Presque dix ans après le très sympathique Sonic & Sega All-Stars Racing, Sega remet le couvert avec un nouveau jeu de course façon Mario Kart. Cette fois-ci, pas d’univers étendu Sega, mais juste Sonic et ses potes, et surtout un gameplay pensé pour le jeu en équipe. Une recette qui fonctionne, sans faire de ce Team Sonic Racing un titre inoubliable.
Proposer un jeu de course en équipe, cela a toujours des risques, à commencer par celui de créer un jeu confus, peu précis dans ses mécaniques de teamplay et surtout confus dans sa finalité. Nous en avions d’ailleurs eu un bon exemple en 2018, avec Onrush, la dernière œuvre des créateurs de MotorStorm et DRIVECLUB ; le titre peinait à convaincre avec ses idées inspirées du monde des MOBA et ne parvenait jamais vraiment à créer la tension et l’adrénaline des jeux de course. Autant dire qu’on avait quelques raisons de se méfier, ne serait-ce qu’un peu, de ce Team Sonic Racing qui dès le titre affiche clairement ses intentions. Et pourtant.
Un gameplay qui fonctionne
Et pourtant, le jeu de Sumo Digital fonctionne parfaitement, ne serait-ce que sur les idées qu’il introduit avec ce nouveau simili Mario Kart. Ici, le joueur roule accompagné de deux équipiers et c’est ensemble et seulement ensemble qu’ils peuvent remporter la victoire. Car en fin de course, chaque participant gagne un certain nombre de points en fonction de sa position au classement, et c’est ce cumul de points qui permet de désigner l’équipe qui repartira avec le trophée. Un principe qui, dès le départ, instaure un certaine tension dans les courses puisque remporter la première place ne suffit pas ; et parfois, la meilleure façon de gagner peut surtout être de parasiter la course d’une autre équipe, en s’acharnant sur ses moins bons éléments. Il faut donc constamment penser stratégie, ce qui est assez agréable. L’écran de jeu permet de savoir d’un coup d’oeil où sont classés ses coéquipiers, comment s’en sortent les autres équipes et surtout où se trouvent les différents concurrents sur le tracé, ce qui permet d’élaborer quelques coups de vice en connaissance de cause.
Le jeu tente également de définir plusieurs rôles au sein des équipes, avec les catégories Vitesse, Technique et Puissance. Le premier vise la performance en étant le plus rapide ; le second est plus maniable et ne perd pas de vitesse lorsqu’il déborde en dehors du tracé officiel ; le dernier encaisse mieux les attaques et peut donc défendre ses amis. Un découpage intéressant mais qui n’a finalement pas beaucoup d’impact, dans la mesure où il est possible de modifier ses bolides et donc les stats de chacune d’entre elles. Si vous trouvez que votre type Vitesse perd trop de vitesse lorsqu’il est touché par un tir ennemi, vous pouvez tout à fait changer quelques pièces de son auto pour renforcer sa défense, au détriment de sa vitesse de pointe ou de son comportement. Si vous préférez jouer Sonic que Knuckles, par exemple, c’est une possibilité. Une souplesse appréciable mais qui rend le système de classe quelque peu superflu.
Afin de mettre en valeur le teamplay, Sumo Digital a introduit quatre mécaniques différentes, qui fonctionnent toutes plutôt bien. La première est un Super Turbo, que les trois joueurs peuvent déclencher en même temps lorsque la jauge dédiée est remplie. Pour ce faire, il suffit de déraper, d’effectuer des sauts, de toucher des ennemis avec les différents items du jeu, etc. Ce boost considérable permet de faire quelques belles remontées et ne doit donc pas être négligé. Il y a ensuite la possibilité de transférer des items d’un joueur à un autre, car comme tout bon Mario Kart like qui se respecte, Team Sonic Racing propose tout un tas d’armes à récupérer dans des caisses éparpillées sur les circuits. Il suffit d’appuyer sur une touche pour proposer un item à ses équipiers, ou à l’inverse récupérer ceux qu’ils proposent. Dans certaines situations, ce petit troc peut faire une belle différence puisqu’il peut permettre à un copain de prendre le dessus sur un adversaire qui le talonne. Il y a ensuite le Turboraz, un petit boost qui se déclenche lorsque l’on frôle un équipier qui avance au ralenti, par exemple après une collision ; cela lui permet de se relancer et de revenir plus facilement dans la course. De quoi encourager les joueurs à rester ensemble autant que possible. La dernière idée de Sumo Digital est aussi simple que maligne : l’équipier le mieux classé laisse derrière lui une traînée jaune or qu’il faut utiliser à bon escient pour gagner de petits boosts.
C’est avec ces quelques idées que Team Sonic Racing réussit à développer un gameplay intéressant en solo mais surtout à plusieurs, avec des amis. On se donne des consignes, on surveille le classement des autres équipes, et on modifie sa stratégie en fonction des impératifs de classement. Parfois, laisser filer une équipe pour être sûr de pouvoir utiliser ses armes contre trois adverses plus dangereux au classement peut être une bonne stratégie, tandis que parfois il vaut mieux assurer la première place et jouer la sécurité sur les deux autres voitures. L’idée fonctionne tant et si bien que Team Sonic Racing réussit à proposer quelque chose de suffisamment différent et original pour séduire les amateurs de jeu de course de ce genre.
Des circuits trop inégaux
En fait, Team Sonic Racing pourrait même être un incontournable si Sumo Digital n’avait pas trébuché sur ce qui nous semble être le plus évident dans un jeu de ce genre : la qualité des circuits. On ne parle même pas de la direction artistique et du fait que les autres licences Sega aient été mis de côté : tous les circuits sont centrés sur l’univers de Sonic et si c’est forcément regrettable, ce n’est pas non plus vraiment préjudiciable. Les circuits sont plutôt jolis et multiplient les références aux précédents jeux Sonic, comme celui installé dans une vieille pyramide égyptienne dans laquelle on peut rencontrer King Boom Boo, un boss de Sonic Adventure 2. Non le souci n’est pas dans la direction artistique, mais dans le design même des circuits. Comme nous l’avions pointé du doigt lors du notre preview, nous craignions que les circuits challengent trop peu le joueur, en multipliant les lignes droites et les longues courbes peu agressives. Et, dans une certaine mesure, c’est le cas. Certains circuits évitent cet écueil en proposant des tracés amusants de bout en bout, grâce à de bons enchaînements de virage ou des jumps bien placés, qui permettent de jouer avec le système de drift ou de tricks aériens, une bonne façon de gagner des petits boosts et donc de constamment accélérer le rythme de jeu. À l’inverse, d’autres circuits se perdent dans des sections trop droites, trop plates, sur lesquelles il ne se passe pas grand-chose. Ce qui a deux effets pervers : le premier, c’est qu’on a la sensation de se traîner ; le second, c’est que cela ne mobilise pas franchement les compétences des pilotes, et il est donc difficile de créer la différence sur ces segments. À moins d’utiliser un Super Turbo, ou un item de boost, ce qui introduit un peu plus d’aléatoire dans les courses. Dommage puisque autrement, le jeu est plutôt bien équilibré, même si l’on peut regretter qu’il n’y ait pas plus d’armes « défensives ».
De quoi s’occuper
Malgré ce défaut, Team Sonic Racing reste un jeu intéressant et bien fourni, notamment grâce à sa campagne solo. Si l’on a vite oublié l’histoire vaguement racontée par quelques dialogues peu inspirées, cette aventure embarquera le joueur pour une petite dizaine d’heures de jeu s’il souhaite tout boucler. On apprécie la variété des épreuves, entre les courses simples, les courses à élimination façon chaise musicale, les championnats, et les défis de dérapage, de collecte d’anneaux ou de destruction d’adversaires. Seul regret, la sur-utilisation de certains circuits et les performances parfois… erratiques des coéquipiers, qui peuvent à l'occasion se montrer bien incapables d’obtenir une place correcte au classement. Perdre à cause des autres, c'est toujours désagréable, surtout quand il n'y a pas de raison particulière.
Une fois la campagne terminée, le joueur pourra se diriger vers le jeu en ligne, seul ou avec des amis, et surtout jouer en local avec quelques copains. Il est ainsi possible de jouer jusqu’à quatre joueurs sur la même machine. Vous vous en doutez, c’est dans cette configuration que Team Sonic Racing délivre toute sa saveur.
Les images illustrant ce test proviennent de la version PlayStation 4 Pro du jeu.
Points forts
- Conduite assez nerveuse, quand les circuits le permettent...
- De bonnes idées pour favoriser le jeu en équipe
- Des circuits jolis et bien remplis
- La customisation des véhicules
- La campagne solo, plutôt variée
- Du multijoueur en ligne, mais aussi en local, jusqu’à 4 joueurs
Points faibles
- … mais plus molle sur les circuits moins inspirés
- Le casting manque un peu de charme
- La VF vite insupportable
Team Sonic Racing a le mérite de proposer un concept de jeu qui le différencie de la concurrence directe. Mieux, les idées mises en œuvre pour appliquer ce concept fonctionnent extrêmement bien, faisant de Team Sonic Racing un vrai bon jeu de course en coopération. Malheureusement, le design assez inégal des circuits affaiblit l’expérience de jeu, en empêchant les courses de délivrer toute l’excitation, la tension et les moments de grand frisson que l’on attend de ce genre de titre. Et c’est frustrant puisque sur le reste, le dernier-né de Sumo Digital n’a pas grand-chose à se reprocher, au point même qu’on en avait oublié l’absence des autres licences de Sega. On conseillera tout de même de donner une chance à ce Team Sonic Racing qui propose quelques chouettes idées de gameplay.