Plus de 280.000 dislikes en bas de son trailer d'annonce, des pétitions en ligne demandant l'annulation du jeu, un sentiment de trahison vivement exprimé par les fans et une question embarassante plus tard, Diablo Immortal connaît un début de carrière mouvementé. Il faut dire que les amateurs du hack'n slash de Blizzard attendaient de pied ferme une annonce au sujet du renouveau la franchise après plusieurs années de vache maigre. Une série en collaboration avec Netflix murmurée par ici, un hypothétique Diablo 4 espéré par là, une éventuelle nouvelle classe au casting du troisième épisode, peu de fans étaient finalement prêts à encaisser l'annonce d'un jeu Diablo sur mobiles. Pourtant, Blizzard a décidé qu'une partie de l'avenir de sa licence se jouerait sous nos pouces, en mode tactile. Une décision sitôt diabolisée par les joueurs n'y voyant qu'un affront envers leurs attentes. Mais au-delà de toute polémique, que vaut réellement ce Diablo Immortal une fois pris en main ? Nous avons eu l'occasion de l'essayer lors de cette BlizzCon 2018.
Notre avis sur Diablo Immortal en vidéo depuis la BlizzCon 2018
Le projet diabolisé
Rencontrés peu après la fin de la présentation du jeu, les développeurs de Diablo Immortal tiennent à rassurer. Certes, il s'agit d'un jeu mobile, mais ce dernier bénéficie de tout le respect et le soin de Blizzard pour la franchise. Diablo Immortal entend perpétuer l'adn de la licence en l'adaptant aux spécificités de son nouveau support tactile. Le titre est d'ailleurs exclusivement prévu sur périphériques mobiles, aucune version PC, PS4, Xbox One ni même Switch n'est prévue à l'heure de cette annonce.
Blizzard s'est associé au géant chinois Netease, déjà en charge de World of Warcraft en Asie, pour le développement de Diablo Immortal. Ce partenariat en dit long sur les ambitions et le public ciblé par le projet. Car s'il fait jaser dans les chaumières des joueurs intéressés par la BlizzCon, le jeu mobile représente aujourd'hui un eldorado vers lequel la firme californienne tient à se positionner. On sait que le jeune public délaisse de plus en plus les supports traditionnels tels que les consoles ou le PC pour se tourner vers le gaming sur smartphones ou tablettes tandis que le marché asiatique, en croissance fulgurante depuis quelques années, a d'ores et déjà effectué sa transition vers le mobile. Il n'est donc pas si étonnant de voir Blizzard et Netease investir le marché avec un hack'n slash tel que Diablo, genre déjà bien ancré sur les différents stores.
Une prise en main intuitive
Présenté comme un jeu d'action massivement multijoueur, Diablo Immortal reprend à son compte les mécaniques et la prise en main des hack'n slash mobiles afin d'offrir une expérience intuitive et dynamique au joueur. Neatease transpose ici sans grand bouleversement le gameplay de son catalogue de MMO et autres MOBA mobiles à l'univers de Diablo. On se retrouve alors face à un titre à l'interface épurée, doté de contrôles tactiles simples qui tombent bien en main. Le pouce gauche gère le déplacement du personnage à l'aide d'un stick virtuel tandis que le droit déclenche les cinq capacités de notre héros.
Trois des six classes annoncées pour le lancement du jeu étaient jouables sur la démo du salon : la sorcière, le barbare et le moine. On y retrouvera plus tard le croisé, le chasseur de démons ainsi que le nécromancien. Si aucune option de personnalisation n'était présente sur cette version du titre, Blizzard nous indique que le joueur aura la possibilité de créer un avatar personnalisé selon plusieurs options : sexe, coupe et couleur de cheveux et autres détails faciaux habituels du RPG.
Quelques minutes à peine suffisent à prendre le jeu en main lors d'une première phase de tutoriel guidée par Deckard Cain. Les contrôles sont très intuitifs et se montrent assez précis pour une expérience mobile. Certains sorts nécessitent par ailleurs de maintenir le doigt appuyé sur l'ércran, de le diriger pour viser puis de le relacher afin de déclencher leur effet à un endroit précis du terrain. Les actions du personnage sont en ce sens assez réactives pour ne pas frustrer le joueur habitué aux contrôles classiques du genre.
Fluide et plutôt riche en détails, le moteur de jeu ne semble pas souffrir outre mesure de la profusion d'effets visuels à l'écran. Cette démo ne rencontrait pas de ralentissements d'affichage et disposait de temps de chargement plutôt courts entre les différentes zones de jeu. Car Diablo Immortal est découpé en plusieurs "instances" accessibles seuls, ou à plusieurs selon vos envies. Les chasses aux démons se déroulent aux quatre coins du monde de Sanctuaire dans de vastes zones publiques où de multiples événements dynamiques se déclenchent régulièrement. On peut y farmer de l'expérience, de l'équipement, des ressources, grouper via l'interface Battle.net avec d'autres joueurs et accéder aux portails de plusieurs donjons. Ces derniers, à parcourir en solo ou en groupe de quatre joueurs, sont pensés pour un usage mobile et se nettoient en quelques minutes. Quelques couloirs peuplés de mobs, un boss final doté de plusieurs attaques à éviter pour espérer ensuite ramasser une pluie de butins sur son cadavre. Le studio précise que le jeu a été pensé afin de satisfaire les exigences de différents profils de joueurs, du plus casual au plus hardcore d'entre eux.
On ignore à l'heure actuelle vers quel modèle économique Blizzard compte s'orienter pour Diablo Immortal. Et si le secteur laisse à penser que le titre pourrait emprunter la voie du free-to-play, nul ne sait comment ce choix se répercutera sur la progression de notre personnage et sur l'impact d'une éventuelle boutique en jeu. On sait en revanche que tous les héros sont dotés de capacités et de pouvoirs inédits, pensés en adéquation avec les impératifs tactiles du jeu. Le titre devrait se mettre régulièrement à jour afin de faire évoluer son contenu, proposer de nouvelles activités, classes et événements à sa communauté.
L'aspect multijoueur de Diablo Immortal s'exprime aussi par la présence de la ville centrale de Ouestmarche que l'équipe du jeu nous décrit comme un immense hub communautaire où les joueurs pourront intéragir entre eux, discuter, commercer ou encore améliorer leur équipement. L'action du titre fait par ailleurs le pont scénaristique entre la fin de Diablo II : Lord of Destruction et Diablo III et entend conduire les joueurs aussi bien dans des lieux emblématiques de la franchise que dans des territoires encore inexplorés.
Que penser alors de ce Diablo Immortal, lui dont l'annonce a été si mal perçue par les joueurs ? Le jeu, en tant que tel, se présente comme une expérience plaisante, facile à prendre en main, dotée de graphismes soignés et d'un contenu fidèle à son support d'origine. Néanmoins, Blizzard et Netease ne semblent pas quitter une certaine zone de confort. Le gameplay est certes pêchu, mais reste tout droit repris d'autres jeux de l'éditeur chinois. Le système de zones ouvertes conduisant à des donjons instanciés sent lui aussi un peu le rechauffé pour le moment. Reste donc à espérer que l'expertise du studio californien vienne donner des ailes au projet afin de lui permettre de se démarquer au sein de store mobiles déjà fort chargés en hack'n slash du même type.