Annoncé officiellement en 2015 puis disparu de la circulation tel un Licker s'engouffrant dans les égouts, le remake de Resident Evil 2 profite de l’E3 2018 pour surgir de sa tanière. Vingt ans après la sortie du cauchemar originel, Capcom s’apprête à réanimer sa créature dans une version transformée qui ne mise pas tout sur son enveloppe. Un nouveau cœur bât dans les rues de Racoon City, et ses artères regorgent de nouveaux panoramas dévastés. Si la peur ne vous tue pas, peut-être que la caméra épaule s’en chargera.
Tyran sur la corde ?
[IMAGE INTROUVABLE]Capcom a le sens du spectacle. Après nous avoir fait parcourir un long couloir hanté par un zombie plus vrai que nature, nous avons pu mettre nos mains sur la nouvelle version de Resident Evil 2 concoctée par l’éditeur japonais. Pas de ville enflammée en guise d’introduction aux commandes de la volontaire Claire Redfield, la démo débute ici au sein du célèbre commissariat de Racoon City dans la combinaison du téméraire Léon Kennedy. Son nouveau visage, s’il semblait au premier abord un peu étrange lors de la bande-annonce diffusée pendant la conférence E3 PlayStation, est en fait plutôt réussi et rappelle un certain Steve Burnside. Pour celui qui a survécu au titre d’origine, redécouvrir Resident Evil 2 de cette façon tient plus du reboot que du remaster. Les décors sont ici intégralement en 3D, avec une caméra placée derrière l’épaule de Kennedy. Adieu, donc, les plans précalculés qui assuraient une dimension cinématographique horrifique à l’ancien survival : la création de Capcom revêt ici des habits à la mode de 2018.
C’est par l’intermédiaire d’une caméra proche du corps que les mésaventures de Léon sont rappelées à notre bon souvenir. Selon les développeurs, “cette vue est le meilleur moyen de donner au joueur l’impression qu’il peut se faire attraper à tout moment” par des créatures. Ce nouvel angle n’est pourtant que la partie émergée des nouveautés qui suintent de ce remake. Au menu des mécanismes rafraîchis, nous notons l’utilisation de la croix directionnelle comme raccourci à destination des armes, ainsi qu’un inventaire simplifié.
Resident Evil 2 étant plus tourné vers l’action par rapport au premier épisode, l’arrivée de cette caméra épaule fait plutôt sens, même si elle apporte par voie de conséquence beaucoup plus d’efficacité dans les contrôles. À l’époque, il n’était pas rare de rater un tir à la tête à cause des angles arbitrairement choisis par le jeu. Dans cette nouvelle version, il est largement plus aisé de faire feu là où nous le souhaitons, même si le personnage qui couvre une certaine partie de l’écran peut gêner la lisibilité. Ce procédé transforme totalement le Resident Evil 2 connu de tous, d’autant plus que des lieux inédits à visiter sont au programme. De l’aveu même des producteurs, l’aventure devrait être “un condensé de nostalgie et de nouveaux éléments”.
Jamais à court de munitions
Le moteur de Resident Evil VII, utilisé à l’occasion de cette refonte, donne un rendu réaliste particulièrement saisissant. Comparé à l’œuvre d’il y a 20 ans, le commissariat perd en luminosité et les contrastes sont plus prononcés. Heureusement, afin de mieux percer les ténèbres, le jeune Kennedy dispose d’une lampe torche. Le soin apporté à l’ambiance oppressante et l’équilibre entre le suspense et l’horreur pure sont remarquables. Si la vue à la troisième personne peut laisser craindre une orientation trop axée sur l'action, cette démo fait preuve d’une retenue qui rassure sur les intentions. Cela ne veut pas dire pour autant que le jeu lésine sur les effets gores.
À ce titre, la localisation des dégâts est impressionnante. Les impacts de balle restent dans les corps, et les morceaux volent d’une manière terriblement précise. Si vous vous acharnez sur la tête de votre livide agresseur, ce dernier en perdra son crâne par petits morceaux. C’est peut-être un détail pour vous, mais pour les fans de morts-vivants, ça veut dire beaucoup. Enfin, et malgré le dépoussiérage de la formule, les énigmes à l’ancienne semblent être toujours présentes. Il va donc de nouveau falloir partir à la quête de clés spéciales et de codes à dénicher par l'intermédiaire de différents documents.
Les lieux comme les énigmes rappellent Resident Evil 2, mais cette version du classique tient plus du nouveau jeu que de la redite strictement améliorée graphiquement. Capcom joue aux apprentis sorciers en mélangeant le moteur de Resident Evil VII, la caméra épaule de Resident Evil 4 et la trame principale du second volet, pour un résultat qui nous semble pour le moment réussi. Notre aperçu nous a en tout cas rassurés sur les intentions de Capcom et sur la solidité de la technique. Nous attendons désormais d’en voir plus afin de juger à la fois l’équilibre horreur/action et les libertés prises par les développeurs par rapport à l’œuvre d’origine.