Alors que The Elder Scrolls retrouve le chemin des mobiles au travers d’un dungeon-crawler free-to-play, on oublierait vite que la franchise s’est également offert il y a un peu plus de deux ans un jeu de cartes. Mais plusieurs mois après notre premier test, The Elder Scrolls Legends a bénéficié d’une refonte aux mains d’un nouveau développeur. Nos doutes émis à l’époque sont-ils encore d’actualité ? Réponse dans ce retest.
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Une refonte nécessaire
Après plusieurs mois de développement compliqué, accompagné de trois DLC plutôt corrects, The Elder Scrolls Legends ne convainquait que mollement. Difficile de trouver le véritable responsable, mais Dire Wolf Digital, trop occupé sur un concurrent à Magic, passait la main en mai 2018 à Sparkypants Studios. Ce dernier, composé de vétérans de l’industrie et de spécialistes de jeux de cartes, s’est alors attelé, avec le soutien de Bethesda, à une refonte plus que nécessaire.
Nécessaire car lorsqu’on se remémore l’expérience utilisateur de l’époque Dire Wolf Digital, on ne peut que trop apprécier le résultat d’aujourd’hui. Mais pour en arriver là, Sparkypants a déjà dû passer par une phase de transition compliquée. Lancée officiellement en septembre 2018, la refonte s’est réalisée dans la douleur, avec des éléments de gameplay cassés, principalement dûs à des changements dans le moteur. Mais de nombreux patchs de rééquilibrages plus tard et une écoute accrue de la communauté ont finalement permis au titre de ressortir du fossé dans lequel il s’était mis quelques mois plus tôt.
Un contenu toujours aussi conséquent
Du jeu de base que nous testions il y a un peu plus d’un an, on conserve la totalité du contenu. Si vous lancez pour la première fois The Elder Scrolls Legends aujourd’hui, vous bénéficierez toujours gratuitement d’un contenu conséquent, fait notamment d’une campagne solo en 20 chapitres, agrémentée de cinématiques qui renforcent le fait que l’on est dans l’univers The Elder Scrolls, ainsi que d’un mode casse-têtes qui demande de terminer des parties (contre l’I.A.) mais avec des conditions bien spécifiques, et composé de trois degrés de difficulté. Ces puzzles permettent surtout de mieux appréhender les mécaniques du jeu, et sert donc de second tutoriel, notamment si l’on veut se lancer dans les modes plus redoutables que sont les modes PvP et Arène.
La refonte n’a pas non plus modifié la grande règle du titre, qui se compose essentiellement d’un plateau divisé en deux. Si The Elder Scrolls Legends ne brille globalement toujours pas pour son originalité, il tire sa différence de cet élément qui modifie considérablement le gameplay d’un jeu de cartes classiques. Le plateau, donc, est divisé en deux : le côté gauche est une rangée classique, où les cartes que vous posez (ou celles de votre adversaire) sont directement visibles et peuvent donc être attaquée dès le tour suivant, le côté droit est quant à lui la rangée d’ombre, où l’on mettra à l’abri des cartes qui ne pourront pas être attaquées avant deux tours - sauf cas précis où le camouflage peut être contourné par une action d'une carte.
Avec l’équilibrage associé à la refonte, Sparkypants a continué l’effort entrepris par Dire Wolf Digital où l’objectif était de rendre The Elder Scrolls Legends moins aléatoire qu’un Hearthstone. A l’heure qu'il est, on retiendra que le travail effectué est à la hauteur des ambitions de Bethesda au printemps dernier, qui voyait dans son jeu de cartes un potentiel jusqu’alors inexploité. La variété quasi-infinie des decks compétitifs, acquise au fil des DLC, permettent des combats PvP surprenants, dans le bon sens du terme, de quotidiennement découvrir de nouvelles stratégies et d’apprendre à les maîtriser. La gestion actuelle des decks permet d’ailleurs de ne jamais avoir un mauvais deck en main, même quand on maîtrise moins cet aspect incontournable d'un JCC. Si deux ans après la sortie, il peut être compliqué de s’y mettre par rapport à un joueur vétéran, The Elder Scrolls Legends n’en demeure pas moins accessible et dispose en outre d’un matchmaking réellement efficace depuis la refonte. Matchmaking qui fait par ailleurs en sorte de prendre en compte les cartes que vous possédez (avec extensions ou non).
Pour autant, on ne peut pas non plus occulter la progression parfois compliquée du jeu, notamment si vous avez en tête de ne rien payer. The Elder Scrolls Legends est un jeu de cartes qui demande une implication particulière, d’autant plus quand vous n’êtes pas disposé à dépenser de l’argent réel. Si le choix avait été fait, au moment de la refonte, d’abaisser les récompenses en or à l’issue des quêtes journalières, des récompenses de connexion et de vos exploits en Arène, Sparkypants a depuis changé son fusil d’épaule, en étant plus généreux. En terminant le scénario principal qui est gratuit, ou tout simplement en montant en niveau et en réalisant vos quêtes, vous aurez de quoi vous offrir sans sortir votre porte-monnaie différents decks, ou des scénarios et des énigmes supplémentaires. On peut aussi compter sur les decks thématiques de 50 ou de 75 cartes, accessibles contre de l’or, donnant accès à des cartes plutôt efficace. Ces decks dans votre collection peuvent ensuite être modifiés au fur et à mesure que vos connaissances s’améliorent. On regrettera simplement que les cartes du dernier DLC en date ne soient pas accessibles contre de l’or, mais contre de l’argent réel.
Un équilibrage et une interface efficaces
Mais alors, au-delà de l’équilibrage qui n’a cessé de gagner en fiabilité au fil des mois, qu’est-ce qui a vraiment changé dans The Elder Scrolls Legends ? Le gros du travail a surtout été effectué du côté de l’interface. De l’écran d’accueil aux plateaux de jeu, en passant par les cartes, Sparkypants a dépoussiéré l’ensemble du titre et l’a rendu beaucoup plus actuel - ce qu’il aurait dû être dès le départ. Certes, on est encore assez loin d’un ténor du genre comme Hearthstone, mais il faut néanmoins admettre qu’il est beaucoup plus plaisant de jouer au titre et que l’on s’étonne régulièrement du souci du détail apporté à certains éléments pourtant anecdotiques du jeu.
L’écran d’accueil s’avère plus clair. Il met en avant les éléments essentiels de votre partie tout en proposant un côté “spectaculaire”, plus digne de la franchise, à l’ensemble. On aperçoit immédiatement notre avancée dans le jeu, on peut jeter un oeil à nos quêtes journalières, les dernières actualités, et accéder aux différents modes de jeu. D’une manière générale, les cartes ont aussi bénéficié d’une refonte artistiques. Les artistes de Sparkypants se sont ainsi fait davantage plaisir, là où on pouvait constater que Dire Wolf Digital se reposait sans doute un peu trop sur les fondations de la franchise avec une prise de risque minimum.
En jeu, on joue sur plus de plateaux différents qui disposent de petites animations ici et là, comme le fait Blizzard depuis des années. L’ensemble est plus chaleureux que le plateau original que l’on qualifiait - à raison - de fade dans notre premier test. Les animations des actions et des cartes animées ont été revues, donnant lieu à des parties plus vivantes et donc bien plus motivantes. Avec Sparkypants, The Elder Scrolls Legends veut également mettre de côté son passé compliqué en termes de mises à jour et d’extensions. Le titre bénéficie donc régulièrement de patchs de rééquilibrage, le studio étant davantage à l’écoute de sa communauté. En outre, les sorties de DLC s’annoncent déjà plus nombreuses, le studio ayant opté pour un calendrier semblable à celui du jeu de cartes de Blizzard, à savoir quatre extensions par an, dont la dernière en date, Guerre d’Alliances, ajoute une mécanique Expertise, permettant à la carte en bénéficiant de profiter d’un bonus qui peut être un réel atout dans un deck encore balbutiant.
Notez que tout cela a forcément un impact sur les performances globales. Si sur PC, les différences sont minimes, sur mobile (et tablette), l'expérience peut parfois s'avérer plus compliqué qu'avant, notamment en raison des nombreux effets visuels en plus, que l'on ne peut malheureusement pas désactiver.
Points forts
- Des originalités plus affirmées qu'avant
- Le système de double plateau
- Une interface plus claire
- Des cartes et des plateaux plus chaleureux
- Un équilibrage plus proche des attentes des joueurs
Points faibles
- Difficile de passer à côté des DLC à terme
- Un peu plus gourmand sur mobile
- Quelques bugs d'interface en VF
Quelques mois après sa refonte, on peut dire que The Elder Scrolls Legends vit sa meilleure vie. Désormais entre les mains de Sparkypants, studio bien décidé à écouter ses joueurs et à accélérer le déploiement de mises à jour salvatrices, le jeu de cartes de Bethesda sort donc grandit de cette expérience toujours compliquée à mettre en oeuvre. Plus accessible, plus généreux aussi, le titre dispose aussi d'une interface plus chaleureuse, et donnant davantage aux joueurs l'envie de se lancer dans une partie au sein des nombreux modes qui le compose. Face à l'indétrônable Hearthstone, The Elder Legends Legends affirme néanmoins bien plus ses originalités, et si certains choix sont encore discutables, notamment la nécessité, à terme, de devoir s'offrir les différents DLC contre de l'argent bien réel, on verra cette expérience renouvelée dans le monde de Tamriel comme le meilleur moyen de s'y (re)mettre, justifiant de ce fait le point supplémentaire.