Les portes de l’enfer sont de nouveau ouvertes ! Le célèbre Dante, fils d’un démon rallié à la cause de l'humanité dénommé Sparda, se frotte à l’hybride de Nintendo en rejouant sa première aventure sur Switch. Librement inspirée de la Divine Comédie, l’épopée écrite par Capcom est-elle toujours aussi enrôleuse ?
Notre Gaming Live sur la version Switch de Devil May Cry
Considéré comme ayant remis le beat’em up au goût du jour lors de sa sortie en 2001 sur PlayStation 2, le premier Devil May Cry avait impressionné par la frénésie de ses affrontements. Face à d’affreux ennemis démoniaques, Dante maniait épées et armes à feu avec décontraction dans les dédales d’un château maudit pour un défi d'une poignée d'heures. 18 ans plus tard, le plaisir est encore là, bien qu’il soit entaché par quelques errances techniques.
Graphiquement, les textures floues rappellent que Dante a effectivement pris quelques cheveux blancs. La direction artistique très travaillée mise en valeur par des angles de caméras valorisant l’architecture des niveaux font que le titre reste encore plutôt agréable à regarder, même s’il est très loin des standards actuels. La caméra précalculée fait gagner en mise en scène ce qu’elle fait perdre à la jouabilité, surtout dans les phases qui demandent un peu de précision. Il est, de nos jours, difficilement acceptable de frapper à l’aveugle des ennemis qui se situent au-delà de l’objectif.
Cette édition sur Switch (d'un poids de 9,2 Go) ne contient aucune nouveauté en termes de contenu et est vendue au prix de 19,99 euros sur l’eShop. Pour rappel, la HD Collection qui contenait les 3 premiers opus coûtait, à sa sortie, seulement dix euros de plus sur les autres supports. Devil May Cry souffre des mêmes problèmes relevés dans la HD Collection avec des cinématiques en basse résolution et des menus en 4:3. Ces derniers, en plus d’avoir particulièrement vieilli au niveau du design, ont un souci de lisibilité. Enfin, à l'image d'anciens jeux Capcom portés sur Switch, l’écran tactile de la console n’est pas utilisé. Oui, l'éditeur fait dans l'économie de moyens, ce qui est regrettable.
Le test complet de Devil May Cry par Jihem (14/12/2001)
L'histoire raconte qu'il y a 2000 ans, un démon nommé Sparda se rebella contre les forces maléfiques et enferma le seigneur du mal dans un caveau scellé. Sparda épousa une femme humaine et eut un fils mi-démon mi-humain. Aujourd'hui, le seigneur du mal est sur le point de se libérer. Un seul homme est capable de l'en empêcher : le fils même de Sparda...
Devil May Cry c'est d'abord un héros. Un personnage débordant de charisme et de classe. Un personnage qui marquera à jamais le jeu vidéo par son attitude. Un personnage qui parvient à lui seul à faire oublier la banalité du scénario. Ce personnage, c'est Dante, un détective de l'étrange spécialisé dans l'extermination de démons. Etant le fils de Sparda, Dante porte en lui à la fois du sang humain et démon ce qui en plus de lui conférer des pouvoirs destructeurs, lui donne une assurance hors du commun et une décontraction à toute épreuve. Ainsi, quelles que soient les situations dans lesquelles il se retrouve, notre homme arbore toujours des poses ultra classes et une aisance déconcertante.
Admirablement rendue par une animation sans faille, sa désinvolture se traduit à l'écran par de nombreux mouvements rapides et précis. Bref, il est toujours très sûr de lui. Et il a de quoi ! Affublé d'une large épée dans le dos et d'un Beretta dans chaque main, Dante commence le jeu déjà fort bien équipé. Il trouvera par la suite d'autres armes encore plus puissantes dont un fusil et un lance-grenades. Il trouvera aussi l'épée du tonnerre et les gantelets de flamme qui pourront le transformer respectivement en Alastor et en Ifrit l'espace d'un court instant pour des attaques ravageuses. Les techniques de combats de Dante combinent l'utilisation des flingues et de l'épée. Ainsi, on se régale à exécuter des combos mêlant les deux armes. Par exemple, d'un revers de lame, Dante fait voler son adversaire et le maintient en l'air en le truffant de plomb ! Tout simplement jouissif !
Chaque ennemi tué laisse traîner derrière lui une quantité de sphères qui dépend directement de la technique utilisée pour l'achever. Evidemment, les gros combos au corps à corps rapportent bien plus que les tirs à distance. Les sphères sont divisées en catégories suivant leurs couleurs. Les rouges étant probablement les plus importantes car elles permettent d'améliorer ses armes en achetant de nouveaux pouvoirs (un peu comme dans Onimusha) ou de se procurer des items. Les sphères vertes vous redonnent de l'énergie, les bleues augmentent votre barre d'énergie, les jaunes vous donnent une vie et enfin les violettes augmentent la jauge de pouvoir de transformation.
Si les premiers visuels du jeu distribués sur le net laissaient penser que Devil May Cry n'était qu'un nouveau Resident Evil-like (n'oublions pas non plus qu'il s'agit d'une production Shinji Mikami, créateur de Resident Evil), il n'en ait rien. Devil May Cry est un titre cent pour cent axé sur l'action divisé en une trentaine de missions, dont beaucoup seront cachées et qu'il faudra débloquer. Même si l'action se déroule dans un lieu unique (à savoir un château), les décors varient beaucoup au cours de la progression. Cela dit, une constante demeure entre ces lieux : ils sont tous magnifiques. Les textures, superbes et très détaillées, sont mises en valeur par des travellings de caméra du plus bel effet et on se sent envahit par l'atmosphère néo-gothique du jeu. Atmosphère brillamment soutenue par une bande son divine. Les passages calmes et symphoniques laissent la place à des thèmes bien plus industriels lors des combats. Les voix sont restées en anglais mais tous les dialogues sont sous-titrés pour un minimum de compréhension.
Les décors ne sont pas fixes et plusieurs animations donnent vie à tous ces tableaux. Que ce soit simplement le vent qui agite les arbres ou des déformations plus importantes des parois du château, on est bluffé à chaque fois par la qualité visuelle offerte par ce titre. Les caméras sont toujours placées aux bons endroits pour ne pas gêner la visibilité, et si par malheur un élément du décor venait à s'intercaler, il deviendrait automatiquement transparent. Dante se dirige par rapport à la caméra (et non par rapport à lui-même comme dans les Resident Evil). Un détail qui tue : lors des changements de plan, il garde toujours la direction qu'il avait auparavant pour un meilleur confort de jeu. En d'autres termes, si vous allez vers le nord en appuyant sur Haut et que la caméra passe subitement en sens contraire, vous irez toujours vers le nord tant que vous garderez la touche Haut enfoncée.
Néanmoins Devil May Cry n'est pas le jeu parfait auquel on s'attendait. Déjà, l'absence du 60 Hz pour cette version européenne est assez dure à avaler. Inutile de vous dire que l'on ne retrouve pas ici toute la pêche que le héros avait dans sa version NTSC. De plus, les bandes noires qui écrasent l'écran en haut et en bas, sont d'un goût très discutables. D'autre part, le jeu connaît des passages un peu trop bourrins et répétitifs, même si certains trouveront que c'est justement eux qui donnent tout son charme au titre. Par contre, tout le monde sera d'accord pour trouver la durée de vie bien trop faible. Chaque mission ne dure en moyenne que 10 minutes. Faites le calcul vous-même, le titre vous résistera à peine plus de cinq malheureuses petites heures ! Et même si on est toujours partant pour le recommencer, cinq heures ça fait court...
Hormis ces quelques points négatifs, Devil May Cry reste tout de même un bon jeu doté d'une réalisation exceptionnelle au service d'une jouabilité exemplaire. Assurément l'un des titres forts de la console !
Points forts
- C’est net et fluide
- La formule fait toujours son effet
Points faibles
- Les graphismes ont forcément vieilli
- Rien de bien nouveau
- Des menus en 4:3 et des cinématiques en basse résolution
- Une caméra qui peut s’avérer frustrante
Devil May Cry reste un achat envisageable pour ceux qui souhaitent (re)découvrir un des meilleurs épisodes de la série, à la maison ou dans les transports. Ses mécaniques restent plaisantes malgré une caméra datée. La fluidité du titre a bien du mal à excuser les textures parfois très floues, les cinématiques en basse définition et les menus en 4:3 non tactiles. Pour fêter les 18 ans de sa première aventure, Dante aurait mérité un anniversaire autrement plus sophistiqué.