Voilà bien des lunes que nous n’avions pas eu l’occasion de jouer à Crackdown 3. Lors de sa dernière présentation, à l’E3 2017, le titre de Cloudgine et Sumo Digital ne nous avait pas vraiment convaincu, et après plusieurs reports et un changement de développeurs, on commençait à craindre le pire. Mais en amont de son X018, Xbox nous a permis de redécouvrir Crackdown 3 et sa technologie de cloud-computing, dans une nouvelle démo plutôt rassurante.
Notre vidéo-preview de Crackdown 3
Nous avons pu jouer environ deux heures à Crackdown 3, lors d’un événement organisé par Xbox sur le campus de Microsoft, à Redmond. Crackdown 3 tournait sur un kit de développement Xbox One X, lui même connecté à un téléviseur 4K. En plus des sessions de jeu, nous avons également eu la possibilité de parler avec plusieurs membres de l’équipe de développement. Les sessions en elles-mêmes se concentraient sur le multijoueur de Crackdown 3. Dans cet article, nous évaluerons donc d'abord et surtout cette section du jeu.
Crackdown 3 n’a pas fini de faire jaser. Il faut dire que cette exclusivité Xbox One, annoncée pour la première fois lors de l’E3 2014, a connu une histoire très, très mouvementée. À l’origine, le titre était co-développé par cinq studios : Cloudgine, nouveau studio monté par Dave Jones après son départ de Realtime Worlds, les créateurs du premier Crackdown ; Reagent Games, studio voisin de Cloudgine chargé de travailler sur le gameplay du jeu et la production d’assets ; Sumo Digital, à qui l’on doit la campagne solo de Crackdown 3 ; Elbow Rocket, qui développe avec Microsoft Studios son multijoueur ; et Ruffian Games, les papas de Crackdown 2 qui apportent leur aide sur certains éléments de game-design. Un jeu, quatre studios, et donc potentiellement quatre fois plus de problèmes, même si la façon de faire est plutôt classique dans l’industrie du jeu vidéo telle qu’elle fonctionne à notre époque. Seulement voilà, Microsoft n’avait sans doute pas prévu que Cloudgine, à l’origine de la technologie de cloud-computing qui porte Crackdown 3, serait entre-temps racheté par Epic Games. De quoi ralentir le développement d’un titre qui pourtant n’avait pas besoin de ça. Pourtant, alors que le titre s’est tout juste trouvé une date de sortie, une lueur d’espoir renaît : nous avons pu jouer pendant plusieurs heures au multijoueur de Crackdown 3 et on a plutôt aimé ça. Explication.
Seek and destroy
Avec le rachat de Cloudgine début 2018, de nombreuses personnes se sont demandés si Crackdown 3 serait toujours en mesure de proposer son système de destruction. Car il s’agit là d’une feature clé du titre : Crackdown 3 doit permettre la destruction totale de ses environnements, calculés en temps réel et sans perte de performance côté joueur, grâce à la puissance du cloud. C’est en tout cas ce qui avait été promis, dès les premières présentations du jeu. Et personne n’y croyait vraiment, semble-t-il. Alors forcément, on avait hâte de voir de quoi il en retournait. Xbox, et plus particulièrement Joseph Staten, directeur créatif sur Crackdown 3 et ancienne plume de Bungie, ont tenu à être clairs : la destruction d’environnements est toujours au cœur du jeu, ou tout du moins de son multijoueur. Et manette en mains, il faut admettre que c’est plutôt impressionnant. Lâchés dans de grandes arènes à la verticalité très prononcée, les joueurs ont effectivement la possibilité de mettre à terre n’importe quel building : il suffit de lui tirer dessus pour qu’il finisse par s’effondrer. Bien entendu, tout est calculé en temps réel et les armes les plus puissantes pourront faire voler en éclats les murs porteurs en quelques tirs seulement, là où il faudra plus de patience avec un simple fusil automatique. Mais cela marche bel et bien.
Le plus étonnant reste encore de voir à quel point Crackdown 3 reste fluide, quoi qu’il se passe à l’écran. Le jeu s’affiche en 4K, à 60 images par seconde, l’action est plus que trépidante et les morceaux de buildings volent dans tous les sens et malgré ça, le jeu affiche une stabilité à toute épreuve. C’est d’autant plus appréciable que les combats de Crackdown 3 sont très dynamiques et l’action peut parfois être confuse : un framerate hésitant aurait complètement ruiné le plaisir de jeu.
Notez toutefois que cette petite prouesse technologique ne s’est pas faite sans quelques concessions. La première est particulièrement notable, puisqu’il s’agit de l’allure globale du jeu. Crackdown 3 n’est pas joli et la 4K n’y change rien. C’est certes une version non-définitive du jeu qui nous a été présentée, et les équipes de Xbox nous ont assuré que les développeurs avaient devant eux quatre mois pour polir leur bébé, mais l’on doute sincèrement que les choses évolueront beaucoup d’ici la sortie. Seconde concession, les environnements. Si vous aviez encore en tête la richesse et la complexité des niveaux aperçus dans les premières vidéos de Crackdown 3, mieux vaut les oublier. Bien entendu, en multijoueur à cinq contre cinq, il est préférable que les cartes ne soient pas trop grandes, mais on aurait peut-être souhaité que les constructions soient plus fouillées, plus détaillées. Ainsi, le jeu gagnerait en identité, ce dont il manque cruellement.
Gameplay
En revanche, s’il y a bien un secteur où Crackdown 3 ne manque pas de charme, c’est bien sur son gameplay. Les personnages, malgré des animations parfois un peu vieillotes, sont plutôt plaisants à contrôler, avec leurs capacités à effectuer sauts, double-sauts et dash aériens qui permettent de se déplacer avec aisance à travers les différentes cartes. Comme ils ne perdent pas de santé lors des chutes, le joueur est donc incité à effectuer les actions les plus invraisemblables pour approcher un ennemi, ou le contourner pour ensuite le prendre à revers. En outre, les cartes sont remplies de bumpers qui permettent d’être projetés à grande vitesse à gauche et à droite, ou simplement en hauteur. Cela donne un rythme fou aux parties où les joueurs peuvent atteindre très rapidement les quatre coins du champs de bataille. Le moins que l’on puisse dire, c’est que Crackdown 3 se prend facilement en mains et après seulement quelques minutes de jeu, il est possible de réaliser quelques actions de grande classe.
Car faut-il le rappeler, viser correctement dans Crackdown n’est pas vraiment compliqué : le jeu repose sur un système de verrouillage de l’ennemi et il est donc très facile de tirer et de toucher un ennemi. À l’écran, les choses sont très claires : lorsque vous visez et verrouillez un adversaire, un trait grisâtre vous connecte à lui ; lorsque vous commencez à faire feu, ce trait devient rouge. Mais votre victime aussi voit ce trait et le changement de couleurs, ce qui lui permet d’anticiper, de riposter ou de prendre la fuite. Par conséquence, les combats ne reposent pas sur la visée, comme la plupart des jeux de tir, mais plutôt sur la capacité du joueur à se déplacer et à improviser avec son environnement. C’est là toute l’originalité du multijoueur de Crackdown 3, qui surprend par sa fluidité et l’intensité de son action : on fonce vers un adversaire en vire-voltant dans les airs, le mitraillant autant que possible de loin, perçant des trous dans les murs derrière lesquels il essaie de se cacher. Jusqu’à être à son tour chassé par un autre joueur, et entamer avec lui un nouveau ballet mortel. Le rythme est donc assez soutenu et permettent de nombreux retournements de situation, ce qui donne au jeu un petit goût de « reviens-y » que l’on n’attendait pas vraiment.
Le tout reste encore de savoir si le jeu sera correctement équilibré. Dans l’immédiat, certains capacités spéciales, comme l’overshield, qui garantit une protection supplémentaire, nous ont parues trop avantageuses par rapport aux autres capacités. Quant aux armes, on attend encore de voir comment se comporteront les joueurs mais l’on a apprécié la belle diversité d’armes principales (fusil automatique, fusil à pompe, SMG, revolver…) et surtout des armes secondaires, dans lequel l’on retrouve toute l’originalité de Crackdown, avec des armes aux capacités étonnantes, comme l’Osiris pour ne citer que lui. Capable de lancer des rafales de grenade, il permet d’effectuer de jolis tirs en cloche, pratique pour tromper un ennemi se croyant en sécurité… Sur notre session de jeu, chaque participant semblait avoir trouvé les armes qui convenaient le mieux à sa façon de jouer, ce qui a fini par donner lieu à des affrontements plutôt sympathiques, ou mindgame et destruction totale faisaient bon ménage.
Bienvenue dans la Wrecking Zone
Crackdown 3 nous a positivement surpris lors de cette nouvelle rencontre. Certes il reste encore tout à découvrir sur sa campagne solo, mais cette démo nous a rassuré sur la technologie de cloud-computing et la destruction d’environnements en temps réel qu’elle permet. Mieux, en multijoueur, le jeu s’avère à la fois facile à prendre en mains et extrêmement amusant grâce à la nervosité de ses combats, et une profondeur que l’on ne suspectait pas. De quoi nous rappeler, dans un genre bien différent, le petit Rocket League qui a réussi à séduire de nombreux joueurs, casual comme hardcore. Espérons que le reste du jeu soit du même niveau.