Bien qu’intégralement en anglais, le jeu débute par une citation du philosophe français Jean-Jacques Rousseau : on ne s’égare point parce qu’on ne sait pas, mais parce qu’on croit savoir. À l’inverse de la plupart des épisodes d’Etrian Odyssey, la narration a une place très importante dans Persona Q2. Les dialogues sont riches, drôles et parviennent, avec minutie, à faire le lien entre les évènements du passé et les pérégrinations du présent. De temps à autre, des scènes cinématiques – de la qualité d’un anime – se lancent afin d’apporter un point d’ancrage à une situation donnée. Si certains pourront trouver ces dialogues interminables (ils sont entièrement doublés en japonais et on peut les accélérer), la relation entre les 28 personnages du casting fait qu’on accroche immédiatement au récit.

Septième art

Tout en distillant des références qui feront plaisir aux fans, le titre d’Atlus joue avec les classiques du cinéma. En effet, dans cet épisode, la bande des Voleurs Fantômes (Phantom Thieves) a pour mission de modifier le dénouement de films pour se défaire de leur emprise. Par exemple, dans la première partie de l’aventure, ils sont bloqués au cœur d’une mégalopole dirigée par un super-héros du nom de Kamoshidaman. Ils vont ainsi parcourir les rues de la ville, se jouer de la sécurité et terrasser l’affreux. Dans la seconde, ils se retrouvent au beau milieu d’un monde préhistorique à la Jurassic Park. Persona oblige, certains évènements – comme la rencontre avec la mystérieuse Hikari – sont là pour pimenter votre progression. Un long et périlleux voyage vous attend !

Entre Persona et Etrian

La structure et l’interface sont clairement inspirés d’Etrian Odyssey. L’utilisateur peut, à loisir, utiliser la carte (sur l'écran du bas) comme bon lui semble avec le stylet. En annotant des indications, il est ainsi plus facile de s’extirper de labyrinthes toujours plus grands et complexes. Comme les raccourcis ne manquent pas, l’option n’est pas négligeable. En termes de gameplay, Persona Q2 reste fidèle aux principes du Dungeon-RPG en vue subjective. L'avatar se déplace dans des couloirs en 3D et affronte, au gré de sa progression, des ennemis de plus en plus résistants. Dans la lignée des classiques du genre, le système de combat repose sur des personnages aux caractéristiques diverses et prend en compte deux lignes de positionnement : avant et arrière. Il faut alors veiller à placer chacun des membres de l’escouade pour qu’il soit le plus efficace possible. Les spécialistes des attaques à distance peuvent être postés à différents endroits là où les soigneurs ont plus avantage – afin d’être protégés – à rester en retrait. Persona Q2 ne s’éloigne pas des habitudes de la franchise et mixe affrontements, puzzles sans oublier les allers-retours et l'indétrônable levelling. En parallèle, Persona Q2 s'approprie le système des monstres FOE d'Etrian Odyssey, c’est-à-dire des créatures – visibles – qui sont beaucoup trop puissantes lors de votre première rencontre et qu’il faut donc éviter coûte que coûte en résolvant une série d'énigmes (par exemple, dans le premier monde, il faut activer des switchs pour éteindre des spots lumineux, dans le second, il s'agit de coulisser des cages) et en analysant leurs déplacements. Une habitude du genre Dungeon-Crawler mais qui demeure toujours aussi efficace.

Pour le reste, on retrouve le fameux principe des éléments (quatre nouveaux éléments font leur apparition) qui fait que chaque ennemi a une ou plusieurs faiblesses contre un certain type d’attaques. L’idéal est alors de déstabiliser l’opposant en exploitant ses failles pour prendre le dessus. Pour remporter la victoire, il est aussi important de choisir les Personas/Sub-Personas les plus adaptés (on peut notamment les fusionner) sous peine de tomber sous les coups d’entités surpuissantes. Dans Persona Q2, la préparation d’avant-combat est vitale ! Ensuite, il faut s'imprégner de chacune des mécaniques des combats. Lorsqu’un personnage touche le point faible d’un ennemi ou qu’il subit un coup critique, il passe en état de Boost, ce qui lui permet d’utiliser gratuitement ses compétences. À condition, toutefois, de ne pas être touché par un adversaire entre temps. Ce qui est intéressant, c’est que cet état de Boost peut être transféré à un autre membre de l’équipe. La Follow-Up Attack et la All-Out Attack, quant à elles, sont là pour réunir toutes les forces de l’escouade contre un ennemi. En plus des autres personnages qui peuvent s’équiper de différents Personas, le jeu intègre une nouvelle fonction – Unison Skill – qui permet, en accomplissant des objectifs secondaires, d’assembler certains groupes ou duos pour déclencher une attaque spéciale.

New Cinema Labyrinth repose sur trois piliers fondamentaux : sa narration, son système de combat et sa réalisation.

La classe incarnée

Sur les plans visuels et sonores, Persona Q2 affiche une forme olympienne. Tout, des graphismes aux musiques, est soigné. Les menus sont superbes et bien pensés, la modélisation est très propre et les décors, variés et originaux, font corps avec le reste du jeu. Son ambiance unique et cette touche mêlant jazz et électro lui confère un charme fou. Dans ces conditions, il est regrettable que le titre ne propose pas de 3D stéréoscopique, l’effet aurait été très sympathique avec les environnements du jeu. La perfection n'étant pas de ce monde, le jeu n'échappe à la règle et souffre d'un démarrage longuet et d'une certaine redondance mais ces défauts ne suffisent pas à altérer l'impression positive de cette aventure très prenante.