Cinq mois après l’avoir découvert à l’E3, nous avons enfin posé les mains sur Just Cause 4, lors d’une session d’essai organisée par Square Enix et Avalanche. Durant ces deux heures trente de jeu, le prochain titre de la franchise nous a livré deux expériences diamétralement différentes, mettant tantôt en avant l’histoire et l’univers du titre, tantôt son open world bac à sable où les expérimentations liées à la physique sont légion. Tâchons donc de voir si la formule, qui unifie ces deux pans, prend bien, à tout juste un mois de la sortie du titre…
Notre vidéo-preview de Just Cause 4
Une meilleurs idée de la structure du jeu...
Précisons avant toute chose que notre première preview, diffusée lors de l’E3, est à lire pour bien comprendre les bases de ce nouvel épisode. Notre épopée débute ici par une réunion de famille, celle qui unit Mira, notre camarade de terrain, et sa cousine Gabriela Morales, leader de la Main Noire et antagoniste de Rico. L’armée de la Main Noire domine l'île de Solis et y fait régner la terreur. Dans l’ombre, un homme mystérieux nommé Oscar Espinoza semble tirer les ficelles et incarnera sans doute le véritable mal qui ronge l'île. Cette contrée, Rico la connait bien car son père y a travaillé. Il est d’ailleurs l’un des créateurs du Projet Illapa, cette infrastructure météorologique nichée au coeur de la map et dont l’accès est quasiment impossible au joueur.
Depuis peu, à Solis, le climat est étrange et il n’est pas rare de voir des tempêtes de sable, blizzard et autres tornades ravager les quatre biomes que compte Solis. La rumeur veut d’ailleurs que ce dérèglement climatique n’est pas si naturel que ça et s’avèrerait même directement lié au complexe météorologique Illapa. Le centre fait donc office de “zone de fin” sur la carte de Just Cause 4, à l’image du château d’Hyrule dans Zelda Breath of the Wild. Et s’il est possible en prenant un véhicule de s’y rendre, non sans mal, avant de se prendre un missile bien placé, sachez que la zone sera de moins en moins difficile d’accès au fur et à mesure que vous avancez dans l’histoire et anéantissez certaines protections de l’infrastructure.
Le monde de Just Cause 4 propose une superficie totale de 1024 km². On y trouve plusieurs types de missions, ayant pour vocation de faire avancer différents pans du titre : l’histoire, la conquête de zone, les cascades, l’exploration de ruines et le recrutement pour l’armée du Chaos. Concernant cette dernière, sachez que c’est grâce à elle que vous pourrez contester des territoires de la Main Noire et mener la guerre qui oppose le peuple libre de Solis à l’armée de Gabriela. En générant les fameux points de chaos, qui découlent de la destruction d’éléments industriels ou militaires (en gros tout ce qui est marqué de rouge), le joueur génère des escouades de soldats qu’il peut dispatcher sur la map pour mener des batailles face aux troupes ennemies. Ces batailles se dérouleront réellement dans le jeu et il est possible d’y prendre part, comme nous vous l’avions expliqué dans la précédente preview, profitant alors d’un gameplay de tir légèrement remanié depuis Just Cause 3. Ce dernier inclut désormais tirs secondaires, IA des ennemis revisitée et diverses améliorations en matière de feeling pour un résultat, manette en main, qui s’avère meilleur qu’auparavant mais toujours un peu “lambda” pour un jeu d’action.
Le grappin au coeur du bac à sable physique
Après une petite heure passée sur le début de l’aventure, qui permit de nous familiariser avec le rythme du jeu et la structure de son open world, nous avons pu laisser libre cours à notre imagination via une partie plus avancée. Dans cette seconde sauvegarde, le grappin totalement customisable était à son niveau maximum et permettait d’essayer différentes nuances et utilisations. Boosters, rétractation et ballons gonflables : ces trois variantes seront à votre guise greffés aux “liens” que vous fixerez sur à peu près tous les éléments du décor, ce qui inclut les voitures, passants, animaux, habitations et éléments destructibles.
Parmi la quinzaine de lieux-dits présentés par les développeurs, nous avons choisi la fête foraine pour nos quelques expérimentations, en plaçant par exemple des boosters sur les nacelles de la grande roue. Depuis les menus de modding du grappin, il est très facile de modifier trois “versions” de notre outil. On y définit notamment l’effet, l’intensité, et le mode d’activation. Cela permettra au joueur d’alterner rapidement entre les différents grappins customisés, sans passer par les menus, ce qui aura pour effet de ne pas briser l’immersion et d’être précis et fluide dans la mise en place de son expérimentation.
Ainsi, nous avons pu faire livrer un tank (via le système habituel de supply drops), y attacher six ballons gonflables sur commande, et fixer des boosters au dos du véhicule. Sur une pression courte de touche du D-Pad, les ballons se gonflent, et sur une pression longue, les boosters entrent en action. Le résultat, c’est évidemment un tank volant, du plus bel effet, qui nous permit d’occire quelques soldats de la Main Noire avec style et légèreté. Facile à utiliser, plutôt fun et franchement bien pensé, cette partie “bac à sable de la physique” au sein de Just Cause 4 semble avoir été intégrée pour pousser un maximum de joueurs à tenter d’improbables expériences, qui ont, avec Just Cause 3, déjà fait le tour du web. Reste à savoir combien de temps cette dimension-là passionnera les foules avant que l’on ne revienne sur le reste du jeu, bien moins original et inspiré…
Un sentiment de “déjà trop vu”
Si l’expérience globale durant ces deux à trois heures fut plutôt positive, elle s’avère en revanche quelque peu gâchée par un fort sentiment de déjà-vu, comme si Just Cause 4 n’était qu’une petite évolution de Just Cause 3 qui, déjà en 2015, ne changeait pas drastiquement les bases du très bon Just Cause 2, sorti en 2010. Graphiquement, le jeu accuse un certain retard lorsqu’on le compare avec les autres open world action-aventure récemment sortis. Les textures sont ici très faiblement détaillées, les animations sont assez sommaires, les intérieurs sont relativement vides et l’aliasing est très prononcé, notamment lors des cut-scenes.
En matière de feeling de gameplay en combat et d’enrobage technique, on a donc l’impression d’être sur un titre qui accuse quelques années de retard. Toutefois, la force du jeu reste avant tout la physique, la liberté d’action et de déplacement. Seulement voilà, ces petits plus étaient déjà ceux de Just Cause 3 et, grappin mis à part, on ne note pour l’instant aucun changement drastique relatif à ces trois notions, signatures de la saga Just Cause. Le fait que les courants d’air chaud influencent la wingsuit ou que les explosions prennent désormais en compte la provenance des obus et dégats sont par exemple des features mises en avant par les développeurs pour justifier un changement complet de moteur, mais restent de l’ordre du détail et sont quasi-invisibles pour le joueur, ce qui est fort dommage. On aurait aimé un dépaysement un peu plus prononcé en matière de gameplay.
La tornade, argument percutant mais discutable…
S’il y a bien une chose qui nous avait franchement impressionné dans Just Cause 4 jusqu’à maintenant, c’est la tornade. Très mise en avant par l’éditeur, cette altération climatique est la reine des trailers. Et pourtant, lorsque l’on s’en est approché sur l’open world, hors mission dédiée donc, c’est la déception graphique. Floue, mal texturée, l’élément 100% physique qu’est la tornade jure totalement avec le reste du paysage, plutôt réussi. A moins de 100m, elle retrouve toutefois sa noblesse et s’impose comme un challenge massif à la course douteuse. Plus tard dans l’aventure, nous essayons une mission dédiée, où la tornade s’avère bien plus coriace et impressionnante, d’autant plus qu’elle fonce à toute berzingue sur des éléments très fournis de Solis, notamment un aéroport où elle arrache du sol avions et nacelles pour un résultat du plus bel effet. Reste donc à savoir si les tornades seront toujours aussi impressionnantes que durant ce passage scripté. Pour ce qui est des autres altérations climatiques, force est de constater que la tornade n’a pas été autant mise en avant pour rien. La tempête des sables réduit la visibilité à zéro tout en empêchant le joueur d’utiliser wingsuit et parachute, quant au blizzard, il ne semble pas bien différent de la tempête de sable et apporte avec lui quelques éclairs, histoire de gêner les pilotes un peu trop aventureux.
Just Cause 4 a plein de bonnes petites idées pour faire de sa trame principale une vraie aventure de longue haleine. Les tempètes et tornades sont une première au sein d’un open world et on ne pourra que saluer le travail d’Avalanche à ce sujet même si le résultat final n’est pas parfait. On regrettera en revanche que le gameplay combat ou la réalisation globale soient si datés, comme si la franchise était resté figée dans la première moitiée de la décénnie, ne sachant pas vraiment comment passer le cap de l’open world bac à sable et bourrin qui tente quelques originalités pour se démarquer. Pourtant, c’est justement ce côté "bac à sable physique", incarné par une customisation totale du grappin, qui nous a fait vivre les meilleurs moments de notre session d’essai, entre fous rires et expérimentations ridicules. Une chose est sûre, Just Cause 4 a un bel avenir sur YouTube en tant que Garry’s mod du monde ouvert, quant au reste de l’expérience, il faudra attendre la version finale pour juger de son vrai potentiel...