, le premier opus d’une licence devenue une série à l’occasion de la sortie très attendue de Ni No Kuni 2 en mars 2018. Même si ce deuxième épisode réussi, quoique perfectible, a su combler les attentes des amateurs de la saga, Ni No Kuni premier du nom n’en était pas moins espéré sur les plateformes de l’actuelle génération. Le souhait des fans a été exaucé, Oliver, Lumi et leurs comparses rejoignent nos PC, Playstation 4 et Nintendo Switch.
La Switch est la console qui a servi de support à ce nouvel essai du premier Ni No Kuni, avec quelques interrogations suscitées par l’absence de la mention Remastered pour cette version dédiée à la console de Nintendo développée par Engine Software, tandis que Qloc (à l’origine du portage de Tales of Vesperia : Definitive Edition) s’est occupé des autres versions. En effet, sans surprise, la Switch annonce 720p et 30fps, alors que les moutures PC et Playstation 4 sont dotées respectivement de la 4K - 60fps et 1080p - 60fps, tandis que la PS4 Pro annonce une 4K native - 30fps ou 1440p - 60fps.
Concrètement, lorsque la machine repose sur son dock, il est possible de noter un léger manque de netteté des contours en cel-shading, particulièrement lors des plans rapprochés, les courbes et arrondis présentant des lignes un brin saccadées et pixélisées. Quant au framerate, en l’observant de près, on constate que le jeu présente un léger manque de fluidité. Pour autant, les sessions réalisées, y compris lors des phases qui sollicitent la console, sont restées plaisantes, l’expérience n’a été gâchée à aucun moment, à l'instar de celle vécue sur Playstation 3.
Par ailleurs, tout comme l’ensemble du jeu, les plans éloignés et décors bénéficient de très belles couleurs, ainsi que de textures détaillées au rendu agréable, tout en présentant un effet de flou sensiblement moins marqué que celui qui pouvait être présent dans la version originale. En outre, il est possible de confirmer l’évidence : La Vengeance de la Sorcière Céleste s’épanouit pleinement en mode nomade, le format atténuant non seulement le manque de rondeur des contours, mais pouvant aussi se targuer de conserver une excellente lisibilité de l’action et des textes. Concernant l’univers sonore du titre, nous retrouvons les excellentes musiques du compositeur Joe Hisaishi, pour notre plus grand plaisir.
En matière de gameplay et de contenu, ce portage de Ni No Kuni n’a bénéficié d’aucune modification notable, le scénario, les mécaniques et les quêtes sont identiques à l’opus d’origine publié sur Playstation 3 dont il est question dans le test complet développé ci-dessous. Si les néophytes n’y verront aucun manquement au regard des dizaines d’heures d’aventure que propose le jeu, ceux qui ont déjà parcouru cet opus pourront regretter l’absence d’un contenu supplémentaire, qui aurait pu apporter du renouveau à l’ensemble. Ceci-dit, La Vengeance de la Sorcière Céleste n’a pas perdu de sa magie et quiconque a déjà expérimenté et apprécié ce Ni No Kuni peut y retrouver un plaisir certain.
LE TEST COMPLET DE NI NO KUNI : LA VENGEANCE DE LA SORCIERE CELESTE PAR ROMENDIL (31/01/2013)
Conçu à l'origine pour la DS, Ni no Kuni est le fruit de la collaboration entre le célèbre studio d'animation Ghibli (créé par Hayao Miyazaki et Isao Takahata) et les talentueux développeurs de Level-5. Devant l'ambition affichée par les responsables du projet, les auteurs de Nausicaä, Mon Voisin Totoro ou encore Princesse Mononoké ont accepté de réaliser pour ce titre l'intégralité des scènes d'animation. Mais bien que la version DS n'ait pas eu la chance de franchir les limites du Japon, elle aura servi de brouillon à l'ébauche de la déclinaison PS3 qui, elle, se voit éditée quasiment au même moment en Europe et aux Etats-Unis. Un travail titanesque a d'ailleurs été fourni au niveau de la localisation, le titre étant entièrement traduit dans notre langue, ce qui inclut aussi bien les textes du jeu que l'ensemble des pages du grimoire numérisées dans cette mouture PS3.
Car l'idée de départ du projet Ni no Kuni est bel et bien de créer un pont entre le jeu vidéo et le support papier par l'intermédiaire d'un ouvrage magique fourni avec le soft. Précisons tout de suite que le fameux livre n'accompagne que les versions collectors de Ni no Kuni sur PS3, mais que ses 300 pages sont entièrement numérisées dans le jeu. Son utilisation est en effet indissociable de la progression qui met en parallèle le joueur et le héros de cette aventure, tous deux étant munis du même almanach de magicien et aussi désireux d'apprendre à s'en servir. Et bien qu'il ne soit plus question dans cet épisode PS3 de tracer les runes manuellement, on est toujours amené à feuilleter régulièrement les pages du grimoire pour découvrir toutes sortes de choses utiles pour l'aventure. Cela peut aller de la simple recette d'alchimie à des indices pour résoudre les énigmes ou déchiffrer les inscriptions gravées dans une langue inconnue. L'ouvrage est d'ailleurs une véritable mine d'informations sur l'univers de Ni no Kuni, ses contrées sauvages, ses habitants, mais aussi son bestiaire et ses mythes, des contes merveilleux étant même inclus pour inciter notre esprit à voyager au-delà de ce qui est évoqué dans l'aventure. Acquises au compte-gouttes tout au long de la progression, ces pages numérisées font vraiment toute la particularité de Ni no Kuni, et l'on ne peut que s'agenouiller devant les responsables de la localisation qui n'ont pas fait les choses à moitié en traduisant le grimoire dans sa totalité avec beaucoup de finesse, ne trahissant à aucun moment l'esprit du projet.
De même que les voix japonaises contribuent énormément au charme des films d'animation réalisés par le studio Ghibli, c'est bien en activant le doublage original nippon que l'on appréciera le plus de parcourir cet épisode PS3 de Ni no Kuni. Décidément, tout semble avoir été mis en œuvre pour nous placer dans les meilleures conditions possibles afin de nous permettre de profiter au maximum de ce titre qui bénéficie en plus de musiques signées Joe Hisaishi, le compositeur attitré des productions Ghibli ! Inutile de préciser que la bande-son est franchement exceptionnelle, chaque thème musical rivalisant de génie pour rester gravé dans notre esprit du début à la fin de l'aventure sans jamais devenir lassant. La participation du studio Ghibli s'avère donc être plus qu'un simple atout pour ce titre qui peut compter sur chacune de ses cinématiques pour nous transporter dans un univers pas si éloigné que ça que celui du Voyage de Chihiro, du Château Ambulant ou de Princesse Mononoké. Le fantastique est ainsi omniprésent puisque Oliver, le héros du jeu, passe quasiment tout son temps dans le fameux « deuxième monde », après y avoir été entraîné par Lumi, un esprit malicieux qui prend vie lorsque l'enfant verse une larme de désespoir sur le doudou dans lequel Lumi était enfermé. Mais quelle horrible tragédie a bien pu pousser le jeune garçon à pleurer toutes les larmes de son corps avant de partir arpenter un monde inconnu et hostile au péril de sa propre vie ?
Bien que baignant allègrement dans l'esprit des contes et la fantaisie, le Ni no Kuni possède tout de même quelques liens avec notre monde réel. A commencer par ses habitants qui sont tous l'âme sœur d'un être appartenant à notre réalité. Comprenez par là que, même si leur apparence diffère parfois au point de faire appartenir deux âmes soeurs à des races distinctes, le fond de leur cœur reste fondamentalement identique. Autrement dit, si les agissements d'une personne dans le Ni no Kuni trahissent un profond mal-être, il suffit d'aider cette même personne dans le monde réel pour que son âme sœur soit libérée, et inversement. Cette idée se retrouve tout au long de l'aventure et impacte aussi bien l'histoire que le gameplay puisque le joueur devra bien souvent vaincre les cauchemars qui habitent les personnes au cœur brisé pour leur rendre leur sérénité. Les créateurs du jeu semblent d'ailleurs avoir tenu à placer l'importance des sentiments au tout premier plan, car on retrouve également cela à travers les innombrables quêtes d'échanges de fragments de cœur entre NPC. Concrètement, lorsque Oliver trouve un individu qui déborde d'un sentiment particulier (le courage, la bonté, l'amour, etc.), il peut lui en prélever une partie pour la donner à quelqu'un qui en manque. Un procédé que l'on aimerait bien pouvoir appliquer dans notre réalité !
Si vous faites partie des joueurs adeptes des J-RPG depuis de nombreuses années, vous serez sans doute frappé de constater à quel point le canevas de Ni no Kuni rappelle celui de Dragon Quest 8 : L'Odyssée du Roi Maudit. Les similitudes sont frappantes, exception faite du système de combat qui n'a rien à voir, et l'on arpente le soft avec le même sentiment d'émerveillement qui avait fait de Dragon Quest 8 l'un des épisodes les plus appréciés de la série. S'il émane de Ni no Kuni un caractère old-school indéniable, on ne blâmera certainement pas le studio Level-5 d'avoir voulu revenir aux sources du J-RPG de manière aussi évidente. Ainsi donc, la dimension ultra linéaire des premières heures de jeu s'estompe à la lumière des possibilités d'évasion offertes par l'acquisition de moyens de transport exotiques qui nous ouvrent des territoires de plus en plus gigantesques à explorer en toute liberté. La difficulté inégale nous obligeant parfois à recourir à la bonne vieille méthode de l'engrangement d'XP, le monde renferme des zones idéales pour leveler, abritant des créatures similaires aux fameux gluants de métal de la série Dragon Quest. Il faut quand même préciser que le joueur peut à tout moment décider de baisser le niveau de difficulté pour passer un cap délicat, puis le remonter à volonté, comme l'autorise notamment la saga des Tales of.
Car le jeu est loin d'être aussi facile qu'il en a l'air, les soucis découlant principalement des failles inhérentes à un système de combat aussi original que bancal, et c'est d'ailleurs bien le seul véritable reproche que l'on pourra faire à Ni no Kuni. Délaissant complètement les combats traditionnels au tour par tour, le gameplay fait intervenir des batailles en quasi temps réel où l'on peut figer l'action pour choisir tranquillement ses attaques. Les personnages se battent par créatures interposées mais peuvent aussi agir directement en usant de leurs spécialités, à savoir la magie pour le jeune Oliver, les mélodies pour la harpiste Myrta et les tirs au pistolet pour l'intrépide Faco. Apprivoisés tout au long de l'aventure, les familiers qui composent votre équipe sont clairement les mieux placés pour aller au contact de leurs adversaires, à vous ensuite d'utiliser au mieux leurs capacités pour optimiser leurs actions. Calquées sur le principe des Pokémon, les aptitudes de chaque familier se développent à mesure qu'ils montent de niveau et évoluent dans des formes supérieures, mais le joueur peut aussi les gaver de friandises pour améliorer leurs stats, choisir leurs formes d'évolution et la liste des capacités qu'ils peuvent utiliser en combat.
Sur le terrain, on peut diriger nos familiers manuellement avant de les laisser enchaîner une série d'attaques, mais il faut être prêt à les stopper à tout moment pour les passer en défense dès que l'ennemi s'apprête à déclencher une technique puissante. Indispensable contre les boss, ce fonctionnement se montre assez déroutant dans le sens où il oblige à annuler très rapidement une attaque en cours pour se mettre en garde, faute de quoi la sanction est immédiate. Le timing est donc un peu trop serré, tout comme celui qui consiste à attaquer au moment précis où la bulle d'action change de couleur, ce qui s'avère difficilement applicable dans la pratique. Qui plus est, les familiers ont tendance à se gêner dans leurs mouvements quand ils visent la même cible. Dommage aussi que le partage des MP entre les personnages et leurs familiers nous incite à les conserver principalement pour les soins et à interdire aux alliés d'employer leurs compétences sous peine de les voir vider l'intégralité de leur jauge en un ou deux combats. D'une manière générale, même si les tactiques que l'on peut donner aux IA permettent de les empêcher de faire n'importe quoi, on regrette de ne pas avoir un contrôle un peu plus précis du déroulement des combats, sans aller jusqu'à paramétrer à l'extrême les réactions de nos alliés à la manière d'un Final Fantasy 12.
Pour peu que l'on adhère à l'esprit enfantin mais délicieusement magique de cette aventure, Ni no Kuni nous entraîne dans un voyage de plus de 40 heures dans les contrées fantastiques d'un ailleurs qu'on ne peut espérer trouver que dans nos rêves. Un voyage qui peut s'avérer encore plus long dès lors qu'on se prête au jeu des quêtes annexes, le titre renfermant plus d'une centaine d'objectifs optionnels et de missions de chasseurs de primes qui vous inviteront à pousser au maximum votre exploration du monde. Sans compter le temps passé à traquer et à faire évoluer ses familiers, à trouver de nouveaux mélanges possibles dans le chaudron d'alchimie, et à parcourir les 300 pages de l'almanach du magicien pour en déceler tous les mystères.
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Points forts
- Les animations du studio Ghibli
- Un J-RPG solide et intemporel
- De nombreuses heures de jeu
- La magnifique ambiance musicale
- La magie de l'univers
Points faibles
- L'absence de nouveaux contenus
L’arrivée de la création des studios Level-5 et Ghibli sur les machines actuelles est une belle opportunité pour ceux qui ne connaitraient pas encore de découvrir cette aventure intemporelle et unique. En dépit des différences techniques qui existent entre les plateformes, il n’y a pas de défaut suffisamment important pour privilégier l’une ou l’autre machine, seules les préférences et exigences de chacun vont permettre de choisir quel support utiliser pour expérimenter le titre. Quant à ceux qui souhaitent se replonger dans l’histoire d’Oliver, s'ils ne sont ni déçus ni rebutés par l'absence de nouveaux contenus, il s’avère que le plaisir de parcourir cet univers reste intact. Cela ressemble à s’y méprendre à la satisfaction procurée par un retour dans le monde d’un film d’animation qu’on aurait particulièrement apprécié, une bonne manière de patienter jusqu'à la potentielle arrivée de l'adaptation cinématographique de Ni No Kuni dans nos contrées, adaptation lancée au Japon en août 2019.