On les croyait disparus, enfermés à jamais dans l'enfer des licences emportées dans le sillage de la chute de leur éditeur. Et pourtant, les quatre cavaliers de l'apocalypse n'ont pas encore dit leur dernier mot. Racheté par Nordic Games devenu entre temps THQ Nordic, Darksiders effectuera bel et bien une nouvelle cavalcade le 27 novembre prochain sur PS4, Xbox One et PC. Aux personnages de War et de Death des deux premiers épisodes, Darksiders III déroule le tapis rouge à la cinglante cavalière Fury, une mage de combat au fouet acéré et aux sortilèges dévastateurs. Retour sur nos impressions après une première prise en main du titre au sein même des murs de son développeur, Gunfire Games.
Que vaut ce nouveau Darksiders ?
Dungeon & Fury
Et cette première plongée au cœur du jeu se montre rassurante. Non, Darksiders 3 n'a pas perdu en route le charme de sa propre franchise et son studio est même majoritairement constitué d'anciens de chez Vigil Games. Certes, l'équipe est désormais plus réduite (avec une soixantaine de personnes), mais les ambitions sont toujours là. L'histoire de ce troisième volet s'entremêle avec celle de Darksiders 2 tandis que Death tente à tout prix de sauver l'honneur de son frère et clamer son innocence dans un monde ouvert teinté de High Fantasy, Fury évolue dans un level design bien plus proche de la formule du premier épisode de la saga. On a pour habitude de comparer le premier Darksiders à un Zelda dans sa structure de monde semi-ouvert articulé autour de donjons. L'idée est quelque peu reprise ici avec cependant une modification majeure : Darksiders 3 se présente comme un seul et unique donjon à explorer à l'aide des différentes capacités de Fury.
On s'est alors très vite posé la question du renouvellement des décors dans cet épisode. Comment rythmer une expérience basée sur un cheminement si ce dernier s'effectue au sein d'un seul et même lieu ? La réponse est assez simple puisque cette instance prend la forme d'une série de zones interconnectées à l'identité graphique propres. On s'éloigne ainsi du vaste monde ouvert de Darksiders 2 pour retrouver une construction plus proche de celle du premier épisode avec un impact décisif des capacités de la cavalière sur sa progression au fil de l'aventure. Cette structure marque aussi le retour d'un style graphique plus "réaliste", moins marqué par la High Fantasy des contrées explorées par Death dans Darksiders 2. L'apocalypse urbaine fait son retour dès le début du jeu avec une visite des couloirs d'un métro envahi par la corruption et les vilains démons. Même si l'homme est occupé à ses propres affaires, la patte du dessinateur Joe Madureira se fait toujours ressentir dans le projet, autant côté architecture des lieux que dans l'aspect des personnages et créatures.
Ça fouette ici !
C'est d'ailleurs lui qui avait fourni à l'époque le design de Fury, première cavalière imaginée pour ce qui devait être à la base un quatuor de personnages à la tête de leur propre jeu. Si l'heure n'est pas encore venue pour Strife et Darksiders 4, la magicienne aux cheveux virevoltants nous a fait forte impression. Il est, en effet, difficile d'animer une arme telle que le fouet pour lui donner un réel sens des impacts et c'est pourtant ce que le studio est parvenu à réaliser. Fury fend les airs devant elle à l'aide de son fouet acéré, découpant à loisir ses adversaires tout en restant à bonne distance du danger.
Le gameplay de ce troisième épisode se veut plus organique, débarrassé de certaines mécaniques jugées peu utiles par les développeurs. Les QTE et autres finish move disparaissent pour laisser place à une approche plus technique des combats, moins hack'n slash que dans Darksiders 2. La fureur, la magie et l'agilité définissent cette nouvelle héroïne qui possède toujours un mécanisme de défense au cœur même du sentiment de satisfaction des affrontements : l'esquive. En esquivant une attaque au dernier moment, Fury bénéficie d'un courte opportunité de contre-attaque durant laquelle son prochain coup inflige plus de dégâts. Sa palette de mouvements comporte aussi des techniques de balayage de zone, des moulinets cinglants vers l'avant et une série d'attaques aériennes.
Cependant, la cavalière n'est pas qu'une combattante dotée d'un fouet, elle est aussi une puissante magicienne capable de déchaîner la fureur des éléments. Dans sa quête pour faire tomber les incarnations des sept Pêchés Capitaux afin de rétablir l'équilibre, Fury obtiendra de tous nouveaux pouvoirs synonymes de capacités et d'outils de combat supplémentaires. Au nombre de cinq, ces métamorphoses prennent par exemple la forme d'un pouvoir enflammé lorsque le personnage accède au premier artefact de l'aventure. En plus de modifier son apparence physique et changer sa chevelure violette en tignasse incandescente, la maîtrise du feu permet de se déplacer dans la lave, de débloquer un super saut vertical et de manier un duo de nunchaku de feu. Pratique pour combattre, mais aussi très utile pour progresser dans un monde construit à l'image d'un Metroid avec ses obstacles à franchir grâce aux bonnes capacités.
Les énigmes sont toujours là
Gunfire Games souhaite donner beaucoup plus d'impact à ces fameuses capacités magiques. Prenez par exemple le simili Portal Gun du premier Darksiders, un outil fort sympathique dans le cadre de plusieurs énigmes de fin de jeu, mais finalement peu utile en combat. Ici, toutes les nouvelles capacités acquises par Fury lui serviront aussi bien à se déplacer, à affronter ses adversaires qu'à résoudre une vaste série d'énigmes. Car c'est aussi ça l'autre pilier de la franchise Darksiders, nous faire nous creuser la tête entre deux combats épiques. Et le studio ne semble pas avoir perdu la main dans la mise en place de situations retorses la nécessité de penser les choses dans leur globalité est primordiale. On débute d'ailleurs en douceur avec une série d'insectes rampants à nourrir de suc explosif à des endroits clés du métro afin de les transformer en bombe à retardement. Envoyés sur les épaisses toiles au mur, ces explosifs de fortune ouvrent de nouveaux chemins et nous rappellent une mécanique déjà employée dans les deux premiers titres de la série. Les insectes sont toutefois bien vite remplacés par la maîtrise du feu de Fury qui d'une simple attaque secondaire, peut embraser ces obstacles ou bondir vers de nouveaux embranchements.
Darksiders 3 promet ainsi d'entremêler une fois de plus combats et puzzle grâce aux talents de son personnage principal. On note d'ailleurs une assurance toute particulière chez Fury, dans sa posture, sa démarche ou même sa façon de s'adresser à son Guardien. Face au marchand Vulgrim, de retour dans ce troisième volet, la sorcière à la chevelure impétueuse ne fléchis pas et impose même ses décisions. Vulgrim sera d'ailleurs au centre d'un nouveau système d'artisanat que le studio n'a pas souhaité nous présenter en détail durant cette première prise en main. On espère donc pouvoir vous en parler un peu plus lors de la prochaine gamescom 2018.
Gaming Live de Darksiders 3
Avec une structure plus proche du premier volet de la saga et une nouvelle cavalière de l'apocalypse au charisme indéniable, Darksiders 3 nous rassure sur sa structure, son gameplay et ses ambitions. Le titre trouve un bon équilibre dans sa propre formule, entre combats plus organiques et exploration délicieusement plus tortueuse. Plus important encore, l'ambiance Darksiders est là, dans le visuel toujours aussi distinctif, dans le côté épique des rencontres, dans le sound design encore, on est en terrain connu et on espère maintenant y prendre du plaisir lors de sa sortie le 27 novembre prochain.