Il était attendu de pied ferme et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il n’a pas déçu. Call of Duty Black Ops IIII (non, pas d’erreur) s’est longuement dévoilé lors d’une présentation orale d’une heure à Los Angeles, où Activision avait réuni journalistes et influenceurs. Au programme, présentation détaillée, interviews et sessions de jeux nous ont offert un bel aperçu de ce que sera le nouveau « Kalof » à sa sortie en octobre prochain.
Les temps ne sont pas faciles pour Call of Duty. Si la série peut toujours compter sur des ventes considérables à faire pâlir la plupart des éditeurs de jeux vidéo, Call of Duty a perdu son mojo et se trouve désormais dans l’ombre de nouveaux jeux de tir, PlayerUnknown’s Battleground et Fortnite en tête. Néanmoins, Activision et Treyarch ont un coup à jouer, et ils le savent. Cette année, le duo s’apprête à dégainer un nouvel épisode de Black Ops, sans doute la série la plus populaire de la franchise. C’est donc le parfait moment pour tenter un retour en force, en se concentrant sur ce que la série sait faire de mieux, tout en s’adaptant aux modes du moment.
Adieu solo, bonjour Battle Royale
Entrons directement dans le vif du sujet, si vous le voulez bien. Si vous avez suivi les dernières rumeurs concernant Call of Duty Black Ops IIII, vous ne serez pas étonnés d’apprendre que le jeu sera bel et bien doté d’un mode de jeu Battle Royale, et fera l’impasse sur la campagne solo qui jusque là accompagnait chaque épisode. Treyarch a soigné son effet, et a attendu la toute fin de sa présentation pour officialiser la chose. Nous n’avons malheureusement pas pu essayer Black Out, le mode Battle Royale du jeu, et le studio ne s’est pas trop étendu sur le sujet, préférant réserver ses annonces pour plus tard. On a toutefois obtenu quelques informations. Au programme donc, une grande map, des véhicules en tout genre (y compris des hélicoptères), les gadgets propres à la série, et surtout l’emphase sur le teamplay. On reste toutefois curieux de savoir si Treyarch saura donner naissance à un mode de jeu aussi génétiquement différent de tout ce qu’est Call of Duty depuis 2003. La série, à l’inverse du rival Battlefield, s’est rendue célèbre pour l’intensité de son action, avec des combats installés sur des cartes relativement petites, avec un nombre de joueurs plutôt restreint. On devrait rapidement avoir la réponse à cette question puisqu’à n’en pas douter, Activision voudra alimenter le buzz autour de son nouveau bébé, on peut donc espérer en voir un peu plus sur Black Out lors de l’E3 prochain. L’éditeur devrait faire son apparition pendant la conférence PlayStation, comme il en a l’habitude depuis plusieurs années déjà.
L’ajout de ce Battle Royale façon Call of Duty ne fera pas que des heureux, puisqu'il a un impact significatif : la disparition de l’habituelle campagne solo. Si ces dernières années, les campagnes de Call of Duty n’ont impressionné personne, elles avaient leur public : c’était souvent l’occasion d’en prendre plein les yeux avec des scènes bourrées d’action et d’explosions. Cela va-t-il vraiment manquer au jeu ? Difficile à dire en l’état, mais on ne peut s’empêcher de penser que la décision a du sens. Ce qui est certain, c’est que lors de l’annonce, les fans présents ont hurlé de joie : un bon mode Battle Royale fera probablement oublier l’absence de campagne à la plupart des joueurs.
Un mode Zombies XXL
On en parle assez peu, mais le mode Zombies des Call of Duty est extrêmement apprécié par les joueurs et cela, Activision et Treyarch l’ont bien compris. Lors de la présentation, le nouveau mode Zombies de Black Ops IIII a eu droit à trois bandes-annonces différentes, rien que ça ! Il faut dire que pour ce nouvel épisode, Treyarch met les petits plats dans les grands en proposant une aventure à travers le temps, pensée aussi bien pour les amateurs de jeu solo que les amoureux du jeu en coopération, qui fait tout le charme du mode Zombies. Bien entendu, on retrouve le quatuor de héros qui devra combattre des vagues de zombies et de monstres dans des environnements semi-ouverts, qui s’agrandissent au fur et à mesure que la partie avance. La grande nouveauté, c’est qu'au lancement de Black Ops IIII, le mode Zombies accueillera directement trois environnements différents, à trois époques elles aussi différentes.
Deux cartes ont d’ores et déjà été dévoilées : la première se déroule pendant la Rome Antique, dans une arène très inspirée du Colisée, la seconde à bord du Titanic. Difficile de ne pas penser à TimeSplitters, avec ce ton kitsch assumé et ces voyages dans le temps, ce qui n’est pas pour nous déplaire. Treyarch a promis un long suivi de son mode Zombies, avec des défis hebdomadaires et mensuels, mais aussi annuels : de quoi motiver les nombreux amateurs du genre qui chassent les meilleurs scores. À noter que le mode permettra de customiser ses parties, par exemple en réglant la vitesse de déplacement des ennemis, la puissance des dégâts qu’ils infligent, etc. De quoi renouveler le challenge, notamment pour ceux qui choisiront de jouer en solo, accompagnés de trois autres héros contrôlés par l’ordinateur.
À sa manière, le mode Zombies de Black Ops IIII tente de pallier l’absence d’une véritable campagne solo, en variant les environnements et en rendant son scénario plus clair. Toutefois, comme pour le mode Black Out, Treyarch a réservé ses annonces pour plus tard et il y a encore beaucoup de choses à découvrir. Néanmoins, au vu du passif du studio avec les modes Zombies, et cette histoire de voyage à travers le temps, Treyarch a su capter notre attention.
Le multijoueur, cœur du jeu
Vous l’aurez compris, Black Ops IIII mise tout sur le multi et il y a une certaine cohérence dans ce qu’il entend offrir : un mode Zombies plus dodu que jamais, un mode Battle Royale que l’on espère aussi addictif que celui de ses principaux concurrents, et du combat multijoueur plus classique. Du coopératif, du tactique et du compétitif, réunis sur la même galette, dans trois modes de jeu différents. Encore faut-il que les bases du jeu soient bonnes pour que tout cela fonctionne. Cela, justement, nous avons pu nous en assurer, avec une heure de jeu en multijoueur. Premier constat, Black Ops IIII ne cherche pas vraiment à révolutionner les choses : comme Sledgehammer l’année dernière, Treyarch a bien compris que les joueurs ne supportaient plus les wallruns et super sauts, et a donc choisi de revenir à quelque chose de plus terrestre. Les affrontements restent toutefois extrêmement dynamiques, grâce à une vitesse de déplacement bien réglée et un level design de qualité, tout du moins sur les cartes que nous avons pu essayer. Petite nouveauté, certaines cartes sont envahies d’eau et il est possible d’y plonger et de nager librement sous l’eau, pour échapper à un ennemi ou rejoindre certaines sections de la carte plus rapidement. S’il est possible de tirer, il faut tout de même prendre le temps de dégainer, ce qui peut-être un véritable désavantage en cas d’attaque-surprise. Prendre un petit raccourci pourrait donc coûter très cher !
D’ailleurs, Black Ops IIII impose constamment les prises de décision, jusque dans son système de santé. Comme WWII, le nouveau bébé de Treyarch a fait une croix sur l’habituelle jauge de santé qui se recharge d’elle-même, pour adopter un système de shots d’adrénaline à s’injecter soi-même, pour retrouver 100% de ses points de vie. En bas de l’écran, on trouve trois pictogrammes qui se remplissent petit à petit : capacité spéciale, super, et seringue d’adrénaline ; lorsque l’un des trois apparaît en surbrillance, c’est que la fonction associée est disponible. Le joueur doit donc se soigner lui-même, sans avoir à se soucier de chercher sur la carte un médikit. En revanche, il devra constamment choisir quand et où utiliser son soin, ce qui a une incidence sur le rythme des parties. Avec ce nouveau système, il devient difficile de passer son temps à courir partout sur la carte, et il faut régulièrement choisir entre se soigner ou recharger son arme. Cela impose régulièrement une approche plus tactique et un meilleur jeu d’équipe, puisque pendant que certains seront occupés à se soigner, d’autres pourront les couvrir. On a franchement apprécié ce nouveau système de santé qui cadence les parties de manière plutôt intelligente, et crée un sentiment de pression et de risque assez agréable. C’est d’autant plus vrai que la mini-map du jeu accueille un système de brouillard de guerre, qui se dissipe au gré des avancées des joueurs. Voilà qui est bien pensé puisqu'ainsi, une équipe peut agir de concert sans nécessairement utiliser un micro-casque pour communiquer.
Bien entendu, Black Ops IIII renoue avec le système habituel de Spécialistes, chacun disposant de capacités spéciales à activer lorsque la jauge dédiée est remplie. Difficile en une heure de jeu de se prononcer sur la qualité des différents personnages, mais les quelques uns que l’on a pu tester confirment la première impression que l’on avait : Black Ops IIII cherche à encourager le jeu en équipe. Parmi les Spécialistes que nous avons pu essayer, une unité spécialisée dans la reconnaissance, capable de coller au sol et contre les murs de petits radars qui permettent de repérer sur la mini-map les joueurs qui passent dans sa zone d’effet. Autre exemple : un Spécialiste capable de soigner à distance plusieurs alliés en même temps. Les joueurs auront l’occasion d’apprendre à maîtriser chaque Spécialiste grâce à de petites missions scénarisées : Treyarch entend développer ses combattants et en faire des personnages aimés des fans. L’idée est intéressante dans la mesure où le jeu est privé de campagne solo, mais pour ce que l’on en a vu, les différents Spécialistes ne sont pas vraiment charismatiques. Toutefois, la formule et la façon de faire rappellent Rainbow Six Siege, et le jeu d’Ubisoft a su réunir ses fans autour des différents Agents que comptent le soft. Alors pourquoi pas Black Ops IIII ?
Plus tactique, Black Ops IIII est également plus plaisant à jouer que les derniers épisodes de la série grâce à son excellent gunfeel. Treyarch a bossé sur ses armes, cela se sent : chaque arme, même la plus petite arme de poing, offre un feeling différent. Dans le même temps, le studio a décidé de limiter le nombre de customisations possibles sur chaque arme, avec un choix de viseurs assez réduit par rapport à Black Ops III ou Infinite Warfare, par exemple. Cela devrait éviter certains déséquilibres, notamment pour les joueurs débutants ou ceux qui n’ont pas le temps de farmer pour débloquer les meilleures pièces d’équipements.
Call of Duty Black Ops IIII pourrait être l’épisode du renouveau pour la série. Celle qui était absolument incontournable a été reléguée au second plan par l’arrivée de nouveaux jeux et elle entend bien récupérer sa couronne. Cela passera par un sacrifice évident, la disparition de la campagne solo, mais au bénéfice d’un mode Battle Royale prometteur, d’un mode Zombies plus complet que jamais, et un multijoueur qui démontre toute l’expérience de Treyarch en la matière. Plus réfléchi, plus tactique, mais toujours aussi intense, Black Ops IIII construit sur ce que la série sait faire de mieux. Cela suffira-t-il ? Réponse le 12 octobre prochain.