Voilà désormais un petit bout de temps que la mode des jeux de zombies a commencé à décliner. Après avoir été au centre d’un grand nombre de productions, ces sympathiques créatures assoiffées de sang sont passées au second plan. Pourtant, il reste un goût amer, comme si tout n’avait pas été fait ou tenté pour marier au mieux jeu vidéo et infectés. C’est pour cette raison que l’arrivée de World War Z s’avère intéressante. Plusieurs années après les sorties de Left 4 Dead ou encore DayZ, Saber Interactive a eu tout le temps nécessaire pour prendre du recul et imaginer un titre innovant et fun. Pari gagnant ?
Un univers post-apocalyptique familier
Tout d’abord, il faut savoir que World War Z est tiré du roman du même nom signé Max Brooks, adapté au cinéma en 2013 par Marc Forster. Dans cette œuvre, nous suivons la progression de différents survivants situés aux quatre coins d’un monde en proie à une pandémie. Les humains ont été transformés en zombies (ou plutôt "infectés" pour les puristes) et c’est donc équipés d’armes à feu que nos citoyens encore sains se déplacent dans les rues. Le jeu vidéo qui nous intéresse aujourd’hui reprend évidemment ce concept en nous proposant une campagne divisée en quatre actes : New York, Jérusalem, Moscou et Tokyo.
Après avoir sélectionné un personnage, nous sommes donc embarqués, en ligne avec d’autres joueurs ou hors-ligne avec l’intelligence artificielle, dans un parcours du combattant. Par exemple, à New York, notre équipe composée de quatre héros doit quitter saine et sauve un sous-terrain de métro en débloquant la rame qui se retrouve régulièrement bloquée par des imprévus. Et lorsque nous parlons d’imprévus, nous parlons évidemment d’infectés. Cela vous rappelle quelque chose ? Oui, c’est bien sûr de la série Left 4 Dead que World War Z s’inspire largement, tout en lui apportant quelques idées intéressantes.
Entre fulgurances de gameplay et chasse aux boutons
Revenons donc à notre aventure américaine. Avec nos trois autres compères, nous sommes obligés de sortir de notre rame de métro pour déblayer le chemin. « Trouvez le mécanisme d’ouverture de la porte ! ». Bon, d’accord. Le tout se joue à la troisième personne et nous fait d’emblée visiter des zones restreintes que des infectés ne vont pas tarder à envahir, faisant au passage monter la pression. Quelques chargeurs vidés plus tard, nous y sommes, voici la commande d’ouverture. « Très bien, maintenant trouvez le bouton qui activera le système d’évacuation du gaz toxique ». Bon, d’accord. C’est maintenant un gigantesque espace ouvert qui s’offre à nous. Des dizaines de zombies apparaissent et forment une pyramide pour essayer d’atteindre notre point situé en hauteur. Pas de doute, nous sommes bien dans World War Z. Nos pérégrinations sont ainsi ponctuées de ce genre de moments impressionnants, mais très vite, la routine nous rattrape.
Malheureusement, si les hordes d’infectés sont bien là, force est de constater que le côté ludique de l’aventure se limite bien à les exterminer. Pour ce qui est des objectifs, il faut se cantonner à de simples « protégez cette zone » ou encore, « trouvez le bouton d’ouverture ». Sachant que ces derniers sont en plus signalés par de gros repères rouges comme nous en proposerait un GPS, on a rapidement l’impression d’être tenu par la main, ce qui désamorce quelque peu la tension créée par nos inquiétants ennemis. Au final, le mode campagne ressemble plus à un gros défouloir à parcourir entre amis qu’à une véritable aventure tactique et nécessitant une coopération de tous les instants. Une expérience qu’il faut donc prendre pour ce qu’elle est : un shooter bien bourrin qui peut s’avérer fun pour peu qu’on aime ce genre de jeux. Pour ce qui est de l’entraide, il est possible de soigner ses alliés, mais également de les aider en cas d’attaque de Bélier, l’un des zombies spéciaux que vous rencontrerez. Evidemment, cela dépend largement du caractère de vos coéquipiers.
Le jeu rappelle donc les incroyables visuels du film avec ses gigantesques montagnes de zombies. C’est un spectacle réussi au premier abord, mais qui révèle rapidement une faiblesse : nos ennemis possèdent une intelligence artificielle aux fraises. Certes, ce sont des zombies, mais les voir rester immobiles lorsque vous tirez une balle à 10 centimètres de leur oreille demeure frustrant. Ajoutez à cela des animations parfois buggées et vous obtenez une menace au nombre impressionnant, mais pas aussi inquiétante que l’on ne l’aurait espéré. En définitive, parcourir les différentes aventures de la campagne nous permet de passer un bon moment, sans plus. Il aurait été possible de faire bien mieux en imaginant des objectifs plus motivants et une IA moins simpliste.
De nombreuses heures de jeu en perspective
Cela dit, World War Z ne se limite pas à son mode campagne décliné en plusieurs niveaux de difficulté. Il propose en effet un contenu particulièrement dense, à l’image du système de progression. Comme nous l’avons évoqué, il est possible de sélectionner son héros avant de partir en mission, mais le choix nous est également laissé pour ce qui est de la classe. Fantassin, Artificier, Infirmier, Agent d’Appui, Surineur et Exterminateur, chacun de ces rôles vous offre un arsenal de départ spécifique, ainsi qu’une liste d’atouts déblocables. À la fin de chaque partie, vous gagnez ainsi des points d’expérience permettant d’obtenir des petits bonus. Par exemple, une fois au niveau 30, le Fantassin peut obtenir "Masque de guerre", une capacité décuplant les dégâts de toute l’équipe si vous parvenez à abattre 25 zombies rapidement.
Un léger côté RPG appréciable, mais qui se montre finalement assez limité une fois en jeu. Car il faut savoir que vous changerez souvent d’arme durant une même escapade, ce qui veut dire que l’arsenal spécifique à chaque classe devient quasiment inutile en campagne. Les développeurs ont donc une bonne poignée d’idées originales, mais peine à les exploiter pleinement. Le son de cloche est le même du côté des armes. Malgré sa trentaine de références améliorables allant du simple pistolet à la mitrailleuse lourde, l’arsenal manque de caractère. Beaucoup de pétoires se ressemblent furieusement et les sensations de shoot manquent parfois de peps. Nous noterons toutefois le côté jouissif d’une grenade placée intelligemment au cœur d’une pyramide d’infectés ou bien l’utilisation d’une tourelle mitrailleuse contre une foule de zombies. Les corps volent de partout, l’effet est plutôt réussi.
Pour rallonger un peu plus la sauce, World War Z nous offre un total de cinq modes multijoueurs. Un bon point puisqu’ils proposent dans l’ensemble une expérience assez sympathique, à l’image des matchs à mort avec horde qui font s’affronter deux équipes sur une carte régulièrement attaquée par des zombies. L’objectif est de tuer un certain nombre de joueurs adverses en premier. Avec leur arsenal propre, les classes deviennent ici plus intéressantes puisque dans certaines situations, posséder un pompe plutôt qu’une mitraillette légère s’avère décisif. Dans l’ensemble, tout cela est donc efficace et fun.
Techniquement au point
Terminons enfin sur la réalisation. Si l’intelligence artificielle des infectés est loin d’être rutilante, la technique générale du jeu est légèrement meilleure. D’un point de vue graphique, nous avons affaire à un rendu correct, sans surenchère d’effets. Même si le tout se montre quelque peu gourmand sur PC, les textures sont de bonne qualité et les entités bien modélisées. Le travail d’optimisation semble également avoir été fait et c’est une bonne nouvelle en ces temps difficiles pour nos machines.
Nous serons légèrement moins positifs vis-à-vis des animations qui réservent quelques surprises. Celles des héros sont solides, quoiqu’un peu rigides, mais celles des zombies tiennent parfois de la poupée de chiffon et, lorsque l’envie les prend, il est possible d’assister à des cabrioles improbables. Mais il serait vicieux de tacler World War Z sur son rendu visuel puisqu’il est dans l’ensemble agréable à l’œil.
Points forts
- On tire sur tout ce qui bouge, le gameplay est bourrin à souhait.
- Une campagne longue et agréable à parcourir entre amis.
- Des modes multijoueurs réussis.
- Des montagnes de zombies, comme dans le roman.
- Campagne, modes multijoueurs, progression... Le contenu est dense.
Points faibles
- L'intelligence artificielle aux fraises.
- Des objectifs bien trop ennuyeux en mode campagne.
- Les classes impactent finalement peu le gameplay.
- Des sensations de shoot plutôt mollassonnes.
S’inspirant largement de Left 4 Dead dans ses mécaniques, World War Z propose malgré tout une expérience assez différente. Le gameplay est en effet loin d’être aussi technique que celui de son aîné et demeure bien plus lissé, ce qui le limite malheureusement au statut de bon gros défouloir. Avec quelques efforts supplémentaires sur l’intelligence artificielle et surtout, les objectifs de son mode campagne, le titre aurait pu créer davantage d’enjeux et renforcer l’aspect anxiogène si important dans ce genre de titres. C’est donc une expérience un brin décevante, mais qui vous fera néanmoins passer quelques bons moments avec vos amis, en campagne ou sur les différents modes multijoueurs.