Déjà aperçu en 2015 sous le nom de Secret Legend, puis lors du PC Gaming Show de l’E3 2017, Tunic a refait parler de lui cette année, en réapparaissant lors de la conférence Xbox de cet E3. Un petit renard tout mignon, des graphismes épurés et une caméra isométrique fleurant bon le jeu rétro, de quoi emballer les amateurs de Zelda-like en somme. Mais attention, le titre de Finji Games ne se laisse pas apprivoiser si facilement.
Tunic laisse tomber la tunique
C’est donc à Paris, à l’occasion d’un événement dédié aux jeux ID@Xbox que nous avons pu revoir Tunic, un jeu d’action-aventure délicieusement rétro et fortement inspiré de The Legend of Zelda. Au programme, un renard qui se prend pour un guerrier hylien, de l’exploration, des donjons, et surtout des ennemis qui ne sont pas venus pour équeuter des haricots.
Ça ressemble à Zelda, ça se joue comme Zelda ?
Les comparaisons avec le bébé de Shigeru Miyamoto se font assez facilement : le petit renard contrôlé par le joueur porte une tunique verte et trouve rapidement une épée et un bouclier dont les designs évoquent ceux des armes préférés de Link. Lâché dans un monde mystérieux avec finalement très peu d’indications, le joueur est amené à explorer son environnement, et l’on découvre rapidement donjons, coffres, et passages secrets en tout genre. Difficile de ne pas penser aux premiers épisodes de Zelda dans de pareilles conditions. Il y a toutefois une légère différence : la caméra isométrique offre un angle de vue forcément différent, ce qui permet aux développeurs de jouer avec les perspectives et de cacher certains détails de façon assez ingénieuse. Que ce soit l’accès à un item bien utile, ou à un passage dérobé, leur découverte est toujours une source de plaisir, même si l’on se dit qu’après quelques heures, cet effet de surprise s’estompera.
Si l’on retrouve de nombreux éléments de game-design qui rappelle le jeu fétiche de Nintendo, Tunic se crée aussi son identité propre grâce à quelques détails bien sentis, notamment en combat. Notre petit renard est capable d’effectuer des roulades, mais aussi de verrouiller ses ennemis, ce qui permet plus de précision lors des attaques à l’épée. Et ces outils seront bien utiles puisque, comme nous l’avons découvert à nos propres frais, Tunic se veut largement plus exigeant en combat que son modèle. Les ennemis que l’on a rencontrés sont plus résistants et surtout ils infligent des dégâts considérables, proportionnellement aux réserves de vie dont dispose le renard. D’autant que s’il suffit à Link d’entrer en mode tondeuse à gazon et de raser toutes les hautes herbes qui se trouvent à sa portée pour trouver quelques coeurs, ce n’est pas aussi simple dans Tunic. Nous avons tout coupé, tout cassé, à la recherche d’un coeur ou d’une fée, ou quoi que ce soit qui permette de récupérer un peu de vie : ce fut un échec sur toute la ligne. Le peu d’endurance du personnage ainsi que le manque de points de vie à récupérer conduit donc le joueur à se montrer particulièrement vigilant, ce qui rend les joutes d’autant plus excitantes, et oblige à préparer ses assauts. Le seul problème que l’on voit à ce jour, c’est que hormis la roulade et l’épée, le joueur dispose d’assez peu d’outils pour attaquer, et l’on se contente souvent de chercher la meilleure façon de jouer avec le level-design pour approcher et vaincre les monstres présents à l’écran. Notre partie ayant commencé en tout début du jeu, on espère que les choses seront différentes après quelques heures de progression.
Un léger manque d’originalité ?
Et si nos premiers pas dans Tunic nous ont enthousiasmés, il faut toutefois garder en tête que le soft de Finji Games est certes mignon tout plein, mais qu’il n’invente pas grand-chose. Pour peu que vous ayez déjà joué à quelques Zelda, Tunic ne surprend jamais vraiment et l’on retrouve tout ce qui a fait, depuis 30 ans, le succès des aventures de Link. La roulade et l’exigence des combats ne changent rien à cet état de fait. On espère de fait que le jeu saura proposer quelque chose de plus intéressant, notamment en jouant avec sa caméra isométrique. On l’a aperçu par endroit dans cette démo, les développeurs ont bien compris que cet angle de vue permettait de jouer avec les perspectives, mais également avec la verticalité, ce qui pourrait donner lieu à des énigmes intéressantes et originales.
Cette même verticalité peut parfois poser problème, notamment lors des combats, puisqu'il n'est pas rare que certains ennemis attaquent en se jetant du haut d'une plate-forme placée au-dessus du joueur. C'est ici surtout une question de lisibilité à vrai dire, car il n'est pas rare d'avoir du mal à comprendre où un ennemi bondissant finira par atterrir. Quand on sait que quelques coups seulement parviennent à venir à bout de notre petit renard, perdre un quart de coeur parce que l'on n'a pas été en mesure de déterminer où se placerait un ennemi peut être agaçant.
Tunic est mignon, Tunic est bien réalisé et surtout, Tunic pue l’amour des vieux classiques du jeu d’action-aventure. À commencer par The Legend of Zelda. Avec une approche plus exigeante des combats et un angle de caméra plutôt rare de nos jours, le soft de Finji Games nous a séduits, toutefois pour le moment, il manque peut-être un peu d’identité. De quoi faire passer un bon moment, bien évidemment, mais cela suffira-t-il à satisfaire les amoureux du genre ?