L'heure est à la nostalgie depuis plusieurs années. Éditeurs et studios s'intéressent de près au phénomène et l'exploitent à raison. Les joueurs désireux de raviver leurs souvenirs érodés par les affres du temps replongent avec plaisir dans ces jeux qui ont marqué à leur manière leur carrière vidéoludique et l'histoire du jeu vidéo en général. Le remake de Toki, jeu sorti en 1989 sur bornes d'arcade puis la plupart des machines de l'époque (Atari ST, Amiga, Megadrive...), surfe à 100% sur cette vague et s'apprête à débarquer sur Nintendo Switch.
Au cours d'un rendez-vous à la gamescom 2018 avec l'éditeur Microïds, une courte présentation et une session de jeu de 20 minutes sur le premier niveau du remake de Toki nous ont été proposées.
On n'apprend pas aux vieux singes à faire la grimace
Certes, mais le vieux singe peut être lifté pour se rapprocher des standards actuels et rattraper un retard logique accumulé depuis près de 30 ans. La refonte graphique est ici colossale. Le jeu est méconnaissable et pour cause... Les illustrations et assets de ce Toki version 2018 ont été intégralement réalisés à la main par Philippe Dessoly, illustrateur du jeu d'origine ainsi que sur les licences manga Captain Harlock et UFO Robot Grendizer. Toki profite donc de l'expertise de l'artiste et fourmille de détails au point, parfois, de rendre l'action illisible tant la différence entre les éléments de décor et de gameplay se fondent en un tout cohérent.
Ce travail sur le visuel s'accompagne d'une toute nouvelle bande-originale orchestrée par Raphaël Gesqua. Ce compositeur ayant officié par le passé sur de nombreux jeux offre à Toki une atmosphère musicale rétro moderne parfaitement dosée qui suit les pérégrinations de notre héros simiesque.
Le remake de Toki n'a plus rien à voir avec celui de 1989 à un détail près... un détail crucial... le gameplay. Ce remake intégralement recodé tente de conserver ce ressenti manette en mains si old school que nous avons en jouant au titre d'origine. Le héros est pataud et sa lourdeur nous renvoie des dizaines d'années en arrière lorsque nous dépensions sans compter notre argent de poche dans les salles d'arcade... avec pour secret espoir de finir tel ou tel jeu. Tout au long des 6 niveaux (The Labyrinth, Neptune Lake, Cave of Fire, Ice Palace, Jungle of Darkness et Golden Palace), la mort vous guette prête à bondir pour vous soutirer une vie au point d'en devenir frustrant à la longue.
Ce jeu d'Action / Plate-Forme est rude et ne fait aucune concession sur sa difficulté. La mort en devient presque un compagnon d'infortune tant le Die & retry fait partie intégrante de l'expérience. Il faudra bien du courage et de l'abnégation pour en venir à bout et sur ce point Toki est fidèle au credo 80's et 90's.
La refonte graphique et sonore est indéniable et le plaisir de retrouver ce jeu iconique d'une époque révolue reste plaisant sur bien des points à commencer par les dessins 2D faits mains et la bande-originale. Malheureusement, un gameplay trop old school et un manque de lisibilité ternissent l'expérience. Un Die & Retry aussi punitif risque de frustrer les joueurs, voire de tout simplement les rebuter.