Fruit du travail de Twisted Pixel, qui s’était déjà illustré en VR avec le très sympathique Wilson’s Heart, Defector tient une place très spéciale dans l’écosystème de la marque Oculus. Celle d’un blockbuster à sensations, façon “Mission Impossible”, alliant gunfight, infiltration et aventure. La question étant de savoir si ce Defector, vendu à petit prix, s’en sort aussi bien que le Blood & Truth du PSVR, son cousin éloigné…
Une vitrine efficace et bien mise en scène
Lorsque nous l’avions essayé il y a quelques mois, à travers son premier chapitre, Defector nous avait marqué par son ingéniosité et par la variété des situations qu’il nous faisait vivre. Combat au corps à corps, interrogatoire, cascades impressionnantes, gunfights et autres prise de décisions impactant directement la mission : la mise en scène et l’immersion procurée sont d’un bon niveau. Malheureusement, tout ceci s'effrite un peu au fil des heures de jeu, et si la première mission se veut hyper-riche et variée, la suite perd progressivement en saveur et en ingéniosité, troquant peu à peu l’infiltration pour l’action bien bourrine : ce que réussit le moins ce cher Defector. Mais d’ailleurs, pourquoi un tel titre ?
Un titre qui s’essouffle un peu vite
“Defector”, qui signifie “transfuge”, est avant tout une histoire d’espions passés à l’ennemi. Votre personnage, agent opérant pour les Etats-Unis, est, au début du jeu, retenu dans son agence, en plein debriefing suite à un mystérieux événement survenu la veille, sur Liberty Island. La personne en face de lui, va l’interroger sur son implication dans cet “incident” que l’on imagine lié à la Statue de la Liberté. C’est donc à travers ce débriefing que l’on va progressivement explorer les cinq chapitres que compte le jeu.
On y parcourt un ring clandestin en Inde, un luxueux hotel à Londres, un jet privé en plein vol et quelques bases secrètes. Et si la promesse est alléchante, il est important de garder en tête que Defector repose énormément sur son script pour conditionner et dynamiser les séquences d’action. Il est donc crucial, de “rester sur le rail” pour apprécier ses qualités. Malheureusement, notamment lors de choix, il vous sera possible de la jouer totalement action pour vous en sortir, ce qui aura tendance à enlever tout l'intérêt du titre, le transformant alors en bête shooter dont on se lasse assez vite. Ce dilemme se ressent dès la troisième mission (sur cinq) et dévorera progressivement le titre, pour faire du final un déluge de combats dont on se serait bien passé.
Defector : tentative de vol en plein vol
Main de fer dans un gant de velours
Il y a pourtant de superbe idées dans Defector, qui propose une esthétique très propre, un excellent sound design, et de superbes sensations, la plupart du temps. Son système d’embranchement propose d’ailleurs des fins alternatives pour trois chapitres et offre donc une petite rejouabilité. Rassurez-vous d’ailleurs, inutile de refaire toute la mission : il existe un checkpoint directement à l’embranchement. Pratique. D’une manière générale, on sent bien que Twisted Pixel a aimé travailler sur son projet et fournit en fin de session quantité de bonus à débloquer (artworks, cheatcodes, modèles VR...) en fonction du taux de complétion des chapitres, lequel repose sur de petits objectifs secondaires.
Cela étant, il nous est impossible en bouclant le jeu de ne pas se sentir frustré : charmé par un si bon début, et lassé par deux chapitres finaux tournés quasi-exclusivement sur l’action et sur des objectifs hyper redondants. D’ailleurs, afin que vous puissiez au mieux apprécier ces phases laborieuses, nous vous recommandons chaudement d’activer les déplacements visant la direction du casque. Cela vous évitera pas mal d'inconfort lors de déplacements rapides dans des endroits labyrinthiques propices aux gunfights.
Points forts
- Immersion au top : gadgets bien conçus et features de gameplay très variées
- Réalisation technique et sound design de haute volée
- Les trois premiers chapitres, franchement réussis
- Des embranchements intéressants et pas mal de petits objectifs dans chaque mission
- Les petits bonus à débloquer : cheatcodes, niveaux de test, modèles VR, artworks...
- Petit prix pour une durée de vie honnête (20 dollars au lancement pour 5H de jeu)
Points faibles
- Quelques soucis avec certaines actions à réaliser (notamment en corps à corps)
- Gunfights souvent bien trop longs et vite lassants
- Les deux derniers chapitres, bien trop bourrins et très vite expédiés
- Le système de dialogues, sous-exploité...
Defector est une aventure efficace, dotée d’avantages certains, qui saura impressionner les joueurs et faire office de vitrine technologique pour l’écurie Oculus. Malheureusement, si le premier chapitre est presque parfait, la suite de l’aventure perd progressivement en saveur et remplace peu à peu l’ingéniosité de la mise en scène par le sensationnel des gunfights, dont on se lasse assez vite...