Voilà déjà 5 ans que Chivalry : Medieval Warfare accueille une multitude de bretteurs en herbe, qui s'adonnent aux joies de la joute en environnement ouvert. Doté d'un gameplay solide qui a depuis longtemps fait ses preuves, le titre de Tomm Banner Studio vient de trouver un très sérieux concurrent avec Mordhau, qui parvient sans peine à donner la réplique à son ancêtre.
Notre Gaming live du jeu
Des modes secondaires pour un mode principal
Les règles de Mordhau sont simples. Trois modes de jeux principaux sont à la disposition du joueur. Le mode frontline, Battle Royale et Horde. Ces deux derniers disposent de libellés explicites et sont sans doute les moins intéressants et les moins intenses du jeu. Le premier, place une trentaine de joueurs sur une carte de taille réduite au sein de laquelle des coffres renfermant armures et armes sont disséminés. Le but, vous le connaissez : être le dernier homme en vie. Le mode horde, quant à lui, vous proposera en compagnie d'une poignée d'autres joueurs, d'affronter des vagues successives d'ennemis, de plus en plus puissants. À chaque fois que vous venez à bout d'un adversaire, vous gagnez une certaine quantité de pièces d'or que vous pourrez échanger contre de l'équipement dont la valeur détermine la qualité.
Si les deux modes de jeu ne sont pas désagréables à parcourir, les BR est un peu trop déserté et le mode Horde un peu trop convenu pour dépasser le simple stade de « terrain d'entraînement ». C'est donc en escarmouche que vous passerez le plus clair de votre temps. Dans ce mode, les règles sont simples. Deux équipes de 32 joueurs doivent capturer les points adverses et défendre les leurs. Si la plupart de temps, la tâche se résume à rester dans un cercle à proximité d'un point d'intérêt pour le capturer, il existe également des objectifs plus interactifs qui demanderont, par exemple, de pousser un chariot vers le camp adverse ou utiliser des torches pour incendier les tentes d'un campement. Vous aurez à votre disposition catapultes ou chevaux pour percer les défenses adverses et il faudra aussi bien entendu compter sur votre talent au combat.
Des classes pour tous les goûts
64 joueurs sur une carte, aussi grande soit-elle, laisse entrevoir un joyeux bordel, surtout lorsque l'on garde à l'esprit qu'à l'exception des archers, Mordhau est un jeu de corps à corps, qui a l'excellente idée d'activer les dégâts alliés qui, s'ils sont amoindris par rapport aux dégâts infligés aux ennemis, est suffisamment important pour ne pas être négligé. Avant de plonger dans le combat, deux solutions s'offrent à vous. Soit vous optez pour un personnage créé de toutes pièces, élément sur lequel nous reviendrons, soit vous choisissez parmi les 9 archétypes proposés par le jeu. Archer, chevalier, protecteur, ingénieur... Mordhau est plutôt bien parvenu à établir les profils basiques pour laisser le joueur appréhender toute la richesse du jeu. Ainsi, vous pourrez tâter des armes à deux mains, de l'épée et du bouclier, de la lance ou du tir à l'arc à chaque fois que vous passerez l'arme à gauche. Cette philosophie est en tout cas chaudement recommandée si vous désirez faire vos premiers pas dans Mordhau, qui de toute façon se feront dans la douleur.
Un gameplay simple mais profond
Certes, il existe un tutoriel très complet qui vous explique, non sans humour, tout ce qu'il faut savoir pour manipuler votre arme. Mais c'est bien dans la pratique que votre art se peaufinera, et Mordhau offre suffisamment de profondeur à son gameplay pour insuffler à ses combats réalisme et exigence. La première chose à maîtriser est l'orientation du coup. Grâce à un curseur central sur lequel une flèche directionnelle peut pivoter, vous pourrez observer d'un simple coup d'oeil vers quelle direction vous enverrez l'assaut, direction que vous pouvez affiner par simple mouvement de poignet. Un roulement de la molette de la souris vous permettra, selon que vous le fassiez vers le haut ou le bas, d'asséner un coup d'estoc ou un coup plongeant. Ces rudiments ne sont pas si évidents que cela à prendre en main. En premier lieu, et c'est une bonne chose, la précision de Mordhau laisse admiratif. Il vous suffira d'essayer de porter des coups à vide pour vous rendre compte que l'arme s'oriente précisément dans la direction souhaitée, le tout contre une certaine quantité d'endurance qui se régénère à l'arrêt.
Par ailleurs, la physique des armes est assurément l'une des grandes forces du jeu. Selon que vous jouiez à la hache ou à la dague, vous sentirez littéralement le poids de votre arsenal entre vos mains. Tandis qu'une épée courte permettra un maniement plus aérien, une hache, elle sera plus laborieuse à manipuler, mais, à l'impact, tout le poids transféré par votre mouvement sur votre cible vous saute au visage. Les coups portés et reçus procurent des sensations d'une crédibilité précieuse. Un coup latéral porté sur la nuque d'un adversaire le décapitera assurément, tandis que s'accroupir et porter un coup balayant lui fauchera presque immanquablement les jambes. Notez d'ailleurs que vous devrez aussi apprendre à appréhender l'allonge de votre arsenal, puisqu'il ne sera pas rare que votre coup se heurte à un obstacle (rempart, arbre, abdomen...) si vous n'avez pas pris gare à votre environnement. Inutile, donc, de préciser, qu'il est recommandé de se concentrer et d'éviter à tout prix de frapper sans réfléchir, l'orientation des coups pouvant faire toute la différence.
Le panel de frappe ne s'arrête cependant pas à du multidirectionnel. Vous pouvez interrompre votre attaque d'une pression de touche, contraignant l'adversaire à dégager ses flancs en vue d'une parade et ainsi le couper en deux. Vous pourrez également envisager des combos, autorisant le port de deux coups successifs dont vous pouvez déterminer à l'avance la direction. Cependant, l'enchainement demande un minimum de pratique puisqu'il faudra cliquer pour envoyer le deuxième coup juste avant que votre personnage ne lance le premier. Il convient donc de bien observer les animations du jeu pour maîtriser cette technique qui fera toute la différence en combat. Envoyer un coup d'estoc pour embrayer sur un coup de hanche est par exemple une possibilité qui, si elle est proprement exécutée, peut renverser l'issue d'un duel. Enfin, il est possible de chambrer les coups de votre adversaire. Cette technique consiste à mimer l'attaque que votre ennemi entend vous porter afin de croiser le fer. Lorsque les lames s'entrechoquent, vous pouvez alors porter une contre-attaque dévastatrice. Ajoutez à cela la possibilité d'embarquer, en fonction de votre personnage, des haches ou couteaux de lancer, et vous obtiendrez un panel de possibilité très étendu.
Le cumul de ces différentes techniques rend Mordhau difficile à maîtriser, et autant dire que vos débuts sur le champ de bataille, si vous n'avez jamais touché à un jeu de ce type, seront erratiques et douloureux. Si vous parviendrez bien à occire deux ou trois soldats en les prenant à revers, les premiers duels se termineront assez rapidement dans le sang. Cependant, avec un peu de pratique, on parvient à mieux anticiper les coups, à jongler avec les parades et à lire le comportement de l'adversaire. Cependant, la courbe de progression du jeu est assez abrupte et vous aurez vite fait de comprendre quand votre adversaire a atteint un niveau de maîtrise bien supérieur au vôtre. Si cette philosophie ne vous dérange pas spécialement, vous aurez alors envie de persévérer et de vous adonner à des gestes techniques afin de trancher dans le vif de vos adversaires.
Les combats, en plus d'être techniques, sont particulièrement jouissifs et décomplexés. Mordhau n'est assurément pas un jeu qui se prend au sérieux. Un humour directement emprunté à l'inoubliable Sacré Graal des Monty Python est omniprésent. Démembrer un adversaire ne veut pas pour autant dire l'enterrer, et il ne sera pas rare de voir des estropiés s'enfuir un bras au moins avant de passer l'arme à gauche. En outre, et vous ne manquerez pas de l'exploiter, une pression sur la touche « V » déclenche le cri de guerre de votre personnage. La fonctionnalité crée un environnement sonore aussi absurde que frénétique, frénésie qui se traduit également par une multitude d'effets gores plutôt réussis et qui participent à la crédibilité des coups portés.
Il faut cependant reconnaître que les combats peuvent être confus et que votre niveau ne sera pas nécessairement conditionné par votre nombre de victimes. Il n'est pas rare de prendre des ennemis occupés à revers (la réciproque étant vraie), tandis qu'un soldat isolé face à 5 opposants n'aura aucune chance de s'en sortir. Cependant, vous constaterez aisément vos progrès dès que les combats seront en nombre réduit et, si 64 joueurs vous semblent trop élevés, vous pouvez toujours sélectionner les serveurs qui proposent des duels afin de parfaire votre technique.
Une personnalisation flexible
S'il est possible, comme nous l'avons vu plus haut, de jouer avec une classe prédéfinie, un système d'éditeur de personnage particulièrement flexible est également de la partie. Outre le visage, le ton de la voix et la corpulence, c'est surtout l'équipement de votre avatar et ses quelques compétences passives qui font tout le sel de cette portion du jeu. Si vous n'avez pas pris la peine d'arpenter les champs de bataille préalablement à la création de votre avatar, vous ne disposerez que d'un équipement extrêmement basique. En revanche, à mesure que vous prendrez des niveaux, tuerez des ennemis et arracherez la victoire au camp d'en face, vous engrangerez de l'expérience et empocherez quelques pièces d'or. L'expérience vous permettra d'équiper armes et armures de niveau supérieur tandis que les pièces d'or vous permettront d'en faire l'acquisition définitive. Chaque pièce coûte également un certain nombre de points une fois embarqués dans l'inventaire, ainsi, ne vous attendez pas à pouvoir faire n'importe quoi. Vous ne disposez que de 16 points à répartir entre équipement, armes et compétences passives, aussi convient-il de choisir avec minutie votre arsenal.
Au-delà de ces contraintes, la création est libre. Vous pouvez vous équiper uniquement de pièces d'armure lourde afin de garantir une bonne défense, mais sacrifierez au passage votre vitesse de déplacement. Vous pouvez embarquer une petite hache et une dague tout en vous offrant un kit de soin ou une bombe incendiaire pour varier vos assauts. Plus drôle encore, vous pouvez tout simplement partir presque nu au front, afin de vous équiper des armes les plus coûteuses en points. Les combinaisons sont très étendues et il est tout à fait possible de façonner le troufion qui correspond le mieux à votre style de jeu, si tant est que vous ayez la patience d'expérimenter ce qui vous convient le plus.
Alors certes, tout n'est pas parfait dans Mordhau. On pourra regretter les cartes qui s'avèrent trop peu nombreuses à l'usage, une maniabilité des chevaux qui manque de naturel ou encore, et ce n'est pas là le fait du jeu, un comportement assez hostile de la communauté qui peut s'avérer usant à la longue. En outre, et si cette tendance tend à s'améliorer, les serveurs ont encore un peu de mal à accuser le succès du jeu et c'est assez régulièrement qu'il nous a fallu attendre de longues minutes avant de rejoindre une partie. Mais au-delà de ces quelques écueils, Mordhau est jouissif, intense, brutal, terriblement drôle et très souvent gratifiant. De quoi dans l'immédiat vous occuper de très longues heures.
Trailer de Mordhau
Points forts
- Un gameplay précis pour des sensations exemplaires
- La physique des armes
- L'humour emprunté directement aux Monty Python
- C'est fun, nerveux et brutal
- Facile à prendre en main, difficile à maîtriser
- L'intensité des combats et la satisfaction à progresser
Points faibles
- Parfois confus au coeur de la bataille
- Encore des difficultés rencontrées par les serveurs
- Cartes aux objectifs peu intéressants
Rarement champ de bataille n'aura semblé plus criant de vérité que dans Mordhau. Exigeant, intense, brutal, gore et diablement fun, le titre de Triternion plonge littéralement le joueur dans des batailles épiques où seule votre connaissance de votre matériel et la lecture des mouvements de l'adversaire feront la différence lors d'un duel. Doté d'une courbe de progression au long court, Mordhau n'en oublie pas d'être suffisamment intuitif pour faire comprendre au novice que les possibilités sont nombreuses et les combats précis. Évidemment, on pourra regretter les cartes assez peu nombreuses et les objectifs pas toujours très intéressants, mais si la philosophie du jeu vous tente, vous devriez vous y adonner avec plaisir pendant un grand nombre d'heures.