En attendant l'arrivée - qui semble encore bien lointaine - de son remake, Final Fantasy VII s'invite sur Nintendo Switch en ce début d'année, quelques semaines après que le neuvième épisode en ait fait de même sur la machine de Nintendo. Une arrivée de taille pour les amateurs de la saga ou les non-connaisseurs qui possèdent la dernière-née de Nintendo et peuvent enfin poser leurs mains sur cet épisode.
Sur le papier, cette version Switch n'apporte pas grand-chose au titre d'origine : en plus d'un lissage des décors précalculés qui ne suffit certes pas à masquer le style désormais vieillissant du titre, mais permet au moins de le rendre plus agréable sur nos écrans HD, quelques ajouts faisant figure de boosts sont de la partie. Outre une option permettant d'accélérer la vitesse du jeu par trois, il est également possible de désactiver les combats aléatoires, voire de rendre votre personnage "invincible" (limite au max, pas de dégâts) au cours de ceux-ci. Trois Options qui se font d'une simple pression sur l'un des deux joystick, ou les deux simultanément pour la désactivation des combats aléatoires. Ces quelques idées ont le mérite de vous faire gagner un peu de temps si vous le souhaitez, mais nous regrettons qu'elles ne s'accompagnent pas d'autres éléments qui auraient pu faire figure d'ajouts intéressants, comme une sauvegarde automatique qui est lui bien présent sur la version Switch de l'épisode IX.
Pour le reste, nous vous invitons à vous référer au test original de Final Fantasy VII, dont nous reprenons la majeure partie ci-dessous.
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Avant de nous lancer dans une dissertation approfondie de Final Fantasy VII, il convient de dépeindre le contexte vidéoludique de l'époque : nous sommes en 1997 et le concept de RPG ("Role Playing Game" ou Jeu de Rôle) est encore pour le moins obscur dans l'esprit de la plupart des joueurs européens, ou du moins n'est pas aussi répandu qu'il l'est aujourd'hui. En effet, avant FFVII, aucun épisode de la série Final Fantasy n'avait encore vu le jour dans nos vertes contrées, bien que certains aient connu une distribution américaine. C'est donc avec grand bruit qu'il débarque fin 1997, premier Final Fantasy à voir le jour sur Playstation et à connaître une sortie sur le territoire européen. L'avenir de ce titre s'annonce sous les meilleurs auspices... Mais entrons dans le vif du sujet, et insérons le premier des trois CDs du jeu dans la première console de Sony.
Après une magnifique cinématique d'introduction nous présentant brièvement, grâce à un ingénieux travelling, la ville où se déroulera le début du titre, à savoir Midgar, nous découvrons le héros que l'on incarnera durant (presque) toute l'aventure. Dénommé Clad (ou Cloud en VO), nous le voyons sortir d'un train aux alentours de ce qui ressemble à un gigantesque réacteur grisâtre, accompagné d'un mystérieux groupuscule nommé Avalanche. Le chef de ce groupe nous invite à le suivre, et nous voilà lancés dans l'aventure, sans plus d'indications sur qui est Clad, sur ce qu'il fait là, ni sur l'univers dans lequel il évolue. Après avoir découvert rapidement le système de combat et fait la connaissance de quelques personnages secondaires, nous sommes amenés à jouer les "terroristes" et à faire exploser une bombe qui servira à détruire le réacteur dans lequel nous nous trouvons. C'est sur ce départ pour le moins explosif que l'histoire débute. Avalanche est en fait une sorte de groupe écolo, qui prétend que ces réacteurs puisent l'énergie de la planète (l'énergie Mako), et que la seule manière de sauver cette dernière est d'arrêter l'activité de tous les réacteurs, peu importe la manière. Avalanche s'oppose ainsi à la Shinra, entité politique, économique et militaire qui régente la planète, et dont la capitale, Midgar, tire ses ressources de la Mako. Final Fantasy VII s'inspire donc d'un sujet qui, aujourd'hui encore est d'actualité : l'écologie, même si cela est extrêmement réducteur, car le titre de Squaresoft est loin de se limiter à cet aspect-là.
Veuillez pardonner cette ellipse, mais décrire ne serait-ce que le postulat de base de FFVII en quelques lignes n'est pas chose aisée ! Intéressons-nous plutôt à son gameplay. Comme tout RPG qui se respecte, Final Fantasy VII comporte une liberté d'action et de déplacements exemplaire une fois sorti de la ville de Midgar. En effet, on se retrouve alors sur un gigantesque terrain de jeu, la carte du monde, où l'intégralité de la planète peut être parcourue. Bien sûr, il faudra avancer dans le scénario pour accéder petit à petit aux nouvelles villes et autres nouveaux continents, mais force est de constater que le sentiment de liberté est à son apogée pour l'époque ! Nous voilà effectivement leader d'une petite troupe partant à l'aventure pour changer le monde, et qui devra affronter toutes sortes de monstres pour y parvenir. Justement, attardons nous un moment sur l'ingénieux système de combat de FFVII. En plus de proposer aux joueurs de customiser l'équipement de chacun des personnages (armes, armures, et accessoires que l'on pourra acheter dans différents magasins), le jeu introduit le système des matérias, sortes de petites sphères de couleurs qui confèrent à celui qui les porte des pouvoirs magiques et diverses habilités (magies d'attaque, de défense, invocations, compétences particulières, etc.). L'aspect stratégique du titre prend ainsi tout son sens, car il devient alors possible d'associer certaines matérias entre elles pour obtenir de nombreux effets dévastateurs.
Mais la grosse claque que fut Final Fantasy VII à sa sortie en Europe n'était pas que de l'ordre de la jouabilité. Graphiquement, c'était du jamais vu. Le jeu se basait sur un système de décors précalculés et de carte du monde en 3D, à la manière de ses successeurs sur PSOne. Les environnements étaient d'une beauté à couper le souffle par leur niveau de détail et leur diversité. Effectivement, chaque coin du monde disposait alors de ses propres architectures (citons par exemple la Cité des Anciens, ou encore le village Utaï, très typé asiatique, qui sont des merveilles pour les yeux). Dans ces décors, seuls les personnages étaient représentés en trois dimensions. De type Super Deformed (c'est-à-dire d'allure petite et pas très réaliste), ces derniers s'intégraient assez bien à l'univers, bien que leur modélisation ait beaucoup vieilli aujourd'hui. Notons au passage que Final Fantasy VIII, son successeur, avait un peu changé d'orientation à ce niveau-là en proposant des personnages beaucoup plus réalistes. Ce septième volet reste néanmoins le premier à offrir pas moins d'une heure de cinématiques en 3D venant agrémenter le très long déroulement de l'histoire.
Attention, ne voyez pas dans l'adjectif "long" une quelconque forme péjorative. Bien au contraire ! La principale force de Final Fantasy VII réside dans sa capacité à vous scotcher de nombreuses heures durant devant votre petite télévision cathodique branchée en Péritel à la console. Si vous comptez finir le titre en ligne droite sans effectuer aucune quête annexe et en ne suivant que la trame principale, le jeu vous tiendra en haleine entre 20 et 30h en moyenne. Et si vous voulez terminer le jeu dans son intégralité, c'est-à-dire battre les boss optionnels (dont certains bien plus puissants que le boss final), finir tous les mini-jeux (débloquer le fameux Chocobo d'or par exemple), obtenir toutes les armes et armures et toutes les matérias, puis faire augmenter en puissance ces dernières, et aussi monter vos neuf personnages (dont deux optionnels) aux niveaux maximums, vous pouvez doubler voire tripler cette durée de vie. Final Fantasy VII saura vous tenir en haleine de bout en bout, que vous soyez un joueur occasionnel désirant suivre tranquillement la trame principale, ou un joueur plus passionné ayant envie de tout faire à 100%.
Terminons ce test par un mot sur la bande-son du jeu et plus particulièrement sur sa musique composée par Nobuo Uematsu, fidèle à la série depuis ses débuts. Le maître compositeur signe ici pas moins de 85 pistes, dont certaines, de toute beauté, qui sont restées dans la mémoire de nombreux joueurs ("A One-Winged Angel", la musique mythique de Sephiroth, est certainement la plus connue de toutes). Inutile aussi de préciser que le jeu ne dispose d'aucun doublage, qui n'auraient de toute façon pas pu tenir dans les trois CDs. Final Fantasy VII est en fait un tout, plus qu'un jeu, une œuvre d'art où se mêlent scénario avec des personnages ultra charismatiques, graphismes et esthétisme somptueux et pas démodés, durée de vie colossale, et ambiance sonore extraordinaire. Tout cela fait de Final Fantasy VII une expérience unique que tout joueur qui se respecte se doit d'avoir goûté, véritable phénomène qui se prolonge encore aujourd'hui par le biais d'une gigantesque compilation (Crisis Core, Dirge of Cerberus, Advent Children...).
Points forts
- Quelques ajouts pour faciliter la progression
- Le titre n'a rien perdu de ses qualités d'origine
Points faibles
- Un portage sans nouveautés majeures
- Un système de sauvegarde amélioré n'aurait pas été de trop
Si Final Fantasy VII a aujourd'hui atteint un certain âge, il reste tout de même un des titres majeurs dans le monde du RPG et même des jeux vidéo en général. Long, prenant et extrêmement complet, il fait encore aujourd'hui figure d'incontournable et se doit de faire partie de votre ludothèque si vous ne le possédez pas encore. Ceci étant dit, cette version Switch a le mérite de vous permettre d'embarquer cette aventure partout : Malgré des nouveautés timides et sans grand intérêt, elle a le mérite de ne pas dénaturer le titre d'origine.