Parmi les titres à surveiller dans l’écosystème VR, les amateurs de casques ont très vite repéré Defector. Teasé depuis quelques mois via un trailer ultra-dynamique, le titre nous promet un savant mélange d’infiltration, de tir et de mise en scène à en faire rougir le James Bond de Pierce Brosnan. Curieux, nous avons pu essayer la fameuse séquence du trailer : un condensé d’action à bord d’un avion à demi éventré. Le fait est qu'en dépit de ses qualités actuelles, Defector peut encore s’améliorer sur plusieurs points.
The Expandables featuring Pierce Brosnan
S’il y a bien une chose que Defector sait faire sans accrocs, c’est offrir une mise en scène de blockbuster hollywoodien. Situé quelque part entre un Call of Duty Black Ops et un Time Crisis pour l’ambiance, Defector met avant tout l’accent sur la variété des situations proposées au joueur. Après s’être infiltré en douce à bord de l’avion cargo ennemi, notre agent tente de négocier avec un truand qui va par la suite le compromettre. La séquence que nous avons joué démarre juste après ces échanges, une fois que la duperie laisse place à la poudre.
Arme à la main, on s’attaque donc à quelques phases de tir très classiques face à des ennemis qui abusent un peu trop de leur couverture. La recharge du 9mm se fait intuitivement en appuyant sur une touche pour faire tomber le chargeur, avant de saisir un nouveau chargeur à notre ceinture pour le porter jusqu’au pistolet. Jusqu’ici, rien de bien original, et l’on parcours le fuselage de l’avion sans trop de difficulté, malgré quelques balles encaissées.
Quelques soucis d’ergonomie dans un script trop peu tolérant
Notons que le concept du jeu nous propose, à chaque introduction de nouvelle mécanique, un flashback nous plaçant durant l'entraînement de l’agent secret que l’on incarne. De cette manière, l'entraînement au tir nous apprend que l’on pourra par la suite greffer au 9mm un gadget tirant de petits explosifs, mais que nous ne verrons malheureusement pas durant notre démo. De retour dans notre avion, et quelques mètres plus loin, une porte requiert notre activation, d’un simple glissé de la main, mimé avec l’Oculus Touch.
A l’intérieur de la pièce, un combat à mains nues s’engage contre un garde. On ne sait pas vraiment pourquoi d’ailleurs, puisqu’on est armé. On profite alors d’un nouveau flashback pour assister à un cours de boxe assez peu inspiré. A la manière de ce qu’avait introduit L.A. Noire the VR Case, Defector tente ici de varier les plaisirs en alternant corps à corps, tir, et exploration, ficelant le tout grâce à un script malheureusement bien trop dirigiste d’après nos premières impressions.
Par exemple, une fois de retour dans l’avion après le flashback, nous devons terminer le combat au corps à corps, très mou soit dit en passant, par une saisie et une projection, histoire de déclencher une petite destruction précalculée du décor. L’action doit être répétée deux fois, avec deux projections à des endroits différents. Quand tout ceci s'enchaîne vite et que l’on sait précisément où jeter l’adversaire, cela rend probablement bien. Mais en l’absence d’indicateurs clairs, on reste bloqué assez bêtement pendant quelques instants, empoignant cet ennemi sonné, en étant bien incapable de le jeter ailleurs car cela n’est pas prévu par le script. Cette sorte de QTE 2.0 est donc assez mal amenée en VR d’autant plus qu’elle n’autorise aucune fantaisie, aucune liberté, ce qui est dommage dans un jeu d’action qui se veut avant tout très fluide, fun et spectaculaire. On y est tellement bridé et assisté que la sensation d'incarner une machine de guerre n'est finalement que peu présente durant notre démo.
De nombreuses bonnes idées à retenir
Un peu plus loin dans la version essayée, nous sommes bloqué par une porte qui requiert une clé magnétique. C’est en fouillant une petite salle que nous la trouvons... mais en trichant un peu. En effet, sur les conseils du développeur, qui souhaitait nous montrer cette feature, nous donnons une petite tape du doigt sur le côté de notre casque. Le mouvement, capté et interprété, active une sorte de vision secondaire, mettant en avant les objets importants et permettant ainsi de ne pas être bloqué trop longtemps dans Defector. Il s’agit là d’une bonne idée qui participe à l’immersion et évitera de trop tourner en rond, d’autant plus que les mouvements de notre personnage sont plutôt lents.
Nous pénétrons quelques minutes plus tard dans la baie de stockage de l’avion, laquelle accueille deux véhicules de luxe. On peut alors en emprunter un en sortant de l’inventaire la clé du véhicule, progressant sous le feu nourri de l’ennemi. Une fois assis à son bord, on doit déverrouille l’écran central, allumer le moteur en tournant la clé et passer la première en manipulant les éléments en surbrillance. L’accélération et la direction sont alors de notre ressorts sur une quinzaine de mètres et c’est donc tout naturellement que l’on va terminer notre balade en percutant les quelques soldats adversaires qui nous attendaient là, avant de faire un vol plané à plusieurs milliers de mètres du sol, toujours assis dans la belle décapotable.
Quand le “too much” n’existe même plus
Un soldat s'accroche alors à la portière du véhicule et nous décidons d’attraper notre 9mm pour lui faire lâcher prise. La suite ne fait plus tellement dans la demi-mesure puisque l’on va se catapulter dans un autre avion en plein vol, saisir un énorme fusil mitrailleur et vider des dizaines de chargeurs sur une dizaine de F35 venant se positionner à notre portée. La mission se termine alors sur un parachutage en bonne et due forme et nous prenons quelques temps pour discuter avec la développeuse de Twisted Pixel, studio à qui l’on doit le très bon Wilson’s Heart.
Le studio nous assurent que les retours d’Oculus étaient unanimes et que la confiance du constructeur envers l’équipe a permis de retarder quelque peu le titre afin d’en faire une expérience encore plus immersive et spectaculaire. Plusieurs lieux étaient d’ailleurs jouables lors de notre session, incluant les séquences précédentes dans l’avion mais aussi une séquence en Inde, qualifiée de "plus ouverte" par la développeuse. Malheureusement, notre temps d’essai étant compté, nous n’avons pas pu en voir plus. Il n'empêche qu’actuellement la formule fonctionne plutôt bien malgré ces quelques accrocs au niveau du rythme et quelques soucis de tracking, probablement dus aux conditions de test. Les situations semblent assez variées et l’on a hâte d’en voir un peu plus, en espérant que le tout ne devienne pas redondant où beaucoup trop assisté en matière d’approche.
Beau et plutôt malin dans sa mise en scène très spectaculaire, Defector est un de ces titres qui, à la manière du Blood & Truth du PlayStation VR, vont attirer les amateurs de blockbusters parfois un peu "too much". Proposant une action assez soutenue bien que classique, un gameplay simple, et des situations à première vue assez variées, le jeu a le mérite d'en mettre plein la vue. Si les soucis de rythme, de liberté d'action et de lisibilité constatés durant notre version démo sont absents de la version finale ou sont uniquement dus au build à l'essai, Defector pourrait bien devenir un très bon titre du catalogue VR de l’Oculus. Réponse en 2019.