Les fans de Devil May Cry ont attendu 10 ans le retour de Dante et Nero. Capcom l'a bien compris et répond à ce profond désir. Le reboot tenté par Ninja Theory en 2013 ne déméritait pas, néanmoins les purs et durs ne jurent que par et pour les descendants de Sparda. Les pourfendeurs de démons sortent de leur retraite en compagnie d'un mystérieux troisième personnage dans un Devil May Cry 5 canonique fidèle à la trilogie originelle.
Lors de la gamescom 2018, Devil May Cry 5 s’est présenté devant nous avec l’intention d’en découdre. Suite à une interview de l’équipe de Capcom en charge du développement, Nero s’est laissé prendre en mains durant une session de jeu d’une durée de 15-20 minutes. Malheureusement, Dante et le troisième héros sont restés quant à eux dans l’ombre.
La sainte trinité versus Evil
Les joueurs réclamaient à corps et à cris une suite directe à Devil May Cry 4 et Capcom a écouté leurs doléances. DMC 5 se déroule plusieurs années après les événements du quatrième épisode et débute avec l'invasion de Red Grave City par une armée démoniaque symbolisée par un démon-arbre tentaculaire se nourrissant de sang humain... créature que Lovecraft ne pourrait renier. Nero, héros fier et sûr de lui, s'oppose à cette attaque et tente de repousser les forces du mal avec pour alliés de circonstances Dante et ce fameux personnage encore énigmatique.
Devil May Cry 5 structure son scénario autour de trois héros charismatiques. Si Nero endosse le rôle de personnage principal, Dante et ce fameux troisième personnage n'en restent pas moins essentiels au récit. Trois héros, trois histoires, trois rôles, mais aussi trois gameplay sensiblement différents dont Capcom conserve jalousement le secret. Les révélations autour du nouveau personnage en particulier se font rares depuis l'annonce du jeu et l'éditeur basé à Osaka fut une nouvelle fois avare en information. Il semblerait tout du moins que ce dernier n’utilise point d'armes pour occire ses opposants.
Conter la destinée de Nero et Dante était une évidence pour Capcom. A l'heure de prendre une décision quant au développement d'une suite à DMC 4 ou à DmC Devil May Cry, le choix fut aisé et la direction prise limpide. Devil May Cry 5 est une ode à la première trilogie et ne déroge pas aux règles fondamentales de la franchise avec son histoire linéaire et sa fin unique. L'absence de choix et de décisions caractérise également la série et donc ce DMC 5. Bien que les descendants de Sparda embrassent leur facette démoniaque, Capcom voit en eux des héros et seulement des héros, certes sombres mais vertueux. Jouer avec leur moralité n'est pas à l'ordre du jour.
L’urbanisme néo-gothique torturé qui accompagnait les premiers pas de Dante en 2001 ne pouvait manquer de telles retrouvailles. Porté par le RE Engine, Devil May Cry 5 brille de mille feux et caresse la rétine avec un penchant assumé pour la pyrotechnie. Les créatifs touchent du pinceau une direction artistique qui fait vibrer le coeur des fans depuis près de vingt ans. Et cette D.A si caractéristique assure un spectacle sons et lumières de toute beauté. Héros et ennemis s’animent sous cette pluie d’effets colorés illuminant la destinée sanglante des "fils" de Sparda.
Bande-annonce de Devil May Cry 5
Breaker in Arms
Devil May Cry 5 n’espère pas renouveler la formule de la franchise pour tout ce qui touche de près ou de loin aux phases de combat. Omniprésentes, ces dernières rappellent par bien des aspects celles du quatrième épisode avec ses attaques aériennes dantesques, ses enchaînements pistolet-épée, ses déplacements au grappin et son système de “lock”. Capcom mise sur une fluidité impressionnante des mouvements et des animations afin de coller à ce photoréalisme tant recherché sans perdre un instant en réactivité. Nero transperce, esquive et crible de balles l’ennemi retors avec une classe folle et une facilité déconcertante. Le plaisir de jeu est immédiat et la prise en main naturelle, même pour un néophyte.
L’éditeur japonais ne s’est pas pour autant contenté d’appliquer la formule Devil May Cry sans la retravailler. Lors de cette présentation, seul Nero était jouable et les changements opérés sautent aux yeux. Le descendant de Sparda a troqué son bras démoniaque contre une série de prothèses mécaniques confectionnées par son acolyte Nico et répondant au nom de Devil Breaker. Au nombre de 8, ces bras prothétiques lui confèrent des aptitudes variées. Et leur efficacité sur le champ de bataille ne s’est pas fait attendre. "Gerbera" et ses attaques électriques ainsi que "Overture" et sa capacité à repousser les assauts ennemis ont démontré toute l’étendue de leurs pouvoirs respectifs.
Ces prothèses présentent malheureusement un défaut de taille. Leur fragilité exige d'en changer automatiquement et très souvent. Un Devil Breaker se brise après une attaque lourde, en encaissant des dégâts ou en déclenchant un Break Away - une technique permettant de se dégager d’une situation dangereuse. Nero trimballe avec lui un certain nombre de bras mécaniques interchangeables. Cependant, seule leur destruction force ce dernier à s'équiper du Devil Breaker flambant neuf suivant dans la liste d'attente et à changer de pouvoirs par la même occasion.
Devil May Cry 5 ne pourrait prétendre à l’excellence sans des combats de boss dignes de ce nom et sur ce point Capcom mise sur la démesure et un sens aiguisé de l’épique. Ces joutes ardues, marques de fabrique de la saga, mettent à l’épreuve les compétences des trois héros. Le premier contact avec un "colosse incandescent" fut âpre et la victoire acquise après de longues minutes d’affrontement. L’autoproclamé "Mighty Goliath", un immense minotaure aux faux airs de Zodd L’Immortel (voir le manga "Berserk"), nous a donné du fil à retordre et poussé Nero dans ses retranchements avec ses attaques démesurées balayant l’arène. Le plaisir ressenti une fois la menace à terre est alors sans commune mesure.
Devil May Cry 5 est un vibrant hommage à la trilogie originelle, une évolution naturelle inspirée et inspirante. Si son système de combat et sa structure linéaire se calquent sur certains archétypes, cette suite directe des aventures de Nero et Dante revêt ses plus beaux apparats afin de nous séduire avec ses graphismes chatoyants, un scénario encore (bien trop) mystérieux et un ressenti manette en mains étourdissant. Pour leur retour sur le devant de la scène, les "fils" de Sparda frappent fort, mais la guerre ne fait que commencer.