Travis, le héros le plus méta du jeu vidéo ayant sévi sur nos consoles de salon entre 2008 et 2011, reprend du service sur Nintendo Switch dans une suite “spirituelle” sobrement intitulée Travis Strikes Again : No More Heroes. Irrévérence et références appuyées se télescopent le temps d'une aventure imaginée par Suda51 et Grasshopper Manufacture.
Travis Strikes Again : No More Heroes - Nos premières impressions
We are 1980-90’s
Travis Strikes Again : No More Heroes rend hommage à la vague de jeux indépendants qui frappe les rives vidéoludiques depuis une dizaine d'années et plus particulièrement Devolver Digital, éditeur atypique qui fêtera ses 10 ans d'existence en 2019. A l'image des titres qu'il singe et pour rester fidèle aux deux premières aventures de Travis, cette suite directe compose avec un récit vengeur simple et efficace. Bad Man, le père de Bad Girl, tente de terminer les sept jeux d'une console maléfique afin d'obtenir le fameux souhait promis au vainqueur et ainsi ressusciter sa fille. Mais Travis, tueur de la demoiselle, ne l'entend pas de cette oreille et se lance dans une course contre la montre pour contrecarrer les plans du vilain autoproclamé.
Le récit de ce nouveau No More Heroes est un prétexte à une succession de gameplay piochant allègrement dans nos souvenirs d'enfance de trentenaires pour concocter une aventure méta dégoulinant de culture populaire 80's et 90's et de débris de quatrième mur violemment éctalé. De Terminator à Tron, les clins d'oeil s'enchaînent à un rythme élevé, mais toujours avec tendresse et bienveillance. Et les fans de la franchise seront ravis de retrouver un Travis toujours aussi irrévérencieux. Sauvegarder sur les toilettes ou secouer son Joy-Con pour recharger son sabre énergétique... aucun doute, No More Heroes est bien de retour pétri de mauvaises intentions.
Travis Strikes Again fait le pari osé de proposer plusieurs expériences toutes différentes sur fond de Beat'em All pour ne pas trop perturber les initiés. Sur les sept mini-jeux, deux étaient disponibles lors de cette prise en mains. Le labyrinthique Life is Destroy dans lequel le héros tente d'échapper à une tête de mort en vue du dessus et Golden Dragon, une course de vitesse en ligne droite aux faux airs de Tron. Simples sur le papier, ces séquences se démarquent par leur accessibilité et le plaisir qui s'en dégage après quelques minutes. Toutefois, un jeu No More Heroes ne serait que l'ombre de lui-même sans une bonne dose de baston et les joueurs seront servis copieusement.
Et ce Beat'em All a de solides arguments en poche. Les grands classiques du genre s'y sont donnés rendez-vous. Frappes rapides ou lourdes, attaques spéciales, pouvoirs à choisir dans un panel propice à la créativité et esquives rythment des affrontements à la difficulté relevée. Et cerises sur le gâteau, Travis Strikes Again est intégralement jouable en coopération sur le même écran en compagnie de Mister Bad... un plus indéniable pour les amateurs de soirées sur canapé.
Travis Strikes Again pourrait décontenancer les fans de la franchise avec ses expériences multiples et son aventure hachée. Pourtant, le titre de Grasshopper Manufacture suinte No More Heroes par tous les pores. Des gimmick de gameplay aux pluies de références 1980-90's en passant par le ton employé... cette ode au jeu vidéo décomplexé a le pouvoir de raviver nos sens et d'esquisser un sourire de contentement sur nos visages.